II-1-3: La récolte et La commercialisation des
produits
La récolte et la commercialisation des produits
maraichers sont deux activités étroitement liées. Elles
s'operent en une m8me période. En effet certaines spéculations
comme la tomate, le navet, le piment etc. sont vulnérables et
nécessitent un écoulement immédiat apres récolte. A
cela s'ajoute le manque d'infrastructures de stockage des productions avant la
vente.
Ainsi dans la majorité des cas les productions
sont acheminés directement, du champ au marché pour minimiser les
risques de perte.
11-1-3-1 : La récolte et les
rendements
La récolte des produits se déroule
principalement en deux périodes : une premiere, au mois de
février, pour les semi de fin octobre début novembre et une
deuxième en fin mai début juin pour les semis de mars. La main
d'oeuvre employée est principalement féminine, surtout pour la
cueillette des fruits (tomate, aubergine, jaxatou, piment etc.), (cf. photo
15).
Cliché : Ndao 2008
Photo 15: Récolte de tomate dans un
périmètre de Ndiob
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Cette main d'oeuvre est sollicitee par les maraichers
soit sous forme d'aide populaire (ou santane), oil le producteur fixe une date
et avise des femmes de son village, leur prepare un repas et ces dernieres
passe la moitie de la journee au champ pour assurer toute la recolte; soit sous
forme de remuneration. Dans ce cas de figure, le paiement se fait en nature, en
fonction de la taille du recipient utilise : par exemple pour quatre pots de
tomate fruit recoltes, l'employe beneficie d'un pot, donc chaque femme gagne
l'equivalent du 1/4 de la quantite qu'elle reussit a recolter dans la journee.
La photo 16 montre un exemple de recipient utilise pour la recolte et la
remuneration.
Pour la recolte d'autre speculation comme la patate
douce, le navet et l'oignon, ce sont les maraichers eux mêmes qui s'en
chargent. En effet ce travail necessite beaucoup d'effort (deterrement), et ces
speculations sont en general produites en faible quantite et ne se degradent
pas vite. Donc leur recolte peut prendre du temps.
Photo 16: Récipient servant de récolte et
de rémunération
Equivalant de 2 récipients
Cliché : Ndao 2009
La determination exacte des rendements n'a pas ete
possible. En effet, le calcul du rendement d'une exploitation suppose la
connaissance de la superficie de la parcelle d'exploitation et le poids de la
production, afin de faire le rapport pour obtenir le rendement en termes de
tonnes par hectare. Or dans notre echantillon, 62% des maraichers n'ont pas une
idee exacte sur la superficie de leur exploitation. En plus de ce facteur, la
quantite des productions est souvent oubliee : en effet pour certaine
speculation comme la tomate, les fruits ne murissent pas tous en même
temps et il faut trois operations de recoltes espacees de 5 a 7 jours pour que
les plantes soient propres. Ce phenomene fait que beaucoup de maraichers ne
retiennent pas le nombre
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
exact de cageots35 recoltes. Un dernier
facteur est l'association de plusieurs speculations dans une meme
exploitation36, chacune occupant une portion de superficie
indeterminee. Tous ces facteurs ont rendu difficile l'estimation du rendement
exact de chaque speculation. Neanmoins certains ont pu donner une approximation
de la production de chaque speculation qu'ils ont cultivee. A partir de ces
informations, nous avons calcule la moyenne des rendements par speculation (les
quatre speculations les plus cultivees) et par exploitation, donnant ainsi 70
cageots (3,5 t) par parcelle pour la tomate (un cageot equivalant a 30 kg), 21
sacs (1,05t) pour l'aubergine (un sac egal a 50kg), 12 sacs (0,6t) pour le
jaxatou, 14 sac (0,7 t) pour l'oignon et variable pour les autres speculations.
Le tableau n°14 represente en resume les rendements moyens des
speculations renseignees.
Tableau 14: Rendement moyen des spéculations
cultivées
Speculations
|
Tomate
|
Aubergine
|
Jaxatou
|
Oignon
|
Total rendement
|
Rendements/exploitation
|
3,5 t/ex.
|
1,05 t/ex.
|
0,6 t/ex.
|
0,7t/ex.
|
5,85t/ ex.
|
Source : Enquêtes 2009
De ce tableau, il ressort, d'apres nos calculs
approximatifs que le rendement moyen total de chaque exploitation (toute
speculation confondue), s'eleve a 5,85 tonnes.
Les productions de l'activite maraichere n'ont pas
encore fait l'objet d'estimation et d'enregistrements par le CADEL de Diakhao
et la CR de Ndiob. C'est pourquoi il n'est pas aise d'etudier l'evolution des
rendements en fonction des annees.
Cependant une etude realisee par F. DOUI (2004) en
collaboration avec World Vision, sur les contraintes du maraichage dans la zone
nous a permis d'avoir une idee sur le rendement moyen a l'hectare de chaque
speculation pour la campagne de 2004. Le tableau n°15 fait etat de cette
approximation.
35 Ils evaluent les rendements en termes de
cageots (pour la tomate, cf. photo 17) ou de sacs (pour les autres
speculations) par exploitation
36 La majorite des maraichers
ne pratique pas une culture pure, ils associent plusieurs speculations soit en
rotation, soit sur les mimes portions de sole.
99
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Photo 17: Cageots de tomate
Cliché : Ndao 2008
Tableau 15: Approximation des rendements à
l'hectare en 2004
Speculation
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Gombo
|
Piment
|
Jaxatu
|
Oignon
|
Patate douce
|
Rendement
|
9,15
|
12,75
|
11,85
|
9,94
|
7,52
|
11,20
|
15,35
|
7, 20
|
(T/h)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source F. DOUI 2004
11-1-3-2 : La commercialisation des produits
L'expansion démographique de la population
urbaine sénégalaise a créé un important
marché pour les produits maraichers. Les productions de la vallée
de Ndiob sont essentiellement vendues au niveau des centres urbains de
Diourbel, Gossas, Fatick, Bambey, et des marchés ruraux comme Diakhao,
Niakhar, Patar, Ndiob et Darou Salam (cf. carte 5).
La destination des produits varie suivant la
proximité des centres urbains. La ville de Diourbel située a 10
km de Ndiob est le lieu qui recoit le plus les produits maraichers de la
vallée, avec 46% des livraisons ; a sa suite, nous avons la CR de
Diakhao qui regoit 19%. La ville de Gossas avec 8% des livraisons est le centre
le moins fréquenté, en raison de son éloignement et
l'absence de piste le reliant directement a Ndiob. La figure n°19 montre
la répartition des destinations des produits
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Figure 19: La répartition des lieux de
destination des produits maraîchers
8%
19%
52%
11%
10%
Diourbel Fatick Diakhao Gossas Bambey
Source : enquêtes 2009
La collecte est en grande partie assurée par
les grossistes et les demi-grossistes venus de ces contrés. Ils
sillonnent la vallée en période de récolte pour
s'approvisionner. A côté de ce groupe d'acheteurs, on note les
détaillants en majorité constitués de femmes de la
communauté rurale de Ndiob. Ces détaillants s'approvisionnent
aupres des grossistes et demi-grossistes. Ils achetent des quantités peu
importantes et vendent au kilogramme ou par petits tas selon la
préférence du client. Le prix du kilogramme varie de 225 A 350
FCFA suivant le type de produit et celui des tas de 25 a loo FCFA, suivant la
taille, mais également le type de produit et sa
qualité.
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la
CommunautéRurale de Ndiob (département de Fatick)
Carte 5: Les différentes destinations des
produits maraîchers de la CR de Ndiob
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Ndiob (département de Fatick)
Photo 18: Vendeuses en détail des produits
maraîchers de la vallée, au marché de Ndiob
Cliché : Ndao 2009
Les prix aux producteurs connaissent des fluctuations
importantes en fonction de la disponibilite sur le marche : en periode de
rarete par exemple, ils peuvent atteindre 6000 FCFA par cageot pour la tomate,
12000 FCFA par sac pour l'aubergine, 10000 FCFA le sac de chou etc. Cependant,
en periode d'abondance, les prix connaissent de fortes chutes pouvant aller
jusqu'a 2500 FCFA pour le cageot de tomate, par exemple.
Au cours de nos enquêtes de terrain, les
producteurs nous ont donné les différents prix par cageot ou par
sac37, pour la campagne de 2007/2008. A partir de ces prix, nous
avons fait un calcul du prix moyen de chaque speculation (cf. tableau
16).
Tableau 16: Le prix moyen des productions
Speculation
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Gombo
|
Piment
|
Jaxatou
|
Oignon
|
Patate douce
|
Prix moyen (en FCFA)
|
3900/C
|
6000/S
|
11000/S
|
15000/S
|
45000/S
|
12500/S
|
10000/S
|
9000/S
|
NB : C= Cageot et S= Sac Source : Enquêtes
2009
Une application de ces prix moyens par sac ou par
cageot, au kilogramme donnent : 130 FCFA/kg pour la tomate, 120 FCFA/kg pour
l'aubergine, 200 FCFA/kg pour le chou etc. Le tableau n°17 indique les
différents prix moyens au kilogramme par speculation en 2008, compares
aux prix du marché.
37 , · ,
L umte de mesure n'est pas ici le kilogramme ou la tonne, mais le
contenant (cageot ou sac)
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Tableau 17: Prix moyens de vente en 2008, comparés
aux prix officiels sur le marché
Spéculations
|
Tomate
|
Aubergine
|
Chou
|
Gombo
|
Piment
|
Jaxatou
|
Oignon
|
Patate douce
|
Prix moyen (en FCFA)
|
130/kg
|
120/kg
|
200/kg
|
300/kg
|
900/kg
|
250/kg
|
200/kg
|
180/kg
|
Prix officiel (en FCFA)
|
150/kg
|
150/kg
|
250/kg
|
350/kg
|
1200/kg
|
250/kg
|
300/kg
|
200/kg
|
Source : Enquêtes 2009
La commercialisation des produits se deroule a travers
trois circuits :
Producteurs grossiste,
demi-grossiste, détaillants, consommateurs : dans ce circuit, le
producteur est le principal fournisseur. Les acheteurs se deplacent en general
pour chercher les produits au niveau des champs. Cependant en cas de
surabondance de produit sur le marche et de mevente, les producteurs sont
parfois obliges d'aller livrer eux memes leurs produits aux grossistes et
demi-grossistes, ou meme aux detaillants et aux consommateurs ruraux, surtout
pour le cas de la tomate. En effet pour eviter le pourrissement rapide de cette
speculation, certains producteurs sillonnent les villages au moyen de la
charrette pour ecouler leur production.
Grossistes demi-grossistes,
détaillants, consommateurs : les grossistes fournissent aux
demi-grossistes, aux détaillants et aux consommateurs dans ce
circuit.
Demi-grossiste, détaillant
Consommateur : dans ce circuit, les demigrossistes approvisionnent les
détaillants qui eux, ne vendent leurs produits qu'aux consommateurs. Ces
derniers s'approvisionnent également aupres des demigrossistes. La
figure n°20 fait une synthese des différents circuits de
commercialisation des produits maraichers de la vallée.
104
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la
CommunautéRurale de Ndiob (département de Fatick)
Figure 20 : Circuit de commercialisation des produits
maraîchers de la vallée de Ndiob
Source: Enquêtes 2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Les différentes caractéristiques de
l'activité maraichere montrent qu'elle est en pleine mutation dans la CR
de Ndiob. A travers ses multiples enjeux (fonciers, économiques sociaux
etc.), elle mobilise une diversité d'acteurs qui, grace a une
diversité de pratiques culturales produisent en quantité dans des
parcelles de superficies assez réduite. Le contexte économique
difficile de la CR de Ndiob, lié principalement au déclin des
systemes pluviaux, est dans une certaine mesure atténué par cette
activité aux multiples impacts socio-économiques et
spatiaux.
CHAPITRE 2 : INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES,
ET CONTRAINTES DE L'ACTIVITE MARAÎCHERE DANS LA CR DE NDIOB
Le maraichage prend de plus en plus de l'importance
dans l'économie de la CR de Ndiob. Malgré un certain nombre de
contraintes, il tend a devenir un des meilleurs moyens des populations pour
faire face a la pauvreté.
Dans ce chapitre il s'agira principalement
d'étudier les incidences socio-économiques et spatiales de
l'activité maraichere dans la CR de Ndiob, mais également les
contraintes auxquelles elle est soumise.
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