Impact de l'activité d'éboueur et des risques professionnels sur la santé physique et la vie extra professionnelle, cas des agents de la S.O.V.O.G( Télécharger le fichier original )par Leger Parfait MAVIOGA MA ITSOUKIGA Université Omar Bongo - Maitrise 2010 |
I.2- Risques professionnelsLe risque est inhérent à l'homme et toutes les entreprises humaines comportent des risques. Dans le monde du travail, les risques que l'on y rencontre sont des situations capables de causer des évènements imprévus pouvant provoquer des lésions corporelles ou des dégâts matériels. Les risques professionnels sont occasionnés par les conditions dans lesquelles les operateurs accomplissent leur tâche. Pour OHAS (2001,), le risque professionnel peut se définir comme étant la combinaison de la probabilité, de la ou les conséquences de la survenue d'un évènement dangereux spécifique. Il peut être également perçu comme une perte potentielle et inhérente à une situation ou une activité associée à la probabilité d'un évènement ou d'une série d'évènements Le potentiel risque est une exposition à un danger bien identifié associé en occurrence à une série d'évènements parfaitement descriptibles dont on ne sait pas s'ils se produiront, mais dont on sait qu'ils sont susceptibles de se produire (accidents, facteurs et sensibilisation http// www. Wikepedia. Org). Les risques professionnels sont des situations imprévues qui s'avèrent dangereuses. Les notions de danger et de risque sont synonymes 9 A cet effet, le principal danger qui guette les éboueurs est l'usure prématurée de leur corps. A faire des torsions du tronc et à ne pas garder le dos droit lorsqu'il se penche. Le risque dans le travail de collecte d'ordures est en fait lié à chacune des opérations décrites ci-dessus et en fait au métier d'éboueur. Les risques d'accident les plus fréquents et par ordre de récurrence sont : - douleurs au dos ou aux épaules à la suite d'un lancé ou d'une torsion; - blessures au dos à la suite d'un effort excessif du au soulèvement d'un poids lourd; - foulures aux pieds, après une chute ou une glissade; - écrasement des mains, doigts, bras ou genoux, frappés par un objet lourd ou coincés entre le camion et le conteneur; - coupures aux mains ou aux jambes par des objets pointus contenus dans les sacs; - risques de stress et autres maladies affectives ; - risques de perte des organes sensoriels (yeux, mains, ouilles...) ; - risques d'incompréhension et de non harmonisation (éboueur/ chauffeur) ; - risques d'agression dans les quartiers sous intégrés. Au regard des observations faites sur le terrain et aux entretiens que nous avons eus avec les gestionnaires et les travailleurs, nous avons identifié sans tous les citer plusieurs sources de risques notamment: Importance de la Charge de travail Un travailleur manipule chaque jour, en moyenne 16 000 kg de déchet repartis sur plus de 500 points de collecte, il collecte 2,4 tonnes par heure pendant prés de 6 heures, (Calice Moutsinga, Gabonpage, 2008). Pendant qu'il collecte, il a pour seul 10 repos quelques minutes au volant (chauffeur-éboueur) ou en équilibre précaire sur le marchepied arrière pendant que le camion roule. Cette charge de travail déjà pénible en soi est aggravée par divers éléments, tels la fréquence des montées et des descentes du camion, l'effort statique de maintien en position d'équilibre sur le marchepied et la fréquence des postures adoptées (torsion du tronc). Néanmoins notons que, la collecte par camion tasseur à l'aide de petits conteneurs domestiques à roulettes appelés "bacs", réduit la manutention d'objets lourds ou dangereux, tout en réduisant la fréquence d'apparition des situations à risque d'accidents et d'aggravation de la charge de travail par heure de collecte. Diversité et nature des objets manipulés Les objets et contenants de poids et de volume variables interrompent le déroulement normal des opérations et brisent le rythme de travail. En outre, nombreux sont les objets lourds, volumineux ou encombrants, les objets piquants ou coupants, les matières dangereuses, souvent cachées d'ailleurs par les résidents. Il peut s'agir aussi de liquide, de gaz, d'éléments en putréfaction (cadavre de foetus) mêlés à d'autres déchets. Les déchets organiques ou chimiques fréquemment rencontrés sont : - fer, verre, vitre, néon - déchets de bois, clous ; - mobilier, électroménager, monstre domestique, - conteneur commerciaux, - résidus de jardin, gazon, roche, terre, - déchets de construction, plâtre, peinture, poussières, cendres, - seringues, déchet médical, - déchets pré compacté, bloc de ciment etc., - gros végétaux et animaux, commerce et autres restaurant, - contenant hors- normes (tonneaux, poubelles, casseroles), - sac, cachet, carton, papier gras, - produit toxique (batterie, solvant, peinture, aérosol, huile etc.). Contraintes climatiques et objets transportés Les facteurs climatiques (chaleur, pluie, humidité, vent etc.) ont une incidence certaine sur le travail de l'éboueur dont la tache se complique lors de la survenue notamment des pluies. C'est ainsi que, par exemple, des cartons mouillés ou des poubelles rependent généralement leur contenu sur le trottoir et que les bacs domestiques sont souvent bloqués dans la boue ou les eaux de ruissellement. De même, le travail de l'éboueur peut se trouver gêné lorsqu'il s'effectue en temps de pluie, de tornade ou sur une voie poussiéreuse. De telles situations, souvent fréquentes, entraînent des risques additionnels pour l'éboueur ; ce dernier se voyant obligé d'inventer des stratégies de régulation pour maintenir un rythme de travail acceptable afin de réaliser sa tâche et de donner ainsi satisfaction à ses chefs. Quelques unes de ses stratégies de régulation souvent observées sont : - les relais par le coup de pied dans les sacs ou les cartons, - la traversée de la rue a intermittence pour collecter des deux cotés de la route, - la prise des sacs d'ordures au vol pendant que le camion roule, - le port des sacs d'ordures sous les bras ou contre le corps - le ramassage à la main d'ordures rependues au sol, - l'usage de toute autre partie du corps (bras, cuisse, reins tête...) pour lever les charges. Ces différentes techniques improvisées, nous l'avons dit sont sources de dangers perpétuels affronté par l'éboueur surtout en temps d'intempéries ou sa marge de manoeuvre est très réduite. Caractéristiques et organisation du travail 12 Rappelons que la caractéristique spéciale de la collecte est d'être un travail à forfait c'est à dire que le territoire doit être vidé de tous ses déchets la nuit de la collecte. La façon d'organiser, de repartir et d'attribuer les parcours, les horaires, la nature des contrats sont autant d'éléments qui ont un impact sur les risques du métier. En effet, les caractéristiques du travail d'éboueur sont des plus contraignantes. Le travail s'effectue généralement de nuit, ce qui implique un déphasage global par rapport aux rythmes de vie normaux et qui est aggravé par la charge de travail importante, entrainant des effets, d'une part, au niveau de la santé physique de l'éboueur, et d'autre part, de sa vie sociale et familiale. Il est fréquent d'avoir dans le travail de nuit un système consistant à faire travailler les éboueurs pendant un certains nombre de nuit (4nuits/semaines) et de leur permettre de récupérer ces heures pendant une période de 4 jours. Ces périodes de repos qui ne sont pas rémunérer pour les journaliers ne leur laisse pas le choix que de se trouver un autre travail temporaire pour pallier le manque à gagné. Les éboueurs, notamment ceux de la SOVOG, ne bénéficient pas, pour la grande majorité, de contrat de travail à durée indéterminée (CDI), ce qui favorise la précarité comme l'affirment Fournier, Bourassa et Béji, (2003) qui portent leur réflexion sur les définitions d'emplois atypiques et la précarité l'«emploi atypique se confond avec la précarité. La précarité occasionne une pauvreté accrue des travailleurs et compromet leur parcours professionnel, tout en ayant un impact négatif sur leur vie familiale, sociale et personnelle. » (Fournier, B., Bourassa et al., 2003 p. 619-622). Toutes ces caractéristiques, vont affecter les capacités intentionnelles de l'éboueur et vont être peu propices au maintien d'une attention soutenue lors de la collecte de nuit. Augmentant ainsi, les risques d'accident. Les travailleurs en poste de nuit vont également mettre en oeuvre des stratégies de régulation afin, tout d'abord de faire face aux contraintes inhérentes à ce type d'organisation du travail et aux baisses de leur niveau de vigilance, pour maintenir l'efficience du travail. Ces régulations peuvent se manifester dans l'organisation des tâches (Andorre & Queinnec, 1996; Barthe, 1998), ainsi qu'à celle de la vie hors travail (Queinnec et al., 1992). |
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