II-1-2: Exhaure, Irrigation et équipements
L'exhaure désigne l'action de tirer l'eau
souterraine au moyen d'un récipient ou d'une pompe en vue de l'utiliser
pour des fins d'irrigation. Cette dernière consistant a arroser
artificiellement la terre et les plantes joue le role de la pluie. Ces deux
activités sont pratiquées a travers diverses techniques par les
maraichers de Ndiob.
11-1-2-1 : Source d'eau et moyen d'exhaure
Les cultures maraicheres de la vallée de Ndiob
sont essentiellement tributaires de l'exploitation des eaux de la nappe
phréatique. Ces eaux sont tirées a partir d'ouvrage hydrauliques
divers, d'une profondeur allant de 3 a 10 m au maximum (cf. photo n°9).
Parmi les exploitations visitées, 45% tirent l'eau a partir des
séanes, 40% utilisent des puits traditionnels et seulement 15% disposent
de puits hydrauliques munis de motopompes (cf. fig.18) Les puits hydrauliques
et les puits traditionnels sont détenus par des maraichers ayant
bénéficié d'un appui des ONG, ou ayant suffisamment de
moyens pour réaliser des ouvrages de ce genre. C'est surtout le cas des
groupements et certaines exploitations familiales. Ces puits sont
creusés a une profondeur pouvant aller jusqu'à 10 m, pour
atteindre les eaux profondes de la nappe. Par contre la majorité des
exploitants individuels ne dispose que de séanes : ce sont des puits
élargis oil on peut accéder directement a l'eau de la nappe sans
usage de corde ou de motopompe. Ces puits se limitent aux eaux superficielles.
Leur profondeur est augmentée au fur et a mesure que le niveau de la
nappe s'abaisse, ils nécessitent beaucoup d'entretien pour éviter
leur ensablement
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 18: Répartition des différentes
sources d'eau utilisées par les maraîchers
Nombre d'usagers en (%)
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Puits Puits Séanes
traditlionnels hydrauliques
Ouvrages
Source : Enquête 2009
Photo 9: Les différents types de puits
utilisés par les maraîchers
Puits traditionnel
Puits hydraulique
Séanes
Cliché: Ndao 2008
Trois methodes sont utilisees par les maraichers pour
acceder a l'eau de la nappe : la plus repandue est l'exhaure a partir des
seanes. Cette methode consiste a descendre jusqu'a la nappe, a travers une
longue voie d'acces amenagee en pente. Son avantage est qu'elle permet au
producteur de gagner du temps : en effet elle ne necessite pas de stocker l'eau
dans une citerne pour arroser apres. Le seane se presente comme un oasis au
niveau de l'exploitation (cf. photo 9). Cependant son inconvenient est
l'augmentation perpetuelle de sa profondeur en fonction du niveau de la
nappe.
Au niveau des puits traditionnels, l'eau est tiree a
l'aide d'une corde munie d'un seau, et d'une poulie, puis stocke dans des
citernes avant son usage. Cette methode est la plus dure, en effet le
producteur assure un double travail : exhaure et arrosage, ce qui constitue une
veritable contrainte pour l'extension des parcelles. Avec ces deux methodes, la
principale energie est la force humaine.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
La méthode la plus efficace est l'exhaure a
l'aide d'une motopompe. L'énergie utilisée ici est
mécanique. C'est une méthode qui permet d'avoir de l'eau en
abondance en un laps de temps. Cependant, elle nécessite beaucoup de
dépenses pour l'achat de carburant et l'entretien de
l'engin.
Photo 10: Les différents moyens d'exhaure
utilisés par les maraîchers de Ndiob
Cliché : Ndao 2009
11-1-2-2 : Techniques d'irrigation
Si les cultures pluviales dépendent
entièrement des pluies, les cultures irriguées
bénéficient d'arrosages organisés par l'homme au moyen de
conduites d'eau, de canaux, de réservoirs, de pompes et d'autres
récipients comme les arrosoirs, les seaux, les calebasses etc. ( H.
DUPRIEZ et Ph. LEENER, 1990, p7).
Dans la vallée de Ndiob, on distingue
principalement deux modes d'irrigations : qr
L'irrigation par aspersion : c'est une irrigation
traditionnelle qui se fait au moyen d'arrosoirs munis de pompe d'arrosage ou
bec ; de seau ou de toute sorte de récipient transportable a la main.
Elle consiste a prendre de l'eau a partir de la source (bassin, puis,
séane, cours d'eau etc.), qu'on transporte jusqu'a la planche ou
parcelle de culture.
Ce mode d'irrigation présente des limites
liées a des facteurs comme : la faible capacité des
récipients utilisés, la distance a parcourir entre la source
d'eau et les planches de culture, les pertes de temps etc. C'est une
méthode tres exigeante en main d'oeuvre et utilisable que pour des
parcelles de dimensions réduites. Pour réduire les pertes de
temps occasionnées par les longues distances entre la source
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Ndiob (département de Fatick)
d'eau et les parcelles, les maraichers construisent de
petites citernes en ciment ou en felts métalliques qui sont
alimentés en eau, a distance par un tuyau partant du puits.
Photo 11: Citerne alimentée en eau à
distance à partir d'un puits
Citerne à 15 m de distance
Vers la citerne
Puits
Cliché : Ndao 2009
Un autre inconvénient important est la forte
perte d'eau occasionnée par l'évaporation. En en effet la
division de l'eau en de fines gouttelettes par le bec de l'arrosoir favorise le
transport d'une quantité non négligeable par le vent sous forme
de vapeur d'eau. A cette perte s'ajoute l'eau qui se déverse tout au
long des parcours de l'arroseur. La photo 12 montre une méthode
d'irrigation par aspersion avec ses risques de perte d'eau énorme.
Malgré les limites de cette méthode, elle est pratiquement la
plus utilisée par les maraichers. Ces derniers ne disposent pas assez de
moyens pour mettre en place des techniques d'irrigation plus
sophistiquées comme le goutte a goutte.
Photo 12: Irrigation par aspersion avec
arrosoirs
Cliché : Ndao 2009
41' L'irrigation goutte
à goutte : C'est une technique qui consiste
a amener l'eau par petites doses fréquentes dans
le sol a l'endroit précis oil les plantes peuvent l'utiliser, en
réglant la quantité exacte d'eau et en choisissant
avec
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Ndiob (département de Fatick)
precision le moment d'arroser.
Apres les semis, les tubes sont disposes de telle
sorte que l'eau s'ecoule exactement aux pieds des plantes et on regle les
debits a l'aide d'un robinet a la sortie de la citerne en ouvrant ou en
bouchant les tubes de distribution.
Cette technique est tres adaptee aux regions
agro-ecologiques qui ne disposent pas assez de ressources en eau: elle permet
une utilisation rationnelle de l'eau en limitant la surface de sol mouillee et
par consequent reduit le taux d'evaporation et le gaspillage. C'est une
technique qui presente beaucoup d'avantages pour le maraichage a Ndiob. Elle
permet une economie d'eau d'environ 5o% par rapport a l'arrosage traditionnel,
moins de travail, moins de mauvaises herbes donc plus de disponibilite pour
d'autres taches et moins de maladies des cultures.
Cependant elle n'est utilisee que dans une seule
exploitation, en l'occurrence le perimetre du groupement de Ngalagne. En effet
ce systeme est assez coliteux et les maraichers de Ndiob disposent de faibles
moyens financiers dans leur ecrasante majorite. Le systeme goutte a goutte du
perimetre de Ngalagne a ete mise en place par Jappoo avec l'appui materiel de
deux entreprises françaises: France arrosage et Netafim France. A la
difference des systemes sophistiques qui sont dotes de materiels perfectionnes
et de pompe qui exerce une pression pour distribuer l'eau, le systeme de
Ngalagne est essentiellement construit en materiels simples disponibles : les
tubes de distributions sont constitues de raccords en PVC, des flits places en
hauteurs et remplis a partir des puits assurent la distribution de l'eau (cf.
photo 1).
Photo 13: Système d'irrigation goutte à
goutte du périmètre maraîcher de Ngalagne
Robinet de sortie
Fût assurant la distribution de l'eau
Cliché : Jappoo Sénégal
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Ndiob (département de Fatick)
11-1-2-3: Equipement des maraichers
L'équipement agricole désigne l'ensemble
des outils et machines utilisés dans le cadre d'une production.
L'outillage des maraichers de la vallée de Ndiob est essentiellement
manuelle, c'est en général du matériel artisanal
fabriqué localement. Chacun des outils utilisés a une fonction
bien précise. Ainsi nous avons : la houe qui est l'outil de base pour la
préparation des planches, elle est utilisée pour trancher la
terre et la déplacer, le rateau est utilisé pour
l'aménagement des planches et le nettoyage des parcelles, le coupe --
coupe intervient dans la fabrication des cloture et le défrichement des
champs. La corde, le seau et la poulie servent a l'exhaure de l'eau, l'hilaire
est utilisée pour le sarclage et le labour pour l'aération du sol
(cf. photo 14) quant a la brouette, elle sert a l'acheminement du fumier ou de
l'engrais et de tout objet lourd vers les parcelles de culture.
Photo 14: Sarclage et aération du sol au moyen de
l'hilaire
Cliché : Ndao 2009
Les outils les plus précieux pour les
maraichers sont l'arrosoir et le pulvérisateur. Cependant malgré
l'importance de ces outils, beaucoup de maraichers n'en disposent pas. Dans
notre échantillon, 38% des producteurs interrogés n'ont pas de
pulvérisateurs. En effet cet appareil n'est a la portée des
maigres moyens de beaucoup de maraichers. Ces derniers y accèdent par
location ou emprunt, grace au systeme de solidarité mise en place entre
maraichers. Pour l'arrosoir, 29% des maraichers interrogés
déclarent en avoir loué a 3000 FCFA la paire. Comme outil
mécanique, nous avons noté uniquement des motopompes
détenus par 15% des producteurs de l'échantillon. Les maraichers
dotés de motopompe ou de
Cultures maraîchères et dynamiques
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Ndiob (département de Fatick)
pulvérisateur sont souvent des
bénéficiaires de l'appui de World Vision ou de
l'ANCAR.
Pour le transport des produits et les
déplacements, l'équipement est essentiellement la charrette.
Pratiquement la totalité des maraichers en disposent, surtout ceux
faisant la navette quotidienne entre leurs villages éloignés et
les zones de production.
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