La communication locale en introduisant la logique
managériale comme instrument d'amélioration de la gouvernance
locale permet, in fine, à la jeune institution communale
béninoise de conquérir sa deuxième
légitimité ; une sorte de légitimité a posteriori,
conquise de façon incrémentale sur la base d'actes concrets
qu'elle aura su poser et qui l'auront davantage rapprochée de ses
citoyens. La première légitimité, d'essence légale
ou démocratique, est celle acquise a priori, par le biais des
élections démocratiques et l'installation des conseils
élus. Il s'agit ici, en définitive, de doubler une
légitimité que je qualifierais d'« élective »
(parce qu'elle s'acquiert par l'entremise d'élections
communales/municipales et locales), d'une légitimité «
affective » (parce qu'elle traduirait le témoignage de
l'attachement des citoyens à l'institution communale, incarnée
par l'élu) ; voire « effective » (en ce sens que c'est
à travers cette forme de légitimité que le citoyen
confirme son premier vote en renouvelant son mandat à l'élu local
auréolé d'une telle légitimité).
Ce faisant, la communication locale, en donnant la pleine
mesure de ses impacts sur la gouvernance locale, s'inscrirait dans une vision
complémentaire mais inverse de la décentralisation d'essence
légale ou « décentralisation descendante » (passation
de pouvoir unidirectionnelle, du haut vers le bas, « qui contraint le
pouvoir central à renoncer volontairement à certaines
compétences, à un degré d'autorité et certaines
ressources pour les transmettre aux autorités, constitutionnellement
mandatées et élues, des communes »31) pour se
positionner comme le vecteur et la force motrice d'une décentralisation
« ascendante », (du bas vers le haut), d'essence légitime (qui
correspond à un degré élevé de conscience citoyenne
et à la prise de responsabilité des populations par rapport
à leur rôle de citoyens, d'acteurs de développement et
détenteurs du pouvoir de légitimation ou non des gouvernants
locaux). Un tel processus devrait conduire à la refondation de l'Etat
à travers une masse critique de communes « efficaces ».
31 Africare/USAID (Programme BINGOS), décembre
1998, Organisations intermédiaires de la société
civile et gouvernance démocratique au Bénin, manuel de
référence à l'usage des formateurs, PP 13 et 14 du
module 4.
Albéric KACOU et Luc-Joël GREGOIRE, deux
spécialistes de la décentralisation et des questions de
gouvernance, ne disent pas le contraire lorsqu'ils affirment qu'« En
veillant à ce que les processus politiques soient au contact des
citoyens et alimentés par eux, la décentralisation aide à
ancrer la gouvernance démocratique en renforçant la
légitimité de l'Etat, la notion de citoyenneté, la
responsabilisation des acteurs et du citoyen et le service public de
proximité »32
32 KACOU (Albéric) et GREGOIRE
(Luc-Joël), 2008, « La dimension centrale de la gouvernance et les
priorités pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement », in, GREGOIRE (Luc-Joël) et
al., L'Afrique et les défis de la Gouvernance, Maisonneuve
& Larose, Paris, P48