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Les étudiants guinéens dans les universités de Montpellier entre intégration et repli

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par Mamadou Oury SOW
Université Paul-Valéry Montpellier 3 - Master 2 Recherche de sociologie 2013
  

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Conclusion

Arrivé à Montpellier au cours de cette année universitaire, après avoir commencé les cours en octobre, le premier constat que nous avons fait en classe est l'absence de communication ou de relations entre les étudiants étrangers et les condisciples français. A cette situation qui a perduré durant tout le premier semestre de cours, est venu s'ajouterau fil du temps, un autre aspect qui a renforcé notre constat. Il s'agit des séances d'observation faites dans le restaurant universitaire de l'université Paul-Valéry et à la Bibliothèque universitaire, où il nous est apparu que le mélange entre étudiants noirs et étudiants français n'est pas aussi évident. A travers quelques entretiens exploratoires avec des étudiants étrangers sur leur implication ou leur participation à des activités culturelles au sein de l'université ou leur représentativité au sein des organisations étudiantes, nous avons constaté en eux un faible intérêt à ces types d'activités. C'est l'ensemble de ses constats qui a suscité en nous la curiosité de travailler sur ce sujet qui porte sur l'intégration des étudiants guinéens au sein de leur milieu universitaire.

Le choix porté sur les guinéens est dû à des raisons de faisabilité. Le temps et les moyens que nous disposions, ne nous permettait pas d'élargir l'étude à l'ensemble des étudiants africains, à fortiori l'ensemble des étudiants étrangers à Montpellier. Encore de plus, en tant que guinéen, nous avions une proximité avec les étudiants guinéens qui nous permettait de les rencontrer et de s'entretenir avec eux avec beaucoup plus de facilité.

L'objectif de notre travail a été de décrire et d'expliquer les conditions qui favorisent ou qui défavorisent l'intégration des étudiants guinéens dans les différentes universités de Montpellier. En fonction de nos constats cités ci haut, la question principale de recherche que nous nous sommes posée a été de savoir qu'est ce qui explique le faible niveau d'intégration des étudiants guinéens dans leurs universités à Montpellier ? Face à cette question, nous avons formulé une hypothèse de départ selon laquelle, le faible niveau d'intégration des étudiants guinéens dans les différentes universités de Montpellier s'explique par un sentiment de marginalité dû à la nature des relations qu'ils entretiennent avec leurs condisciples français et leurs professeurs.

Après une recherche documentaire essentiellement faite à la bibliothèque universitaire de l'université Paul-Valéry et des articles tirés dans des revues scientifiques en lignes en rapport avec notre sujet, nous avons pu rédiger notre problématique, notre cadre théorique et notionnel. Pour l'enquête de terrain, nous avons administré un questionnaire-interview à un échantillon de vingt étudiants guinéens. Pour identifier les personnes qu'on a interrogées, nous avons procédé à un échantillonnage de type stratifié. Sur la base d'une liste nominative des étudiants guinéens obtenue lors d'une assemblée de l'association des guinéens de Montpellier, nous sommes partis de quelques critères à savoir : la durée d'études à Montpellier, le sexe et l'université d'appartenance. L'idée a été de trouver une représentativité, même non proportionnelle, de filles et garçons, d'anciens et des nouveaux et enfin que les trois universités soient représentées.

Les principaux résultats auxquels nous sommes parvenu, se ramènent à ceci : en général,les relations entre étudiants guinéens avec leurs condisciples français et le contact avec leurs professeurs restent faibles, même si on note quelques variations selon les universités ou selon la durée. Cet état de fait développe en eux un sentiment de marginalité qui explique le fait qu'ils netrouvent pas une envie de participer réellement aux activités culturelles au sein de leur université. Ce même sentiment de marginalité ne leur donne pas non plus la volonté de s'engager à des activités d'organisations étudiantes au sein de leurs universités.

les résultats ont montré tout aussi qu'au-delà de ce sentiment d'être marginalisés, leur statut d'étudiants étrangers leur impose certaines contraintes liées notamment aux conditions de renouvellement annuelle de leurs titres de séjour à la préfecture qui leur oblige d'avoir dans leurs comptes bancaires des ressources financières suffisantes pour pouvoir entamer chaque nouvelle année d'études. Cette situation leur oblige à trouver du travail, ce qui fait que le temps qui sera consacré à l'université se limitera uniquement aux cours ou aux TD. Le reste du temps ne peut être consacré à d'autres activités à part le `'boulot''.Du coup les relations avec les autres acteurs à l'université que sont les condisciples ou même les rencontres avec les professeurs vont se raréfier.

Un autre aspect significatif que les résultats ont montré estque l'essentiel des informations concernant leur cursus leurs sont communiquées via internet et Cette situation contribue aussi à réduire le contact entre eux et le personnel encadrement.

Les résultats ont montré que si la majorité des étudiants estiment que leurs condisciples français sont fermés à leur égard, ils affirment dans l'ensemble que leurs professeurs quant à euxleur traitent de la même manière par rapport à leurs condisciples français et qu'ils sont plutôt facile à rencontrer. Ce qui explique le fait qu'ils sont dans l'ensemble satisfaits des études qu'ils mènent et que c'est pour cela que la grande majorité d'entre euxenvisagent finir leurs études à Montpellier ici au lieu d'aller ailleurs.

Les résultats ont montré que le sentiment d'être marginalisé notamment par leurs condisciples français au sein de l'université renforce en eux le sentiment communautaire. C'est pourquoi ils préfèrent s'investir aux activités de l'association des guinéens de Montpellier où ils se sentent plus impliqués d'une part et d'autre part parce qu'ils se sentent liés auxautres membres de l'association par des liens de parenté.

L'ensemble de ces résultats nous ont fait connaitre que ce n'est pas évident pourl'étudiant étranger à Montpellier de jouir pleinement de son véritable statut d'étudiant. La nature des relations qu'il entretient avec ses condisciples français d'une part et d'autre part les contraintes administratives qu'il a, font que son statut d'étudiant se limite juste au fait d'être inscrit dans un programme de formation à l'université, de suivre des cours, de faire des examens et passer en classe supérieure. Alors que le statut d'étudiant devrait lui permettre d'être impliqué à d'autres activités par exemple : être membre d'organisations étudiantes, participer à des mouvements culturels, avoir la possibilité de revendiquer ses droits ou celle d'être consulté pour donner son avis, voir même avoir la possibilité de s'opposer quand il s'agit d'appliquer des mesures les concernant au sein de l'université etc. et pour cela, rien ne permet de le réussir qu'une meilleure intégration dans ce milieu qu'est l'université.

Nous rappelons que notre travail s'inscrit dans le cadre d'un mémoire de master. De ce fait, l'étude est loin d'être exhaustive. D'autres travaux de recherche pourraient être entrepris pour cerner d'autres aspects de ce sujet qui n'ont pas été abordés dans le cadre de cette étude ou même approfondir certains aspects qui figurent dans nos résultats.Un élargissement de l'échantillon à d'autres étudiants étrangers qu'aux guinéens, à des professeurs ou autres encadreurs dans les milieux universitaires et l'utilisation d'autres outils de collecte que sont par exemple le focus, les récits de vie ou l'analyse de statistiques pourraient apporter de nouvelles connaissances sur le sujet. Tout cela peut être envisagé dans le cadre d'une thèse par exemple.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon