II.1.1.1- L'existence des liens de proximité et de
coordination entre les entrepreneurs de
Douala
D'après les résultats d'une
enquête22 portant sur les itinéraires individuels des
promoteurs d'entreprises dans la ville de Douala et les mobiles qui les guident
en matière d'implantation, il apparait que ceux-ci entretiennent de
nombreux rapports entre eux mêmes et avec des institutions formelles et
informelles locales de promotion d'entreprises de leurs lieux d'implantation.
Ainsi, près de 61% d'entreprises entretiennent des relations avec les
entrepreneurs locaux, et 22% avec les organismes non officiels tels que : le
Groupement inter patronal du Cameroun (GICAM), le Syndicat des Industriels du
Cameroun (SYNDUSTRICAM), la Fédération Nationale des associations
de Petites et moyennes entreprises (FENAP)... Ces relations sont
généralement d'ordre professionnels (encadrement et soutien aux
entrepreneurs) ; d'affaires (partenariat) ; humains (proposition, renforcement
et /ou transfert de compétences) et parfois consistent en
l'accompagnement et en la défense des intérêts des
entreprises. Cette situation s'inscrit en droite ligne dans l'un des
principes-clés qui fonde la gouvernance sur une approche territoriale et
sur le principe de subsidiarité active entre agents privés. Ces
liens sont, par ailleurs, compris comme une sorte de coopération entre
producteurs dans la ville, prenant des formes multiples et passant quelques
fois par :
- des conventions communes portant, soit sur les pratiques de
prix (Chambre de Commerce), soit sur l'absence de conduites de type «
passager clandestin » dans laquelle une entreprise profiterait
délibérément d'une action collective sans y avoir
contribué.
- des pratiques uniformes de gestion de la force de travail
(niveau de salaires, attitudes vis-à-vis des réglementations
salariales, fiscales, etc.) ;
- des actions communes (associatives, syndicales, clubs,
etc.), en vue de défendre les intérêts de l'ensemble des
entreprises et d'arbitrer les conflits entre les producteurs
Cet ensemble d'atouts issus de la coopération
dénote de l'existence des liens de proximité et de coordination
entre les entrepreneurs de Douala.
Toutefois, plus de 21% des chefs d'entreprises de la ville de
Douala sont membres des clubs
des entrepreneurs. Ces clubs leur fournissent des informations
sur le climat des affaires, les possibilités d'octroi de crédits,
et des idées nouvelles sur les cessions d'entreprises. En marge des
22 D. Djatcho, 2012, gouvernance territoriale et
développement industriel à Douala, thèse de Doctorat,
université de Yaoundé 2.
Mémoire de MASTER II : GOUVERNANCE LOCALE ET
ATTRACTIVITE TERRITORIALE DES ENTREPRISES : CAS DE LA VILLE DE
DOUALA
clubs, 46% et 40% des chefs d'entreprises sont respectivement
membres des associations de tontines et de villages. Tout comme les clubs, ces
associations contribuent aux activités des entrepreneurs. «
Cette situation nous retrace le caractère privé de la
gouvernance locale dans le développement des entreprises à Douala
». Les acteurs de cette gouvernance privée sont ainsi
situés et classés au rang des entreprises, des associations et
des clubs.
Aussi, La plupart des promoteurs d'entreprises appartiennent
à des structures et réseaux comme des «
tontines23 », et le financement de leurs unités de
production se nourrit largement du secteur financier informel. On observe dans
le graphique ci-dessous, que la majorité des entreprises de Douala
entretiennent des relations avec les institutions informelles. Ainsi, un peu
moins de 43% des entreprises sont en rapport avec les tontines, 37,5 % en
rapport avec des associations des ressortissants divers et 19,64%
côtoient les groupements des entrepreneurs. Ceci est la preuve d'un
dynamisme local entre les acteurs économiques à Douala.
Les relations entrepreneurs et tontines / associations de
village, sont sources non seulement de financements des activités, mais
également des informations sur la culture, la politique et le social. Ce
qui nous ouvre ainsi la voie au concept d'économies externes cher
à Alfred Marshall (1890). En forgeant cette notion nous disons que les
économies externes à Douala se trouvent à
l'intérieur des relations qui s'établissent entre les entreprises
et les institutions locales. Nous les définissons ici comme les
avantages que l'environnement (physique, social, culturel, politique et
économique) procure aux entreprises de Douala.
Par PEGUI Yannick Félix, Maître ès
sciences économiques 40
23 Certaines tontines soutiennent des
initiatives de création ou de promotions d'entreprises à Douala,
même si elles soufrent pour la plupart d'une absence de cadre juridique.
Par ailleurs Les membres des associations de tontines à Douala sont en
majorité des créateurs ou gérants d'entreprises.
Mémoire de MASTER II : GOUVERNANCE LOCALE ET
ATTRACTIVITE TERRITORIALE DES ENTREPRISES : CAS DE LA
VILLE DE DOUALA
Graphique 1 : entreprises et relation avec les
institutions
|
formelles et informelles
|
à Douala
|
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tontines
ass des ressort divers Groupement des
entrepreneurs
37%
20%
43%
Sources : résultats de l'enquête
auprès des entreprises, Djatcho (2012, op.cit)
Les tontines constituent par exemple, de puissants
réseaux de diffusion d'informations pour les chefs
d'entreprises (Gautrand, 1987 ; Essombe Edimo , 1990).
Ce qui leur permet de nouer des relations qui peuvent être commerciales,
de production, ou d'échanges d'informations sur les
affaires (Courlet et Tiberghien, 1986). De même, les associations
ainsi que les clubs des entrepreneurs participent au développement des
entreprises à travers la diffusion des informations quant au
climat des affaires.
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