Résumé
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Cette étude met en lumière l'influence de
l'activité d'éboueur et des risques professionnels sur la
santé physique et la vie extra professionnelle des éboueurs. Elle
a été menée auprès de 25 éboueurs
mariés et 25 éboueurs célibataires, en vue de faire une
analyse comparative.
En effet, le but de cette étude était de parvenir
à évaluer l'impact des conditions de travail sur la santé
physique et la vie extra professionnelle des éboueurs.
Pour cela, l'objectif consistait à inventorier
l'ensemble de la manutention et les potentiels risques qui découle de
l'activité afin, de recueillir auprès des éboueurs leur
appréciation des contraintes lié à leur travail.
A cet effet, les résultats obtenus à partir des
tests statistiques ont corroboré dans le sens de notre hypothèse
générale.
Mots dlés :
Eboueur, risques professionnels, condition de travail
Summary
This essay endeavors to bring to light the impact of the
dustmen's activity and its inherent risks on the worker's health and extra-pro
fee dustmen's activity and its inherent risks on the worker's health and
extra-professional.
It is a comparative study of twenty five (25) married and
unmarried refuse
collectors the purpose being to assess the influence of the
working conditions on the worker's health and private life.
In actual fact, the study consisted in investigating the garbage
collection activity as a hole including all the risks involved so as to assess
the dustman's perception of his working condition, the risks linked to the
occupation with regard to his extra professional life, be he married or not.
The results of tests and other statistical tables have proved my
general assumption: it is true that the special working conditions that this
occupation requires as well as the harsh rhythm of lab our it produces on the
physical and professional life do also affect the worker' extra professional
life.
Keys words:
Garbage, professional risks, working conditions
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Introduction:
Aujourd'hui les villes africaines font partie des espaces dans
lesquels la problématique de la gestion de l'environnement est
pertinente (Christian Ipemosso, 2008). Les atteintes à l'environnement
sont généralisées et croissantes. La collecte et
l'évacuation des ordures ménagères constituent l'une des
plus grandes difficultés que rencontrent les autorités
municipales. Ces difficultés se traduisent par une accumulation de
déchets ménagers, l'érection de nombreux
dépôts sauvages dans plusieurs quartiers. La faiblesse du taux de
couverture de ce service important de collecte a pour conséquence un
environnement insalubre, malsain caractérisé par la pollution de
l'air, et la dégradation du cadre de vie des populations. C'est
notamment le cas des communes de Libreville et d'Owendo qui connaissent un
développement spectaculaire dans la production d'ordures de toutes
natures.
La production journalière d'ordure dans la capitale
gabonaise est de 500 tonnes dont la plus grande majorité provient des
activités commerciales et des ménages. De manière
générale, les ordures sont abondantes et très souvent
abandonnées dans les rues, les carrefours et les bas-fonds des quartiers
sous intégrés de la capitale.
Ces derniers temps, la presse a consacré de nombreux
reportages sur cette situation, agitant ainsi plusieurs sonnettes d'alarmes,
les appels au civisme s'intensifient de la part des municipalités,
faisant de la salubrité une préoccupation essentielle et de
santé publique. Mais, à aucun moment, ces reportages, parfois
bien documentés par ailleurs, n'envisagent ce qu'est le travail d'un
éboueur dans un tel contexte. En dépit de cet oubli et de ce
silence, les analyses en question sont intéressantes dans la mesure
où elles décrivent les enjeux présents et
démontrent de façon criarde l'importance des tâches de ces
braves gens qui quotidiennement oeuvrent pour la salubrité de nos
villes.
Globalement cette étude se propose non pas de faire un
état de la situation d'insalubrité dans laquelle se trouve notre
capitale mais plutôt, de dresser le portrait
du métier d'éboueur et des risques liés
à cette activité modeste et mal connue du publique avant de
démontrer l'impact de celle ci sur l'éboueur, sa vie sociale et
familiale.
Dans ce cadre d'idées, précisons qu'ici nous
nous intéressons à la conciliation vie privée-vie au
travail des éboueurs tout en considérant la nature et les
conditions dans lesquelles ils exécutent leur travail. Car selon,
Boussougou-Moussavou, (1985; 2004), la vie de travail et la vie hors travail
entretiennent des relations d'influence réciproque.
Ainsi, nous pensons qu'en saisissant la nature et les
caractéristiques de cette activité nous déboucherons sur
une meilleure compréhension de l'activité extraprofessionnelle
des éboueurs.
Notre hypothèse peut être formuée de la
manière suivante: Les exigences du travail d'éboueur, compte
tenu des conditions de travail, du rythme de travail qu'elles
génèrent ont un impact sur la santé physique et la vie
extra professionnelle. Mais cette influence est modulée par la prise en
compte des caractéristiques individuelles (statut marital, age,
ancienneté, nombre d'enfants à charge).
De cette hypothèse générale,
découlent les hypothèses opérationnelles suivantes :
- Hypothèse 1 : Les éboueurs
mariés ont une perception plus négative des conditions de
travails que les éboueurs célibataires.
- Hypothèse 2 : Les éboueurs
mariés ont une perception plus positive de leur vie familiale et de leur
vie sociale que les éboueurs célibataires.
- Hypothèse 3 : les exigences
liées au travail d'éboueur, affectent négativement
l'organisation de la vie extra professionnelle des éboueurs, plus chez
les mariés que
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chez les célibataires.
- Hypothèse 4 : les
caractéristiques individuelles ont un effet modérateur sur la
relation entre les conditions de travail et l'organisation de la vie extra
professionnelle, quand on maintient constante leur influence, plus chez les
éboueurs mariés que chez ceux qui sont
célibataires.
Pour éprouver ces hypothèses, nous avons
mené une enquête par questionnaire auprès de 50
éboueurs de la SOVOG.
Aussi, conformément à l'objectif défini au
départ, notre recherche s'organise - telle autour de deux grandes
parties.
La première partie pose un support conceptuel, dans le
souci de définir les problèmes que posent la collecte des ordures
ménagères en faisant une analyse critique des
caractéristiques de ce travail. Deux chapitres y sont
développés. Le premier chapitre fait une analyse ergonomique des
tâches, de l'organisation et des conditions de travail des
éboueurs tout en mettant en relief les risques inhérents à
cette activité. Le second chapitre expose les théories et les
travaux antérieurs qui sous tendent notre recherche et servent
d'épine dorsale à notre problématique.
La deuxième partie, quant à elle, fait une
description de la démarche méthodologique adoptée. Elle
est composée de deux chapitres. Le premier chapitre définit le
cadre de la recherche, la population d'enquête et l'instrument de
collecte de données. Le second, décrit le matériel
d'enquête, la présentation, l'interprétation et la
discussion des résultats obtenus.
Chapitre I- ACTIVITE D'EBOUEUR, RISQUES
PROFESSIONNELS ET IMPACT SUR LA VIE AU TRAVAIL ET HORS
TRAVAIL.
De multiples regards peuvent être portés sur les
situations de travail. Les vues dont il est question ici sont ceux de la
psychologie et de l'ergonomie : ils sont dirigés sur l'activité,
car c'est à travers elle que ces disciplines abordent le travail.
S'intéresser à l'activité, ce n'est pas
seulement considérer l'agent qui l'exerce, mais aussi la tâche
à laquelle elle répond et toutes les conditions techniques,
sociales et organisationnelles dans lesquelles elle s'insère. C'est
à l'étude de quelques-unes de ces facettes de l'activité
notamment celle d'éboueur que s'attachera ce chapitre.
I.1- Définition de l'activité
d'éboueur
Le travail est définit comme une activité
faisant l'objet d'une rémunération, le travail est
traditionnellement considéré dans la théorie
économique, comme un facteur de production. Il intervient, comme le
capital ou les matières premières, dans le processus de
création des biens et des services, et représente une ressource
pour l'entreprise (Stammers et Shephard, 1995).
Pourtant, il apparaît trop réducteur d'assimiler
l'activité de travail à une quantité vague et
indifférenciée d'heures de travail : en effet, les tâches
humaines sont très diverses et la façon même de les
organiser détermine en grande partie leur efficacité. Les
rapports individuels et collectifs que créent le travail entre les
hommes, les uns employeurs et propriétaires de l'instrument de travail,
les autres travailleurs salariés, subordonnés et
exécutants, sont aussi à prendre en compte dans l'analyse du
travail perçu comme activité faisant l'objet d'une
rémunération. (Stammers et Shephard, 1995).
Ainsi, l'activité met aussi en jeu les fonctions
physiologiques et mentales : les muscles, les articulations, le système
cardio-pulmonaire, la vision, l'ouïe, le toucher,
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la mémoire. Ces activités dépendent des
conditions dans lesquelles la tâche s'effectue: contraintes,
prévisibilités, imprévus, anormalités.
L'activité d'éboueur ou encore le travail de
collecte d'ordure ménagère, pour sa part ne nécessite pas
de qualification particulière. Il faut, en revanche jouir d'une bonne
santé et d'une parfaite condition physique du fait que l'activité
est principalement tournée autour de la manutention. En outre, la
collecte des ordures de toutes natures, au Gabon, s'effectue à
l'extérieur et en pleine air. L'éboueur également
appelé `' ripeur» travaille seul ou en équipe. Ses horaires
de travail sont des plus contraignants; très tôt le matin mais le
plus souvent tard dans la nuit.
L'éboueur manutentionne quotidiennement plusieurs
tonnes de déchets. Peu de métiers exigent un aussi grand effort
physique que la collecte des ordures. Et ce n'est pas qu'un travail physique,
l'éboueur doit constamment être vigilant, compte tenu des
conditions et de l'environnement dans lesquels s'exécute la collecte des
ordures, obligeant ainsi l'éboueur à adopter une attitude
préventive, (garder un équilibre précaire sur le marche
pied ou encore collecter en plein carrefour etc.).
Le détail de la manutention d'un éboueur pourrait
se décrire comme cidessous :
- se rendre au dépôt pour s'équiper ;
- s'installer à sa benne (au volant pour le conducteur et
sur le marche pied pour les collecteurs) ;
- monter sur le marchepied ou y descendre selon le cas ;
- prendre et/ou rouler les conteneurs et les aligner devant la
trémie ;
- procéder au vidage en actionnant le lève-
conteneur ;
- vider et ramener les conteneurs ;
- ramasser les sacs plastiques et les jeter dans la benne ;
- nettoyer à la pèle les déchets rependus au
sol ;
- soulever seul ou à deux les poubelles pour les vider
dans la benne ;
- contrôler l'adéquation contenant - contenu en cas
ramassage collectif ; - indiquer la fin du ramassage au chauffeur ;
- remonter sur le marchepied ou s'installer dans la cabine ou
même courir derrière la benne jusqu'à la poubelle suivante
pour recommencer...
Voici l'inventaire de la manutention à laquelle font
face les éboueurs et les chauffeurs de camions tasseurs ou à
charge latérale pendant une nuit de collecte. Toutes ces
opérations sont source de danger permanent pour le travailleur.
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