Paragraphe 2 : Situation de la filière
anacarde au Bénin de 1960 à 2011.
Au Bénin, l'anacardier s'est retrouvé à
l'état spontané dans la région soudanienne du Littoral.
Son extension au Centre et au Nord du pays a véritablement
débuté dans les années 1960 sous forme de champs
collectifs grâce au concours du budget national appuyé dans son
action par l'aide Américaine (Aïna, 1996). Selon Gagnon (1998)
cité par Singbo et al (2003), les premières plantations
d'anacardiers à grande échelle ont été
réalisées entre 1962 et 1965.
La Commission des Communautés Européennes a
aussi appuyé un vaste programme de développement de l'anacardier.
Ce programme, réalisé en deux phases, a permis l'installation de
5322,95 ha de plantations domaniales et 4503 ha de plantations privées
(Gagnon, 1998).Il a également favorisé l'implantation de
l'usine de traitement de la noix d'anacarde à Parakou en 1974. Mais
déjà en 1987, ces plantations domaniales ont
régressé jusqu'à 2752 ha (MDR, 1994). A cette
époque, l'anacardier était planté dans un but
écologique par le gouvernement. Pour le paysan, il servait à
l'affirmation du statut foncier et de mode de transferts du capital à la
descendance.
D'une part, la filière anacarde a pris de l'importance
ces dernières années, principalement à la fin des
années 1990 avec une superficie estimée à cette date
à 10.000 ha. En 2008, les plantations d'anacardiers ont couvert plus de
190.000 ha occupant environ 200.000 producteurs dont 95% d'hommes et 5% de
femmes (MAEP, 2008 ; Tandjiékpon et al, 2008). La production
d'anacardes occupe 2,5 à 3% de la population béninoise (INSAE,
2002, 2008) et 78% des anacardiers ont moins de 10 ans en 2008
(Tandjiékpon et al, 2008). En 2009, la SONAPRA a appuyé la
filière anacarde dans le Nord-est en produisant environ 70 ha de
pépinières dans la commune de Tchaourou. De plus, même si
la zone de prédilection de la culture d'anacardiers s'étend de la
ville d'Abomey comme limite Sud à celle de Gamia dans le Borgou comme
limite Nord, il n'en demeure pas moins que les plus grandes zones de production
sont les départements de l'Atacora, du Borgou, des Collines de la Donga
et du Zou avec 97% des superficies nationales. Cependant, la région
Zou/Collines constitue la principale zone de production avec plus de 50% des
surfaces (PPAB, 2003) et deux autres départements que sont : les
Plateaux et le Couffo se sont impliqués dans la production de noix de
cajou au Bénin.
D'autre part, l'anacarde a pris une importance
économique en devenant, depuis deux (2) décennies, la
deuxième culture d'exportation du Bénin après le coton. A
cet effet, le Bénin a connu au cours du quinquennat 1997-2001 un taux de
croissance annuelle des exportations de noix de cajou de 33% en valeur et de
40% en volume (Trad. Map CCI Genève, 2002). De 36.487 tonnes en 2001,
l'exportation de noix de cajou est passée à 44.800 tonnes en
2002, 48.400 tonnes en 2003, 65.800 tonnes en 2004, 66.200 tonnes en 2005,
101.700 tonnes en 2006, 88.200 tonnes en 2007 et a atteint 116.398 tonnes (avec
influence de 15% des pays voisins) en 2008 (PAC/DECM/SESP, 2009). Elle occupe
en volume 13,5% de la part des exportations du Bénin en 2008 et 1,7% du
trafic global observé au port de Cotonou.
Quant au système de commercialisation béninois
d'anacarde, il est très complexe et mal organisé avec un nombre
important d'intermédiaires entre les producteurs et les exportateurs.
Malgré les difficultés que connait la filière, les
exportations béninoises sont positivement corrélées
à l'offre mondiale à cause de la qualité organoleptique
(arôme) des amandes de cajou et du taux de transformation en amandes
(KOR) des noix béninoises qui est légèrement au dessus de
la moyenne Ouest- africaine. Le Bénin a donc sa part de marché
à satisfaire (Adégbola et al, 2006).
En effet, le Bénin exporte 70% de sa production de
noix d'anacarde à destination de l'Inde, 25% vers le Viêtnam, le
Pakistan et le Singapour et 5% seulement sont transformées en amandes
pour l'exportation vers l'occident (Adex, 2007). De 1% de la production
mondiale de noix d'anacarde (Grimaud, 1998), le Bénin est passé
en 2011 entre 2 et 3% de cette production mondiale et espère
accroître sa production en quantité et en qualité pour
améliorer ses capacités exportatrices de noix brutes et
particulièrement de noix transformées en amandes. Ce qui se
traduit par l'agrandissement en 2011 des unités de transformation
Kakè5 et la lumière qui sont devenues les deux plus grandes
usines de transformation de noix de cajou en amandes dans les collines et
précisément dans la commune de Savalou.
SECTION2 :Caractéristiques
socio-économiques,démographiques et systèmes de production
et de commercialisation.
Cette section est consacrée à la vie
socio-économique et démographique des enquêtés. Elle
aborde également les caractéristiques des systèmes de
production et de commercialisation.
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