CHAPITRE III. THÉORIES PSYCHOLOGIQUES DE LA
SURDITÉ
La surdité, comme nous avons eu à le souligner
dans le chapitre premier consacré à l'élucidation des
concepts clés de notre étude, décrit une situation de
handicap se matérialisant par un déficit auditif. Elle se
présente sous de multiples formes tout comme son étiologie est
aussi variable (Sillamy, 1980, p.1150).
Avec le présent chapitre, nous reprenons et discutons
certaines théories susceptibles de nous permettre de mieux comprendre ce
phénomène de la surdité et surtout son éventuelle
incidence sur le plan de fonctionnement cognitif en général et
sur la mémoire de travail en particulier de l'individu qui en est
atteint. Nous nous intéressons notamment aux différentes formes
de surdités, aux différents modèles de classification
clinique des surdités, aux causes de la surdité et à ses
conséquences.
III.1. Formes de surdités
Il existe plusieurs modèles de classification des
surdités. La classification que nous avons choisie de considérer
dans le cadre de notre dissertation est celle que propose Virole (2000) ; car
elle nous paraît plus complète que les autres par le fait qu'elle
tient compte de plusieurs axes. Elle fait valoir trois groupes de
surdités selon trois axes de critères pris en compte : une
classification dite clinique, une classification fondée sur la date de
l'acquisition, et une classification dite audiométrique.
III.1.1. La classification clinique des
surdités
La classification des surdités dite clinique se fonde
sur la partie anatomique de l'oreille dysfonctionnelle et/ ou
traumatisée. Cela étant dit, elle établit trois formes de
déficiences auditives à savoir la déficience auditive de
transmission, la déficience auditive de perception et la
déficience auditive retro-cochléaire. Examinons, ci-dessous, la
manifestation de chacune d'elles.
III.1.1.1. La déficience auditive de
transmission
Selon nos deux auteurs de référence (voir
supra), la déficience auditive de transmission se traduit par une
déficience auditive de l'oreille moyenne, du tympan et de la
chaîne ossiculaire. Elle est soit acquise (cas de l'otite séreuse
qui est la cause la plus fréquente de l'hypoacousie de transmission chez
l'enfant) ou soit génétique (cas de l'aplasie mineure de la
chaîne ossiculaire). Dans ces deux situations, elle est
généralement (99% de cas) consécutive aux traumatismes de
l'oreille externe ou de l'oreille moyenne en méme temps qu'elle
occasionne peu de déformations acoustiques. La déficience
auditive de transmission laisse intacte la cochlée et la perte auditive
dépasse très rarement les 60 décibels HTL (Hearing Tone
Level). Il s'agit d'une déficience réversible par traitement
médicamenteux. Cette forme de déficience auditive présente
peu de conséquences sur le plan psychique quoi qu'elle occasionne un
problème d'accès à l'information retentissant sur le
développement du langage et la scolarisation normale. Cela doit
cependant faire objet de nuance car les cas d'aplasies totales et partielles de
l'oreille externe et / ou du conduit auditif sont porteurs de
difficultés psychologiques particulières comme les troubles de
l'image du corps.
III.1.1.2. La déficience auditive de
perception
Nous apprenons toujours de Virole (2000, pp.84-85) que la
déficience auditive de perception est celle secondaire à des
atteintes de l'oreille interne (surtout au niveau des cellules sensorielles de
l'organe de corti de la cochlée). Elle est irréversible car
résultant du traumatisme total ou partiel de l'épithélium
neurosensoriel. C'est cette forme de déficience auditive qui fournit la
gamme de surdités sévères avec des incidences profondes
sur le développement du langage. L'individu qui en souffre
présente de très sérieuses difficultés de
discernement de deux sons de fréquences voisines.
Il existe cependant, nuance-t-il (ibid.), des cas de
déficiences auditives mixtes associant aussi bien la surdité de
perception que celle de transmission. Ces déficiences mixtes sont soit
transitoires (otite séreuse ou séro-muqueuse), soit
définitives (malformations complexes, syndrome de Mondini).
III.1.1.3. La déficience auditive
rétro-cochléaire
La déficience auditive rétro-cochléaire
serait très peu fréquente. Elle ne peut être isolée
que par l'audiométrie par clicks et la mesure de seuils
différentiels temporels. Les atteintes rétrocochléaires ne
peuvent pas être mises en évidence par l'audiométrie
simple. On commence par les soupçonner sur l'anamnèse et devant
certaines discordances entre le niveau de compréhension ou d'expression
du langage oral (Virole, 2000, p.85).
III.1.2. La classification selon la date de l'acquisition
de la surdité
La perspective de classification fondée sur la date de
l'acquisition de la surdité est d'un grand intérêt pour
notre étude, surtout que la variable relative à l'époque
d'apparition a été prise en compte dans la définition
opérationnelle du mot surdité retenue pour notre recherche.
L'approche de classification des déficits auditifs basée sur la
date de l'acquisition distingue les déficiences auditives
précoces des déficiences auditives acquises postnatales et
pré-linguistiques.
III.1. 2.1. Déficiences auditives
précoces
Les déficiences auditives dites précoces
remontent généralement à la période
prénatale. Elles sont soit génétiques (le plus souvent
géniques, parfois chromosomiques), soit causées par des
pathologies embryonnaires ou foetales (rubéole congénitale,
foetopathie à cytomégalovirus) ou résultent
carrément des pathologies périnatales ou postnatales (pathologie
néonatale anoxique, infectieuse, grande prématurité)
(Virole, 2000, p.86).
Les surdités génétiques (ibid.) sont les
plus fréquentes ; elles représentent au moins 40% de tous les cas
de surdités précoces et peuvent être associées
à d'autres séquelles neurologiques ou sensorielles. La
majorité des cas de surdité précoce induisent des troubles
électifs de l'audition sans pour autant occasionner d'autres
répercussions organiques majeures.
III. 1. 2. 2. Déficiences auditives acquises
postnatales et pré-linguistiques
Les déficiences auditives acquises postnatales et
pré-linguistiques se manifestent durant la première année
de la vie et surtout avant l'acquisition du langage. Il existe toutefois des
cas particuliers de fragilités cochléaires où l'enfant,
pourtant né avec une audition fonctionnellement irréprochable,
décompense par suite d'affections ORL mineures. Au regard de la
bénignité de ces affections (qui n'auraient pas dü- dans des
conditions normales- avoir des complications aussi graves), il est permis de
penser qu'elles ne sont pas la cause réelle de cette surdité mais
que l'enfant en était potentiellement affecté (Virole, 2000,
p.87).
III.1.2.3. Déficiences auditives
linguistiques
Les déficiences auditives linguistiques sont des
déficiences qui apparaissent en même temps que l'acquisition du
langage. Elles produisent sur ce dernier des effets moins notables que les
surdités pré-linguales. Cela est d'autant plus vrai que certains
acquis articulatoires ou phonétiques vont subsister après que la
surdité se soit installée. Le constat est tel que les deux ou
trois premières années de pleine audition et communication
vaco-acoustique tombent sous la coupe de l'amnésie infantile (Virole,
2000, p.87).
III.1.2.4. Déficiences auditives
post-linguistiques
Les déficiences auditives post-linguistiques sont,
d'après Virole (2000, p.87) celles acquises après l'installation
complète du langage. Dans cette variété de surdité,
on recense notamment les presbyacousies du troisième age et les
surdités acquises de façon brutale. Elles s'accompagnent des
effets audiophonologiques singuliers comme la perte de contrôle
audiophonatoire de la voix qui, privée d'autorégulation
acoustique, se traduit par la perte de qualités harmoniques.
Sur le plan psychologique, cette catégorie de
surdité s'accompagne d'un vécu particulièrement douloureux
s'accompagnant d'une dépression grave et des phénomènes de
désorganisation perceptive pouvant aller même jusqu' à des
troubles psychopathologiques graves (Virole, 2000, p.88).
III.1.3. La classification audiométrique des
surdités
La classification audiométrique des surdités
correspond à la troisième typologie selon Virole (2000). Elle se
fonde, d'après eux, sur la notion de seuil liminaire d'une audition
normale, la normalité étant entendue ici au sens d'une
valeur statistique du seuil d'audition chez un grand nombre d'adultes jeunes
à oreilles normales (Virole, 2000, p.88). L'audiométrie
étant l'étude métrologique de l'audition ; cette approche
métrologique a, de l'avis de nos deux auteurs de
référence, produit un effet sensible sur le vocabulaire
usité dans le monde de la psychologie. Ils observent qu'il est devenu de
bonne presse de parler de déficient auditif en lieu et place des termes
arbitraires et péjoratifs de « sourd », « demi-sourd
» et « malentendant ». Et l'ampleur d'une déficience
auditive est appréciée à l'aune d'une échelle de
gravité établie par le Bureau International d'Audiophonologie
(cfr Virole, 2000, p.90).
Sous cette perspective, ajoute-t-il, on distingue l'audition
normale (seuil auditif inférieur à 20 décibels sur la
moyenne des fréquences nécessaires à la perception de la
parole), la déficience auditive légère (seuil compris
entre 20 et 40 décibels), la déficience auditive moyenne (seuil
variant entre 40 et 70 décibels), la déficience auditive
sévère (seuil variant entre 70 et 90 décibels) et la
déficience auditive profonde (seuil d'audition supérieure
à 90 décibels). Enfin, retenons-nous de lui, pour les
écoliers à déficience auditive, les perceptions auditives
sont produites par des bruits de forte intensité mais sont entendues
avec des atténuations.
Pour compléter notre tableau de compréhension du
phénomène de la surdité, et suite à ce survol des
formes de surdité et des indices de leur manifestation, nous avons alors
orienté la revue critique de la littérature sur la
découverte de ses causes.
III. 2. Causes de la surdité
Tout comme les formes de la surdité, ses causes sont
aussi très variées. Egalement, sur ce sujet, formes et causes ne
sont pas totalement indépendantes. Trannoy (1971, p.13) isole par
exemple deux formes de surdité respectivement liées à deux
causes différentes : la surdité de nature
héréditaire et la surdité acquise.
Pour lui (ibid.), la surdité prénatale est, dans
les proportions de 30 à 40%, héréditaire, tandis qu'elle
est acquise dans le reste des cas. Pendant la grossesse, les causes les plus
fréquentes sont les infections pendant la grossesse comme une
intoxication médicamenteuse, des irradiations, et
l'incompatibilité rhésus.
S'agissant des causes néo-natales, il relève
notamment les causes suivantes : la prématurité, l'anoxie,
l'ictère, le traumatisme obstétrical. Quant aux surdités
de transmission post-natale, il en identifie notamment les traumatismes,
obstruction de conduits, angiome, infections (otites), tandis que les
surdités de perception sont causées par des lésions du
labyrinthe, détruisant des fonctions cochléaires et
vestibulaires, certains virus et médicaments.
III.3. Conséquences de la
surdité
Une autre question à laquelle nous ne pouvons pas nous
soustraire, dans le cadre de notre recherche de compréhension du
phénomène de la surdité, est celle relative aux
conséquences qui en découlent d'autant plus que ce sont elles qui
affolent, déstabilisent, posent problème.
En effet, la surdité, comme tout handicap d'ailleurs,
présente des conséquences notoires tant pour celui qui en est
atteint que pour son entourage. Le choix de nous appesantir sur cet aspect en
rapport avec les conséquences de la surdité nous est, de toute
évidence, imposé par la nature de notre sujet d'étude qui
s'inscrit dans une logique comparative. La comparaison envisagée entre
les écoliers entendant et non entendant est autrement dit une
façon d'envisager les probables conséquences de la surdité
sur le fonctionnement mnésique. Cela étant dit, il apparaît
que pour juger de la situation du sourd, c'est toute l'évolution, la
formation de l'intelligence et de la personnalité qu'il faudrait
embrasser. Une déficience physique n'est jamais strictement locale
(Oléron, 1969, p.5). Il est donc légitime et logique de
présumer que les répercussions de la surdité affectent
toute la vie personnelle et sociale du sujet. Cette idée est
également corroborée par Colin (1978, p. IX) quand il dit que la
privation de l'ouï atteint le développement d'un ensemble de
capacités et d'aptitudes en rapport avec l'acquisition de la langue et
ne favorise pas un développement harmonieux de la personnalité.
De là, nous sommes en droit de déduire que la première
conséquence de la surdité, surtout quand elle intervient pendant
la phase pré-
linguistique, est la mutité. Ces deux
déficiences, comme le souligne Oléron (1969, p.7) ne sont pas
réunies par hasard, c'est- à -dire simplement juxtaposés.
La langue, résultat du processus de socialisation, ne s'acquiert qu'en
entendant les autres la pratiquer.
Sur le plan du développement physique, il semble qu'il
n'y a pas de grande différence entre l'enfant sourd et l'enfant normal.
Néanmoins, la marche interviendrait avec un grand retard en comparaison
à la moyenne d'enfants. L'explication à ce
phénomène serait que, dans le cas de perte auditive, le sens de
l'équilibre (on sait que l'oreille interne en est le siège)
serait atteint (Oléron, 1969, p.29). Comme explication
complémentaire, il est aussi dit que le retard de l'acquisition de la
marche est imputable au fait que l'enfant sourd ne peut pas entendre les
encouragements et les exhortations qui l'aideraient à se risquer dans
cette nouvelle activité (Oléron, 1969). Nous estimons de notre
côté que cette idée reste contestable dans la mesure
où le langage d'encouragement n'est pas qu'exclusivement verbal. De
petites gratifications ou un simple regard encourageant sont autant des signes
de complicité de nature à impulser l'enfant à plus
d'efforts. Virole (2000, p.282) ne dit pas le contraire quand il objecte que si
le travail éducatif perd en intensité ou en qualité, les
enfants sourds peuvent être très rapidement pris dans une spirale
régressive due au fait que la pauvreté des interactions avec le
monde physique empêche le développement des activités
motrices rendant alors les interactions encore plus difficiles.
Nous déduisons de cette appréciation de Virole
qu'il ne serait pas pertinent de considérer les effets de la
surdité comme étant irréversibles et absolus. Ils
dépendent beaucoup plus des aspects relationnels caractéristiques
de l'environnement de vie de la personne sourde.
Sur le plan psychologique, il n'y a pas de profil
psychologique propre aux personnes sourdes. « Ce sont des individus, des
personnalités atteints de déficience auditive, chez lesquels la
surdité a pu majorer, restreindre, dévier un trait de
personnalité né de l'interaction de l'individu et de son milieu
» (Lavallée, 1989, p.94). A propos justement des relations du sourd
avec son environnement, Gakobwa (1998, p.17) dit qu'il s'en suit une
raréfaction de sécurisation par rapport à l'enfant
entendant ; ce dernier est averti par expérience des bruits familiaux
qu'on s'occupe de lui ou tout au moins qu'il n'est pas seul. Alors que l'enfant
entendant, poursuit-elle
(ibid.), apprend les interdits, les renforcements positifs ou
négatifs (routines, valeurs, normes) par les échanges avec
l'entourage via la parole, l'enfant sourd peut atteindre l'age scolaire sans
qu'il ait acquis certains apprentissages indispensables à sa
socialisation. Le problème est d'autant plus complexe que le langage
gestuel, supposé être un palliatif, ne permet pas de
véritable insertion dans le monde des entendants.
De surcroît, en milieux éducatifs, l'enfant sourd
se heurte nécessairement à des refus. Cela est tout à fait
normal et courant car il serait irréaliste de prétendre à
la satisfaction de toutes les revendications en même temps et au
même moment. Cela est frustrant pour toute personne mais la situation
risque de s'exacerber pour l'enfant non entendant surtout qu'il est difficile
de lui fournir une explication ou lui faire une promesse pour plus tard. Il y a
donc une forte probabilité que l'enfant développe une impression
d'hostilité alors que cela relève d'une simple banalité
pour l'enfant entendant dont les propos affectueux des parents ou autres
éducateurs, pour justifier le refus, finissent par le convaincre qu'il
est aimé. De cette anomalie des contacts sociaux, peuvent donc s'en
suivre des modifications de la vie affective du sourd qui risque de se sentir
incompris et pourrait éprouver des sentiments négatifs à
l'endroit de l'entendant (Oléron, 1969, p.34).
Par ailleurs, de par les réactions parfois hostiles et
méprisantes de l'entourage à l'endroit de la personne atteinte de
surdité, cette dernière risque de se sentir comme continuellement
attaquée et son amour propre pourrait en pâtir. Cela justifie peut
être pourquoi la surdité provoque des réactions très
fortes émotionnellement pour l'handicapé lui-même qui finit
parfois par se considérer comme un être sans valeur, objet de
ridicule et une risée publique. Ce vécu psychologique parfois
fait de frustration causée par les attaques ouvertes ou sordides de la
communauté induit parfois des conséquences sur le plan
comportemental. C'est vraisemblablement suite à ce constat que certains
théoriciens ont adopté un langage globalisant qualifiant le sourd
d'être instable, coléreux, impulsif, égocentrique,
frustré, méfiant, dépendant et suggestionnable, sans
esprit critique et immature (voir Colin, 1978, p.96). Ces propos paraissent
pour nous discutables. Cela est moins convaincant de réduire la
personnalité de l'individu à son statut d'handicapé ou
non. Nous disons simplement qu'il existe des différences sur le plan
comportemental entre les personnes « non entendant », tout comme il
en existe d'ailleurs entre les personnes « entendant ».
DEUXIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
CHAPITRE IV. PROBLÉMATIQUE, HYPOTHÈSES DE
RECHERCHE ET VARIABLES
IV.1. Problématique
Depuis des lustres, l'handicap n'a cessé d'intriguer
les sociétés ; il a toujours suscité des sentiments
mitigés allant de la pitié à l'hostilité. Il
constitue souvent un véritable choc dans l'esprit de la famille de la
personne handicapée, un sérieux coup dur à son
équilibre au niveau micro et une vraie question de société
sur le plan macro.
Les réactions vis-à-vis du handicap et du
handicapé ont toujours été différentes selon les
sociétés ou, pour mieux dire, selon ce que les
sociétés considèrent pour elles comme idéal. Par
exemple, dans l'Antiquité grecque à Spartes, avec une forte
civilisation guerrière, les enfants qui naissaient avec un handicap
ostentatoire étaient systématiquement éliminés car
considérés comme inaptes au combat, à la défense
des intérêts de la cité. En Ouganda, sous le règne
du dictateur Idi Amin Dada (1971-1978), il se raconte que des centaines
d'handicapés et autres catégories de marginalisés vivant
de la mendicité ont été jetés, vivants, dans le lac
Albert. Ces cas d'intolérance poussée à l'extrême ne
sont que des illustrations choisies par hasard car ces phénomènes
d'homicide dirigés contre les handicapés ont, dans le
passé, existé dans diverses sociétés (voir
Ndayisaba et De Grandmont, 1999, p.60).
Au Burundi, l'handicap revêtait dans le passé, et
méme encore aujourd'hui, une connotation négative. Pour s'en
convaincre, il suffit d'analyser la morphologie du mot qui, en kirundi (la
langue du Burundi), désigne la personne handicapée. Ce mot est
« Ikimuga ". Sa structure morphologique est la suivante : i-- ki--muga.
L'élément « i--" est, dans cette structure, l'augment ou la
voyelle initiale comme on en trouve à tous les substantifs.
L'élément «-- ki--" est un préfixe nominal, tandis
que «-- muga" correspond au thème, sémantiquement
véhiculant l'idée méme
d'handicap/handicapé. Normalement, lorsqu'un
thème soulève l'idée d'une personne, on
luiapplique comme préfixe nominal l'élément (le
morphème) « -- mu--" (de la classe 1 dans une
classification de seize préfixes nominaux) (voir
Ntahokaja, 1994, p.61). Si tel avait été le cas, la personne
handicapée serait, en kirundi, désignée pour ce concept
par le vocable « umumuga " (u--
mu-- muga). Mais il n'en a pas été ainsi; la
langue a préféré pour ce concept le vocable « ikimuga
", substituant ainsi le préfixe nominal «-- mu--" par « --ki--
" (de la classe six de la classification des préfixes nominaux) avec,
derrière, cette idée à double sens : d'une part « une
chose ", donc pas une personne, d'autre part, une « personne antipathique
". Autrement dit, quand ce préfixe nominal est utilisé pour
désigner une personne, cela traduit généralement une
dépréciation de sa valeur.
Certes, au Burundi, la tradition a toujours
toléré la naissance d'un enfant handicapé. Mais il n'en
demeure pas moins que cet enfant n'était pas l'objet de fierté
familiale. La parfaite illustration en est le fait que l'enfant
handicapé n'était pas montré aux visiteurs. Il vivait
caché à l'arrière--cour, un peu à l'écart de
la société. Enfin, un proverbe consacré comme «
Ikimuga gisumba imva » (Mieux vaut un handicapé qu'une tombe)
prouve en revanche à suffisance que l'handicapé a une valeur
infinitésimale.
Avec le temps, les mentalités ont pu évoluer.
L'handicap, quoi que nul ne le souhaite ni pour lui ni pour les siens, est
devenu un mal que l'on apprivoise et sur lequel il est possible d'agir afin de
rendre la personne handicapée plus ou moins autonome. Aujourd'hui, le
mot « handicap " ne rime plus forcément avec dépendance
totale et irréversible. La personne handicapée peut aspirer
à toutes les opportunités qu'offre la vie. Par exemples, les
meilleures télévisions du monde disposent de créneaux dans
les horaires pour des informations destinées aux personnes « non
entendant ", et certaines grandes universités exigent que leurs
enseignants soient à mesure de communiquer dans le langage des signes,
de même que des centres d'éducation spécialisée
adaptés aux différentes formes d'handicaps se sont
développés par--ci par--là. Cette révolution des
mentalités procède d'une conviction que cette catégorie
d'êtres humains est dotée des mémes potentialités
que le reste de ses semblables. Cela étant dit, les personnes
handicapées ont légitimement droit à tous les droits dont
celui à la culture.
Le fait que le thème de la surdité (une forme
d'handicap) ait été au centre de recherches conduites par des
étudiants de notre Faculté de Psychologie et des Sciences de
l'Education à l'Université du Burundi (voir Gakobwa, 1998 ;
Hakizimana, 1995 ; Muhitira, 1984 ; Nijimbere, 1991 ; Niyonsaba, 2008 ; etc.)
nous paraît être aussi un indicateur de l'intérêt sans
cesse croissant que
suscite ce phénomène dans le contexte burundais.
Cependant, s'il est évident que la surdité a pu exercer un
attrait pour des recherches psychologiques et éducationnelles, force est
pour nous de constater que l'aspect qui y est principalement récurrent
est celui relatif à ces implications psychosociales ou aux
représentations que s'en fait la communauté. L'aspect de ses
incidences sur le plan du fonctionnement cognitif n'a pas encore
été abordé dans le cadre de la culture burundaise.
L'originalité de notre étude par rapport
à celles-là qui l'ont précédée réside
dans le fait qu'elle cherche à comprendre particulièrement le
fonctionnement cognitif chez des personnes sourdes. Sous cet angle, le choix de
la fonction mnésique repose sur la conviction que la mémoire est
une composante essentielle du fonctionnement intellectuel de l'être
vivant. Elle est la fonction psychologique qui nous est la plus
familière tant elle est liée à toutes nos activités
quotidiennes. C'est en raison de son importance que depuis l'Antiquité,
les plus grands philosophes se sont intéressés à cette
capacité étonnante que possèdent les animaux, celle de
pouvoir conserver des souvenirs passés et de se les rappeler, de les
utiliser dans les activités présentes (Fontaine, 1999, p.126).
Le constat qui s'impose est que les études comparatives
sur la mémoire de travail chez les sujets entendant et les sujets non
entendant ne sont pas nombreuses. Les quelques cas relevés dans les
contextes autres que le contexte burundais nous ont éclairé en
matière de connaissance de ce champ de recherche, en foi de quoi nous
avons voulu explorer ce terrain relativement vierge. En effet, notre revue
critique de la littérature, dans sa section consacrée aux
conséquences de la surdité, nous a permis de réaliser que
les effets de la surdité sur le plan psychosocial sont incontestables.
Or, l'individu fonctionnant comme un tout indissociable, il s'avère
également pertinent de présumer que le phénomène
peut avoir des répercussions sur le plan intellectuel, notamment sur la
mémoire. Cette supposition n'est pas en contradiction avec les propos
suivants de Lang (1976, p. 37), toujours sur la surdité : « Il
existe en dehors de la fréquence d'un retard de la marche et des
troubles légers de l'équilibre, une mauvaise mémoire
verbale et abstraite, des difficultés conceptuelles essentiellement
liées au retard intellectuel qui, les unes que les autres vont
entraîner des difficultés d'apprentissage ». De
surcroît, les sourds précoces sont généralement
privés du langage alors que ce dernier est à la fois un outil et
un support de la
pensée permettant l'assimilation des notions abstraites
(Ndayisaba et De Grandmont, 1999, p.131). Par ailleurs, le test d'intelligence
par l'échelle d'intelligence de Borelli et Oléron fait
état d'une supériorité d'au moins une année
d'avance des enfants entendant sur les enfants sourdsmuets méme quand
ces derniers ont bénéficié d'un enseignement
spécialisé (cfr Perron, 1979 repris par Ndayisaba et De
Grandmont, 1999 ).
En général, la plupart des recherches
comparatives déjà menées portant sur la mémoire
font état d'une supériorité des personnes entendant sur
celles non entendant. Par exemple, Colin (1979, p.48) remarque qu'une
étude de Pintner et Paterson (1917) portant sur un échantillon de
500 sujets âgés entre 7 et 26 ans a permis de dégager une
supériorité des personnes entendant en comparaison aux personnes
non entendant. Par ailleurs, Colin (ibid.), reprenant les résultats de
la recherche menée par Babauzit (1949) sur un échantillon de 242
sujets âgés de 8 à 20 ans, a également mis au grand
jour une supériorité notoire des sourds tardifs sur les autres
sourds. Néanmoins, outre le fait que ces recherches sont relativement
anciennes, il reste également évident qu'elles ont eu pour
population d'étude des personnes issues d'aires culturelles et
géographiques éloignées des nôtres. Cela
étant dit, dans le cas de notre recherche que nous voulions mener au
Burundi, la question qui nous tenait à coeur était celle de
savoir s'il y a des différences de fonctionnement cognitif entre des
écoliers entendant et ceux non entendant, et particulièrement en
ce qui est de la performance de la mémoire de travail. Nous avons fait
de cette question notre question problématique générale.
Face à elle, nous avons par la suite émis des réponses
provisoires (hypothèses) que nous avons alors soumises à la
vérification.
IV.2. Hypothèses de recherche IV.2.1.
Hypothèse générale
C'est dans le cadre des cultures occidentales que quelques
études comparatives entre des personnes entendant et des personnes non
entendant ont permis de conclure à une supériorité des
premières sur les dernières. Corollairement à ces
résultats et dans le cadre d'une culture différente, nous avons
émis l'hypothèse selon laquelle les écoliers
entendant du Burundi seraient aussi plus performants que les écoliers
non entendant sur le plan de l'efficience de la mémoire de
travail.
34 IV.2.2. Hypothèses opérationnelles et
variables IV.2.2.1. La variable « Concrétude1
»
Les performances de la mémoire ne dépendent pas
exclusivement des capacités intrinsèques du sujet dont les
capacités mnésiques sont sous évaluation. Elles sont aussi
influencées par les caractéristiques propres aux objets à
mémoriser. C'est notamment le cas pour la variable «
concrétude ». Celle-ci revét deux modalités à
savoir la nature concrète ou abstraite de l'information
véhiculée par l'item à mémoriser.
Dans un contexte non burundais, il a été mis en
évidence que « la mémoire abstraite et verbale est moins
développée chez les sourds en comparaison avec celle des sujets
entendant » (voir Lang, 1976, p.37). Tenant compte de ces
résultats, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle
l'efficience de la mémoire de travail chez les écoliers
entendant du Burundi serait plus élevée que celle des
écoliers non entendant du même milieu quand le matériel
à mémoriser se rapporte aux phénomènes abstraits.
En revanche, l'écart se réduirait entre ces deux
catégories d'écoliers au cas où le matériel
à mémoriser se rapporterait aux phénomènes
concrets.
IV.2.2.2. La variable « Type d'opération
mnémonique »
Il pourrait y avoir une différence de l'efficience de
la mémoire selon que le «Type d'opération
mnémonique» proposé à titre expérimental est
un test de rappel libre ou un test de reconnaissance. Cette combinaison
des tests visant à exploiter des informations en provenance de deux
sources différentes (l'information en provenance du registre
d'information sensorielle pour le test de rappel libre et celle en provenance
de la mémoire à long terme pour le test de reconnaissance) est
justifiée par le fait que le concept de mémoire de travail (MT)
figure l'idée d'un « espace de travail » de capacité
réduite dans lequel les informations en provenance du registre de
l'information sensorielle (RIS) et de la mémoire à long terme
(MLT) sont « chargées » provisoirement, et où la
sélection et la mise en oeuvre des opérations appliquées
à ces
Variable psycholinguistique ayant deux modalités : Mots
concrets et Mots abstraits (cfr Rondal et Seron, 1999, p.419).
informations sont réalisées (Da Silva Neves,
1999, p.35). Sur ce, nous avons émis comme hypothèse que
l'écart au niveau des scores entre les écoliers entendant
et les écoliers non entendant burundais serait plus grand quand il
s'agit d'un test de rappel libre que quand il s'agit d'un test de
reconnaissance. En d'autres termes, nous présumons l'existence
de l'effet du «Type d'opération mnémonique» sur la
différence de la performance de la mémoire de travail entre les
écoliers entendant et non entendant du Burundi.
IV.2.3. Une variable neutralisée
Il est admis que le rendement de l'activité
mnémonique est influencé par la nature de l'information à
mémoriser ; certaines informations étant plus difficiles à
mémoriser que d'autres. Sans pour autant méconnaître cette
réalité relevant du bon sens, nous avons choisi de neutraliser la
variable facilité ou difficulté de l'information à
mémoriser. Nous avons fait la neutralisation de cette variable de
trois façons. D'abord en choisissant des items tous relativement courts
; les items constituant notre instrument de collecte des données, pour
le cas du test de rappel libre, ne dépassent pas quatre syllabes au
maximum. Ensuite, en évitant de faire figurer dans nos items, pour
l'épreuve de rappel libre, ceux portant des signes diacritiques (des
accents). Et troisièmement enfin, en choisissant des items familiers
à notre population d'enquête; les items ont été
choisis dans des manuels scolaires utilisés dans les classes de
sixième année de l'enseignement primaire burundais.
Après avoir formulé notre question
problématique générale et nos hypothèses de
recherche et dégager les variables avec lesquelles nous allions jouer,
nous avons mis au point l'approche méthodologique conséquente.
CHAP V. ASPECTS METHODOLOGIQUES DE RECHERCHE
EMPIRIQUE
V. 1. Méthode de recherche :
L'expérimentation
Après l'étape de la formulation des
hypothèses de recherche, il s'en suivait l'interrogation sur comment
procéder pour les soumettre à une vérification
scientifique en vue de leur infirmation ou leur confirmation. La
nécessité de tester nos hypothèses de recherche
était justifiée par leur nature même qui est «
spéculative, conjecturée et provisoire » (expression
empruntée à Sockeel et Anceaux, 2002, p.41). Et nous
définissons également dans cette section les modalités de
notre recherche empirique.
La méthode à suivre pour la recherche empirique
est forcément tributaire de la question à l'étude qui
détermine la nature des données qui sont attendues.
Pour le cas qui nous concernait, il s'agissait à cette
étape d'investigation de voir quelle méthode pouvait
répondre le mieux à notre souci de comparaison de l'efficience de
la mémoire de travail entre des écoliers entendant et des
écoliers non entendant.
En effet, la dimension à l'étude - la
mémoire de travail--, à l'instar d'autres fonctions
intellectuelles, ne se préte pas à l'observation directe et
spontanée. La méthode expérimentale qui a le pouvoir de
susciter chez les sujets des réactions qu'ils n'auraient
peut--être jamais eu l'occasion d'avoir autrement, en les mettant dans
des situations qui n'auraient peut-être jamais existé si
l'expérimentateur n'en avait jamais eu besoin (Ghiglione et Richard,
1999, p.303), constituait la réponse idéale à la
situation. La nature des données que nous souhaitions récolter
nous a imposé de créer une situation expérimentale nous
permettant de dégager la comparaison que nous ambitionnions. Or, «
expérimenter, c'est intervenir activement pour réaliser les
conditions nécessaires à la vérification des
hypothèses relatives aux causes ou aux propriétés des
phénomènes étudiés » (Sockeel et Anceaux,
2002, p.31). Le schéma expérimental que nous avons adopté
est celui décrit par Fontaine (1999, p.127) comportant trois phases
d'opérations mentales à savoir l'acquisition,
l'élaboration et la récupération.
Cependant, même en ayant arrêté la
méthode de recherche à mettre en oeuvre et le schéma
expérimental de référence, il subsistait une autre
question non moins fondamentale, celle notamment de l'instrument
conséquent de collecte des données.
V.2. Technique de recueil des données : Le
test
D'entrée de jeu, nous avons estimé que la
question problématique générale de départ, la
méthode de recherche, la technique et les instruments de recueil des
données sont complémentaires car répondant respectivement
aux questions de quoi, comment et avec quoi. C'est
donc la question de recherche et la méthode qui en découle qui
guident le chercheur vers le choix d'une technique ou d'un instrument de
recherche. Il apparaissait donc clair que nous ne pouvions pas prétendre
à une comparaison de l'efficience de la mémoire de travail entre
des écoliers entendant et ceux non entendant sans administrer un ou des
test(s).
Le choix du test comme technique de recueil des données
ayant ainsi été fait, il restait à savoir quel ou quels
tests précis il fallait utiliser puisqu'il en existe une multitude. Pour
pouvoir répondre à cette question, nous nous sommes
inspirés de Sockeel et Anceaux (2002, p.53) qui disent qu' « il est
parfois possible de puiser dans l'assortiment des instruments
déjà existants les techniques nécessaires à
l'observation ou à la vérification des hypothèses ».
Cela étant, les types de tests que nous pouvions utiliser sont ceux
couramment usités quand on veut mettre en évidence l'empan
mnésique, la mesure de la mémoire. Ce sont entre autres les tests
de rappel libre et de reconnaissance. Ces deux catégories de tests sont
des tests dits directs ou explicites (voir Fontaine, 1999, p.129). Elles ont
constitué notre instrument de collecte des données.
Le test de rappel libre consiste à demander au sujet de
retrouver le maximum d'informations présentées durant la phase de
l'acquisition, sans lui fournir aucune aide. S'agissant du test de
reconnaissance, après avoir demandé au sujet, dans la phase de
l'acquisition, de stocker le maximum de mots, il allait être
appelé à les reconnaître dans des listes de mots qui
contenaient ceux de la phase de l'acquisition auxquels nous avions
rajouté un certain nombre d'autres (cfr. Fontaine, ibid.).
V.3. Instruments de collecte des données : Deux
tests de mémorisation V.3.1. Présentation
générale
Les instruments de collecte des données que nous avons
mis au point sont au nombre de deux. Le premier est un test de rappel libre et
le second est un test de reconnaissance. Leur caractéristique principale
et commune est d'être des tests de mémorisation.
Le test de rappel libre est composé de treize
séries de neuf mots ou items chacune. Les trois premières sont
des pseudo-tests et servent d'épreuve d'essai. Parmi ces trois
pseudo-tests, les deux premières séries correspondent au test
d'essai proprement dit tandis que la troisième est un test d'essai
transitoire. Le test d'essai transitoire est constitué d'un
mélange d'items se rapportant les uns aux phénomènes
concrets, les autres à des phénomènes abstraits. La
première série d'essai contient des mots dont les
référents sont abstraits tandis que la seconde est faite de mots
traduisant des référents concrets. Cette distinction entre le
test d'essai transitoire et le test d'essai proprement dit repose sur le fait
que le test d'essai proprement dit est passible de corrections et de retours en
arrière, ce qui n'est pas le cas pour le test d'essai transitoire qui
s'enchaîne sans transition ni interruption avec le test proprement
dit.
Dans le but de pouvoir vérifier notre première
hypothèse opérationnelle, la moitié des séries du
test proprement dit, soit cinq séries sur dix, porte sur des
informations abstraites tandis que la seconde moitié (cinq séries
également) se rapporte à des informations concrètes. Ces
deux types d'informations correspondent aux deux modalités de la
variable « Concrétude » retenue.
S'agissant du second test qui est un test de reconnaissance,
nous lui avons doté d'une structure de six séries de dix--huit
mots ou items chacune. De ces six séries, les trois premières ont
servi de test d'essai. De ce dernier, les deux premières séries
constituent des épreuves d'essai proprement dites tandis que la
troisième est une épreuve d'essai transitoire. Enfin, les trois
autres séries restantes constituent l'épreuve de
mémorisation (reconnaissance) proprement dite. Le choix du chiffre neuf
comme nombre d'items constituant chaque série de mots à rappeler,
tant pour les exercices d'essai que pour les exercices expérimentaux,
s'inspire de théories avancées en
psychologie cognitive situant la limite maximale de l'empan de la
mémoire à neuf items (voir Matlin, 2001, p.68 et Michaux, 1974,
p.47).
Les dix-huit items constitutifs de chaque série sont
des mots choisis par hasard, mais neuf d'entre eux font partie d'une mini-liste
dont la présentation aux sujets précède d'une seconde
celle de la grande liste (les 18 items). La tâche consiste à
reconnaître dans la grande liste les items de la mini-liste
présentée antérieurement et à les reproduire par
écrit sur des lots de papiers distribués à cet effet. Dans
tous les cas, le choix des items s'est exclusivement basé sur des mots
connus des écoliers et qui ont été repérés
au hasard dans le livre de lecture du français de la classe de
sixième année et dans les fichiers du maître de la
même classe des cours de français et calcul.
V.3.2. Présentation détaillée des
tests V.3.2.1. Le test 1: Rappel libre
a. Trois pseudo-épreuves
Exercice d'essai proprement dit 1.1
Dieu
|
Folie
|
Lieu
|
Temps
|
Nom
|
Son
|
Vie
|
Baisse
|
Lent
|
Exercice d'essai proprement dit 1.2
Lit
|
Chaise
|
Bouteille
|
Chaussure
|
Oreille
|
Couteau
|
Fleur
|
Arbre
|
Voiture
|
Exercice d'essai de transition 1
Amour
|
Futur
|
Salon
|
Miroir
|
Corde
|
Scie
|
Jardin
|
Banane
|
Victoire
|
b. Epreuves expérimentales de rappel
libre b1. Séries de mots désignant des idées
abstraites
Exercice expérimental 1.1
Vent
|
Paix
|
Air
|
Genre
|
Riche
|
Salut
|
Peur
|
Mal
|
Sage
|
Exercice expérimental 1.2
Couleur
|
Salaire
|
Foudre
|
Fureur
|
Faute
|
Travail
|
Action
|
Nouvelle
|
Valeur
|
Exercice expérimental 1.3
Lourdeur
|
Air
|
Ton
|
Odeur
|
Achat
|
Vie
|
Regard
|
Masse
|
Milieu
|
Exercice expérimental 1.4
Aisance
|
Volume
|
Sagesse
|
Absence
|
Disparition
|
Intelligent
|
Puissance
|
Vengeance
|
Justice
|
Exercice expérimental 1.5
Pardon
|
Fin
|
Fraction
|
Nation
|
Signe
|
Espoir
|
Espace
|
Prix
|
Soin
|
b2. Séries de mots désignant des
idées concrètes Exercice expérimental 1.6
Chemise
|
Viande
|
Table
|
Route
|
Femme
|
Bille
|
Mangue
|
Sifflet
|
Nez
|
Exercice expérimental 1.8
Baguette
|
Poisson
|
Plante
|
Chasseur
|
Avion
|
Tableau
|
Classe
|
Drapeau
|
Latte
|
Exercice expérimental 1.8
Cahier
|
Champ
|
Ballon
|
Fruit
|
Pierre
|
Assiette
|
Crayon
|
Terrain
|
Clous
|
Exercice expérimental 1.9
Enfant
|
Sac
|
Torche
|
Costume
|
Carte
|
Tomate
|
Rire
|
Salive
|
Eau
|
Exercice expérimental 1.10
Lion
|
Manger
|
Souris
|
Classe
|
Cour
|
Serpent
|
Riz
|
Danser
|
Culotte
|
|