B- LA SOUMISSION AU CAHIER DES CHARGES :
Si la notion de musée est liée depuis
longtemps et d'une manière indéfectible à celle de
collection quelque soit la nature de cette dernière scientifique
,technique ,artistique ,historique ou autre ,dans la mesure ou le musée
est « l'un des lieux qui donnent la plus haute idée de
l'homme », « la gestion privée suppose toujours
quelque chose de plus qu'une `collection' ou bien le musée est
replacé dans un contexte plus large avec le danger de le voir
transformer en une sorte de parc d'attraction ,ou bien ,au minimum ,il doit
développer les activités accessoires dont les revenues ne sont
pas accessoires ;boutiques, location de salles ,commercialisation d'une
ligne de produits ,de cette manière l'accessoire finance le
principal »\u9312@ Les autorités publiques et plus
précisément le Ministère de la culture a prévu en
Janvier 2001 par l'arrêté de02 Janvier 2001 l'approbation d'un
cahier des charges relatifs aux musées privés. \u9313A
Le dit
texte se présente sous forme d'un cahier de six pages comportant 18
articles et répartie sur six chapitres comme suit : les
dispositions générales les procédures de l'ouverture du
musée, les conditions relatives au personne du conservateur , les
conditions tenant à l'établissement et enfin les principes
relatifs aux modes de fonctionnement et de suivi de l'établissement.
Il est important avant de traiter et d'analyser le dit cahier de
souligner quelques remarques : La première tenant à la
forme du texte ,de faite que malgré l'encouragement des investisseurs
-tunisiens et/ou étrangers- pour l'enrichissement et la conservation des
oeuvres et des traditions populaires d'une part ,et de la réanimation
du tourisme culturel d'autre part ,le cahier des charges est publié
uniquement en langue arabe ce qui peut -sans le moindre doute- empêcher
l'intervention de plusieurs promoteurs (surtout
étrangers). La deuxième remarque touche à la
situation des établissements muséaux crées avant
l'approbation du cahier, ces derniers n'ont pas opté pour la
régularisation de leur situation. \u9314B
La troisième
remarque c'est que si on essaye d'appliquer les dispositions du dit cahier
sur les musées publics, plusieurs d'entre eux vont disparaître
sans aucun doute, soit pour la non conformité de
l'établissement, l'absence de registres d'inventaire, la non
organisation des collections ou même pour l'absence d'un règlement
intérieur ou d'un contrat d'objectifs fixant les plans
stratégiques de la dite institution *.
1-RICHER Laurent, « l'intervention des
personnes privées dans la gestion du service
Public des musées », in ouv.
Coll.Droit au musée droits des musées,
op.cit.p.132ets.
2-J.O.R.T.N°4du 12-01-2001, p.76.
3-selon Mr BEN YOUNESS Habib : directeur du direction du
développement muséographique. (I.N.P).
*- nous soulignons.
Aux termes du premier article du
dit cahier des charges, les dispositions de ce dernier visent essentiellement
l'organisation des musées de traditions, d'art populaire ou
d'histoire .On peut déduire donc que le législateur a exclu
de la catégorie des musées privés, ceux dont les
collections tenant aux domaines techniques ou scientifiques. Pour plusieurs
raisons : D'une part les domaines précités
nécessitent et exigent la compétence des intervenants et ce pour
éclairer et améliorer ses visiteurs sur le plan social, moral,
politique et également éducatifs et pédagogique .ce qui
rend l'oeuvre culturelle un « système de
valeurs ».\u9312@ Alors que pour
les gestionnaires privés l'un des plus importants indicateurs
utilisés dans l'administration d'un musée, c'est le nombre de
visiteurs .autrement dit le rendement économique des services avances
par le dit établissement.
Pour la personne de l'investisseur,
elle peut être une personne physique ou morale. Et en fonction du
régime de la déclaration préalable, le promoteur doit
prendre l'avis de l'Institut National du Patrimoine en tout ce qui concerne la
réalisation du projet de création du dit musée :
L'étude du projet scientifique
\u9313A, le choix des locaux abritant les
collections \u9314B et également toute
les questions tenant aux collections (la conservation, l'étude et le
choix des objets culturels...) et leur intérêt historique,
artistique et scientifique. \u9315C
.
Logiquement, qui dit musée dit
collection ce qui nécessite la tenue des inventaires, garantissant
l'identification des objets et leur modes d'acquisition (après un
parcours légal).
Aux termes du dit cahier, le promoteur est tenu de
présenter auprès des responsables un fichier des collections
mentionnant l'emplacement physique des oeuvres et tous leur déplacement,
accompagné des dossiers scientifiques des oeuvres avec bibliographie,
analogies, références et restaurations.
.
Selon le directeur de la Division du
Développement Muséographique, Monsieur Ben younes
Habib,\u9316D malgré l'importance et
la beauté de plusieurs locaux abritant des collections
privées et qui présentent du point de vue architectural et
historique de véritable oeuvre d'art ,ces derniers ne disposent
plus de projet scientifique correcte et bien fondu et quant à
leur collections, elles sont dans la plus part des cas dépourvues de
toute valeur ou intérêt historique ,scientifique ou même
esthétique .
1- VERAN Lucien, quelques clés pour gérer
les activités culturelles, in R.F.G.,
N°62,mars-avril-mai1987,p.98.
2- article 6
3- article 6-1
4- article 6-2
5- il vise également le musée de GUELLALA,
et celui de Dar chérait.
Qu'il soit public ou privé
, l'établissement muséal doit respecter tout un ensemble
de normes , des déontologies mais aussi des
règles tenant à la démocratisation culturelle, et
parce que l'intérêt culturel et celui touristique vont
effectivement souvent de pair \u9312@,
l'espace muséal nécessite autre que l'offre du service
principal, le recours à la diversification de ses services soit pour
répondre aux attentes du publics soit pour financer le principal
à condition que l'accessoire ne prend pas la place du principal.
Le musée privé doit
respecter le droit et l'accès de tous à la culture et ce au
niveau de la fixation du doit d'entrée et de l'horaire de l'ouverture
du musée. *
Pour la situation scientifique , le
musée doit tenir des registres d'inventaire
\u9313A et en même temps l'Etat
reste -même vis- à- vis des musées privés -
« l'arbitre efficace »
de l'harmonisation des politiques culturelles ; il dispose d'un pouvoir
de contrôle scientifique , de suivi et également de prescrire
la fermeture de l'établissement en cas de non conformité
\u9313A, ou de méconnaissance de l'un
des obligations prévues par le cahier des charges.
Même s'il est une
organisation à but non lucratif , le musée peut être
confié et administré par une organisation publique ou par
une autre d'origine privée dans la mesure ou la priorité est
pour le service culturel , pédagogique , éducatif et le plaisir
du visiteur.
Malgré l'absence d'un projet
scientifique correcte et bien fondé, le projet de Dar chérait
reste l'une des premières expériences de ce genre qui a pu
être en dépit de tous obstacle. « Une
destination incontournable pour les milliers de visiteurs tunisiens
et étrangers ».\u9313A
L'ingénieur spécialiste dans le domaine de
l'éclairage. \u9316D Monsieur Chr
ait,pour réunir toutes les chances de succès à sa
participation culturelle ,il a met au point une véritable
`entreprisse de loisir et de tourisme' qui avance outre que le service
muséale(musée d'archéologie) une pluralité de
services, de même pour le musée de GUELLALA qui dispose d'une
superficie de 4000m² couverts qui fait de lui un `complexe culturel'
.à coté du musée « Djerba explore » ou
Leila Hadria : la ou l'on trouve plusieurs services : restaurants ,
cafés espaces réservés au familles et
promenades...
1- PONTIER (J .M) op. cit.
p.17.
*- bien sur ce n'est pas de la même
manière que les musées publics .Mais le musée doit
être ouvert au moins 6jours sur7.
2-article 6-1 du cahier des charges.
3-article 8 du cahier des charges.
4- -le Renouveau du09-04-1996.
5--Mr. Chr ait ABDERRAZEK (le maire de la
municipalité).
Quelque soit sa taille et
son statut, le musée nécessite un surplus financier que le
produit des droits d'entrée à lui seul ne suffit pas de le
fournir .C'est pourquoi les musées sont invités à passer
à l'état de l'autofinancement de leur activités
muséographiques, comme est le cas pour les musées
Américains (à l'exception de ceux fédéraux à
Washington) et ceux de la Grande Bretagne, qui sont, presque tous, des
fondations. Ils peuvent recevoir des subventions publiques à
coté des dispositions fiscales favorisant leur existence.
Certes le choix de
gérer l'institution muséale privée sous forme d'une
fondation est le meilleur, dans la mesure ou 'il permet aux dits
établissements de bénéficier d'une large couverture
financière provenant également , des dons , legs et des
versements de la part des autres organisations et institutions nationales ou
internationales -ce qui n'est plus le cas pour les musées privés
tunisiens qui restent encore des `embryons' et participation trop
limitées soit par la lourdeur des procédures soit par la
modestie des capacités financières, de faite que le capital
exigé de la part des auteurs du cahier des charges ne dépasse pas
le cinq milles dinars -montant qui ne suffit pas pour couvrir l'infrastructure
indispensable pour la bonne exécution de la mission patrimoniale de
l'institution-. Ce qui justifie la disparition et l'échec de plusieurs
expériences, tel est le cas pour le musée du pain de monsieur
Chaabouni.
Monsieur .CHAABOUNI a
choisit un thème original non traité avant pour son musée
à savoir celui de l'histoire, l'utilisation, les origines et les formes
du pain. Ce projet qui a pris tout ; le temps, l'argent et l'amour
du docteur, \u9312@ n'a pas eu de la
chance de réussir, vu l'absence d'un soutien de la part des
autorités publiques d'une part ,le manque de conscience et de
sensibilité au niveau du public pour l'art et la culture
d'autre part.
Pour finir, on peut
déduire que pour le musée privé comme le public, il ne
suffit plus que l'initiative émane d'un amateur ou d'un quelqu'un
doué de l'art , pour qu'elle persiste, il faut réunir plusieurs
conditions,surtout, extérieures dont les plus importantes sont la forme
de l'établissent, ses capacités financières à
coté du soutien et d'encouragement de la part des autorités
politiques
et des médias écrites et électroniques
.
1-Selon le Docteur, CHAABOUNI FAROUQ.
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