CHAPITRE 3 : COLLECTE DE DONNEES SUR LE
TERRAIN.
Après avoir identifié l'objet de recherche aux
chapitres 1 et 2 précédents, la tâche consiste à
envisager les stratégies de vérification des hypothèses
que nous avons formulées. Nous allons décrire l'organisation de
notre étude telle qu'elle a été menée sur le
terrain. C'est la fonction que remplit ce chapitre, fonction qui consiste
à monter un dispositif expérimental. Ce dispositif
expérimental s'articule donc autour des axes suivants : le type de
recherche, la description du site d'étude, la population de
l'étude, l'échantillon et la technique d'échantillonnage,
la description de l'instrument de collecte et de mesure de données. A
cet effet, nous parlerons tour à tour du type de recherche, de la
description de notre population, de la constitution de l'échantillon, de
l'entretien, du guide d'entretien, du déroulement de l'entretien avec la
population cible et des techniques de traitement de données.
3.1-TYPE DE RECHERCHE
Cette étude est inscrite dans le paradigme
compréhensif de l'étude exploratoire qui recherche non pas
l'explication mais le sens des phénomènes sociaux car ceux-ci en
cacheraient le sens. Pour comprendre le monde, il faut donc saisir l'ordinaire
et les significations attribuées par les acteurs et chercheurs. En
d'autres termes, ce paradigme cherche à appréhender l'impact des
stéréotypes sociaux sur l'achèvement du cycle primaire par
les filles. D'après Pourtois, Desmet et Lahaye (2006 : 8 ),
« il utilise l'altitude phénoménologique
qui s'efforce d'expliciter le sens que le monde objectif des
réalités a pour les hommes dans leur expérience
quotidienne ». Nous avons combiné à ce paradigme
compréhensif le paradigme descriptif qui cherche à décrire
les stéréotypes en ce sens que nous avons essayé de faire
un inventaire systématique des comportements des jeunes filles au regard
des stéréotypes sociaux. La recherche s'est articulée
autour de deux paradigmes illustrant aussi la recherche-action.
Ici, le chercheur construit une batterie de questions qu'il
soumet à un échantillon d'étude. Par la suite, il collecte
les données et analyse les opinions soit par la statistique descriptive,
soit par la statistique différentielle. D'après Ouellet
(1999 :92), « elle vise la découverte
d'idées qui permettent de localiser un phénomène avant
d'en faire l'étude plus poussée ». Autrement dit,
c'est une démarche qui, par sondage d'opinions, constitue la
première étape à franchir avant de poursuivre une vraie
recherche plus quantitative.
Cette recherche peut également s'inscrire dans le cadre
d'une recherche d'innovation dans la mesure où elle vise à
apporter au système en place une nouveauté. En effet, elle
s'avère intéressante dans la mesure où, à partir
d'elle, l'on peut développer un modèle permettant aux
garçons de soutenir leurs soeurs par un bon plaidoyer. Nous nous
appesantirons ainsi sur le modèle développé à
l'UNICEF qui consiste à beaucoup miser sur les garçons pour
éduquer les filles.
Cette étude a pour sites quelques écoles
primaires de l'arrondissement de Mora et les groupes organisés autour de
l'école tels que les APEE, les AME, le RECAMEF. Bien que le site soit
l'unité d'analyse de départ utilisé pour cette
étude, la recherche a également consisté à faire
des groupes organisés autour de l'école l'unité d'analyse
principale de l'étude.
3.2- PRESENTATION DU LIEU DE L'ETUDE.
La délimitation du cadre d'une
recherche obéit au souci de précision qui est l'un des principes
scientifiques. La présente étude est menée dans quelques
écoles primaires de l'arrondissement de Mora.
3.2.1- Données géographiques
La région de l'Extrême-nord se limite au Nord par
le Lac Tchad, au Nord-est par le Tchad, au Sud par la région du Nord et
à l'Ouest par le Nigeria. Cette région est subdivisée en
six départements répartis comme suit : le département
du Diamaré avec pour arrondissements Maroua Ier,
IIème et IIIème, le département du
Mayo-Danay avec pour arrondissement Yagoua, le département du Logone et
Chari avec pour arrondissement Kousséri, le département du Mayo-
Tsanaga avec pour arrondissement Mokolo et enfin le département du
Mayo-Sava avec pour arrondissement Mora. Nous nous attèlerons à
présenter dans une première ébauche l'aspect physique pour
enfin terminer par l'aspect humain.
3.2.1.1- Aspect physique.
Notre cadre d'étude se trouve dans l'arrondissement de
Mora qui a une superficie de 1.847 Kilomètres et une altitude moyenne de
huit cent (800) mètres. Cette zone d'étude est située
à cheval entre les hautes terres et la plaine qui est le principal lieu
d'activité des populations. Les Monts Mandaras sont donc l'ensemble
constitué par ces hautes terres et cette plaine.
Selon les données chiffrées obtenus à la
sous-préfecture de l'arrondissement de Mora, la population de ce dernier
s'estime à cent dix-sept mil cinq cent trente quatre (117.534) habitants
pour l'année 2008. Cette population est inégalement repartie sur
l'ensemble de l'arrondissement ; certains espaces restant plus ou moins
vides d'hommes (zones enclavées, peu fertiles). Ces populations sont
organisées en chefferie traditionnelles (sultanats, lawanats). Il en
existe au total seize(16) dont quinze (15) sont du deuxième degré
et le sultanat de Mora qui est du premier degré.
3.2.1.2- Aspect humain.
L'aspect humain dénote de l'ensemble constitué
par les groupes ethniques, les langues parlées par ces groupes et les
différentes activités y afférentes.
Pour ce qui est des groupes ethniques, l'arrondissement de
Mora regorge de Mandaras qui sont majoritaires. A ces derniers s'imbriquent les
Mouktélé, les Podoko, les Mada, les Arabes-choa, les Kanuri
généralement appelés Sirata.
En ce qui concerne les langues parlées, les populations
utilisent généralement la langue Mandara, le Fulfulde,
l'arabe-choa ou le Sirataré pour communiquer avec les autres. Les
principales religions pratiquées par la population sont : l'islam
(religion dominante), le christianisme et l'animisme.
S'agissant des activités exercées par l'ensemble
de la population, celles que l'on peut relever sont : l'agriculture,
l'élevage et le commerce. Les lieux de ravitaillement sont les
marchés périodiques (Banqui à la frontière entre le
Cameroun et le Nigéria). Au terme des données
géographiques présentant les aspects physique et humain de
l'arrondissement de Mora, il convient à présent de faire un bref
aperçu sur sa carte scolaire.
3.2.2- Carte scolaire de l'arrondissement de
Mora.
Au regard de la carte scolaire de l'arrondissement de Mora, il
ressort qu'il comporte vingt quatre (24) établissements scolaires
primaires repartis ainsi qu'il suit :
Ø Enseignement primaire public : 23
écoles ;
Ø Enseignement privé : 01 école.
Parmi ces écoles d'enseignement primaire, nous avons
choisi les écoles publiques de Mora Sultanat et Binawa pour y mener nos
investigations. Les raisons de ce choix s'expliquent par le fait que ces
écoles sont situées tour à tour aux quartiers
habités par les autochtones Mandaras, tous descendants de la famille du
sultan (EP Mora Sultanat) et à la périphérie de la ville
(EP Binawa).
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