Section 3 : Le sentiment communautaire
Nos résultats ont montré que sur les vingt
étudiants interrogés, quinze sont membres de l'AGM dont treize
participent activement à ses activités. Comparé au nombre
de ceux parmi eux qui sont membres à d'autres organisations
étudiantes au sein de leurs universités et qui participent
à ses activités, on voit apparaitre une nette
différence.
Tout d'abord la proportion est la même entre ceux qui
connaissent des noms d'organisations étudiantes qui existent au sein de
leurs universités et ceux qui ne connaissent pas le nom d'une seule
organisation étudiante au sein de leurs universités. Si nous
mettons à côté les dix étudiants qui ne connaissent
pas le nom d'une seule organisation étudiante à fortiori
être membre, on voit que sur les dix autres qui ont connaissance des noms
de certaines organisations étudiantes, neuf d'entre eux ne sont pas en
ce moment et n'ont pas été non plus dans le passé, membre
d'aucune de ces organisation étudiantes, même de celles qu'ils
connaissent.
Les raisons sont dues d'une part à la perception qu'ils
ont des organisations étudiantes qui existent dans leurs
universités, qu'on a déjà expliquées ci haut par le
sentiment d'exclusion mais aussi par le manque de temps dû à
l'obligation de trouver du boulot et de travailler quand on l'a. La question
qui se pose est alors de savoir pourquoi ces mêmes raisons ne leur ont
pas empêcher aussi d'être membre de l'AGM et de participer
activement à ses activités ?Pour trouver les réponses
à cette question, nous allons faire recours à une analyse
thématique des raisons qu'ils ont avancées sur leur
préférence de participer aux activités de l'AGM par
rapport aux organisations étudiantes (voir tableau 6.4 de nos
résultats).
Une analyse thématique de ces raisons montre que les
étudiants sont animés par un sentiment d'appartenance qui selon
eux leur lie par nature à l'AGM.L'ensemble des guinéens sont vus
et considérés de ce fait comme membre d'une même famille en
étant ici, donc loin du pays. Des expressions comme « en
tant que patriote..... » ou « je me sens en
famille » etc. expriment ce fort attachement à l'AGM. On
discute en famille des problèmes de tous et on cherche des solutions
ensemble, il s'agit là d'un lien social naturel qui unit les membres.
L'AGM rempli en quelque sorteune fonction de refuge et de
protection pour l'étudiant au même titre que la famille pour un de
ses membres. Voyons l'expression « ici, on est dans une
société où c'est le chacun pour soi, quand tu as un
problème ce sont tes compatriotes qui viendront t'aider »
elle traduit cette fonction de protection de l'AGM. Cela pourrait suffire pour
répondre à notre question d'en haut. D'ailleurs quand il s'agit
des membres des organisations d'étudiantes, les étudiants
utilisent l'expression `'eux'' tandis qu'ils utilisent le `'nous'' dès
qu'il s'agit de l'AGM.
Au vu de ces différentes analyses, nous pouvons
affirmer que l'intégration au sein du milieu universitaire des
étudiants guinéens à Montpellier est faible parce que
d'une part, il n'y a pas de véritables relations d'amitié avec
leurs condisciples français de classe qui pourraient leur donner plus de
chances ou d'opportunités pour mieux connaitre le système
universitaire et s'impliquer d'avantage à la vie universitaire en tant
qu'étudiant. D'autre part que les relations avec les professeurs, ne se
limitant juste qu'aux cours, n'ont pas un impact pour favoriser ou non
l'implication des étudiants guinéens aux activités
universitaires. Laissé à internet pour toutes les informations
qui concernant leurs cursus, l'institution qu'est l'université limite le
contact entre étudiants et professeurs et réduit le dialogue. Les
relations avec les condisciples français restent les seules capables
d'insérer les étudiants guinéens dans les activités
au sein de l'université et par là, leur intégration.
On peut tout aussi voir que les relations avec les
condisciples français qui déterminent le niveau
d'intégration dépendent non seulement du caractère
réel (qui peut être ouvert ou fermé)de ces derniers, mais
aussi de l'idée ou de l'interprétation que les étudiants
étrangers se font d'eux, donc du caractère supposé. Ceci
explique le renforcement du sentiment ou de repli communautaire de la part des
étudiants étrangers que sont les guinéens.
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