L'un des facteurs les plus puissants qui pousse les enfants
au travail est l'exploitation de la pauvreté des parents. Lorsque les
familles sont caractérisées par la pauvreté, le
pourcentage du travail des enfants a tendance à augmenter. Ainsi, pour
une famille pauvre, la petite part du revenu qu'un enfant peut apporter
grâce à son travail arrive à satisfaire des besoins et peut
être déterminant. Certains enfants sont mis au travail à
cause des conditions de vie de leurs parents. Ils n'ont donc pas le pouvoir de
choisir librement. En ce qui concerne les enfants interrogés, pour ceux
qui n'ont pas été scolarisés, c'est principalement parce
que les parents n'ont pas les moyens pour assurer leur scolarité qu'ils
ont préféré les confier à des proches pour que ces
derniers prennent en charge leur éducation. Mais on remarque que ce
n'est pas toujours le cas, puisque les enfants sont exploités à
d'autres fins.
D'un autre côté, les enfants
déscolarisés interrogés ont été
retiré des bancs de l'école par manque de moyens financiers. Au
lieu de supporter les frustrations des renvois pour non payement de
scolarité ou par manque de documents, certains encore
préfèrent laisser l'école et suivre un parent proche
résidant dans la zone urbaine, ici Godomey. Ils commencent par apprendre
un métier, souvent le métier du parent suivi. Dès ce
moment, le travail des enfants apparaît comme une stratégie de
survie des familles. Par ce biais, les parents pensent pouvoir assurer leur
lendemain. Un autre constat qui a été aussi fait est celui de
l'ignorance des parents, qui les pousse à faire rentrer les enfants dans
le piège du travail. En effet, croyant assurer l'avenir de leurs
enfants, ils insèrent ces derniers le plus souvent dès leur jeune
âge, dans l'environnement économique et productif de certains
proches installés en ville. C'est encore l'espérance d'un avenir
meilleur en ville qui pousse bon nombre de parents à agir de la sorte.
Au cours des entretiens avec les parents et les enfants, il est à noter
que le
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Réalisé et présenté par KANHONOU H.
Judicaël
La problématique du travail des enfants
dans l'arrondissement de Godomey
manque d'AGR amène aussi les parents à se
séparer de leurs enfants. N'ayant pas des revenus stables et ayant
beaucoup d'enfants à la charge, certains parents en les plaçant
en tirent un revenu de façon plus ou moins périodique. Selon
DANSOUKPEVI (un enquêté cité plus haut), «
ceci est un leurre puisque en réalité, le travail des enfants
perpétue la pauvreté ». Il affirme : « c'est
un cercle vicieux, car le travail conduit l'enfant à avoir des revenus
maigres. Ce travail est donc à la fois cause et conséquence de la
pauvreté » (propos d'un enquêté,
2009).
Les conditions de vie précaire des parents jouent un
grand rôle dans l'exploitation des enfants. Le constat est que,
l'aggravation de la pauvreté fait que la plupart des chefs de famille ne
sont plus en mesure d'assurer comme il le faut, les besoins sociaux de leurs
descendants. Certains pères de famille résidant dans les zones de
Cocotomey et de Cococodji qui labourent la terre ont vu leur surface cultivable
s'amenuiser au fil des années et sous la forte poussée de
l'urbanisation. Ce qui a fait baissé leur production et du coup, leur
train de vie. Tout ceci fait que les parents n'arrivent plus à jouer
comme il se le doit leur rôle de pourvoyeurs de biens à la
famille. Cela pose le problème de la responsabilité des parents
face à leurs propres enfants.
Mais il est tentant d'en conclure que le travail des enfants
et la pauvreté sont liés, pour la raison évidente qu'il
apparaît comme une stratégie de diversification du revenu
parental.
Quelles que soient les raisons évoquées pour
justifier le travail des enfants, il faut se demander si les parents ne sont
pas entrain de faillir à leurs responsabilités.