CHAPITRE II :
CONTEXTE, CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES,
DEMOGRAPHIQUES ET SYSTEMES DE PRODUCTION ET DE COMMERCIALISATION.
Avant toute étude, il est nécessaire de savoir
dans quel contexte évolue la filière anacarde béninoise et
les caractéristiques des enquêtés. Pour ce faire, nous
aborderons dans la première section de ce chapitre le contexte de la
production de la filière anacarde. Quant à la deuxième
section de ce chapitre, elle exposera les caractéristiques
socio-économiques, démographiques des enquêtés et
les caractéristiques des systèmes de production et de
commercialisation de l'anacarde dans la commune de Savalou.
SECTION 1: Contexte de la production de l'anacarde.
Ici, il sera question d'expliciter la
situation mondiale et nationale de la production.
Paragraphe1 : Situation mondiale de la
production.
Découvert par les colons portugais dans la
région de Ceara au Nord-est du Brésil, où il est
présent en vaste peuplements naturels, l'anacardier de son nom
scientifique anacardium occidentale L a été introduit en 1578 par
les colons portugais au Mozambique puis dans le Kerala en Inde. De cette
époque jusqu'à ce jour la valeur de l'anacarde et sa production
n'ont cessé de croître au fur et à mesure que des usages
variés sont découverts pour son fruit: la noix de cajou et son
faux fruit la pomme de cajou.
Photo n°1 : L'anacarde.
Photo n°2 : Noix de cajou brutes.
Cliché : ZINMONSE R.,
avril 2012.
En effet, la noix de cajou est un fruit akène (fruit
sec au péricarpe non soudé à la graine) qui contient un
liquide visqueux brun foncé, toxique et hautement caustique. Ce liquide
visqueux est utilisé dans l'industrie pour la fabrication
d'éléments de friction de freins, d'embrayages, comme
matériau isolant et imperméable dans l'aviation ou comme input
dans des peintures, des vernis et même dans l'industrie plastique. En
Asie, il est utilisé pour la fabrication d'encre
indélébile. La noix de cajou renferme environ 47% d'huile qui
après traitement est utilisée dans les industries pharmaceutiques
et cosmétiques. Quant à l'amande de la noix de cajou de couleur
blanche, elle est utilisée, grillée et salée, en cuisine
ou en confiserie dans l'industrie chocolatière.
Photo n°3 :Amandes
cassées de cajou. Photo n°4 :Amandes
de cajou.
Cliché : ACI
Bénin.
En ce qui concerne la pomme de cajou (faux fruit de
l'anacardier), « ce fruit est également comestible, sa chair
est acidulée et sa saveur aigre-douce. Il possède de grandes
qualités antiscorbutiques en raison de sa teneur en vitamine C qui est
environ cinq fois plus élevée que celle d'une orange. On peut
aussi le transformer pour obtenir des confitures, des gelées ou des
compotes, le presser pour donner un jus sucré, parfumé dont la
macération ou la distillation permettra de tirer du vinaigre, du vin ou
de l'alcool alimentaire » (Davis, 1999 cité par Tuo, 2007)
(voir annexe 3 pour d'autres usages de l'anacardier).
Les différents usages qui sont faits de l'anacardier
et surtout des noix d'anacarde ont stimulé l'offre et la demande
mondiales de noix d'anacarde durant ces deux dernières décennies.
Ainsi, selon JITAP (2003) la demande internationale de noix d'anacarde a connu
une croissance annuelle de 5% en valeur et 8% en volume entre 1997 et 2001. En
tête des pays importateurs se retrouvaient en 2001, les Etats-Unis
d'Amérique avec 47% des importations mondiales suivis par les Pays-Bas
9%, le Royaume-Uni et l'Allemagne 5%.
Pendant cette même période, certains pays ont
connu une forte croissance en valeur de leur demande nationale de noix de
cajou. Ainsi, à titre d'exemple, l'augmentation en valeur de la demande
de noix de cajou est de 69% par an pour le Viêtnam, 62% pour la Belgique,
25% pour la Norvège (JITAP, 2003). Malgré l'augmentation sans
cesse croissante de la demande internationale de la noix d'anacarde, l'offre
sur le plan mondial reste assez restreinte. En effet, l'offre mondiale
d'anacarde est assurée par cinq pays principaux (Inde, Mozambique,
Tanzanie, Vietnam, Nigéria) qui fournissent à eux seuls environ
70% de la production mondiale jusqu'en 1999. De 1995 à 1999, la
production de l'Afrique subsaharienne est passée de 291.880.000 tonnes
à 531.731.000 tonnes (FAO, 2003). Mais depuis 2001, les tendances ont
changé au niveau des pays producteurs. A cet effet, le Bénin est
devenu le sixième (6ème) producteur sur le plan
mondial en matière de volume de noix exporté et le
deuxième (2ème) en Afrique de l'Ouest (après la
Guinée Bissau) en matière de qualité de la production
(MAEP, 2003 et LARES, 2004).En 2007, la production de noix brutes en Afrique de
l'Ouest résultait des quatre (4) principaux producteurs que sont :
la Côte d'Ivoire avec 200.000 tonnes, la Guinée Bissau 100.000
tonnes, le Nigéria avec 70.000 tonnes et le Bénin 45.000
tonnes.
Par ailleurs, s'il est vrai que la demande mondiale en noix
brutes et surtout d'amandes de cajou n'a cessé de croître, il n'en
demeure pas moins que les principaux producteurs accroissent aussi leur
production quand bien même, certains pays ont cédé leur
place. Ainsi, en 2011, l'Inde est resté premier producteur mondial
d'anacarde avec une production supérieure à 600.000 tonnes de
noix de cajou brutes. Elle est suivie par la Côte d'Ivoire et le
Viêtnam dont les productions dépassent les 350.000 tonnes. Le
Brésil, l'Indonésie, la Tanzanie, le Mozambique, la Guinée
Bissau et le Bénin sont les autres principaux pays producteurs. Et c'est
au vu de l'envergure que prend la filière anacarde sur le plan mondial
que l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) dans sa
politique agricole, a identifié celle-ci parmi les dix sept (17)
filières agroindustrielles prioritaires de l'espace UEMOA (PRMN, 2008).
Aussi, les différentes crises de la filière coton sur le
marché international font de la production de l'anacarde l'autre
alternative des économies africaines et particulièrement celle
béninoise.
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