Conclusion
Arrivé à Montpellier au cours de cette
année universitaire, après avoir commencé les cours en
octobre, le premier constat que nous avons fait en classe est l'absence de
communication ou de relations entre les étudiants étrangers et
les condisciples français. A cette situation qui a perduré
durant tout le premier semestre de cours, est venu s'ajouterau fil du temps, un
autre aspect qui a renforcé notre constat. Il s'agit des séances
d'observation faites dans le restaurant universitaire de l'université
Paul-Valéry et à la Bibliothèque universitaire, où
il nous est apparu que le mélange entre étudiants noirs et
étudiants français n'est pas aussi évident. A travers
quelques entretiens exploratoires avec des étudiants étrangers
sur leur implication ou leur participation à des activités
culturelles au sein de l'université ou leur
représentativité au sein des organisations étudiantes,
nous avons constaté en eux un faible intérêt à ces
types d'activités. C'est l'ensemble de ses constats qui a suscité
en nous la curiosité de travailler sur ce sujet qui porte sur
l'intégration des étudiants guinéens au sein de leur
milieu universitaire.
Le choix porté sur les guinéens est dû
à des raisons de faisabilité. Le temps et les moyens que nous
disposions, ne nous permettait pas d'élargir l'étude à
l'ensemble des étudiants africains, à fortiori l'ensemble des
étudiants étrangers à Montpellier. Encore de plus, en tant
que guinéen, nous avions une proximité avec les étudiants
guinéens qui nous permettait de les rencontrer et de s'entretenir avec
eux avec beaucoup plus de facilité.
L'objectif de notre travail a été de
décrire et d'expliquer les conditions qui favorisent ou qui
défavorisent l'intégration des étudiants guinéens
dans les différentes universités de Montpellier. En fonction de
nos constats cités ci haut, la question principale de recherche que nous
nous sommes posée a été de savoir qu'est ce qui explique
le faible niveau d'intégration des étudiants guinéens dans
leurs universités à Montpellier ? Face à cette
question, nous avons formulé une hypothèse de départ selon
laquelle, le faible niveau d'intégration des étudiants
guinéens dans les différentes universités de Montpellier
s'explique par un sentiment de marginalité dû à la nature
des relations qu'ils entretiennent avec leurs condisciples français et
leurs professeurs.
Après une recherche documentaire essentiellement faite
à la bibliothèque universitaire de l'université
Paul-Valéry et des articles tirés dans des revues scientifiques
en lignes en rapport avec notre sujet, nous avons pu rédiger notre
problématique, notre cadre théorique et notionnel. Pour
l'enquête de terrain, nous avons administré un
questionnaire-interview à un échantillon de vingt
étudiants guinéens. Pour identifier les personnes qu'on a
interrogées, nous avons procédé à un
échantillonnage de type stratifié. Sur la base d'une liste
nominative des étudiants guinéens obtenue lors d'une
assemblée de l'association des guinéens de Montpellier, nous
sommes partis de quelques critères à savoir : la
durée d'études à Montpellier, le sexe et
l'université d'appartenance. L'idée a été de
trouver une représentativité, même non proportionnelle, de
filles et garçons, d'anciens et des nouveaux et enfin que les trois
universités soient représentées.
Les principaux résultats auxquels nous sommes parvenu,
se ramènent à ceci : en général,les relations
entre étudiants guinéens avec leurs condisciples français
et le contact avec leurs professeurs restent faibles, même si on note
quelques variations selon les universités ou selon la durée. Cet
état de fait développe en eux un sentiment de marginalité
qui explique le fait qu'ils netrouvent pas une envie de participer
réellement aux activités culturelles au sein de leur
université. Ce même sentiment de marginalité ne leur donne
pas non plus la volonté de s'engager à des activités
d'organisations étudiantes au sein de leurs universités.
les résultats ont montré tout aussi
qu'au-delà de ce sentiment d'être marginalisés, leur statut
d'étudiants étrangers leur impose certaines contraintes
liées notamment aux conditions de renouvellement annuelle de leurs
titres de séjour à la préfecture qui leur oblige d'avoir
dans leurs comptes bancaires des ressources financières suffisantes
pour pouvoir entamer chaque nouvelle année d'études. Cette
situation leur oblige à trouver du travail, ce qui fait que le temps qui
sera consacré à l'université se limitera uniquement aux
cours ou aux TD. Le reste du temps ne peut être consacré à
d'autres activités à part le `'boulot''.Du coup les relations
avec les autres acteurs à l'université que sont les condisciples
ou même les rencontres avec les professeurs vont se raréfier.
Un autre aspect significatif que les résultats ont
montré estque l'essentiel des informations concernant leur cursus leurs
sont communiquées via internet et Cette situation contribue aussi
à réduire le contact entre eux et le personnel encadrement.
Les résultats ont montré que si la
majorité des étudiants estiment que leurs condisciples
français sont fermés à leur égard, ils affirment
dans l'ensemble que leurs professeurs quant à euxleur traitent de la
même manière par rapport à leurs condisciples
français et qu'ils sont plutôt facile à rencontrer. Ce qui
explique le fait qu'ils sont dans l'ensemble satisfaits des études
qu'ils mènent et que c'est pour cela que la grande majorité
d'entre euxenvisagent finir leurs études à Montpellier ici au
lieu d'aller ailleurs.
Les résultats ont montré que le sentiment
d'être marginalisé notamment par leurs condisciples
français au sein de l'université renforce en eux le sentiment
communautaire. C'est pourquoi ils préfèrent s'investir aux
activités de l'association des guinéens de Montpellier où
ils se sentent plus impliqués d'une part et d'autre part parce qu'ils se
sentent liés auxautres membres de l'association par des liens de
parenté.
L'ensemble de ces résultats nous ont fait connaitre que
ce n'est pas évident pourl'étudiant étranger à
Montpellier de jouir pleinement de son véritable statut
d'étudiant. La nature des relations qu'il entretient avec ses
condisciples français d'une part et d'autre part les contraintes
administratives qu'il a, font que son statut d'étudiant se limite juste
au fait d'être inscrit dans un programme de formation à
l'université, de suivre des cours, de faire des examens et passer en
classe supérieure. Alors que le statut d'étudiant devrait lui
permettre d'être impliqué à d'autres activités par
exemple : être membre d'organisations étudiantes, participer
à des mouvements culturels, avoir la possibilité de revendiquer
ses droits ou celle d'être consulté pour donner son avis, voir
même avoir la possibilité de s'opposer quand il s'agit d'appliquer
des mesures les concernant au sein de l'université etc. et pour cela,
rien ne permet de le réussir qu'une meilleure intégration dans ce
milieu qu'est l'université.
Nous rappelons que notre travail s'inscrit dans le cadre d'un
mémoire de master. De ce fait, l'étude est loin d'être
exhaustive. D'autres travaux de recherche pourraient être entrepris pour
cerner d'autres aspects de ce sujet qui n'ont pas été
abordés dans le cadre de cette étude ou même approfondir
certains aspects qui figurent dans nos résultats.Un
élargissement de l'échantillon à d'autres étudiants
étrangers qu'aux guinéens, à des professeurs ou autres
encadreurs dans les milieux universitaires et l'utilisation d'autres outils de
collecte que sont par exemple le focus, les récits de vie ou l'analyse
de statistiques pourraient apporter de nouvelles connaissances sur le sujet.
Tout cela peut être envisagé dans le cadre d'une thèse par
exemple.
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