Les entreprises de type micro-entreprise, Petite et Moyenne
Entreprise, Petite et Moyenne Industrie, Grande Industrie1, sont les
piliers principaux du développement économique et social d'un
pays. Leurs contributions sont très marquantes dans la création
d'emploi et la valorisation de toutes les ressources naturelles. Pour le cas de
Madagascar, en 2005, les entreprises formelles ont employé dans les
753353 personnes (INSTAT, 2006), ont réalisé un chiffre
d'affaires total de près de 7380 milliards d'Ariary, et ont
créé une valeur ajoutée d'environ 4336 milliards d'Ariary
; soit 58,7% de leur production (INSTAT, 2006) et 54.5% du PIB
2(INSTAT, 2010).
Pour Madagascar, un pays à vocation agricole et dont
l'activité économique de base demeure dans l'Agriculture, le
secteur primaire occupe 70% de la population (United Nations, 2011). A
côté, les entreprises spécialisées dans la
production, la valorisation et la transformation des produits agricoles ont
leur part importante dans le développement de l'économie. Elles
contribuent dans la satisfaction des besoins nationaux, l'amélioration
des recettes fiscales, la production de valeur ajoutée, la
rentrée de devises, la réduction du déficit de la balance
commerciale, la création d'emploi, et l'amélioration de la
filière agricole concernée.
Malgré toutes ces considérations, selon les
études effectuées en 2009, le secteur primaire est en
deuxième position derrière le secteur tertiaire en matière
de création de valeur ajoutée à l'économie. Sa part
de contribution au PIB n'est que 26,3%, contre 51,7% pour le secteur tertiaire
(INSTAT, 2010). Ce secteur est, ainsi, loin d'être un secteur moteur pour
le développement économique car il est encore
caractérisé par la prépondérance des
activités informelles (INSTAT, 2010). Aussi, la politique d'ouverture et
de libéralisation3 (libéralisation des marchés,
renforcement de l'économie régionale, privatisation,...), et du
désengagement de l'Etat adoptée par Madagascar depuis les
années 80, ne font que bloquer le
1Micro-entreprises : moins de 9
salariés; Petites et Moyennes Entreprises (PME) / Petites et
Moyennes Industries (PMI) : 10 à 199 salariés;
Grandes Entreprises : plus de 200 salariés (INSTAT,
2006).
2PIB : Somme des valeurs ajoutées
créées, à laquelle s'ajoutent les TVA et les droits de
douanes (Wikipédia, 2012).
3En économie, la
libéralisation consiste à rendre libre
l'accès à une activité économique pour
différents agents économiques, privés ou publics
(Wikipédia, 2012).
développement et l'épanouissement des
entreprises agricoles. La vision pour une autosuffisance alimentaire demeure
encore très loin, à cause du niveau de performance de ces
entreprises : faible technicité, faible productivité, faible
valorisation, etc. Ces lacunes constituent un handicap pour la conquête
des marchés régionaux ou internationaux. Ce qui donne prise
à l'importation de nombreux produits agroalimentaires comme le riz, la
farine, le sucre, et les produits laitiers (SSA, 2008).
Toutefois, la filière lait a commencé à
se démarquer de cette position du secteur primaire, et également
de celle du secteur secondaire. En marge des sociétés de
production, de collecte et de transformation, des petites ou micro-entreprises
ont vu le jour ne serait ce que pour satisfaire les besoins locaux. Plusieurs
actions ont, par la suite, suivi cette démarcation : des actions
menées par le Gouvernement, par des organismes nationaux et
internationaux. Elles portent sur l'amélioration de la race des vaches
laitières, le développement du service vétérinaire,
la multiplication des plantes fourragères, et la formation et l'appui
des éleveurs. Les organismes cités ci-après ont
été ou restent encore les acteurs principaux : le FIFAMANOR
(FIompiana FAmbolena Malagasy NORveziana)4 a été
implanté à Madagascar en 1972, le Programme Sectoriel Elevage ou
PSE (Cf. Annexe I) développé au cours de la période
1992-1999, le ROMA (ROnono MAlagasy)5, le ROMINCO (ROnono Malagasy
INdustrie et Commerce)6 mis en place en 1992, ..., le Malagasy
Dairy Board ou MDB7 initié en 2004(Cf. Annexe II), le
Land O'Lakes en 2008 (Cf. Annexe III), etc. Les coopérations
régionales, bilatérales, et internationales ont aussi leur part
de contribution non négligeable. La crise sociopolitique de 2009 n'a pas
aussi ménagé la filière lait: bouleversement de toutes les
structures qui lui sont liées tant en amont qu'en aval. Cette
circonstance a été accompagnée par la fermeture du «
Géant laitier »8 sur le marché de produits
laitiers. De ce fait, certaines entreprises ont disparu du marché ;
Alors que d'autres, nouvellement créées ou déjà
existantes, se sont lancées et/ou prospérées dans cette
filière. De même, plusieurs acteurs ont inondé le
marché, faisant que plusieurs marques et produits ont fait leur
apparition (Land O'Lakes, 2010).
4 Projet malgache norvégien de
développement de l'élevage et de l`agriculture.
5 Vulgarisation au sein du Triangle Laitier
6Transformation et commercialisation
7 Groupement d'Intérêt Economique
8Groupe TIKO
Particulièrement, la Région d'Analamanga a
toujours été considéré comme un grand centre de
consommation ; et, en même temps, le lieu où se concentre la plus
grande partie du secteur formel de la grande île (INSTAT, 2011). De plus,
selon une étude effectuée en 2005, cette région renferme
à elle seule 119 744 entreprises privées formelles, soit
près de 57% de l'effectif total des entreprises dans toute l'île.
En termes de chiffre d'affaires et de valeur ajoutée, le niveau atteint
respectivement la somme de 5 908 milliards d'Ariary et 3 426 milliards d'Ariary
; soit 80% et 79% du total de l'ensemble du pays (INSTAT, 2006).
La Région d'Analamanga, faisant partie du triangle
laitier9, connaît également cette perturbation
localisée au niveau de la filière lait. En effet, depuis
l'année 2009, l'apparition de nombreux acteurs dans la production, la
collecte, la vente de lait et produits dérivés dans chaque coin
de rue a été constatée. Celle-ci s'est accompagnée
d'une explosion du secteur informel. De même, des entreprises de vente et
de distribution de divers intrants ont vu le jour. Une telle situation pourrait
avoir des effets tant bénéfiques que négatifs pour la
filière, pour la région elle-même, et pour l'ensemble de
l'économie du pays. Tout de même, il faut noter qu'Analamanga
jouit l'avantage du bon fonctionnement des services liés à la
filière (semence fourragère, produits prophylactiques et
vétérinaires, matériels, services
vétérinaires, vente et distributions, etc.). En particulier, elle
bénéficie aussi de l'importance du nombre des consommateurs
(INSTAT, 2006). Et bien que ces problèmes, relatifs à
l'environnement interne et externe, ont été dénotés
d'une part, et, que la Région de Vakinankaratra ait toujours tenu la
première place dans la production de lait et de ses produits
dérivés (80% de la production lait de Madagascar y provient)
(FERT, 2008), voire, qualifiée de « Région
laitière par excellence »(MAEP, 2004), d'autre part,
les entreprises de la Région d'Analamanga tentent elles aussi de trouver
leur place dans la filière, d'assurer la satisfaction de la demande sur
le marché, et d'apporter leur part dans le développement
économique. L'avenir de cette filière demande de grand effort de
la part de tous les acteurs et opérateurs; et de considérations
particulières pour de diverses conditions. Ces dernières sont
à la fois externes et internes. Ainsi, la problématique qui se
pose est la suivante : « Est-ce que les conditions internes et externes
dans lesquelles évoluent les entreprises de la filière lait de la
Région d'Analamanga sont favorables à leur développement ?
».
Cette problématique suscite les trois questions de
recherches suivantes :
· QR1 : Comment se présente la
situation globale des entreprises de la filière lait de la Région
d'Analamanga?
· QR2 : Quels sont les principaux
problèmes auxquels font face les entreprises de la filière lait
de la Région d'Analamanga?
· QR3 : Est-ce que la politique et les
structures de gestion, et d'appui mises en place
motivent les entreprises de
la filière lait, et leur permettent d'en tirer largement profit?
Le présent rapport se propose d'effectuer
« Le diagnostic des entreprises de la filière lait :
Défis, Opportunités et Perspectives »; dont
l'objectif global est de « Déterminer les conditions internes et
externes dans lesquelles évoluent les entreprises de la filière
lait de la Région d'Analamanga, afin de proposer des axes
stratégiques d'amélioration de ce secteur et de ces entreprises
».
Cet objectif global occasionne trois objectifs
spécifiques ; A savoir :
· OS1 : Proposer une typologie et une
caractérisation des entreprises de la filière lait de la
Région d'Analamanga.
· OS2 : Evaluer les problèmes
principaux auxquels font face les entreprises laitières de la
Région d'Analamanga
· OS3 : Identifier les politiques et
structures actuelles de gestion, d'appui de la filière sur les
entreprises.
Parallèlement à cela, dans cette étude,
trois hypothèses sont formulées.
· H1 : Les activités des
entreprises de la filière lait de la Région d'Analamanga sont
dominées par la transformation semi-industrielle10.
· H2 : La majorité des entreprises
de la filière lait de la Région d'Analamanga n'ont pas
accès à des financements et rencontrent encore des
difficultés sur le marché.
· H3 : Les politiques et structures
actuelles de gestion, d'appui répondent aux attentes des entreprises de
la filière lait de la Région d'Analamanga et contribuent
efficacement à l'amélioration de leur performance et à
l'atteinte de leurs objectifs.
Les résultats attendus s'énoncent comme suit:
· RA1 : Une typologie avec une
caractérisation des entreprises de la filière lait de la
Région d'Analamanga est élaborée.
· RA2 : Les principaux problèmes
rencontrés par les différents acteurs de la filière seront
mis en évidence.
· RA3 : Les différentes structures
juridiques et institutionnelles existantes seront identifiées.
Ce rapport est organisé en trois (3) parties. La
première partie expose les différents matériels et
méthodes développés au cours de la recherche, ainsi que
les démarches communes et relatifs à chaque hypothèse
formulée. La deuxième partie présente tous les
résultats relatifs au diagnostic effectué; entre autres, par
rapport à la situation globale des entreprises de la filière lait
à Analamanga, aux problèmes rencontrés suivant le type
d'activité de ces entreprises, et aux différentes institutions
publiques et privées qui interviennent dans la filière. La
troisième et dernière partie porte sur l'analyse de ces
résultats et la proposition de quelques solutions, suivant des
discussions et des recommandations en vue de l'amélioration de ces
entreprises et de la filière.
La Région d'Analamanga est située au centre de
Madagascar et héberge la Capitale de Madagascar, Antananarivo. Cette
dernière constitue la principale porte d'entrée du pays par voie
aérienne, en disposant de l'Aéroport International d'Ivato.
Compte tenu de sa situation géographique, la région ne dispose
pas d'ouverture sur la mer. Elle est délimitée au Nord par la
Région de Betsiboka, à l'Ouest par celle de Bongolava et d'Itasy,
à l'Est par celle d'Alaotra Mangoro et au Sud par celle
Vakinankaratra.
globale de la population de la région est de l'ordre de
166 habitants au km , si la densité
nationale n'est que de 29 habitants au km . La
répartition inégale de la population de la
Région d'Analamanga se traduit par une densité de
8687 habitants au Km à Antananarivo Renivohitra, représentant
plus de 300 fois la moyenne nationale (MAEP, 2004).
Le tableau 1 suivant résume la présentation
administrative de la région.
Par ailleurs, l'activité économique de la
région est dominée par l'importance des entreprises individuelles
(91%) dans toutes les branches d'activités. L'agriculture, comme dans
l'ensemble de l'île, constitue l'activité principale de la
population rurale de la région. Les élevages bovin, porcin et
avicole représentent respectivement 8%, 17% et 9% du cheptel total de
Madagascar. La Région d'Analamanga, avec ses 2,8 millions d'habitant, et
plus particulièrement la partie "GRAND TANA " occupe une place
importante en termes de zone de consommation. Le marché est le lieu de
transactions entre producteurs, collecteurs, détaillants et
consommateurs. Les transactions portent sur tous les produits (agricole,
textile, métallurgie, etc.). Pratiquement, chaque commune a son
marché hebdomadaire. Les places de marché, outre leur rôle
économique, constituent également des lieux de rencontre pour la
population environnante (INSTAT, 2011).