II- ANALYSE CONCEPTUELLE
La définition des concepts clés est
d'une importance capitale pour tout travail d'étude et de recherche en
sciences sociales. A cette effet, E. DURKHEM affirme que : « la premiere
démarche [...] doit etre de définir afin que l'on sache bien ce
qui est en question-73 0. Ainsi une telle position doit nous
permettre de définir les concepts clés utilisés dans notre
recherche.
13 E. DURKHEM, 1983 : les règles de la
méthode sociologique, Paris PUF, page 25
21
Aliou NDAO, Mémoire de Master II, UGB, Section de
géographie, 2008/2009
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Dynamique :
Le dictionnaire Petit Larousse illustré (1992),
défini le terme dynamique comme l'évolution des
phénomenes.
En géographie, le mot dynamique est associé
a plusieurs expressions, ainsi on parle de :
Analyse dynamique : il s'agit d'une analyse qui introduit
le temps dans une analyse géographique ;
Systeme dynamique, qui désigne un ensemble de
réalités géographiques en évolution et liées
les unes aux autres par de fortes interactions. Un systeme dynamique est
implicitement considéré comme animé de mouvements internes
;
Dynamique spatiale : elle désigne en un sens large
et flou, tout changement impliquant la dimension spatiale (. J. LEVY et M.
LUSSAULT, 2003)
Appliqué a notre theme de recherche, le terme
« dynamique socio-économique et spatiale 0 désigne les
interactions entre acteurs du secteur maraicher dans la CR de Ndiob, mais
également les mutations engendrées par cette activité dans
la vie sociale et économique des populations de Ndiob, et surtout dans
l'espace de la vallée.
or Vallée :
La vallée désigne une dépression,
plus ou moins évasée, façonnée par un cours d'eau
ou un glacier (Petit Larousse 1992). Pour Yves LACOST (2003), le terme fait
allusion a un ensemble géographique de forme linéaire dont la
longueur peut relever de divers ordres de grandeur, qui est suivi
généralement d'amont en aval par un cours d'eau. Le glossaire de
géomorphologie de F. JOLY (1997), définit le terme vallée
comme une forme topographique en creux, pentue et allongée, ouverte a
son extrémité et constituée par la convergence de deux
versants.
Ces différentes définitions montrent
bien qu'une vallée représente une zone dépressionnaire
délimitée de part et d'autre par deux formations
élevées communément appelées versants. Une
vallée est dite seche ou morte quand elle n'est plus parcourue par un
cours d'eau (Petit Larousse 1992).
La vallée de Ndiob est un exemple de cette
catégorie. En effet a cause du déficit pluviométrique
qui a affecté depuis des années la zone soudano-sahélienne
dans son ensemble, la vallée de Ndiob comme beaucoup de
vallées du bassin arachidier et de la
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socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
zone du Ferlo, se sont fossilisées. On y trouve
que des mares temporaires en hivernage surtout. Cependant elle comporte des
ressources hydrogéologiques non négligeables avec une nappe
affleurant (5 a 6 m de profondeur). Ces ressources sont un des facteurs
clés du développement du maraichage dans la zone.
(r
Filière :
Le concept de filière est né de
l'observation des relations amont-aval apparaissant entre agents dans tout
système économique en croissance. Ces relations sont d'ordre
marchande et s'établissent par le jeu du marché (théorie
économique néo-classique) et d'ordre relationnel et font alors
appel aux analyses des coordinations entre acteurs (nouvelle économie
institutionnelle) (Rastoin J.L., 2002, cités par I WADE
200314).
F. TEULON (1995) définit le terme comme un
ensemble d'activités complémentaires (sur le plan technologique
ou commercial), de l'amont a l'aval. Dans l'industrie, une filière
rassemble les stades de production permettant de partir des matières
brute pour arriver au bien final (TEULON, 1995)
Les économistes de la Harvard Business School
ont d'abord appréhendé le terme comme une branche ou secteur d'un
système économique dans l'optique de mettre en évidence le
poids économique du secteur agricole (Davis et Goldberg 1957
cités par I WADE 2003).
Ils le définissaient alors par des produits :
une filière regroupe l'ensemble des activités de production,
transformation et distribution d'un produit ou d'un groupe de produits
substituables.
Quand a l'approche de GOLBERG, elle justifie la notion
de filière par les différentes activités qui la composent
et le besoin de coordination entre ces dernières. La filière
n'est plus définie comme une branche d'une économie, mais comme
un système. L'approche filière englobe tous les participants
impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation
d'un produit agricole. Elle inclut les fournisseurs de l'agriculture, les
agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs ; les
grossistes et les détaillants, permettant au produit brute
de
14
I. WADE, 2003 : Information et Coordination dans les
Filières Maraîchères au Sénégal,
mémoire de DEA, Montpellier I Faculté des sciences
économiques, page 20
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géographie, 2008/2009
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socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
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passer de la production a la consommation... (GOLBERG
1968), cité par WADE I 2003 (p21).
L'auteur accorde une attention particulière a
l'interdépendance entre les différentes activités de la
chaine productive. Cette approche du concept nous permet de ressortir dans le
cadre de cette étude, une définition opératoire. En effet
le concept de filière peut 8tre entendu dans le cadre de cette
présente étude comme un systeme structuré autour des
activités de production et de commercialisation des produits maraichers
dans la CR de Ndiob. Ces différentes activités sont
interdépendantes et font intervenir plusieurs catégories
d'agents, en l'occurrence : les partenaires au développement (ONG), les
propriétaires de terres les producteurs, mais aussi et surtout les
commerçants chargés de la distribution des produits.
~Facteurs :
Le terme facteur renvoie a un agent, un
élément, qui concourt a un résultat (Petit Larousse,
1992). Cette définition rejoint un peu celle des sociologues qui voient
le terme comme tout élément ou condition participant a la
production d'un phénomene (J. LEVY et al.2oo3). Les économistes
l'associent au terme « production *, pour le définir comme :
éléments dont la combinaison permet la production, exemple
capitale productifs et travail humain15.
Quant aux géographes, ils ont souvent
usé du terme en transformant toutes données en facteurs : les
facteurs climatiques, les facteurs de peuplement, les facteurs de production
(volontiers confondus avec les intrants), pris en soi et comme
équivalant de condition, alors qu'une condition ou un facteur l'est
toujours de quelque chose.16 « Les qualités ou
caractéristiques d'un milieu ne sauraient etre vues comme facteurs que
lorsque l'on fait la preuve qu'elles jouent un role effectif dans le
comportement du système local dans ses régulations et ses
tensions 17*.
Partant de ces définitions, nous pouvons retenir
que le terme facteur désigne un déterminant d'une situation ou
d'un phénomene. Dans la CR de Ndiob, ces facteurs
15 F TEULON (sous la direction), 1995 :
dictionnaire d'histoire, économie, finance, géographie,
Presse Universitaire de France,
16 R. BRUNET et al 1993: les mots de la
géographie : dictionnaire critique, Reclus- la documentation
française, page 210
17 R. BRUNET et al, 1993, op. Cit. Page 210
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sont d'ordre physique (climat, sol, eau) et Humaine
(expertise et jeunesse de la population), ils déterminent le
développement du maraichage.
cr Incidences :
Incidence désigne des conséquences plus ou
moins directes sur quelque chose (Petit Larousse 1992). R BRUNET et al (1993),
le définissent comme effets, impacts.
Ainsi, incidences socio-économiques traduisent
des conséquences, des effets, des répercutions plus ou moins
directs sur la situation sociale et économique des populations d'un
espace géographique donné. Incidences spatiales traduira alors
des marques, des empreintes, des traces, mais aussi des flux et des
répartitions engendrés dans un espace géographique
donné. Dans la CR de Ndiob, les incidences socioéconomiques du
maraichage se traduisent par une amélioration des conditions de vies des
populations, celles spatiales se justifient par des flux quotidiens de
populations en direction de la vallée (zone de production), mais aussi
par l'insertion d'une agriculture irriguée dans un systeme pluvial, le
développement d'une végétation artificielle et la
transformation d'une zone qui jadis servait de lieu de parcoure du
bétail en saison seche, en zone maraichere.
(r Contraintes :
Le petit Larousse (1992) définit le terme
« contrainte * comme une pression morale ou physique exercée sur
quelqu'un ou sur quelque chose. Pour R. BRUNET et al (1993), contrainte
désigne une action négative, la résistance des
éléments dans l'environnement qui créent des
difficultés ou des limites a la mise en valeur, au travail, a la
reproduction etc. La géographie traditionnelle utilise ce terme en
évoquant les contraintes naturelles, climatiques, édaphiques, ou
autres décrites comme des gênes. Mais selon le même
dictionnaire, « ces contraintes ne sont des genes que dans des
circonstances extremes et en tout cas relatives aux moyens dont disposent les
sociétés analysées»18 . Cela
extériorise artificiellement des éléments des systemes
territoriaux et perpétue le côté de la nature. Le mot
« contrainte » attire l'attention sur certaines difficultés de
mise en valeur liées a des conditions techniques et financieres
déterminées (R. BRUNET et al 1993).
18BRUNET R. et al, 1993, op. Cit. Page 126
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géographie, 2008/2009
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socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
Ainsi on peut dire que contrainte ne se limite pas
seulement aux conditions hostiles du milieu, mais releve également de
problemes de moyens pour la mise en valeur d'un espace donné. Les
contraintes du maraichage de la CR de Ndiob sont d'une part d'ordre physique et
d'autre part d'ordre économique et technique.
III : La collecte des données de
terrain
Pour la collecte des données de terrains une
démarche composée des étapes suivantes a été
adoptée.
111-1 : Vechantillonnage
Cette phase consiste a la sélection du nombre
de personnes a intervieWer. « La collecte des donnees primaires par
enquete, exige l'adoption d'une methode de sondage qui presente le mieux
possible la population mere...» (J. YAHO 2005 p173).
Notre échantillon a porté sur les
maraichers et les commercants des produits de la vallée. Donc toute
personne ne s'activant pas dans ces domaines a été exclue de la
sélection. Faute de listes exhaustives des maraichers et des commergants
de la CR, pouvant nous servir de base de sondage pour l'élaboration d'un
échantillonnage aléatoire simple, nous avons adopté la
méthode d'échantillonnage de raison. Cette méthode
consiste a se contenter de tout nombre de cas, même non aléatoire,
statistiquement significatif pour réaliser une étude (J. YAHO
2005 p173). Ainsi une fois sur place, nous avons fixé des
quotas a enquêter en fonction du nombre d'acteurs trouvés sur
place, mais également en fonction de nos capacités. Par
conséquent, un échantillon de 108 personnes, réparti entre
88 maraichers et 20 commergants a été enquêté. Le
tableau N°1 montre une répartition détaillée des
personnes enquêtées, en fonction de leur activité, mais
aussi des zones d'enquêtes.
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Tableau 1: Répartition des personnes
enquêtées
Zones
|
Nombre d'enquêtés (ni)
|
Fréquences (fi)
|
Ndiob
|
25
|
23%
|
Baaco Dior
|
23
|
21%
|
Baaco Sérere
|
15
|
14%
|
Baaco Mboytolé
|
18
|
17%
|
Fintel
|
07
|
6%
|
Marché de Ndiob
|
10
|
9%
|
Marché de Darou
|
10
|
9%
|
Activités
Commerçants
Total ?ni : 108 ?fi : 100%
Source : données de l'enquête,
2009
A côté du questionnaire, un guide
d'entretien a été administré au pres des
autorités de la Communauté Rurale, des ONG et de
quelques chefs de groupement. Le tableau N°2 fait une
répartition des personnes ressources intervieWées au niveau de
ces structures.
Tableau 2: Répartition des personnes ressources
auprès des quelles le guide d'entretien est
administré
Structures Nombre de personnes
interpelées
Communauté Rurale 01
ONG 04
Groupements 03
Total 08
Source : données de l'enquête,
2009
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111-2 : Les enquetes
Les enquêtes ont été exclusivement
menées au niveau des zones de productions de la vallée et des
deux marchés de la communauté rurale (cf. carte 2). Une visite
exploratoire a été effectuée en mars 2008 lors de nos
enquêtes sur les problemes de l'agriculture dans la communauté
rurale de Ndiob, dans le cadre du mémoire de master 1. Une
deuxième descente dans la vallée en décembre 2008 nous a
permis de mieux nous informer sur les questions maraicheres et de confirmer la
pertinence d'une étude de ce phénomene. Cette visite a
été consacrée aux entretiens avec les personnes ressources
des structures étatiques et de la communauté rurale et des
partenaires (ONG) agissant dans le maraichage, dans la zone. Les entretiens ont
concerné les personnes ressources suivantes:
~ L'assistant communautaire (Aly SENE) : sur la
situation du maraichage dans la communauté rurale, la place du
maraichage dans la vie des populations, les projets maraichers en cours ou
envisagés.
(1° Les représentants des ONG
(Issa KANE, Diégane NDIAYE, Ibrahima NDIAYE, Abdou S. NGOm) : sur le
soutien apporté aux producteurs, les modalités et la nature du
soutien, et leurs perspectives dans le domaine du maraichage.
cr Les chefs de groupement
(Sala DIOUF, Ndiaga SECK, Sally NDOUR) : sur la place du maraichage dans
l'économie de la population, les modes de production et les revenus
tirés de l'activité.
Notre troisième visite de terrain s'est
dérouler du 23 mars au 07 avril 2009 ; elle a été
essentiellement consacrée aux enquêtes de terrain au pres des
maraichers et des commerçants de produits maraichers aux niveaux des
marchés de la CR. Les enquêtes nous ont permis de collecter une
diversité d'information nous permettant de mieux comprendre afin
d'analyser la situation en cours. Une dernière visite de terrain est
effectuée du 23 au 29 mai 2009 pour recueillir des informations
complémentaires mais surtout de prendre des photos d'illustration. Le
tableau N° 3 représente en détail les périodes de
déroulement de nos enquêtes.
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Ndiob (département de Fatick)
Tableau 3: Calendrier des enquêtes
Zone/ Structures
|
Personnes ressources
|
Dates
|
Ndiob
|
Les maraichers
|
23/Mars/2009
|
Baaco Dior
|
Les maraichers
|
25/Mars/2009
|
Baaco Sérere
|
Les maraichers
|
28/Mars/2009
|
Baaco Mboytolé
|
Les maraichers
|
31./Mars/2009
|
Fintel
|
Les maraichers
|
02/Avril/2009
|
Marché de Ndiob
|
Les commergants
|
06/Avril/2009
|
Marché de Darou
|
Les commergants
|
29/Mars/2009
|
Communauté rurale
|
Aly SENE L'as. Com.
|
25 Mars 2008
|
World Vision (Diourbel)
|
Diégane NDIAYE
|
28 Mars 2008
|
ANCAR (Ndiob)
|
Ibrahima NDIAYE
|
25 Mars 2008
|
Jappoo (Ngalagne)
|
Abdou S NGOM
|
26 Décembre 2008
|
UAVDS (Ndiob)
|
Issa KANE
|
29 Décembre 2008
|
GPF Léona (Ngalagne)
|
Sally NDOUR
|
26 Décembre 2008
|
GPF de Ndiallo (Ngalagne)
|
Salla DIOUF
|
26 Décembre 2008
|
GIE Ngaraf (Ndiob)
|
Ndiague BADIANE
|
29 Décembre 2008
|
Source : Ndao 2009
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Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la
CommunautéRurale de Ndiob (département de Fatick)
Carte 2: Localisation des sites
d'enquêtes
Cultures maraîchères et dynamiques
socio-économiques et spatiales dans la Communauté Rurale de
Ndiob (département de Fatick)
VI : Le traitement et l'analyse des
données
Cette etape a consiste a la traduction graphique et
spatiale des donnees quantitatives, mais aussi qualitatives qui sont
recueillies sur le terrain, a travers le questionnaire et le guide d'entretien.
Leur analyse nous a permis de mieux comprendre les fondements de la repartition
ou de l'evolution de certains phenomenes.
|