Paragraphe II :
L'absence de mesures coercitives et le risque de résurgence de la crise
malgache
L'une des principales causes des crises politiques dans les
Etats et gouvernements membres de la Francophonie est due au fait que
l'organisation n'a pas d'actions coercitives envers ses Etats membres (A). Par
ailleurs, on note régulièrement une résurgence des crises
au sein des Etats membres de la Francophonie (B).
A-L'absence d'actions
coercitives
La déclaration de Bamako n'a pas une valeur
contraignante, c'est ce qui entraine parfois et dans la plupart des cas le non
respect de certains principes (la démocratie, l'Etat de droit...) de
la Francophonie par ses Etats et Gouvernements membres. Le cas de Madagascar en
est une illustration de cette rupture notamment le changement
anticonstitutionnel de mars 2009. Dès l'élection de Boutros
Boutros Ghali au poste de Secrétaire général de la
Francophonie, ce dernier a été confronté à de
nombreuses situations de crise traversant les Etats membres de la
Francophonie. Aussi, s'est-il imposé la nécessité
d'établir des principes régissant les actions de la Francophonie
dans le cadre de ses activités de médiation et de
conciliation.
Fort de son expérience à l'ONU, Boutros Boutros
Ghali, va dégager ces principes en s'inspirant de son agenda pour la
paix. Ainsi, le premier d'entre eux consiste à n'intervenir
qu'après la demande expresse des Etats en conflit, qu'il soit interne ou
international. C'est justement le cas de Madagascar. Cette exigence prend en
considération le « sacro-saint » principe de la
souveraineté des Etats, principe solidement enraciné en droit
international public. Il est consacré par la charte de la Francophonie
dans son article 1, lequel dispose : « la Francophonie
respecte la souveraineté des Etats ». L'autorisation
d'intervention acquise, il s'agira pour la Francophonie d'intervenir à
un double niveau : « dans l'urgence et dans la
durée » en intervenant le plus rapidement possible pour
désamorcer les conflits latents et en créant dans le même
temps, les conditions nécessaires à ce qu'ils ne se reproduisent
plus.
Le second principe est celui de la
complémentarité de l'action de la Francophonie avec celle des
autres organisations internationales. S'il y a d'autres organisations qui
s'occupent du conflit ou de la crise, la Francophonie n'interviendra pas
à moins que les parties le demandent expressément. En effet,
cette réticence à intervenir s'explique par la volonté de
la Francophonie d'inscrire son action dans le cadre de la
complémentarité et non pas dans celui de la concurrence avec les
autres organisations internationales. C'est ce que Boutros Boutros Ghali
qualifie de « déontologie de la médiation ».
En effet, il considère que « beaucoup de conflits souffrent
d'avoir trop de facilitateurs si bien que l'on se trouve parfois en
présence de deux types de différends, celui qui oppose les
belligérants et celui qui oppose ceux qui aspirent à la
réconciliation ».
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