II.1.1.2- Les relations entre les entreprises et les
institutions publiques locales
Outre le fait d'entretenir des relations avec les
organismes non officiels et les entrepreneurs locaux, il ressort des
enquêtes de terrain que les entreprises de
Douala entretiennent des relations avec les institutions
publiques locales telles que : la Communauté
Urbaine de Douala (CUD) soit environ 70% d'entreprises,
les mairies d'arrondissement, l'Agence de Développement de
Douala (A2D), la chambre de commerce, des organismes
de promotion d'entreprises tels que le Fonds National de
l'Emploi (FNE ) et le Centre de Formalité de Création des
Entreprises (CFCE), les institutions universitaires et bien
d'autres. Ces relations sont caractéristiques de la dynamique
institutionnelle (gouvernance publique).
Avec la CUD et les mairies d'arrondissement, les
entreprises entretiennent des relations de
type : professionnelles, fiscales,
foncières, hygiène et salubrité et
sponsoring. Toutefois, ces relations restent pour la plupart
(soit 52%) d'ordre fiscal.
41
Par PEGUI Yannick Félix, Maître
ès sciences économiques
Mémoire de MASTER II : GOUVERNANCE LOCALE ET
ATTRACTIVITE TERRITORIALE DES ENTREPRISES : CAS DE LA VILLE DE
DOUALA
Tableau 4 : relations entre la CUD et les
entreprises de Douala
Types de Rapports avec la CUD
|
Effectifs
|
Fréquences (%)
|
Professionnels
|
28
|
22,22
|
Fiscaux
|
66
|
52,38
|
Consultations
|
15
|
11,90
|
Fonciers
|
3
|
2,38
|
Paiement de frais de publicité
|
4
|
3,17
|
Hygiène et Insalubrité
|
7
|
5,55
|
Sponsoring
|
1
|
0,79
|
Subordination
|
2
|
1,59
|
Total
|
126
|
100
|
Sources : résultats de
l'enquête auprès des entreprises, Djatcho (2012, op.cit)
Pour sa part, L'Agence de Développement de Douala (A2D)
crée en 2002 en partenariat avec le patronat camerounais et bien
d'autres institutions24, entretien de parfaites relations avec
plusieurs entreprises de la ville. Ces relations sont pour la plupart d'ordres
professionnels (de soutien aux entreprises, et de facilitation dans les
démarches administratives auprès des autorités
locales).
Par PEGUI Yannick Félix, Maître ès
sciences économiques 42
24 Le Groupement Inter-patronal du Cameroun
(GICAM), basé à Douala, constitue le patronat camerounais. En
concert avec la CUD, d'autres partenaires à l'instar du Port Autonome de
Douala (PAD), la Fédération Nationale des Associations des PME
(FENAP), la Chambre des Commerce d'Industrie, des Mines et de l'Artisanat du
Cameroun (CCIMA), ainsi que certaines associations de la société
civile de Douala ont travaillé à la mise en place de l'A2D.
Mémoire de MASTER II : GOUVERNANCE LOCALE ET
ATTRACTIVITE TERRITORIALE DES ENTREPRISES : CAS DE LA VILLE DE
DOUALA
Par PEGUI Yannick Félix, Maître ès
sciences économiques 43
Tableau 5: relations fonctionnelles entre
l'A2D et les entreprises à Douala
Types de Rapports avec l'A2D
|
Effectifs
|
Fréquences (%)
|
Professionnels
|
151
|
85,33
|
Idées pour améliorer les services
|
16
|
9,20
|
Collaboration de travail
|
7
|
4,05
|
Paiements de droits
|
3
|
1,42
|
Total
|
177
|
100,00
|
Sources : résultats de
l'enquête auprès des entreprises, Djatcho (2012, op.cit)
A côté de cet ensemble d'institutions qui oeuvre
pour le développement des entreprises à Douala, il y a
également la Chambre de Commerce, d'Industrie, des Mines et de
l'Artisanat (CCIMA) crée en 1921 qui est un mobile facilitateur dans
l'implantation des entreprises à Douala. En plus de sa mission
représentative des intérêts des milieux d'affaires
privées dans les domaines du commerce, de l'industrie, des prestations
de services et de l'artisanat, la CCIMA, entretient un réseau de
relations avec tous les organismes intéressés par les
activités du secteur privé. Les missions de la CCIMA sont
d'intérêt professionnel (apporter assistance et encadrement aux
chefs d'entreprises notamment les PME), de promotion industrielle, commerciale
et de coopération (apporter l'information, l'appui et l'assistance aux
opérateurs économiques pour la recherche de produits, de
technologies ou de partenaire étrangers), et d'encadrement des
entreprises à travers sa plateforme du dialogue public/privé. Il
est toutefois aussi important de souligner qu'en novembre 2010, par exemple,
cet organisme a permis la mise sur place d'un « jardin d'entreprises
» à Bonabérie (route nationale n° 3).
Aussi, le dans le souci de faciliter la création des
entreprises à Douala, le gouvernement a mis en place Les Centres de
Formalités et de Créations des Entreprises (CFCE). Ce sont des
structures qui ont pour mission essentielle d'assurer les formalités de
création d'entreprises. Le gouvernement camerounais en mettant en place
les CFCE a voulu palier les nombreuses difficultés auxquelles sont
confrontés les opérateurs économiques tant nationaux
qu'étrangers dans leurs démarches de création
d'entreprises au Cameroun. Il n'est de secret pour personne aujourd'hui que,
ceux qui entamaient ces démarches devaient se préparer à
affronter un chemin long et truffé d'embuches, du fait de la
négligence et même du clientélisme de certains agents de
Mémoire de MASTER II : GOUVERNANCE LOCALE ET
ATTRACTIVITE TERRITORIALE DES ENTREPRISES : CAS DE LA VILLE DE
DOUALA
Par PEGUI Yannick Félix, Maître ès
sciences économiques 44
l'Etat. Ceci était de nature à freiner
l'élan des opérateurs économiques de tous bords
désireux d'investir dans notre pays.
En 2008, on estimait à 34 jours le temps
nécessaire à un promoteur pour créer son entreprise au
Cameroun alors que dans certains pays d'Afrique, le processus pouvait
être bouclé en trois ou quatre jours seulement. Cette
disparité seule suffit à réduire la
compétitivité du pays par rapport à d'autres en ce qui
concerne l'attrait qu'il exerce sur les investisseurs. Les CFCE ont donc
été crées pour ramener les délais de
création des entreprises à 72 heures, pour l'accompagnement
technique et managérial des entreprises à travers les Centres de
gestion Agrées et leur financement dans le cadre d'un programme d'appui
appelé PACD/PME. Mais aussi pour réduire les coûts de
création d'entreprises en limitant les déplacements des usagers
et surtout en rendant publics les tarifs pratiqués pour la
délivrance des documents tout au moins ceux qui ne sont pas gratuits.
Le caractère public de la gouvernance locale ainsi mis
en évidence, est perçu à travers les liens de
proximité et de coopération entre entreprises et organismes
officiels / institutions publiques locales. Contrairement aux prescriptions
inhérentes à la théorie néoclassique de base
où l'agent économique agit hors de l'enjeu social effectif,
à Douala de nos jours, on ne peut exclure les comportements individuels
et sociaux de toutes actions économiques. Les acteurs agissent dans un
contexte social, familial, communautaire, variant dans le temps et dans
l'espace. Les relations marchandes à Douala ne sont donc pas les seuls
repères qui guident l'action économique mais aussi les relations
sociales dont on ne pourrait s'en passé dans l'application des principes
de la gouvernance. En revanche, ces analyses viennent ainsi confirmer notre
hypothèse selon laquelle, la gouvernance locale fait intervenir un
ensemble complexe d'institutions et d'acteurs n'appartenant pas tous à
la sphère publique et qui influence l'organisation et la gestion du
territoire. Les acteurs de la gouvernance à Douala échangent des
ressources diverses et sont interdépendants. Des responsabilités
qui incombaient auparavant à l'Etat sont aujourd'hui partagées.
On relève une participation accrue du secteur privé et associatif
à la fourniture des biens et services publics et aux décisions
stratégiques.
Dans cette optique, le développement des entreprises
à Douala ou encore l'attractivité de la ville apparaît
d'une part comme le résultat d'un dialogue permanent des entrepreneurs
avec le territoire et de l'institutionnalisation du partenariat
publique-privé. Toutefois, cela est aussi la conséquence d'une
action volontariste et dynamique des collectivités locales (C.L.) dans
un rôle d'animation de l'environnement des entreprises, et dont-il
importe d'illustrer dans le paragraphe suivant.
Mémoire de MASTER II : GOUVERNANCE LOCALE ET
ATTRACTIVITE TERRITORIALE DES ENTREPRISES : CAS DE LA VILLE DE
DOUALA
Par PEGUI Yannick Félix, Maître ès
sciences économiques 45
II.1.2- La démarche de la communauté
urbaine de Douala (CUD) dans l'animation économique et
l'amélioration de la « gouvernance urbaine »
Tirant les leçons à la fois des politiques
industrielles, jadis, conduites en termes de "grandes entreprises" à
Douala et de l'échec de celles de promotion des Petites et Moyennes
Entreprises (PME) menées dans les années 1970 (problème de
localisation), mais aussi des conséquences de l'ajustement structurel
des années 1990 et soucieuse de reconstruire la
compétitivité et l'attractivité de la ville,
l'Exécutif Communautaire a entrepris une démarche qui le
positionne désormais comme un maillon essentiel du développement
de la ville de Douala. Cette dernière s'y emploie, notamment, par la
mobilisation (comme beaucoup d'autres Collectivité Locales)
d'institutions de plus en plus expérimentées dans la pratique du
développement local et l'adoption d'un ensemble d'actions visant
l'amélioration de la "gouvernance" urbaine. Ainsi, face à la
concurrence que la ville de Douala commençait à subir, notamment
sur la côte ouest africaine, La CUD a entrepris une démarche
volontariste de redressement de son attractivité. De façon
générale et hormis l'adoption d'une stratégie de
développement de Douala (plan directeur d'urbanisme de Douala à
l'horizon 2025), la construction de l'attractivité de la ville
s'appuiera d'abord sur la recherche de l'amélioration de l'environnement
des entreprises (à travers une intense activité de
réhabilitation / rénovation des infrastructures publiques
locales) et ensuite, la mise en place des structures d'animation du milieu
économique local (Essombe Edimo, 2005).
|