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Stéréotypes sociaux et achèvement du cycle primaire par les filles de l'arrondissement de Mora

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par Mairama LOPSIWA
Ecole normale supérieure / Université de Yaoundé - DIPEN II 2010
  

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CHAPITRE 5 : INTERPRETATION DES RESULTATS, PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS.

Après avoir présenté et analysé les données du terrain au chapitre 4, la tâche consiste maintenant à envisager l'interprétation de ces résultats, c'est-à-dire à élargir le cadre des commentaires. L'interprétation vise alors à corroborer, à nuancer voire à préciser la singularité ou l'originalité des résultats que nous avons obtenu. C'est la fonction que remplit ce chapitre dont les principales articulations sont : l'interprétation des résultats, les perspectives et les recommandations.

5.1- INTERPRETATION DES RESULTATS.

La démarche interprétative des résultats a pour cadre l'analyse des données de l'étude. La démarche suit l'ordre des hypothèses de recherche.

5.1.1- Des croyances ayant des fondements religieux (coran) guidant les jugements des groupes sur la femme et l'achèvement du cycle primaire par les filles.

Pour aborder la relation entre les croyances ayant un fondement religieux(coran) vis-à-vis de la femme et l'achèvement du cycle primaire par la jeune fille de l'arrondissement de Mora, nous avons pris en compte le mode de jugement des groupes sociaux sur la femme, l'opinion du milieu sur la jeune fille, l'impact des coutumes sur la jeune fille, les perceptions des groupe sur la femme et la perception de soi(ce que la femme pense d'elle-même) au regard de l'accès au CM 2 et de l'obtention du CEP.

Les enseignements du terrain révèlent que le mode de jugement des groupes sociaux sur la femme est en adéquation avec les croyances religieuses (79,16%) et que l'opinion du milieu sur la femme selon la religion serait favorable aux préceptes de l'islam (92,33% des enquêtés le pensent). En effet, il est écrit dans le Coran Sourate 6, verset 6 : « privées d'intelligence: En quoi, reprit-il, O Envoyé de Dieu, consiste l'infériorité de notre intelligence et de notre religion? Est-ce que le témoignage de la femme n'équivaut pas seulement à la moitié de celui d'un homme? répliqua le Prophète. Certes, oui, dirai-je, à cause de l'infériorité de leur religion. Occupantes de l'enfer: Ah! Troupes de femmes, faites l'aumône, car on m'a fait voir que vous formiez la majeure partie des gens de l'enfer...».

En ce qui concerne l'impact de la coutume sur la femme, l'étude révèlerait que la coutume a un poids sur la perception qu'on a de la femme (83,33% des sujets des focus group le pensent). En effet, l'analyse révèle que l'école a tendance à gâter les filles. Un leader local affirme : « depuis que ma fille va à l'école des blancs, elle ne veut plus participer aux tâches domestiques, si c'est cela que l'on apprend à l'école des blancs, je préfère garder ma fille auprès de moi ». Pour comprendre ces propos, il convient de s'appuyer sur les analyses de Tchombe (2006 :68-69) : 

Quelques traditions au Cameroun pensent qu'une femme passive et dépendante est sexuellement plus attirante à l'homme et elle est une bonne mère. Ceci encourage les parents à ne pas promouvoir les qualités d'être actives, dominantes et indépendantes chez les jeunes filles. Ils ont peur que la société donne une image masculine à ces filles. Tous ces stéréotypes influencent négativement l'éducation des filles.

L'on observe à travers cette analyse que le concept traditionnel de la femme a toujours dominé leurs pensées dans les aspects.

En effet, au moment où s'efface l'idée d'une société intégrée, chaque individu désirant être un acteur, désirant donner un sens à ses expériences de vie, valoriser sa créativité et sa singularité dans la culture de son milieu d'appartenance. Bref la femme comme sujet avec sa personnalité et sa culture est au coeur des situations socio-historiques. Ce désir implique sa résistance aux logiques systémiques, au pouvoir, aux rôles imposes au système et aux comportements attendus. Dans ce sens, la femme doit lutter contre la logique de la domination en revendiquant sa liberté personnelle, en affirmant son identité et son envie de liberté.

La femme comme sujet humain gère plusieurs logiques d'actions (elle est élève, étudiante, épouse, mère, avocate, leader politique etc....) et ne peut être seulement réduite à ces intérêts et à ces rôles. C'est pourquoi il convient d'aborder la problématique des pratiques individuelles et collectives non pas en termes de rôle, mais en termes d'expériences sociale.

Dans cette logique qui est à la base de l'expérience sociale, la femme peut se constituer dans la mesure où elle construit une action autonome et une identité propre. Autrement dit, comme le souligne Gohier et Anadon (2000 :21) : « chaque individu construit son identité à partir de son expérience, de ses traditions culturelles ainsi qu'à partir de la culture du groupe auquel il appartient ». De ce qui précède, nous pensons que ces deux dimensions à savoir individuelle et sociale doivent être prises en compte en matière d'éducation de la jeune fille.

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