Effet des pratiques culturales sur la diversité des plantes médicinales à Ebolowa( Télécharger le fichier original )par Elie NGUEKAM WAMBE Université de Yaoundé I - DESS en Sciences de l'environnement 2010 |
III.1. RESULTATSIII. 1.1. Typologie des pratiques culturalesL'analyse des données sur les types de pratiques culturales montre que, les populations d'Ebolowa utilisent plusieurs pratiques culturales mais de manières différentes. Certaines de ces pratiques sont faites par toute la population et d'autres par une minorité. Le brûlis, le déboisement, le sarclage, le nettoyage et le semis sont les pratiques les plus utilisées dans nos sites d'étude (100 % de la population y font recours). La position d'Ebolowa en zone forestière où l'agriculture itinérante sur brûlis demeure le moyen le plus facile pour les populations d'augmenter leurs revenus agricoles peut justifier ces préférences. D'autres pratiques, bien qu'ayant un faible pourcentage sont qualifiées par les agriculteurs de coûteux et de pénibles car très compliquées pour les uns, difficiles à manipuler pour les autres. C'est les cas des engrais chimiques, l'élevage en enclos, le piquetage et le démariage (Fig. 3). Fig. 3. Taux (%) d'agriculteurs utilisant les différentes pratiques culturales recensées dans la localité d'Ebolowa a- Engrais chimiques, b- Elevage en enclos, c- Trouaison, d- Piquetage, e- Démariage, f- Buttage, g- Labour, h- Récolte manuelle, i - Stockage traditionnel, j- Divagation des bêtes, k- Protection traditionnelle des cultures, l - Brûlis, m - Déboisement, n - Nettoyage, o- Sarclage, p- Semis. Pour illustrer les constats et observations, des photographies de quelques pratiques culturales ont été prises. Dans les villages d'étude. On constate que de vastes espaces sont exploités et des essences de toutes catégories défrichées, coupées et brûlées. III.1.2 Distribution des espèces par faciès III.1.2.1. Richesse et diversité comparées du potentiel en plantes médicinales des différents faciès de végétation d'Ebolowa III.1.2.1.1. Richesse spécifique des plantes ligneuses (nombre d'espèces/faciès/ha) La richesse spécifique des plantes médicinales est représentée par les arbres et les arbustes dans les différents faciès inventoriés. Les forêts secondaires âgées sont plus riches que les autres faciès et la jachère est le faciès le plus pauvre. On peut noter aussi la richesse des marécages qui sont encore inexploitées par les populations locales (Fig. 4). détruisent plus les arbres et les arbustes et les jardins de case qui concernent plus les plantes herbacées (Fig. 5). Fig. 5. Recouvrement des plantes non ligneuses dans les différents faciès de végétations étudiées à Ebolowa Coefficient 3 = recouvrement de 25 à 50 % ; Coefficient 4 = recouvrement de 50 à 75 % ; Coefficient 5 = recouvrement supérieur à 75 %. III.1.3. Diversité spécifique L'analyse des données sur la diversité spécifique montre deux indices complémentaires qui permettent de connaître la diversité et l'uniformité de chaque faciès. Si l'on considère les forêts secondaires âgées et marécages, on constate que leurs indices de Simpson tendent plus vers 0 avec des valeurs respectives de 0,067 et 0,042 et leurs indices de Shannon sont élevés (4,536 et 4,935). L'indice de Simpson aura une valeur de 0 pour indiquer le maximum de diversité, et une valeur de 1 pour indiquer le minimum de diversité. L'indice de Shannon quant à lui aura une valeur élevée pour indiquer le maximum de diversité, et une valeur de 0 pour indiquer le minimum de diversité. En considérant ces valeurs, il est facile de constater que la diversité est maximale dans les forêts marécageuses et forêts secondaires âgées et minimale dans les jachères et plantations de cacaoyers. Les forêts secondaires jeunes quant à elles ont non seulement un plus grand nombre d'espèces présentes, mais les individus de la communauté sont répartis plus équitablement entre ces espèces, vu les résultats obtenus. Dans un peuplement de jachères, chaque espèce est représentée par un seul individu, excepté une espèce qui est représentée par tous les autres individus du peuplement, funtimia elastica. La diversité maximale peut s'expliquer par le fait que les forêts secondaires âgées, forêts marécageuses et forêts secondaires jeunes sont moins perturbées que les jachères et les plantations cacaoyères. Les diversités spécifiques sont consignés dans le tableau à doubles entrées : en colonnes nous avons les différents faciès et en lignes les indices de Shannon et de Simpson calculés (Tableau III). Tableau III. Diversité spécifique de chaque faciès d'Ebolowa selon les indices de Shannon et de Simpson
Indice de Shannon : L'indice de diversité considéré ici est celui qui est le plus couramment utilisé dans la littérature, il est basé sur : H' = - Ó ((Ni / N) x log2 (Ni / N)) ; Ni : nombre d'individus d'une espèce donnée, i allant de 1 à S (nombre total d'espèces) et N : nombre total d'individus. Indice de Simpson et indice de diversité de Simpson : L'indice de Simpson mesure la probabilité que deux individus sélectionnés au hasard appartiennent à la même espèce : D = Ó Ni (Ni-1)/N (N-1) ; Ni : nombre d'individus de l'espèce donnée et N : nombre total d'individus. III.1.4. Abondance et dominance des espèces III.1.4.1 Abondance des espèces Les résultats montrent que Tricoscypha sp. et Distemonanthus benthamianus abondent dans les forêts secondaires âgées, tandis que dans les forêts secondaires jeunes, c'est Ficus sp. , suivi de Garcinia elastica. Dans les zones marécageuses nous avons Uapaca sp. suivie de Funtumia elastica et Theobroma cacao, Funtumia elastica et Distemonanthus benthamianus dans les cacaoyères. L'espèce la plus dominante dans les jachères est Funtumia elastica. Ces résultats montrent la préférence des faciès pour chaque espèce, si ces derniers sont détruits, les espèces disparaîtront. Les espèces les plus abondantes dans les différents faciès sont représentées dans le tableau ci-après et elles sont exprimées en pourcentage de l'effectif total de chaque faciès (Tableau IV). Tableau IV. Abondance des espèces dans les différents faciès
III.1.4.2. Dominance des espèces Tableau V. Surfaces terrières des plantes médicinales dans les différents faciès
ST : Surface terrière Dix espèces les plus dominantes dans chaque faciès ont été choisies et leur surface terrière calculée. Dans les marécages, Funtumia elastica et Petersianthus macrocarpum sont des espèces les plus dominantes avec respectivement les surfaces terrières de 5,2 m2/ha et 3,1 m2/ha. Les cacaoyères sont dominées par : Canarium schweinfurthii et Petersianthus macrocarpum avec respectivement des occupations de 0,8m2/ha et 0,5 m2/ha. Dans les forêts secondaires âgées, on trouve Distemonanthus benthamianus (6 m2/ha) et Pycnanthus angolensis (2 m2/ha). Dans les jachères, on retrouve Funtunia elastica qui couvre une surface terrière de 5 m2/ha et Petersianthus macrocarpum pour une surface de 3 m2/ha (Tableau V). Dans les forêts secondaires jeunes, Duboscia macrocarpa (2.5 m2/ha) et Piptadeniastrum africanum (6,8 m2/ha) sont les espèces les plus dominantes. Si on examine de plus près ces résultats, on constate que les espèces les plus dominantes dans les faciès sont Funtumia elastica et Petersianthus macrocarpum. Cette abondance peut se justifier par la régénération et l'adaptation facile de ces espèces dans les différents faciès de la zone d'Ebolawa (Tableau V). III.1.5. Structure des peuplements L'objectif était de comprendre, puis de prédire la dynamique des peuplements, plus particulièrement forestiers. On était amené à s'intéresser à l'occupation de l'espace par les plantes, et donc à leur structure diamétrique. La structure du peuplement est exprimée en classes de diamètre et les classes vont de I à VI selon le diamètre de l'espèce : - 1 - 19 cm de diamètre, c'est la classe I ; - 20 - 39 cm de diamètre, la classe II ; - 40 - 59 cm de diamètre, la classe III ; - 60 - 79 cm de diamètre, la classe IV ; - 80 - 99 cm de diamètre, la classe V ; - plus de 99 cm de diamètre, la classe VI. Les résultats obtenus ont permis de présenter la structure diamétrique de chaque faciès en fonction du nombre d'individus inventoriés (Tableau VII). Dans les forêts secondaires vieilles, toutes les classes de diamètres sont représentées. La Classe I est la plus représentée, suivie de la classe III. Les résultats montrent la dominance de la classe I dans les forêts secondaires jeunes et toutes les autres classes sont représentées à l'exception de la classe V qui est faiblement représentée. Cette faible représentativité des autres classes est due aux différentes pratiques culturales qu'exerce la population dans la forêt et la faible régénération des plantes supérieures. Quant aux marécages, la classe VI est faiblement représentée à cause de la chute des gros arbres avant la maturité, souvent cette chute se fait lorsque la population exploite les marécages pour la pêche et la chasse des oiseaux ou une partie pour les pratiques culturales. Cependant, toutes les autres classes sont représentées grâce à la faible exploitation des marécages par la population d'Ebolowa. Il ressort que la classe I est la plus représentée dans les cacaoyères. Les autres classes sont représentées à une faible proportion mais de manière presque équitable. Les cacaoculteurs laissent près de 30 % des arbres dans la plantation de cacao pour les problèmes d'ombrage, ce qui favorise la gestion durable de certaines essences médicinales. Les arbres dont les diamètres sont compris entre 1 à 19 cm sont très significatifs dans les jachères et la classe VI est inexistante à cause des pratiques culturales qui s'y font de manière permanente. Les jachères sont dominées par les herbes qui étouffent certaines plantules et les empêchent de pousser (Tableau VI). Tableau VI. Structure diamétrique de la population d'arbres médicinaux dans les différents faciès d'étude Classe I = diamètres des arbres de 0 à 19 cm ; classe II = 20 à 39 cm de diamètre ; classe III = 40 à 59 cm de diamètre ; classe IV = 60 à 79 cm de diamètre ; classe V = 80 à 99 cm de diamètre ; classe VI = Plus de 99 cm de diamètre.
Lorsqu'on compare les classes de diamètre des faciès, on constate que les plantations de cacao et les jachères sont dominées par la classe I représentant respectivement 86,5 % et 85,2 % des arbres donc les diamètres sont compris entre 1 et 19 cm. Dans les forêts secondaires âgées, toutes les classes sont représentées montrant l'exploitation rationnelle de ce faciès. Dans l'ensemble, la classe I est la plus représentée dans les faciès (70,5 %) et la classe la moins représentée est celle des diamètres supérieurs à 99 cm (2,9 %). La représentativité élevée de la classe I peut être due aux problèmes fonciers, à la poussée démographique et aux différentes actions anthropiques sur la zone d'Ebolowa (Fig. 6). Fig. 6. Structure diamétrique des plantes médicinales ligneuses par classes de diamètre de tous les faciès d'Ebolowa Classe I = Plantes avec un diamètre compris entre 0 et 19 cm ; Classe II = Plantes de diamètre compris entre 20 et 39 cm ; Classe III = Plantes avec un diamètre compris entre 40 et 59 cm ; Classe IV= Plantes avec un diamètre compris entre 60 et 79 cm ; Classe V= Plantes avec un diamètre compris entre 80 et 99 cm ; Classe VI= Plantes de diamètre supérieur à 99 cm. III.2. MODES D'EXPLOITATION DES PLANTES MEDICINALES III.2.1. Caractéristiques de l'enquête La constitution de l'échantillon et des outils d'enquête s'est largement inspirée de la composante des villages concernés. L'importance démographique et sociopolitique de chacun des villages n'a pas été prise en compte. A partir des parties prenantes et vu les objectifs de l'étude, 10 personnes par villages donc 5 chefs de ménages, 3 tradipraticiens et 2 personnes neutres ont été identifiées comme objet d'enquête au moyen des instruments appropriés. Sur les 70 personnes enquêtées, on compte plus des personnes de sexe masculin que de sexe féminin pour la simple raison qu'il passe le plus clair de leur temps en ville, particulièrement à Ebolowa et pratique régulièrement la cueillette des PFNL aux heures des enquêtes. Une autre raison est le fait que la plus part des ménages sont représentés par les hommes et la plus part des tradipraticiens sont des hommes. Cependant, lors du questionnaire, la participation aux réponses se fait généralement par le couple, car les femmes ont une connaissance très avancée sur les plantes médicinales par rapport aux hommes (Tableau VII). Tableau VII. Statistiques des personnes interrogées par village et par sexe à Ebolowa
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