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L'etre-là  africain et inculturation: essai d'une relecture théologique de Martin Heidegger pour l'Afrique

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par Roland TECHOU
Grand Séminaire Mgr Louis Parisot Tchanvedji Bénin - Baccalaureat en théologie 2010
  

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3.3.2- De la mondialisation intégrale à la négritude créatrice

La mondialisation selon les théoriciens les plus remarquables tel ADDA Jacques, évoque l'emprise d'un système économique, le capitalisme, sur l'espace mondial. Manifesté d'abord sur le plan géopolitique, il déborde ce cadre pour faire éclater les frontières étatiques. Cependant il ne porte pas entorse à la souveraineté nationale encore moins à l'autonomie des États. On en arrive à une expansion de l'économie-monde européenne comme un réseau d'échanges aux dimensions mondiales auquel les autres continents sont progressivement intégrés, le plus souvent par la force au nom de l'internationalisme capitaliste. On note dans ce sillage, une hégémonie qui se manifeste par la domination idéologique d'une classe particulière qui fait accepter par consentement son pouvoir à une classe sociale. De même, l'internationalisation du capitalisme favorise l'assujettissement des mondes extra-européens. Face à ce capitalisme occidental devenu mondial, il analyse l'autonomie du politique en tant que garant du bien-être du citoyen. Dans un contexte social obsédé par les marchandises et les capitaux, où certaines couches sociales apparaissent de trop, il nous faut civiliser la mondialisation. Le souci politique actuel doit passer par une reconstruction de l'anthropologie comme condition d'une politique de l'homme. Un tel enjeu visera le bien être social comme sa priorité. Car face à la mondialisation de l'économie qui n'apporte , à l'heure actuelle, aucune assurance sécuritaire, et identitaire, le pouvoir politique qui n'arriverait pas à opérer un choix clair est voué à l'échec donc prêt à être changé. L'économie en effet doit être au service du citoyen et non le contraire. Le privilège que la mondialisation accorde à l'économie sur les autres aspects de l'ordre social est déjà une méprise à l'égard du citoyen. Il y a là une invitation à la responsabilité éthique des dirigeants et des dirigés. En effet, dans un monde dominé par les marchés, les capitaux, la morale et l'éthique sont inexistantes. D'où la mondialisation de l'économie entrave sérieusement la justice sociale. La justice distributive devra viser le bien être maximal et une égalité de chance en face des libertés égales.

La mondialisation de l'économie est dans sa conception actuelle, une menace contre l'espèce humaine quelle que soit la couleur de sa peau. Il n'en aurait pas été ainsi si elle était fondée simultanément sur le politique, le social, le culturel. Car l'être humain doit aujourd'hui être un fonctionnaire de l'humanité, un citoyen du monde. Heidegger pour soutenir ce fait, parle d'identité et de Différence c'est -à- dire le caractère à la fois lointain et proche de la structure ontologique du Dasein de l'homme. Donc les relations entre les hommes ne trouvent une justification et une légitimation que dans la quête à la citoyenneté mondiale. Le développement économique ne peut être possible sans une telle démocratisation des institutions politiques. Et pour le cas type de l'Afrique, elle prendra en compte simultanément tous les aspects : l'économique, le politique le culturel. C'est dans une telle perspective qu'un passage de la négritude à la mondialisation peut être rendue intelligible. Par référence à Fanon, il vise à libérer l'homme noir des deux sentiments forts ambigus qui l'emprisonnent: le sentiment de se sentir inférieur par le fait d'être né noir; et le sentiment de se sentir réhabilité à partir d'une hypothétique revalorisation de sa couleur de peau. On parle de sentiment de plein être et de sentiment de néant d'être. Ainsi le noir fait toujours pencher son destin vers le chemin de la fatalité existentiale; qui le contraint à se comporter en éternel inférieur. Il va jusqu'à présenter les traits d'un homme sans ambition, d'un figurant planétaire chez qui tout est synonyme de grâce et de don. Ce qu'il importe au noir de savoir, précise Fanon, c'est de dépasser son sentiment de diminution, d'expulser de sa vie le caractère compulsionnel qui l'apparente tant au comportement du phobique. Chez le noir, il y a une exacerbation affective, une rage de se sentir petit, une incapacité à toute communion humaine qui le confine dans une insularité intolérable.73(*) . Le défi imminent et le seul vrai pour le noir est dans sa capacité à sortir de son espace géo-politique-racial du sous développement et son cortège de misère. Il lui faudra se battre pour la mise en place dans son pays des institutions politiques stables fortes, objectives. C'est par l'instauration de régimes démocratiques que le noir entrera dans le mouvement de la mondialisation. Le peuple noir reste constamment sur la défensive, plaintif à dessein. Il refuse de s'autocritiquer et préfère imputer aux autres peuples les Blancs, ses échecs et ses déboires. Les noirs d'Afrique s'ils ne veulent être mangés par les autres peuples dans le concert de la mondialisation devront se battre avec la nature pour la vie et pour l'existence. Il faut quitter le statut de damnés de la terre pour devenir des partenaires; l'heure est aux partenariats. En matière d'authenticité, la négritude a joué un rôle pour l'édification de la personnalité de l'être noir, qui malheureusement s'est arrêtée au niveau de la revendication de la peau noire. Alors que le destin d'un peuple s'enracine de manière formelle et fondamentale dans la lutte pour la quête d'un universel-singulier, la négritude est restée sur une approche différentielle entre la race noire et la race blanche. Chaque peuple possède une tradition qui pour survivre, est appelée à s'enrichir à partir des autres traditions. D'où toute tradition est re-prise, une instance de relecture créatrice du passé, du présent qui ouvre vers l'avenir. Le besoin cruel actuel est bien celui de l'engagement d'une théologie herméneutique sur le continent.

* 73 _ F. Fanon, Peau noire masque blanc. Seuil, 1952. P 39-51

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