CHAPITRE IV :
PROBLEMATIQUE ET DEMARCHE METHOLOGIQUE.
4.1. Problématique
L'union conjugale a toujours revêtu, quel que soit le
degré de développement des civilisations, des formes normatives.
Donc cela montre que depuis les temps les plus reculés de l'histoire de
l'humanité, le mariage était une institution.
Le mariage crée entre les époux une association
des efforts, une unité de vie et une communauté des buts. Partant
de l'importance du mariage, HAROLD (1576, p.7), explique
que : « Le mariage fait partie de la vie normale ; il
est indispensable à la plénitude de la vie; le mariage est en
quelque sorte le synonyme de la vie, puisqu'il est dans la fusion des
êtres (...). Le mariage est d'une telle importance dans la vie qui
concerne notre carrière et vice versa ».
La société burundaise voit dans le mariage un
bien-être normal et un oasis de paix. Pourtant, certaines gens pensent
aux problèmes majeurs que rencontrent des conjoints dans leur vie
quotidienne ; d'autres indiquent que la valeur du mariage est
déterminée par le confort. Certes, le confort et les biens
matériels aident dans la réussite du mariage mais n'en
constituent pas les conditions sine qua none. Le mariage que certains
considèrent comme une aventure et d'autres une source de bonheur est
vécu différemment d'un couple à l'autre. Abstraction faite
de la volonté des conjoints, bien des facteurs contribuent à
rendre heureux ou à créer des problèmes à
l'intérieur des foyers.
La décision du mariage ne se fait pas au hasard. Deux
individus qui décident de s'unir pour la vie possèdent chacun des
attentes, c'est-à-dire que chacun des deux a des souhaits de faire un
couple là où il y a une vie aisée, une vie sans conflit,
une vie dans laquelle un homme et une femme s'engagent entièrement l'un
vis-à-vis de l'autre. En réalité, ce qui fait l'honneur et
la dignité morale de l'union dans le mariage est la notion de sa
pérennité. Cependant, nous remarquons qu'il existe des
ménages qui ne sont pas fondés sur l'unité conjugale,
c'est-à-dire des mariages mal assortis au point d'en arriver à la
rupture.
Dans la société burundaise, parmi les buts
essentiels du mariage, la perpétuation de la famille est un
élément important. Signalons qu'avant d'entreprendre le projet du
mariage, chacun des partenaires à des attentes et si ces
dernières ne sont pas satisfaites, ceci peut être à
l'origine de mauvaises relations familiales.
Ainsi, l'insatisfaction quant aux attentes telles qu'elles ont
été souhaitées par l'un ou l'autre des conjoints peut
être une source de frustration. Si celle-ci n'est pas
atténuée, elle peut être à l'origine de mauvaises
relations familiales et sociales. Le problème qui se pose est que les
deux époux vont commencer à se faire des reproches sur telle ou
telle autre situation : le mari reprochant à sa femme d'être
responsable de la situation et vice versa. La personne qui est souvent
accusée d'être responsable va souffrir beaucoup.
Cela peut être à l'origine de troubles divers
dont le plus important est celui de la dépersonnalisation que SUGURU
(2002-2003) définit comme suit : « un sentiment
de n'être plus soi-même dans son intégralité
corporelle, soit dans la conscience du moi psychique, soit dans l'ensemble des
diverses composantes de la personnalité ; sentiments accompagnés
d'une impression d'étrangeté et de non familiarité avec le
cadre de la vie habituelle (déréalisation), en somme, rupture
d'avec les perceptions qui permettent habituellement de se sentir en soi et
hors de soi ». Lorsqu'un des époux a un trouble mental,
celui-ci peut être un prétexte pour l'autre conjoint de demander
le divorce tout en ignorant son implication dans le déclenchement de la
maladie.
Selon MARKALE (1875, p.89) « Le divorce est un mal
nécessaire dans l'état actuel des choses. Il est un moindre mal,
il permet d'éviter le pire.» D'après cet auteur, l'on
remarque que le divorce est un médicament qu'on ingurgite pour soigner
un organe mais qui par voie de conséquence, en guérissant cet
organe, provoque des effets secondaires aussi graves que la maladie qu'on a
voulu soigner. Ainsi, un homme et une femme peuvent s'en sortir diminués
et marqués. Quant aux enfants, ils sont bien entendus les
premières victimes qui subissent des conséquences de cette
désunion.
Dans la société burundaise, les facteurs
à l'origine du divorce sont un sujet tabou et l'on inculque aux
gens à ne rien dire des scènes du ménage, ce qui fait
qu'en cas de divorce, la personne concernée, parfois se résigne,
encaisse et refoule ses tendances pulsionnelles. Au Burundi, du fait de la
tradition qui prône le silence, nombreux sont les divorcés qui ne
dévoilent pas les secrets du divorce dont ils ont été
victimes. Ils s'enferment dans un silence absolu et préfèrent
souffrir en silence plutôt que de voir leur vie privée
exposée au grand jour. BIGANGARA (1973, p.21) confirme cette
réalité en indiquant que : « dans la
société traditionnelle, les conflits du ménage sont
assumés avec une grande discrétion » et un adage rundi
est couramment entendu tel que :
« nikozubakwa » ce qui signifie :
« c'est comme cela que les foyers se
construisent »
En définitive, la situation de divorce perturbe la
personnalité des enfants et celle de leurs parents. Il est donc
traumatisant pour un enfant qui voit ses deux parents se détester
après qu'ils se sont tant aimés. Alors si le divorce est
douloureux pour les époux, il est dramatique pour un enfant qui voit
l'un ou l'autre parent partir loin du foyer familial. En rappelant qu'un homme
et une femme sont faits naturellement l'un pour l'autre, nous nous posons la
question de savoir ce qui arrive aux personnes divorcées.
Signalons que le divorce entraîne des
conséquences importantes dans tous les domaines. Les multiples
conséquences du divorce peuvent affecter la santé humaine en
générale et la santé mentale du divorcé en
particulier et le plus souvent l'éducation des enfants. Le divorce peut
être à l'origine des comportements anormaux et des blessures
psychologiques, comme par exemple la prise excessive de l'alcool, la
délinquance, le suicide etc. Cette situation nous fait penser à
une série de questions suivantes.
- Comment une personne divorcée est perçue par
la société?
- Le divorce est-il un problème social ?
- Que faut-il faire pour l`éviter ?
- Quelle est l'image d'un fonctionnaire
divorcé ?
- Quelles sont les difficultés rencontrées par un
fonctionnaire divorcé dans son milieu socioprofessionnel ?
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