2 -1) Analyses des résultats
Les résultats présentés ci-dessus font
état de ce que l'investissement et le taux d'ouverture commerciale ont
les coefficients dont les signes sont ceux attendus. Quant au taux de pression
fiscale le signe de son coefficient est opposé à celui
escompté. Les variables peuvent donc être classées en
deux groupes. D'abord le groupe de variables qui ont des
élasticités positives à savoir le taux de pression fiscale
et l'investissement ; ensuite la variable taux d'ouverture commerciale
dont le signe est négatif.
Ø Pour le premier groupe de
variables :
L'investissement a un impact positif sur la croissance du PIB.
Cela se traduit par son coefficient tant dans le modèle de court terme
que celui de long terme. En effet une augmentation du niveau de
l'investissement de 10 % entraîne une augmentation du PIB de 2,10 %
à court terme et de 8,56 % à long terme. Cette sensibilité
du PIB à l'investissement traduit l'importance de cette variable dans le
processus du développement. Toutefois, il est important de constater que
cette sensibilité est pratiquement non signifiante du fait de
l'envergure que la littérature reconnaît à
l'investissement. Ce niveau d'investissement est d'autant plus faible que
malgré la croissance du PIB, la pauvreté n'a pas reculée.
Il urge alors donc que les politiques macro - économiques
instituées avec le programme d'ajustement structurel (PAS) auquel le
Bénin s'est engagé, mettent un accent particulier sur
l'investissement privé et public. Cela exige un tissu économique
sain et peu contraignant avec les mesures fiscales visant à stimuler
l'investissement.
Les taux de pression fiscale utilisés pour la
régression de notre modèle jouent favorablement sur la formation
du PIB.
Ce qui a tendance à mettre presque en cause les
théories économiques qui stipulent un impact négatif de
cette variable sur le développement. Mais il est important de souligner
que le taux de pression fiscale a toujours un impact négatif à
partir d'un certain seuil donné.
Comme l'atteste son coefficient, une augmentation du taux de
pression fiscale de 10 % entraîne une augmentation du PIB de 6,28 %
à court terme et de 18,86 % à long terme. Mais force est de
constater que ces différents coefficients sont très faibles quand
bien même la variable LTPF est individuellement significative dans les
deux modèles au seuil de 1 %.
De plus une lecture des résultats du test de
causalité de Granger nous permet de déduire que la croissance
aurait été meilleure si les différents taux d'imposition
en vigueur au Bénin favorisaient l'investissement qui est le socle
même de tout décollage socio économique. Faut - il encore
une fois rappeler que les différents entretiens que nous avons eu avec
les promoteurs de PME / PMI ont révélé l'impact
négatif des taux d'imposition sur leur activité et sont parfois
à la base de leur chute commerciale.
Mais le résultat obtenu dans le cadre de cette
étude trouve sa justification dans les critères de convergence
de l'UEMOA, selon lesquels la pression fiscale devrait atteindre un taux
minimum de 17 % en 2002. L'augmentation de la pression fiscale vient du fait
que, compte tenu des critiques soulevées sur les taux d'imposition
très élevés, il a été
préconisé un élargissement de la base taxable et une
amélioration des prestations de l'administration fiscale. Cela a
provoqué une augmentation des recettes fiscales depuis les quinze
dernières années jusqu' à nos jours, et du même
coup, une augmentation du PIB.
Ø Pour le deuxième groupe de
variables
Le taux d'ouverture commerciale utilisé dans la
régression du modèle a eu tant à court terme qu'à
long terme les signes attendus. Une augmentation de 10 % du taux d'ouverture
commerciale entraîne une diminution du PIB de 2,36 % à court terme
et de 16,62 % à long terme .Cette situation ne surprend guère et
vient justifier les critiques apportées au système de taxation
des échanges internationaux au Bénin. Le Bénin a en effet
une économie purement dépendante basée sur l'importation
et l'exportation. Il est vulnérable aux chocs des pays dont il
dépend. Je ne veux pour exemple, la situation de morosité qu'a
connu le Bénin du fait de son différend frontalier avec le
Nigeria en 2004. De plus la taxation interne des activités commerciales
au Bénin n'encourage guère la croissance et pour preuve le
port autonome de Cotonou à subi en 2004 une forte baisse de ses recettes
du fait de l'exorbitance des frais douaniers dans le domaine de la vente des
véhicules d'occasion au Bénin.
Il ressort de tout ce qui précède que le
système fiscal béninois bien à travers les
différents impôts que les taxes ne favorisent pas de façon
escomptée la croissance. Les impacts positifs obtenus pour certaines
variables de l'étude sont négligeables. Cela traduit certainement
le fait qu'on n'investit pas réellement dans les infrastructures de
production, toute chose explicable par la pression fiscale.
En conséquence, on pourrait conclure à une
faiblesse du potentiel productif du Bénin car la demande de produits
d'investissements se reporte en très grande partie sur les importations
et ne contribue pas forcément à accroître la production
locale.
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