Francophonie et médiation des crises politiques en Afrique francophone: le cas de Madagascar( Télécharger le fichier original )par Rodrigue TASSE MOTSOU Institut des Relations Internationales du Cameroun et en cotutelle avec l'Université Jean Moulin de Lyon III en France - Master II en Science politique option Relations Internationales 2012 |
CHAPITRE III : LES LIMITES DU ROLE DE LA FRANCOPHONIE DANS LE GROUPE INTERNATIONAL DE CONTACT ET L'EQUIPE CONJOINTE DE MEDIATION A MADAGASCARL'engagement de la Francophonie dans la médiation de la crise politique à Madagascar n'est pas toujours couronné de succès. Les actions entreprises permettent tout juste d'avoir une trêve dans la crise mais n'offrent pas une perspective de résolution définitive. L'approche utilisée ainsi que les moyens déployés par la Francophonie sont de plus en plus décriés. Aussi, importe t-il d'analyser la stratégie de l'organisation qui parait présenter des limites (section I) et souffrir d'une absence de moyens (section II). Section I : Del'inefficacité de la stratégie de la Francophonie à MadagascarL'inefficacité de la médiation francophone à Madagascar est due à l'inadéquation de la stratégie de l'organisation aux ambitions préétablies (paragraphe I) et à l'absence de mesures coercitives et le risque de résurgence de la crise (paragraphe II). Paragraphe I : L'inadéquation de la stratégie aux ambitions préétabliesL'inadéquation de la stratégie de la Francophonie à Madagascar tient aux limites résultant de sa stratégie et celle des partenaires(A) et à la mise en place d'un gouvernement de transition basé sur le partage de pouvoir (B). A- Les limites résultant de la stratégie francophone et celle des partenairesL'une des faiblesses de la Francophonie dans la médiation de la crise malgache c'est le fait d'avoir associé les anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy dans les négociations pour un retour à l'ordre constitutionnel. Ce choix a d'ailleurs suscité de nombreuses questions quant à la légitimité de la présence d'anciens présidents remplacés par la rue, ou les urnes il y a plusieurs années, et dont les partis respectifs n'ont réunis que peu de voix au cours des dernières consultations électorales.122(*) Cette implication n'a fait que compliquer le jeu et trainer les négociations. L'échec des premières médiations internationales à Madagascar a mis en évidence un besoin de coordination entre la Francophonie et ses partenaires internationaux dans la médiation de la crise. Aucun acteur ne voulait prendre en main la direction des médiations et harmoniser les propositions de sortie de crise. Les acteurs en négociation à Addis-Abeba se classent en dépit de la diversité extrême qui les caractérise en 4 mouvances politiques. La Francophonie et ses partenaires internationaux ont optés de soutenir une transition inclusive et consensuelle à Madagascar. C'est ainsi que les accords de Maputo et d'Addis-Abeba ont été conclus. L'un des points sensible est celui de l'amnistie de Didier Ratsiraka et de Marc Ravalomanana ainsi que tous les condamnés politiques depuis la crise de 2002. La multiplication d'articles, parfois même contradictoires concernant l'amnistie rend ce sujet ambigu et induit des interprétations différentes de la part des différentes mouvances. Certains prétendent que Ravalomanana et ses partisans doivent être amnistiés et libérés immédiatement alors que d'autres maintiennent qu'une loi doit d'abord être votée par les nouveaux organes législatifs. * 122 L'Arema de Ratsiraka n'a obtenu que trois sièges au parlement en 2002 et aucun en 2007, et le CRN de Albert Zafy n'en a obtenu aucun aux deux derniers scrutins. |
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