B- Méthode d'analyse des données :
Pour atteindre les différents objectifs de cette
étude, l'outil d'analyse qui sera utilisé est la Matrice
d'Analyse des Politiques (MAP) de monke et Pearson (1989). Elle a
été utilisée dans plusieurs études en
Afrique : ReNSE (2002), dans analyse coût-bénéfice des
technologies du Niébé: une application de la Matrice d'Analyse
des Politiques; Module EASYPol 104 portant sur l'analyse de la
filière pêche au Burkina Faso (FAO, 2007); AfricaRice en
partenariat avec le Michigan State University(USA) (2010), dans
évolution des avantages comparatifs et analyse de la
compétitivité du riz et du mais en Afrique. Elle a aussi
été utilisée dans des études
réalisées au Bénin: HOUNDEKON (1996), dans l'analyse
économique des systèmes de production du riz dans le Nord
Bénin; YAO (1997), dans comparatif advantages and crop diversification;
ADESINA et COULIBALY (1997), sur les technologies agro forestières;
ADEGBOLA et al (2006), dans compétitive de la filière anacarde au
Benin : une analyse des effets aux prix de référence; FANOU
(2008), dans rentabilité financière et économique des
systèmes de production maraichers au Sud-Bénin: une application
de la MAP; ALOUKOUTOU et al (2011), dans une étude de la
compétitivité du maïs au Bénin, recommandée
par le PRESAO. L'approche MAP est un système de comptabilité en
partie double. Elle est le produit de deux identités : l'une qui
définit la rentabilité comme la différence entre les
revenus et les coûts, et l'autre qui mesure les divergences (politiques
qui déforment les stimulants économiques et défaillances
du marché) comme la différence entre les paramètres
observés et les paramètres qui existeraient si les divergences
étaient supprimées .On pourra alors évaluer l'impact des
politiques des produits et des politiques macroéconomiques en
comparaison avec la situation où ces politiques sont absentes. Dans
l'approche MAP, des données sur le budget agricole (revenu des ventes et
coûts des intrants) sont rassemblées pour les systèmes
agricoles principaux. La détermination des profits que les paysans ou
les commerçants ont effectivement obtenus est un impact initial simple
et important de l'analyse qui montre quels paysans ou commerçants sont
concurrentiels actuellement et comment leurs profits pourraient changer si les
politiques de prix étaient modifiées. Avec la méthode MAP,
les revenus et les coûts qui sont impliqués dans les budgets de la
filière sont réexaminés. Le tableau n°4 montre la
MAP ; la rentabilité est mesurée en suivant les lignes de la
matrice. Les coûts sont évalués par les
éléments des deux colonnes du centre. On calcule les profits
présentés dans la colonne de droite en soustrayant les
coûts présentés dans les deux colonnes du centre des
revenus impliqués dans la colonne de gauche.
L'objectif no1, qui vise à
apprécier les rentabilités financière et économique
des différentes fonctions de production et de commercialisation de la
filière, est le sujet de ce paragraphe. L'approche MAP a l'avantage
d'apprécier l'impact de chaque instrument de distorsion sur la
rentabilité d'une activité et permet une grande
désagrégation des éléments de calcul des deux
coefficients qui permettent d'apprécier les rentabilités
financière et économique, des différents systèmes
de production et de commercialisation. Si la rentabilité
financière est positive, alors le système est rentable pour les
paysans ou les commerçants. Les ressources peuvent alors être
utilisées efficacement dans le système.
De même, il y a rentabilité sociale ou
économique, si la rentabilité économique nette est
positive, alors l'activité est économiquement rentable.
L'activité ainsi considérée présente un avantage
comparatif statique pour la société.
L'objectif no2 qui vise à
évaluer l'effet des changements de politiques économiques sur les
rentabilités de la production et de la commercialisation de l'anacarde
est atteint par le calcul: du Coefficient de Protection Effective et des
transferts.
Tableau n°4 : Matrice
d'Analyse des Politiques (MAP)
Indicateurs
|
Revenus
|
Facteurs échangeables
|
Facteurs non échangeables
|
Profits
|
Rentabilité financière
|
A
|
B
|
C
|
D1
|
Rentabilité économique
|
E
|
F
|
G
|
H2
|
Transferts
|
I3
|
J4
|
K5
|
L6
|
Source : MONKE et PEARSON,
1989.
A, B, C et D sont des éléments du budget
financier et E, F, G et H sont ceux du budget économique.
A représente les revenus obtenus par l'acteur
(producteur ou commerçant) et reflétant les prix du
marché.
(B+C) sont les couts observés.
E est le niveau des revenus évalués au prix de
référence.
(F+G) sont les couts observés.
1 = la rentabilité privée ou
financière, D = A - (B+C)
2= la rentabilité sociale ou économique, H = E
-(F+ G)
3= les transferts de produit, I = A- E
4= les transferts de facteurs échangeables, J = B - F
5= les transferts de facteurs non échangeables K = C -
G
6= les transferts nets, L = D - H ou L= I -J -K.
- Le Coefficient de Protection Effective CPE =
(A-B)/(E-F).
Le CPE est le rapport de la valeur ajoutée en prix
financiers à la valeur ajoutée en prix économiques. Il
permet d'apprécier si une activité bénéficie ou non
d'incitation à produire.
Lorsque le CPE est supérieur à 1, alors les
acteurs bénéficient d'une incitation positive à continuer
leurs activités ; ils gagnent plus de revenus qu'ils ne gagneraient
sans distorsions de prix. Les acteurs bénéficient d'une
subvention implicite ou d'une protection des prix.
Si le CPE est égal à 1, il traduit
l'équilibre ou le niveau optimum de la compétitivité des
échanges entre le marché national et international. La structure
de protection est neutre. Les acteurs ne sont ni favorisés ni
défavorisés.
Si le CPE est inférieur à 1, le pays ne
protège pas son marché. L'activité est implicitement
taxée. Les acteurs gagneraient un meilleur revenu s'ils achètent
et vendent aux prix économiques. Ils sont donc défavorisés
sur le marché interne.
- La rentabilité
financière :
Ce calcul commence par la construction de budgets
séparés pour la production et la commercialisation des noix de
cajou. Les composantes de ces budgets sont inscrites dans la MAP en monnaie
locale par unité physique.
La rentabilité financière montre la
compétitivité de la filière agricole. Si les profits
financiers sont négatifs (D < 0), les acteurs obtiennent un taux de
rentabilité au-dessous de la normale et on peut donc prévoir
qu'ils abandonneront cette activité toutes choses égales par
ailleurs. Des profits financiers positifs indiquent des rendements au-dessus de
la normale et devraient amener à l'expansion future du système
considéré.
- la rentabilité
économique :
La deuxième ligne du tableau 2 utilise les prix
économiques ou sociaux. Ces évaluations mesurent les avantages
comparatifs ou l'efficacité du système de production agricole. Si
les profits économiques sont positifs (H>0), l'activité
considérée présente un avantage comparatif ; le pays
peut donc se consacrer à la production du bien concerné. Une
autre approche utilisée pour évaluer la rentabilité
économique d'une activité est l'analyse des Coûts en
Ressource Intérieures (CRI). Un CRI supérieur à 1 signifie
que le coût des facteurs intérieurs (domestiques) utilisés
est supérieur à la valeur créée, mesurée en
prix internationaux ; il y a donc une perte de richesse pour la
société. Plus on réduit le CRI, plus on maximise le
profit économique.
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