I.2.2. Principaux facteurs de dégradation de la
diversité des plantes médicinales
I.2.2.1. Méthodes culturales
Les principales conséquences de l'agriculture
itinérante sur brûlis sont la destruction anarchique de la
forêt. Elle est le type le plus répandu au Cameroun et elle est
remise en question du fait du raccourcissement des temps de Jachère
(Jiagho, 1999).
Le système de culture itinérante sur
brûlis possède une longue histoire (Diaw, 1997). Cette pratique
est bien adaptée aux conditions du milieu à condition que la
densité de la population ne soit pas supérieure à un seuil
critique de telle sorte que la durée de la jachère
forestière soit suffisamment longue pour permettre la restauration de la
richesse du sol en éléments nutritifs (Nye et al.,
1980). D'après Marticou (1962), le système agricole
pratiqué exige de disposer de 25 ha de jachères pour trois ha en
culture effective ; pour que l'humus se reconstitue, il faut que le sol soit en
repos pendant 10 à 20 années ou plus (Bahuchet, 1996). Ces
conditions sont généralement associées à des
densités de population inférieures à 20
personnes/km2 (Boserup, 1965).
I.2.2.2. Poussée démographique
L'opinion quasi prédominante de nos jours est que
l'accroissement de la population est l'une des causes majeures de la diminution
des ressources naturelles et la dégradation de l'environnement. Selon la
Banque Mondiale (1992), les populations à accroissement rapide ont
entraîné « le sur-pâturage, le déboisement, la
réduction des ressources en eaux et la perte d'habitats naturels ».
Cette tendance est encore plus nette lorsqu'on compare la forte concentration
de la population dans la capitale provinciale du Sud, par rapport au reste du
département de la Mvila. En effet, l'arrondissement d'Ebolowa compte,
à lui seul, pour près
de 70 % de la population du Département de la Mvila. La
taille moyenne des ménages est de l'ordre de 5 personnes par
unité, la même moyenne qu'on trouve sur le plan national
(Mboui et al., 1996).
I.2.2.3. Pauvreté
En 2001, les 15 millions d'individus qui constituent la
population camerounaise, 6 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de
pauvreté soit une proportion de 40 % au niveau national. Certes, la
crise économique au Cameroun a contribué à une
généralisation de la pauvreté, aussi bien en zone rurale
qu'en milieu urbain. Mais le milieu rural reste durement frappé. Notons
que la pauvreté rurale est plus ou moins présente dans toutes les
régions du pays, variant de 33 % dans la province du Sud à 56 %
dans la province de l'Extrême Nord. Ainsi, malgré la forte
contribution du secteur agricole à la croissance économique, la
pauvreté reste ambiante et sévère en milieu rural. En
fait, autant des opportunités sont grandes, autant les défis de
développement à relever dans le secteur agricole sont
importants
(Anonyme, 2006b).
I.2.2.4. Exploitation forestière
Le taux national de déforestation est de 0,9 %. Dans
les provinces du Centre et du Sud, les principales causes de dégradation
des forêts et de déforestation sont l'agriculture
itinérante sur brûlis, la conversion directe en plantations
industrielles (pas très importante depuis 1989), l'exploitation
forestière, le braconnage et la recherche de bois de feu. De plus, 111
des 220 sociétés d'exploitation forestière actives au
Cameroun en 1996/1997, se trouvent dans ces deux régions et ont produit
899 245 m3 de bois alors que la production au niveau national est de
2 805 930 m3 (Eba'a, 1998). Dans le Sud Cameroun, 55 % des
ménages utilisent le bois de feu, le charbon ou la sciure comme
principales sources d'énergie (Nkamleu, 2000).
I.3. PRINCIPALES PRATIQUES CULTURALES ET LEURS
CARACTERISTIQUES
Comme dans toutes les autres zones rurales et
forestières de la partie sud du Cameroun, le système cultural en
vigueur dans les villages est l'agriculture itinérante sur brûlis.
Le projet d'Appui à la Protection de l'Environnement du Cameroun (APEC)
en 1996 distingue plusieurs pratiques culturales ayant des effets sur
l'environnement
(Anonyme, 1996b).
I.3.1. Défrichage et
Déboisement
La création d'un nouveau champ débute toujours
par le défrichement d'un pan de forêt et/ou de jachère,
l'abattage des arbustes et des arbres moyens. Ce travail se fait à
l'aide d'une machette, d'une hache ou d'une scie à moteur. Il y a des
effets indésirables sur la couverture végétale. Si,
plutôt que de défricher les jachères, on défriche
les sous-bois, il y a effets indésirables pour la conservation des
forêts, la biodiversité (mais ces effets sont beaucoup moins
accentués que dans le cas du brûlis) (Anonyme, 1996b).
I.3.2. Brûlis et nettoyage
Le brûlis est pratiqué parce qu'il exige peu de
travail à court terme et peu d'argent. Il fournit aux cultures les
éléments nutritifs azote, phosphate et
oligo-éléments. Les cendres amènent une
amélioration du niveau d'acidité du sol. Mais ces avantages
valent à court terme (pour seulement une ou deux campagnes) (Anonyme,
1996b). Le brûlage intervient quelques jours, voire quelques semaines
après le défrichement et le déboisement. Après
avoir coupé la jachère ou le sous bois, il faut brûler puis
nettoyer. Pour le reste, le brûlis a des effets néfastes, il faut
laisser les arbres coupés pourris seuls, ce qui conservera longtemps le
sol de l'Humus. A long terme et à grande échelle, l'agriculture
itinérante sur brûlis va beaucoup nuire à la conservation
des forêts, et à la biodiversité et au cycle de l'eau
(Anonyme, 1996b).
I.3.3. Compostage
Le compost se fait avec des déchets agricoles et de
ménages qu'on laisse se décomposer en tas derrière les
cases en campagne, plutôt que de le brûler. On l'épandra au
moment du labour au champ. En rendant possible la réutilisation
répétée des mêmes parcelles, le compost contribue
à la conservation des forêts et à la biodiversité
(Anonyme, 1996b).
I.3.4. Piquetage
Le piquetage permet de semer ou planter en lignes avec les
écartements les plus avantageux. Il permet de mettre de l'ordre dans
l'aménagement et l'entretien des champs. Une orientation incorrecte des
lignes aura par contre des effets nuisibles sur le sol entraînant ainsi
la disparition des essences (Anonyme, 1996b).
I.3.5. Labour
Après le défrichage, le déboisement, le
brûlis et le nettoyage, le sol est labouré ensuite avant
d'être semé ou planté. Le labour favorise l'enracinement et
la croissance des plantes et donc la santé générale et le
rendement des cultures (Anonyme, 1996b).
I.3.6. Trouaison
La trouaison est adaptée à la plantation du
bananier et des pousses d'arbres. Quand on creuse, on met la terre noire d'un
côté et la terre rouge de l'autre. Au moment du remplissage, on
met la terre noire au fond du trou ; par-dessus, on met la terre rouge. D'une
manière générale, les effets sur l'environnement sont de
mêmes que pour le labour (Anonyme, 1996b).
I.3.7. Sarclage, buttage et démariage
Un champ de maïs doit être sarclé et
butté. Le sarclage évite la compétition des mauvaises
herbes. Le buttage évite la verse. Le démariage consiste à
enlever les plants de maïs les plus rabougris et à ne laisser que
les plants robustes dans chaque poquet. Le sarclage va cependant diminuer un
peu la couverture végétale du sol (Anonyme, 1996b).
I.3.8. Protection traditionnelle des cultures
Il existe des pratiques pour éviter l'utilisation
excessive des pesticides. Contre les vertébrés nuisibles
(hérissons, rats), il faut sarcler les bordures du champ et utiliser des
pièges ou des chiens. En intensifiant l'agriculture, ces pratiques vont
aider à protéger la santé des cultures et la santé
humaine, à conserver les forêts. L'introduction d'ennemis naturels
des animaux pourrait mener à une perte de contrôle dangereuse pour
la biodiversité
(Anonyme, 1996b).
I.3.9. Récolte manuelle et Stockage
traditionnelle
La récolte qu'elle soit mécanique ou manuelle
aura pour effet négatif principal d'exporter hors de la parcelle les
éléments nutritifs azotés, phosphate et
oligo-éléments contenus dans les graines, les fruits, les
feuilles ou les tubercules. Elle va aussi diminuer la couverture
végétale du sol et l'exposer à l'érosion. Un
mauvais stockage attire les champignons, les bactéries et les insectes
ravageurs (Anonyme, 1996b).
I.3.10. Succession des cultures
La rotation des cultures est l'ordre de succession des
différentes cultures sur une même parcelle. L'assolement consiste
à diviser un champ en autant de parcelle qu'il y a de cultures à
exploiter. En facilitant la sédentarisation de l'agriculture, cette
pratique a un effet positif sur la conservation des forêts et sur la
biodiversité (Anonyme, 1996b).
I.3.11. Arrosage et drainage
Pour la production maraîchère en saison
sèche, quand les prix sont élevés sur les marchés,
installez votre parcelle à côté d'un point d'eau et arrosez
régulièrement. Les deux pratiques favorisent la santé des
cultures. Le drainage nuit à la biodiversité des marécages
et affecte le cycle de l'eau (Anonyme, 1996b).
I.3.12. Divagation des animaux domestiques
Les porcs, les chèvres et la volaille en divagation
créent beaucoup de problèmes. A long terme, cette pratique est
désastreuse, car il faut constamment payer par les dégâts,
faire des champs loin de la route, subir les dégâts sous forme de
baisse de rendement des cultures et la chute des essences
déracinées par les bêtes domestiques (Anonyme, 1996b).
I.4. PRESENTATION DU MILIEU NATUREL I.4. 1. Milieu
physique
I.4.1.1. Climat
Le climat d'Ebolowa est de type équatorial humide
à quatre saisons avec les précipitations moyennes annuelles
oscillant entre 1500 et 2000 mm (Fig. 1). On distingue deux périodes de
pointe : la grande saison des pluies de septembre à novembre et la
petite saison des pluies de mars à mai. La grande saison sèche se
situe entre décembre et février. La température moyenne
annuelle est de 24 °C.
L'humidité relative y est élevée variant
selon les mois de l'année et les heures de la journée entre 62 et
98 %.
Fig.1. Diagramme ombrothermique selon Bagnouls et Gaussen
d'Ebolowa entre 1967-2003.
I.4.1.2. Hydrographie
Le régime hydrologique des cours d'eau est intimement
lié au rythme pluviométrique. Ainsi observe-t-on les crues entre
octobre et novembre et les étiages entre janvier et février
(Delbene, 2003). Situé en pleine zone équatoriale, Ebolowa est
exclusivement une zone forestière.
I.4.1.3. Géologie
L'altitude moyenne est comprise entre 600 et 700 m. Le relief
est caractérisé par une juxtaposition de collines basses à
sommet plat et à versants courts, d'altitude moyenne 600 m, de collines
moyennes en demi-orange à sommet arrondi et à versants courts,
d'altitude moyenne 700 m et de collines hautes à versants
escarpés, souvent rocheux, parfois supérieure à 900 m
(Delbene, 2003).
I.4.1.3. Sol
Les sols résultent d'une évolution
pédologique continue sous climat humide
(Delbene, 2003) durant une longue période de
stabilité tectonique (Dubroeucq, 1991). Le sol dominant est ferralitique
rouge ou jaune, acide et fortement désaturé,
caractérisé par les altérites très profondes, un
niveau induré plus ou moins épais et un niveau argileux et meuble
constitué essentiellement de kaolinite associée à
l'hématite et à la goethite (Anonyme, 2005).
I.4.2. Milieu Biologique I.4.2.1.
Phytogéographie
Sur le plan phytogéographique, la zone d'Ebolowa occupe
un corridor décrit par Letouzey (1968) comme étant des
forêts mixtes caractérisées par une présence
simultanées d'éléments de forêt semi-décidues
et ceux de forêts sempervirentes.
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