CHAPITRE III :
CADRE EMPIRIQUE DE LA RECHERCHE.
Ce chapitre est consacré à l'analyse des
données et à leur présentation. A ce effet, il aborde la
mesure et l'analyse de la sensibilité des rentabilités, la
vérification des hypothèses, la synthèse des
résultats et propose des suggestions.
SECTION 1 : Mesure et analyse de la
sensibilité de la rentabilité financière, de la
rentabilité économique et des transferts.
La première section présente les
résultats de l'analyse des rentabilités financières et
économiques des fonctions de production et de commercialisation
de la filière anacarde. Elle est aussi consacrée
à la mesure des transferts et à l'analyse de la
sensibilité des rentabilités et des transferts.
Paragraphe1 : Mesure de
la rentabilité financière, de la rentabilité
économique et des transferts de la fonction de production de la
filière anacarde.
Ce paragraphe expose les facteurs de production, les
contraintes liées à la production, l'évolution des prix de
vente bord-champ, le compte d'exploitation et la Matrice d'Analyse des
Politiques (MAP) de la production d'anacarde.
A- Facteurs de production:
Il s'agit de :
1- Propriété foncière et
acquisition :
Dans la commune de Savalou, la grande partie des terres
appartient aux collectivités familiales. Elles sont transmises aux seuls
membres de la même collectivité et ce de génération
en génération. La figure n°4 montre les différents
modes d'accès à la terre et leur proportion dans la commune.
Figure n°4 : Mode
d'accès à la terre dans la commune de Savalou.
Source : Enquête de
terrain, Avril 2012.
L'examen de cette figure révèle que 82,15% des
terres sont acquises par les enquêtes à travers un
héritage. Aussi, ces terres sont-elles héritées avec des
plantations de tecks ou de palmiers et en grande partie d'anacardiers.
Dans la commune, comme au Bénin, les terres sont
généralement héritées par la descendance masculine
et les femmes veuves. Ce qui explique pourquoi 94,05% et 2,38% des producteurs
d'anacarde soient respectivement des hommes ou des veuves.
Ce résultat conforte la position de AÏNA (1996)
qui dans une étude de la rentabilité de la production des noix de
cajou au niveau paysan a trouvé que deux des quatre objectifs
définis par le paysan concernant l'anacardier sont : l'anacardier
comme affirmation du statut foncier et l'anacardier comme mode de transferts du
capital à la descendance.
De plus, ASSOGBA (2011), dans une étude sur la
production et la commercialisation de l'arachide dans la commune de Savalou
révèle que 80% des enquêtés ont hérité
de l'espace occupé pour cette culture.
Par ailleurs, 8,33% des terres ont été acquises
par les enquêtés sur don d'une tierce personne ou d'un autre
membre de la même collectivité.
De même, 7,14% et 2,38% des enquêtés ont
acquis l'espace utilisé pour la culture de noix de cajou respectivement
par achat et par prêt.
La taille de ces proportions peut être justifiée
par le fait que dans les zones rurales et particulièrement dans la zone
d'étude, on ne vend pas la terre et on ne pratique pas le
métayage, ni le fermage pour les cultures pérennes (ayant un
cycle de vie végétatif très long allant jusqu'à
30ans dans le cas de l'anacardier). Ainsi donc, si autre fois les terres
étaient octroyées aux demandeurs, aujourd'hui avec la forte
pression démographique et les héritages successifs au sein des
collectivités familiales la proportion d'achat augmente au
détriment de celle du don de terres. Car certains membres de
Collectivité préfèrent vendre leur terre au plus offrants
que de la léguer à leur descendance.
2-Main d'oeuvre agricole :
A Savalou, la production de l'anacarde dans son état
actuel n'utilise pas une forte main d'oeuvre. Chose qui devrait changer si les
producteurs pratiquaient toutes les opérations de l'itinéraire
agronomique de production de l'anacarde. En effet, les seules opérations
pratiquées par les producteurs sont l'entretien (1er et
2ème fauchages) et la récolte.
Le tableau n°14 révèle que
l'opération d'entretien nécessite en moyenne 4,71
(+/- 2,89) ouvriers agricoles. Tandis que
l'activité de récolte utilise en moyenne 10,41
(+/- 7,06) ouvriers agricoles. Ces moyennes sont
composées de la main d'oeuvre familiale, de la main d'oeuvre
salariée et de l'entraide. Les deux premières étant les
plus dominantes et l'entraide très peu observée. Cependant, il
est de constat dans la commune de Savalou que l'opération d'entretien
est menée principalement par la main d'oeuvre masculine contrairement
à celle de la récolte qui mobilise en grande partie la main
d'oeuvre féminine et juvénile.
Par ailleurs, 73,80% des producteurs utilisent la main
d'oeuvre familiale pour la récolte et 8,33% d'entre eux utilise le
même type de main d'oeuvre pour l'entretien. Ainsi donc, les trois types
de mains d'oeuvre sont utilisés dans la commune de Savalou. La main
d'oeuvre familiale est utilisée pour l'opération la moins
contraignante (la récolte) et la main d'oeuvre salariée
sollicitée pour l'opération la plus difficile (l'entretien).
Néanmoins, une minorité de producteurs utilisent alternativement
à l'entretien, le labour des plantations et la majorité d'entre
eux rémunère les ouvriers agricoles utilisés dans le cadre
de l'opération de récolte par le partage de la récolte
chaque ouvrier prenant les 1/3 ou les ¼ ou les
1/5 de sa récolte journalière, proportion
variant selon les arrondissements de la commune.
Tableau n°14: Répartition
de la main d'oeuvre par opération et par type.
Opérations
|
Paramètres
|
Types de main d'oeuvre en %
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Min
|
Max
|
Familiale
|
Salariée
|
Entraide
|
Total
|
Entretien
|
4,71
|
2,89
|
1
|
20
|
9,34
|
88,00
|
2,66
|
100
|
Récolte
|
10,41
|
7,06
|
2
|
27
|
73,81
|
26,19
|
0
|
100
|
Source : enquête de
terrain, Avril 2012.
3-Capital financier:
Dans la commune de Savalou, la principale source de
financement des opérations de production de l'anacarde reste le
financement sur fonds propres. En effet, les résultats de
l'enquête de terrain présentés dans le tableau n°16
indiquent que 65, 48% des producteurs financent eux-mêmes les
activités de production. Aussi, seulement 5,95% des producteurs ont fait
recourt aux institutions de micro finance (CLCAM et PROMIC) pour les
mêmes opérations. Cependant, 2,38% des producteurs ont
décidé involontairement ou volontairement selon les contraintes
(manque de financement ou faible rendement) de ne pas investir dans leur champ
d'anacardiers.
Les producteurs justifient leur
désintéressement au financement par les institutions de Micro
Finance (IMF) par les conditions d'octroi de crédits ( délai de
remboursement et garantie) qu'ils trouvent très contraignantes en
générale et plus particulièrement la quasi inexistence de
crédits pour le financement de certaines cultures dont l'anacarde. Et
pour certains responsables d'IMF, même si l'objectif premier des IMF est
d'offrir des services financiers de proximité aux populations à
la base, notamment à la population rurale, il n'en demeure pas moins
qu'elles doivent après tout assurer leur viabilité à
travers un meilleur processus de récupération des fonds qu'elles
auraient octroyés.
Cet état de chose pousse de plus en plus de
producteurs vers un mode de financement informel voire même d'usure.
En effet, 26,19% des producteurs font recourt à
"l'avance sur achat " qui est un emprunt contracté auprès d'un
commerçant ou d'un particulier en guise de préfinancement et
remboursable en produit bruit lors de la récolte à un taux
d'intérêt de 100%. Selon ACLASSATO (2006), malgré que le
taux d'intérêt au niveau des IMF soit de 26%, nettement
inférieur à celui de système informel (100%), les
producteurs préfèrent ce dernier. D'après lui, le taux
d'intérêt de 27% est déjà le seuil de l'usure et
même suicidaire.
D'un autre point de vue, AMOUSSOUGA (2002) évoquera
comme raison principale à ce désintéressement,
l'asymétrie d'informations entre les parties en présence (les
producteurs et les IMF).
Au total, dans la commune de Savalou, il se pose un
réel problème de financement des activités agricoles en
générale et plus particulièrement de la culture de
l'anacarde. Les IMF sont loin de satisfaire leur objectif premier dans ce
secteur. La raison la plus plausible à cela est l'asymétrie
d'informations puisque tous les producteurs ont émis la volonté
de rompre ce système de financement de l'avance sur l'achat qui n'est
rien d'autre que de l'usure.
Tableau n°15 : Mode de
financement des activités de production.
Types de financement
|
Pourcentage (%)
|
Fonds propres
|
65,48
|
Emprunt
|
Avance sur Achat
|
26,19
|
IMF
|
5,95
|
Pas d'investissement
|
2,38
|
TOTAL
|
100
|
Source : Enquête de
terrain, Avril 2012.
B- Contraintes, évolution du prix de vente
et compte d'exploitation :
Cette partie est consacrée aux différentes
contraintes liées à la production de l'anacarde, à
l'évolution des prix de vente bord-champ tout le long de l'année
2011 et au compte d'exploitation des producteurs.
1- Contraintes liées à la production
de l'anacarde :
Les producteurs d'anacarde de la commune de Savalou font face
à certaines contraintes impactant la production. Elles sont
résumées dans le tableau n°16.
En effet, pour la majorité (70,24%) des producteurs
enquêtés, le financement des activités de production et
particulièrement les opérations d'entretien des plantations
demeure l'une des plus grandes difficultés. Face à cette
contrainte et en absence de crédits appropriés, les producteurs
se tournent vers des usuriers qui leurs font des avances sur achat à des
taux d'intérêt de 100%.
L'autre difficulté majeure, selon 65,40% des
enquêtés est l'inexistence de formations et d'encadrements des
producteurs sur l'itinéraire agronomique de production à suivre
pour l'anacarde. Selon ces producteurs, les seules cultures qui
intéressent les agents du CeCPA sont le Coton et certaines cultures
vivrières comme : le maïs, l'arachide, le Soja, le Riz, etc.
De plus, l'UCPA à cause de sa mauvaise organisation, de la gestion
opaque de ses responsables, du manque de confiance des producteurs et surtout
du manque de communication entre responsables et producteurs connaît une
très faible adhésion (24,10 % des producteurs
enquêtés) ce qui ne favorise pas une synergie des producteurs sur
la résolution des problèmes ou difficultés de la
production de l'anacarde. En outre, les maladies liées aux insectes (les
fourmis rouges, les pucerons, les coléoptères foreurs des
branches, etc.) préoccupent 40,48 % des producteurs
enquêtés. A cela, s'ajoutent d'autres contraintes telles
que : les feux de brousse, la faible productivité des plantations,
l'inexistence d'intrants et de produits phytosanitaires, la rareté de la
main d'oeuvre, le vol des noix de cajou, le faible prix de vente des noix de
cajou et les aléas climatiques. Ces derniers ne sont pas une
priorité pour les producteurs (3,57% seulement) car les conditions
climatiques et pédologiques de la commune sont favorables à la
culture de l'anacarde. Par ailleurs, il découle des données et
statistiques d'autres contraintes que les producteurs n'ont pas
soulignées. Il s'agit du vieillissement poussé des
plantations et de la forte densité des plantations (plus de 100 arbres
à l'hectare).
Tableau n°16: Répartition
des producteurs selon les contraintes de la production
.
Contraintes
|
Pourcentage (%)
|
Financement de l'entretien des plantations
|
70,24
|
Formation et encadrement des producteurs
|
65,48
|
Maladies liées aux insectes
|
40,48
|
Feux de brousse
|
15,48
|
Faible productivité
|
14,29
|
Inexistence d'intrants et de produits phytosanitaires
|
14,29
|
Rareté de la main d'oeuvre
|
10,71
|
Vol des noix de cajou
|
9,52
|
Faible prix de vente
|
8,33
|
Aléas climatiques
|
3,57
|
Source : Enquête de
terrain, Avril 2012.
2-Evolution du prix de vente bord-champ de
l'anacarde en 2011 :
En 2011, le prix du kilogramme de noix de cajou sur le terrain
a été largement influencé par certains paramètres
nationaux et internationaux.
En effet, au Bénin, la campagne de commercialisation
des noix de cajou a été officiellement ouverte au cours du mois
de mars sur la base d'un prix plancher fixé à 200FCFA/kg.
Figure n°5 : Evolution du
prix de vente bord-champ de l'anacarde en 2011.
Source : Enquête de
terrain, Avril 2012.
Cependant, après analyse de la figure n°5, il est
de constat que la campagne de commercialisation dans la commune de Savalou
avait débuté le 15 Janvier à 150F CFA et le prix du
kilogramme de noix de cajou en mars avait déjà atteint le double
du prix plancher.
Cet écart entre les décisions gouvernementales
et la pratique sur le terrain est justifié par le fait que les
stratégies de commercialisation de l'anacarde dépendent de la
capacité financière des producteurs. Ainsi, la commercialisation
commence souvent par le remboursement des "avances sur achat " reçu chez
les commerçants ou particuliers pour l'entretien des plantations
à un prix allant de 100F à 150F CFA le kilogramme. Aussi,
l'information commence par circuler lançant ainsi le début de la
commercialisation et le prix de départ. Mais généralement
et le reste du temps, les producteurs vendent une partie de leur production au
fur et à mesure que des besoins urgents de liquidité surviennent
et ce jusqu'à la période de stabilité des prix où
ils vendent le reste de leur stock.
D'un autre côté, dans la commune de Savalou, le
prix de vente bord champ du Kg de noix de cajou a évolué de
150FCFA à 500FCFA avec au moins deux (02) augmentations brusques par
mois à raison de 50FCFA par augmentation. En outre, la période
allant de mi-mars à fin avril a connu une stabilité du prix de
vente à 400FCFA/Kg. Ce prix correspond d'ailleurs au prix moyen de vente
des stocks de noix d'anacarde par les producteurs. Par ailleurs, selon les
producteurs, le prix de vente des stocks (400FCFA/Kg) et le prix maximum de
500FCFA/Kg, de 2011, sont des prix records atteints grâce à la
concurrence déloyale entre les différents acteurs de la
commercialisation, à la bonne circulation de l'information sur les prix
et au repli des exportateurs étrangers (indiens, pakistanais, etc.) de
la Côte d'Ivoire vers le Bénin suite à l'instabilité
politique du pays.
3-Compte d'exploitation de la production de
l'anacarde :
Pour mieux appréhender les différents
coûts consentis dans la production de l'anacarde et apporter des
données chiffrées sur la rentabilité de ce maillon de la
filière anacarde, un compte d'exploitation a été
conçu sur la base des informations collectées auprès des
producteurs de la commune de Savalou. Il est présenté dans le
tableau n°17 ci-dessous :
Tableau n°17 : compte
d'exploitation de la production d'anacarde.
Libellé
|
Unités
|
Valeurs
|
Rendement (1)
|
kg/ha
|
357,427
|
Prix de vente (2)
|
FCFA/kg
|
400
|
Production brute (3=1x2)
|
FCFA/ha
|
142.970,8
|
Main d'oeuvre par fauchage (4)
|
H/ha
|
4,71
|
Prix unitaire main d'oeuvre fauchage (5)
|
FCFA/H
|
3.770,14
|
Coût main d'oeuvre 1er fauchage (6=4x5)
|
FCFA/ha
|
17.757,35
|
Coût main d'oeuvre 2ème fauchage
(6=4x5)
|
FCFA/ha
|
17.757,35
|
Coût total main d'oeuvre entretien (8=6+7)
|
FCFA/ha
|
35.514,7
|
Main d'oeuvre récolte (9)
|
H/ha
|
10,41
|
Prix unitaire main d'oeuvre récolte (10)
|
FCFA/H
|
3.829,65
|
Coût main d'oeuvre récolte (11=9x10)
|
FCFA/ha
|
39.866,67
|
Consommation Intermédiaire (12=8+11)
|
FCFA/ha
|
75.381,37
|
Valeur Ajoutée (13=3-12)
|
FCFA/ha
|
67.589,43
|
Amortissement (14)
|
FCFA/ha
|
2.967,30
|
Marge nette (15=13-14)
|
FCFA/ha
|
64.622,13
|
Source : Calculs
réalisés sur la base des données, enquête de
terrain Avril 2012.
Il ressort de ce compte d'exploitation que les producteurs
d'anacarde supportent comme charges de production 75.381,37FCFA/ha et par an.
Ces charges sont exclusivement liées à la main d'oeuvre. Aussi,
la production, génère-t- elle dans l'année, par
ménage une valeur Ajoutée de 67.589,43FCFA/ha.
Au total, la production de l'anacarde dans la commune de
Savalou dégage une marge nette positive de 64.622,13FCFA/ha par an pour
chaque producteur. D'un autre côté, elle crée chaque
année des emplois saisonniers à environ 20 personnes par hectare
et constitue une activité rentable pour les producteurs.
C-Matrice d'Analyse des Politiques (MAP) :
La MAP de la production de l'anacarde (tableau n°18)
permet d'analyser les rentabilités financière et
économique, et les transferts nets et d'approfondir les conclusions
issues du compte d'exploitation de la production de l'anacarde.
Tableau n°18 : Indicateurs
d'analyse de la MAP pour le système de production de l'anacarde.
Indicateurs
|
formules
|
Valeurs
|
Rentabilité financière FCFA /ha
|
[D=A-B-C]
|
34.622,13
|
Rentabilité économique FCFA /ha
|
[H=E-F-G]
|
65.511,149
|
Transferts nets FCFA /ha
|
[L=I-J-K]
|
-30.889,02
|
Ratio Coût Bénéfice Financier
|
[C/(A-B)]
|
0,75
|
Coûts en Ressources Intérieures (CRI)
|
[G/(E-F)]
|
0,535
|
Coefficient de Protection Effective (CPE)
|
[(A-B)/(E-F)]
|
0,9936
|
Source : Résultats des
analyses, Juillet 2012.
1- Rentabilité financière du
système de production :
L'analyse du tableau n°18 montre que la fonction de
production de la filière anacarde a une rentabilité
financière positive. Avec une rentabilité financière
égale à 34.622,13FCFA /ha, la production de l'anacarde est une
activité rentable pour les producteurs de la commune de Savalou. Aussi,
le Ratio Coût Bénéfice Financier (0,75) est -il
supérieur à 1. Et donc, les recettes tirées de
l'activité de production de l'anacarde sont largement au dessus des
dépenses consenties. Les producteurs peuvent utiliser efficacement leurs
ressources dans cette activité. Ainsi, ces chiffres indiquent que toute
intention d'investissement dans le système de la production de
l'anacarde dans la commune de Savalou doit être encouragée.
2- Rentabilité économique du
système de production :
La deuxième ligne de la MAP indique une
rentabilité économique positive égale à 65.511,149
FCFA/ha. La production de l'anacarde est bénéfique à la
communauté et donc à la commune de Savalou. On peut aussi
remarquer que le CRI est inférieur à 1 (0,535<1). Ce qui veut
dire que la production des noix de cajou fournie à la commune un
avantage comparatif et par ricochet un avantage comparatif à la nation
béninoise. Un CRI = 0,535 traduit aussi le fait que l'activité de
production engendre des coûts sociaux plus faibles que le revenu net
qu'en tire la communauté (le Bénin).
3- Evaluation des mesures de politiques
économiques :
Les politiques commerciales et fiscales peuvent impacter la
rentabilité de la production de l'anacarde. Aussi, plusieurs indicateurs
permettent de savoir si les producteurs bénéficient ou non
d'incitation à produire ou des mesures de politiques économiques.
Dans cette analyse, deux indicateurs sont utilisés à
savoir : les transferts nets et le CPE.
La dernière ligne de la MAP, indique que la production
dispose d'un CPE égal à 0,9936. Le Coefficient de Protection
Effective étant inférieur à 1 alors les producteurs sont
taxés et ils ne bénéficient d'aucune incitation à
produire. De même, le système de production présente un
transfert net négatif. Ainsi donc, les producteurs sont
défavorisés et subissent une taxe implicite de
30.889,02FCFA/ha.
Ce pendant, le CPE (0,9936) tend sensiblement vers1. Ce qui
veut dire qu'avec le temps, on entrerait dans une situation de production
neutre où les producteurs ne seraient ni favorisés ni
défavorisés ce qui traduirait un équilibre de la
compétitive des échanges de facteurs de production de l'anacarde
entre le marché national et le marché international.
Paragraphe 2 : Mesure de
la rentabilité financière, de la rentabilité
économique et des Transferts de la commercialisation de
l'anacarde.
Ce paragraphe présente les contraintes liées
à la commercialisation, à la formation des prix et le compte
d'exploitation de la commercialisation. Il comporte également la MAP de
la commercialisation et l'évaluation des rentabilités
financière et économique et des transferts.
A- Contraintes liées à la
commercialisation de l'anacarde :
Les différents acteurs de la commercialisation de
l'anacarde (collecteurs, courtiers, grossistes) de la commune de Savalou font
face à diverses difficultés. Ces difficultés sont
consignées dans le tableau n°19 ci-dessous :
Tableau n°19 : Contraintes
liées à la commercialisation de l'anacarde dans la zone
d'étude.
Contraintes
|
Pourcentage (%)
|
Fixation des prix de vente par les exportateurs
|
66,67
|
Non respect des engagements prix par les collecteurs
|
66,67
|
Insuffisance des moyens de transport des stocks
|
55,56
|
Non remboursement de `' l'avance sur achat `' par certains
producteurs
|
44,44
|
Financement de l'achat des noix de cajou
|
33,33
|
Retard dans le financement de la collecte
|
33,33
|
Insuffisance de magasins de stockage
|
33,33
|
Mauvaises conditions de collecte
|
22,22
|
Tracasseries routières
|
11,11
|
Concurrence déloyale
|
11,11
|
Source : Enquête de
terrain, Avril 2012.
Le tableau n°19 indique que la majorité (66,67%)
des acteurs de la commercialisation de l'anacarde enquêtés sont
contraints dans leur activité par : la fixation des prix de vente
(grossistes-exportateurs) par les exportateurs et le non respect des
engagements pris par les collecteurs. En effet, les exportateurs s'arrogent le
droit de fixer le prix de vente des noix de cajou pour avoir
préfinancé les grossistes ce qui impacte le prix maximum de vente
bord-champ des noix de cajou auprès des producteurs.
De même, certains collecteurs prennent l'argent chez les
grossistes mais n'arrivent pas à livrer les quantités
prévues et utilisent les fonds de la collecte pour d'autres
activités personnelles ce qui crée des impayés.
D'un autre côté, l'insuffisance de moyens de
transport et le non remboursement de " l'avance sur achat " prise par les
producteurs préoccupent respectivement 55,56% et 44,44% des acteurs de
la commercialisation de l'anacarde enquêtés. Les autres
contraintes, non moins importantes, sont : la recherche de financement
pour l'achat de l'anacarde, le retard dans le financement de la collecte,
l'insuffisance de magasins de stockage, les tracasseries routières, les
mauvaises conditions de collecte, la concurrence déloyale, la
fluctuation anarchique des prix et l'insuffisance de matériels
(bascules, sacs de jute, etc.). Mais au-delà de toutes ces contraintes
et après réflexion, il ressort que le plus grand problème
de cette fonction de la filière anacarde est la mauvaise organisation du
circuit de commercialisation.
B-Formation des prix et compte d'exploitation de
la commercialisation de l'anacarde :
Au Bénin, s'il est de constat que le gouvernement fixe
un prix plancher de vente bord-champ de l'anacarde, il s'avère aussi que
l'exportation de l'anacarde ne connaît aucune intervention
gouvernementale pour la formation des prix de vente. En effet,
bien que l'Etat béninois fixe chaque année la période
d'exportation, généralement comprise entre le 15 mars et le 15
Octobre de chaque année (JITAP, 2003), le prix à l'exportation de
l'anacarde aux dires des acteurs de la commercialisation, notamment des
grossistes, suit deux scénarios différents dépendant
chacun du mode de financement de l'activité des grossistes.
Ainsi, dans un premier scénario, les grossistes sur la
base de la confiance et du nombre d'années d'expérience dans la
commercialisation de l'anacarde, reçoivent un préfinancement
auprès des exportateurs (partenaires indo-pakistanais, opérateurs
économiques béninois, etc.). Ces derniers imposent alors une
quantité et un prix d'achat des stocks aux grossistes qu'ils ont
préfinancés.
En ce qui concerne le second scénario, les grossistes
s'autofinancent et vendent leurs stocks aux exportateurs les plus offrants avec
possibilité de négocier le prix de vente de l'anacarde à
Cotonou. Mais dans l'un ou l'autre des cas, les prix de vente de l'anacarde aux
exportateurs à Cotonou évoluent de façon croissante du
début de la campagne d'exportation Jusqu'à la fin de la dite
campagne.
Par ailleurs, environ 95 % des acteurs de la
commercialisation de l'anacarde enquêtés dans la commune de
Savalou se retrouvent dans le premier scénario basé sur le
préfinancement des grossistes et vendent leurs stocks aux exportateurs
à des prix impactant sensiblement les prix d'achat bord-champ. Aussi,
pour mieux apprécier les coûts de la commercialisation de
l'anacarde et la richesse qu'elle dégage, un compte d'exploitation de ce
maillon de la filière anacarde a été élaboré
et présenté dans le tableau n°20.
Tableau n°20: Compte
d'exploitation de la commercialisation de l'anacarde.
Libellés
|
Unité
|
Montants
|
Prix de vente moyen (1)
|
FCFA/t
|
574.500
|
Prix d'achat moyen (2)
|
FCFA/t
|
400.000
|
Coût moyen de la collecte primaire (3)
|
FCFA/t
|
17.130
|
Coût moyen de rapprochement (5)
|
FCFA/t
|
12.000
|
Coût moyen magasin (6)
|
FCFA/t
|
1767
|
Taxe communale (7)
|
FCFA/t
|
2571,43
|
Coût du chargement (8)
|
FCFA/t
|
1500
|
Coût moyen de transport (9)
|
FCFA/t
|
15.000
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Autres frais (douane, etc.) (10)
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FCFA/t
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1142,86
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Coût de revient moyen (11=2+3+4+5+6+7+8+9+10)
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FCFA/t
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451.111,29
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Valeur ajoutée (12=1-11)
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FCFA/t
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123.388,71
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Amortissement (13)
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FCFA/t
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5.357
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Marge nette (14=12-13)
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FCFA/t
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118.031,71
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Source : Calculs faits à
partir des données d'enquête, Avril 2012.
Ce tableau indique que pour un prix d'achat moyen de
400FCFA/kg, soit 400.000FCFA/t (compris entre 150FCFA/kg et 500FCFA/kg) les
grossistes ont vendu leurs stocks aux exportateurs à un prix de vente
moyen de 574,5FCFA/kg au port de Cotonou soit 574.500FCFA/tonne
(évoluant de 250FCFA/kg à 700FCFA /kg). Cependant, pour un
coût de revient moyen de 451.111,29FCFA la tonne, les grossistes de la
commune de Savalou bénéficient d'une valeur ajoutée de
123.388,71FCFA /tonne. Ce profit est souvent amplifié par la
quantité très importante des stocks (en moyenne 1000tonnes chez
les grands grossistes). Ainsi donc, la commercialisation a fourni une marge
nette positive de 118.031,71FCFA/tonne par grossiste. De même, elle
crée de la valeur ajoutée pour la communauté, occupe et
rémunère une partie de la population : des autres acteurs de
la commercialisation (collecteurs, coutiers) jusqu'aux ouvriers saisonniers
(chargeurs, couturiers, transporteurs, etc.).
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