WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Ecriture romanesque post-apartheid chez J.M. Coetzee et Nadine Gordimer

( Télécharger le fichier original )
par Ives SANGOUING LOUKSON
Université de Yaoundé I - Master2 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I -3 - A world of strangers et Michael K., sa vie, son temps: romans de la conscience de classe

Deux éléments méthodologiques du montage de A world of strangers et de Michaël K., sa vie, son temps mettent en évidence non seulement la quasi similitude de l'orientation idéologique et esthétique de leurs auteurs, mais surtout leur engagement à perpétuer des valeurs et des normes du groupe dominant dont ils sont respectivement issus. Il s'agit des éléments typiques au bildungsroman et au roman libéral.

I-3-1- A world of strangers, Michaël K., sa vie, son temps: romans de formation

Encore appelé roman de formation, le bildungsroman est un sous-genre romanesque apparu avec le romantisme76(*).Ce modèle de roman utilise, en lieu et place d'une intrigue romanesque, les aléas de la biographie d'un héros, généralement de sa jeunesse à sa maturité. Le bildungsroman montre comment une personnalité se construit, et construit ses valeurs, dans le heurt avec la réalité et avec autrui.

À la question de savoir si A world of strangers et Michaël K., sa vie, son temps adoptent le bildungsroman comme modèle de montage, il est difficile de ne pas répondre par l'affirmative. Michaël K., sa vie, son temps77(*) s'ouvre par exemple sur la naissance du personnage central qu'Anna K., sa mère, choisit d'appeler Michaël K. Le nouveau né, nous apprend-on, naît avec une malformation de la bouche dont il souffrira tout au long de son parcours dans la diégèse :

Ce que la sage-femme remarqua d'abord chez Michaël K. lorsqu'elle l'aida à sortir du ventre de sa mère, ce fut son bec-de-lièvre. La lèvre se retroussait comme un pied d'escargot ; la narine gauche s'ouvrait, béante (...) Mais Anna K. ne se fit jamais à cette bouche qui refusait de se fermer, à la chair rose, vivante (...) Elle frissonnait en pensant à cet être qui s'était développé en elle au fil des mois. L'enfant n'arrivait pas à prendre le sein et pleurait de faim. Elle essaya le biberon ; comme il n'arrivait pas non plus à tirer sur la tétine, elle le nourrit à la petite cuillère, exaspéré quand il toussait, crachait et pleurait. (MK. : 11)

Michaël K. est ensuite inscrit dans une école, puis confié à la protection de l'institution Huis Norenius qui s'occupe des enfants victimes de malheurs et d'infortunes diverses. On leur apprend dans cette institution à « lire, écrire, compter, balayer, récurer, faire les lits et la vaisselle, confectionner des paniers en vannerie, travailler le bois, manier la pelle et la pioche » (MK. :12)

Michaël K. commence à exercer comme jardinier, échelon 3(b) au service des parcs et jardins publics de la municipalité du Cap à l'âge de 15 ans. Trois ans plus tard, il est employé comme gardien de nuit aux toilettes publiques de Greenmarket Square. Apres une agression par des malfrats contre sa personne, il renonce au travail de gardien de nuit et retrouve les parcs et jardins.

À l'âge de 31 ans, Michaël K. apprend que sa mère, gravement malade, a besoin de son soutien. C'est ici qu'il démissionne des parcs et jardins pour se rendre à Sommerset Hospital où il rejoint sa mère avec qui, il va demeurer le restant de ses jours. Cette dernière finit par rendre l'âme suite à la conjugaison de la maladie qui la rongeait avec la lenteur des médecins à prendre soin d'elle.

L'intrigue se poursuit par des cycles de tribulations de Michaël K. respectivement dans le veld, dans les rues de Kimberley, à Brandvlei, à Beaufort West, à Vitenhage, à Stellenbosch, à Price Albert où il enterre les cendres de sa défunte mère, à Worcester, et au Grand Karoo. Ce sont des cadres spatiaux réels en Afrique du Sud auxquels a régulièrement recours le roman.

Un moment important du récit a lieu dans un camp purement fictif, mais qui n'est sans suggérer plus d'un milieu de détention propre au contexte des lois iniques de l'apartheid ou plus globalement de l'Afrique du Sud. C'est le camp de Jakkalsdrif où Michaël K. est mis en détention par des hommes en tenue peu scrupuleux et dévoués à servir le système en place. Obsédé par la liberté78(*) qu'il ne trouve pas à Jakkalsdrif, Michaël s'évade du camp malgré son apparence chétive et maladive comme s'il s'agissait de répéter ses précédentes démissions.

Le récit s'achève par un Michaël K., qui continue de démontrer la prodigalité incommensurable par rapport à la résistance dont est dépositaire le genre humain. Il vient à nouveau de s'enfuir du camp de Jakkalsdrif à destination de Sea Point après avoir défié le médecin militaire, Noël, et Felicity, tous employés au camp qui ont tenté, en vain, de l'intéresser à la nourriture :

Tu es, avoue le médecin militaire, un phasme, Michaël, un de ces insectes semblables à une brindille qui ne se protègent d'un univers de prédateurs que par leur forme bizarre. Tu es un phasme qui a atterri, Dieu sait comment, au milieu d'une vaste plaine déserte, nue, et bétonnée. (MK. : 180)

Le médecin militaire finit par cerner le phénomène Michaël K. comme un modèle. Michaël parti, il commence à réaliser la profondeur du message dont Michaël est l'interprète :

En vérité, j'ai eu ma chance, et je l'ai laissée filer avant même de m'en rendre compte. La nuit où Michaels s'est sauvé, j'aurais dû le suivre. (...) Si j'avais pris Michaels au sérieux, j'aurais été près en permanence. J'aurais gardé un baluchon à portée de la main, avec des vêtements de rechange, un porte-monnaie plein, une boite d'allumettes, un paquet de biscuits et une boite de sardine. Je ne l'aurais jamais laissé sortir de mon champ de vision. (MK. : 194)

Il ressort de l'itinéraire de Michaël K. qu'il est un sujet irréversiblement en quête de lui-même. Il est profondément conscient des potentialités dont il est dépositaire en tant qu'humain pour se réaliser sans aide provenant de ses pairs. Michaël K. a cultivé cet état d'esprit depuis fort longtemps. C'est le cas par exemple lors de son passage à Huis Norenius :

Un des professeurs avait coutume de forcer ses élèves à rester assis les mains sur la tête, les lèvres serrées et les yeux fermés, pendant qu'il passait dans les rangs, sa longue règle à la main. Avec le temps, cette posture cessa de représenter une punition pour K et devint une voie d'accès à la rêverie. (MK. : 87)

Difficile de ne pas remarquer que Michaël K., dans ce roman, adopte une conduite similaire à celle que devrait avoir un guerrier d'après Sun Tse, le théoricien de la guerre :

Quelque critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien ; c'est dans les occasions où tout est à craindre qu'il ne faut rien craindre ; c'est lorsqu'on est environné de tous les dangers, qu'il n'en faut redouter aucun ; c'est lorsqu'on est sans aucune ressource, qu'il faut compter sur toutes ; c'est lorsqu'on est surpris, qu'il faut surprendre l'ennemi lui-même79(*).

Michaël K. ne se contente pas seulement de donner des leçons. Il s'emploie aussi à tracer, à préciser le contexte dans lequel ses leçons de résistance devraient prendre forme. Le résistant sud-africain devrait exceller dans l'effacement de ses traces dans la métropole pour se constituer comme sujet autonome, authentique, et dont le point de vue pourra désormais compter mondialement :

Je veux vivre, déclare-t-il, ici pour toujours, ici où ma mère et ma grand-mère ont vécu. C'est aussi simple que ça. Quel dommage que pour vivre en des temps comme ceux-ci, un homme doive être prêt à vivre comme une bête. Un homme qui veut vivre ne peut pas vivre dans une maison où il y a de la lumière aux fenêtres. Il doit vivre dans un trou et se cacher pendant le jour. Pour vivre, il faut qu'il ne laisse aucune trace de sa vie. Voilà où nous en sommes arrivés. (MK. : 121)

Autrement dit, pour qu'il soit authentiquement sujet de l'histoire, le Sud-africain, comme Michaël K., devrait « effacer l'empreinte de ses pas » (MK. : 120), il devrait considérer comme des mentors ces Blancs, à l'instar de Jacobus Coetzee80(*), qui ont choisi de couper les ponts avec la Hollande pour renaître et devenir des Afrikaners. Comme Jacobus a exploré l'intérieur de l'Afrique du Sud, Michaël K., lui, explore les forêts, les velds ou les brousses de son pays. C'est la raison pour laquelle Rita Barnard voit en Michaël K. sa vie, son temps une manifestation caractéristique du roman pastoral sud-arficain :

K's mode of farming, écrit -elle, rewrites, both despite and because of its invisibility, the rules of the game of the South African pastoral. He reserves the idea of plenty through starvation, the idea of self-affirmation through self-erasure, the idea of rural dwelling and settlement through drifting habitation. In this ways he keeps alive the idea of gardening in a time of war81(*).

Étant donné que le roman pastoral consiste le plus souvent en amours contrariés, et le dénouement est en général l'union des couples longtemps séparés par des aventures diverses, on peut conclure que Coetzee suggère dans Michaël K., sa vie, son temps la nécessaire prise en charge des terres ou des forêts en Afrique du Sud par l'Afrikaner. De cette prise en charge dépend sans doute une plus grande cohésion du groupe.

A world of strangers82(*) contient moins d'éléments constitutifs du roman de formation que Michaël K., sa vie son temps. Mais il n'en constitue pas moins un. En effet, Toby Hood, personnage central de A world of strangers est un jeune homme issu de la bourgeoisie anglaise. Il arrive à Johannesburg à seule fin de relayer Arthur Hollward, patron depuis plus de 15 ans de la firme Aden Parrot appartenant à la famille. Toby est affecté par Aden Parrot, dans le pays de l'Apartheid avec pour mission d'inspecter les librairies et de promouvoir la commercialisation du livre. (AS :36)

Dans la jeunesse de Toby en Angleterre, on peut s'arrêter sur une scène qui permet d'établir un parallèle avec la conduite de Michaël dans Michaël K., sa vie, son temps. Toby affectionne en effet non seulement l'épée mais aussi une citation de l'ancien colonel de l'armée que fut son grand-père. Ce dernier s'était servi de ladite épée pour stopper les Boers. Seulement, l'objet de désir du jeune Toby est la cause du chagrin de ses parents. Alors qu'il désire que cet héritage soit mis en exergue dans la salle de séjour familiale, sa mère s'en offusque vivement et lui réplique : «Toby, you don't want to hang that thing up there, really, darling ... Toby, I will not have that thing hanging here or anywhere. Not the sword. Not the citation. Positively not. » (AS : 33)

C'est en se souvenant que les Boers ont été des adversaires réels des Anglais alors décidés de prendre les terres des Afrikaners d'origine hollandaise que l'on comprend que la venue de Toby en Afrique du Sud n'est pas un fait de hasard. Aussi faut-il considérer le chagrin de la mère de Toby face à l'épée du grand-père comme un embrayeur disposé à l'intention du lecteur idéal afin qu'il ou elle y voit la direction que Gordimer aimerait voir l'Afrique du Sud prendre : une Afrique du Sud où les diverses communautés vivraient en harmonie. Cette réflexion est d'autant plus crédible que Gordimer estime que « la poésie est à la fois une cachette et un haut parleur.»83(*)

De la scène avec l'épée, on se rend compte que le jeune Toby présente déjà des dispositions à produire le contraire de ce que ses parents attendent de lui. Ce sens de la désobéissance se développe progressivement chez Toby. Alors que par exemple les siens attendent de lui qu'en allant en Afrique du Sud, il leur rapporte des faits et réalités de la ségrégation raciale, Toby les défie en réagissant de la manière suivante :

I want to live! I want to see people who interest me and amuse me, black, white, or any colour. I want to take care of my own relationships with men and women who come into my life, and let the abstractions of race and politics go hang. I want to live! And to hell with you all! (AS : 36)

Parvenu en Afrique du Sud, le besoin de rompre avec les normes ou valeurs de son groupe social se radicalise. Toby se lie en effet d'amitié avec l'artiste noir Steven Sitole. Toby, se dresse pratiquement contre les normes et les codes du groupe auquel il appartient.

Il fréquente des townships souvent jusqu'à tard dans la nuit. Il introduit des Noirs dans l'appartement réservé aux Blancs bourgeois que la compagnie Aden Parrot loue pour lui. À cause de ce dernier sacrilège, sa bailleresse, Mme Jarvis se trouve dans l'obligation de rappeler Toby à l'ordre :

I wanna tell yoo, Mr Hood, whatever yoo been used to, this is'n a location84(*), yoo can't 'ev natives. If yoo bringing natives, yoo'll 'ev to go... Yoo can't bring kaffirs in my bullding... Sitting there like this is a bloody backyard location, I mean to say, the other tenants is got a right to 've yoo thrown out. Kaffir women coming here, behaving like scum, living with decent people. Wha'd'yoo think, sitting here with kaffirs... (AS : 216)

Malgré ce rappel à l'ordre, Toby continue de passer plus de temps avec le dramaturge Sitole, faisant progressivement des découvertes sur la réalité des townships.

Tout se passe avec Toby comme s'il se découvre la mission d'explorer l'univers du Noir en Afrique du Sud. Son altruisme vis-à-vis de Sitole lui permet d'exposer un des multiples enjeux de sa démarche : le Noir, symbolisé par Sitole, finit par perdre toute méfiance à l'égard du Blanc. Aussi est-il ouvert à ce Noir la voie des confusions fallacieuses au sujet du Blanc. Steven Sitole cesse par exemple de voir dans l'insensibilité de Toby vis-à-vis des femmes noires une conduite raciste alors que la vérité est bien toute autre :

I understood, note Toby, that he (Sitole) meant what he said; it was a cover for some reservation he had about me, some vague resentment at the fact that I had not been attracted by any African woman. He, I knew, did not suspect me of any trace of colour-prejudice; he attributed my lack of response to something far more wounding, because valid in the world outside colour, he believed that African women were simply not my physical concomitants. It was a slight to him; hypothetically, he had shown me some woman he had possessed and I had detracted from his possession by finding her unbeautiful. (AS : 215)

Que ce soit Toby qui fasse ces observations, porte à croire que celui-ci expérimente une conduite qu'il suggère par le même coup à son groupe. En s'écartant des normes et conduites de son groupe, Toby le rejoint plus subtilement dans la mesure où il dérive une domination qui prend en charge non plus le corps physique du noir, mais sa psychologie. Toby reprend à sa manière les thèses sur l'humanisation des peines que Michel Foucault développe partant du détenu Damien dans Surveiller et punir85(*). Toby est d'ailleurs conscient du paradoxe nécessaire sur lequel repose sa démarche: « a man should have to lose himself (...) in order to find himself » (AS : 34), pense-t-il.

Toby est donc décidément engagé à connaître le Noir, non pas tellement pour le sortir du ghetto, mais pour lui faire ignorer que sa place est dans le ghetto. Il s'agit pour Toby de plonger le Noir dans un sommeil profond. Sinon, comment comprendre que quelques jours avant le décès de Sitole, Toby et ses amis Blancs traînent dans la brousse où ils vont faire la chasse de trois esclaves noirs pour leur assurer des petites taches telles que puiser de l'eau, ramasser du bois ou faire les lits ? (AS : 239)

Sam est, aux yeux de Toby, le Noir idéal. Cet homme avec qui Toby passe le plus son temps, après que Sitole soit mort suite à un accident de circulation, envie les valeurs et gadgets en provenance du milieu auquel Toby appartient. Dans l'extrait suivant, Sam se maudit en tant que Noir et entrevoit son bonheur dans les termes que lui prête l'univers de Toby :

Toby, the black skin's not the thing. If you know anybody who wants to know what it's like to be a black man, this is it. No matter how much you manage to do for yourself, it's not enough. If you've got a decent job with decent money it can't do you much good, because it's got to spread so far. You're always a rich man compared with your sister or your brother, or your wife's cousins. You can't ever get out of debt while there's one member of the family who has to pay a fine or get sick and go to hospital. And so it goes on. If I get an increase, what'll it help me? Someone'll have to have it to pay tax or get a set of false teeth. (AS : 255)

La conséquence de la convoitise de Sam vis-à-vis des valeurs du monde de Toby est une espèce de regard pathologiquement horrifié en direction de son identité, de sa personnalité ou de son espace d'origine. Cette claustrophobie raciale explique l'émerveillement de Sam pour des valeurs de l'univers de Toby et le conditionne à refouler son pouvoir de s'engager à bras-le-corps pour une amélioration endogène des conditions de vie de son univers. C'est la raison pour laquelle Sam se métamorphose en conducteur et réparateur de la voiture de Toby, le temps du séjour de ce dernier à Cape Town à la fin du récit. (AS: 264) Toby y va en effet pour poursuivre ses obligations professionnelles.

Comparé à l'intrigue d'Une saison blanche et sèche d'André Brink86(*), où Ben Du Toit, personnage central blanc, meurt au même titre que Jonathan Gubene et Gordon Gubene le père de Jonathan, Toby, dans A world of strangers, poursuit tranquillement sa mission en Afrique du Sud après la mort de Sitole qu'il a pourtant cru devoir soutenir. Voilà qui trace une ligne de démarcation radicale entre l'esthétique de Gordimer et celle de Brink. Ce dernier réussit à réaliser ce que Nick Visser appelle la fiction radicale lorsqu'il développe le concept de roman libéral87(*).

Pour tout dire, au moyen de Toby se construisant dans les heurts avec la réalité et avec autrui, Gordimer traduit sa vision du monde qui ne s'éloigne pas assez de celle de son congénère John Coetzee. Cette vision du monde, Kathrin Wagner l'expose en des termes suivants: « Gordimer's necessary entrapment in both class and historical moment in South Africa makes her unavoidably vulnerable to the unconscious inscriptions of its stereotypes and clichés despite her sharp awareness of such dangers »88(*).

* 76 Mouvement esthétique et littéraire qui se développe à travers l'Europe à partir des dernières années du XVIIIe siècle. Le romantisme est une dynamique, en rapport direct avec la dynamique historique et la conscience nouvelle qu'on en prend. Chez le héros romantique, le devenir l'emporte sur l'être, même si ce devenir est incertain, le présent instable, et l'époque décevante. Sur le plan esthétique, le romantisme conduit à relativiser les règles et décloisonner les genres. La conscience historique entraîne à rechercher la «couleur » propre à chaque siècle et contribue à faire émerger la notion de modernité qui est la «couleur» du présent. Enfin, le romantisme fait confiance à l'imagination, la première et la plus rare des facultés selon Alfred de Vigny (1832). L'imaginaire littéraire, nourri de la vision des siècles passés, de l'Orient, des littératures étrangères, des traditions populaires, s'ouvre au rêve, à des formes renouvelées du mythe, au délire (Nerval) et prépare à l'exploration de l'inconscient. Voir Yves Vadé, «romantisme» in Michel Jarrety (s/d)., Lexique des termes littéraires, Paris, Gallimard, 2001, pp. 384-387.

* 77 Désormais les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle MK suivi de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.

* 78 « il mangeait le pain de la liberté », s'impressionne un de ses gardes au camp de Jakkalsdrif. Voir Michael K., sa vie, son temps, op. cit., p. 176.

* 79 Sun Tse, L'art de la guerre, cité par Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle, Paris, Gallimard, 1988, p. 11.

* 80 Jacobus Coetzee est un ancêtre de John Coetzee qui a participé à l'exploration de l'intérieur du continent africain. Voir David Coad «John Maxwell Coetzee» in Notre librairie, Littérature d'Afrique du sud2, op. cit., p. 20.

* 81 Rita Barnard, Apartheid and beyond... op. cit., p. 32.

* 82 Désormais les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle AS suivi de la page et placées entre parenthèses dans le corps du texte.

* 83 Nadine Gordimer, citée dans http://www.evene.fr/celebre/biographie/nadine-gordimer-1539.php

* 84 Il convient de souligner que « location » est un concept qui traduit l'imaginaire ostraciste des colons blancs en Afrique du Sud. Dans cette logique de ravalement du Noir à la sauvagerie, ou à un simple objet dont on s'en sert pour réaliser son rêve de puissance, location a succédé à la notion de homeland et a précédé la notion de township. Voir à ce propos Sipho Sepamla (entretien avec), «Au-delà de l'amertume» in Notre Librairie, Littérature d'Afrique du Sud1, op.cit., p. 122.

* 85 Voir Michel Foucault, Surveiller et punir, Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 14.

* 86 André Brink, Une saison blanche et sèche, Paris, Stock, 1980.

* 87 Voir Nick Visser, « The novel as liberal narrative: The possibilities of radical fictions », in Works and Days, 1985, cité par Kathrin Wagner, Rereading Nadine Gordimer, op.cit. p. 2.

* 88 Kathrin Wagner, Rereading Nadine Gordimer, op. cit., p. 70.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo