Vers un nouveau cadre d'analyse du gouvernement d'entreprise : la gouvernance des PME( Télécharger le fichier original )par Ikbel kerkeni Faculté des sciences économiques et de gestion de tunis - Mastère en sciences economiques 2008 |
2-2 : La dépendance à l'égard des banques :Avant de financer un projet d'investissement, les banques ne s'engageront qu'après étude de rentabilité du dossier et du niveau d'endettement de l'entreprise. Elles sont souvent rigides et reposent sur des informations standardisées telles que les résultats comptables (des grilles de scoring, le ratio d'endettement...). Les banques semblent donc rechercher un profit sans risque excluant toute compréhension personnalisée. Snijders (1990) montre que les dirigeants se plaignent souvent du peu de connaissance des banques quant à l'évolution du secteur de l'entreprise, ainsi, de leur incapacité à évaluer la viabilité de leurs projets23(*).L'insatisfaction de la PME à l'égard de leur banque est alors forte, en particulier en période d'incertitude sur le déroulement conjoncturelle où le banquier est souvent accusé de « tirer le tapis » au plus mauvais moment pour l'entreprise. En effet, les banques soucieuses de la sécurité de leurs placements, surveillent étroitement la situation financière de l'entreprise et en cas de difficulté, les banques deviennent plus exigeantes sur la sécurité de leurs placements et soumises à des changements stratégiques imposés par leurs directions générales. Les conditions de crédit peuvent être modifiées et les garanties exigées se renforcent24(*). Reprenons une citation de Tamari (1980)25(*) « les petites entreprises ont un accès limité aux marchés monétaire et des capitaux et, conséquemment, souffrent d'un problème chronique de sous capitalisation. Il en résulte donc un recours excessif au financement bancaire plus coûteux qui contribue à freiner leur développement économique ». De ce fait, la dépendance des PME à l'égard des banques peut conduire à des blocages d'investissement. C'est alors tout le processus de développement de PME qui peut être stoppé .Les banques peuvent tenir ainsi la survie de l'entreprise entre ses mains ce qui augmente au fait le risque de l'opportunisme de cette dernière. 2-3 : L'opportunisme des banques :Il existe deux types de financement bancaire : -Le Financement relationnel (relation shipbanking) caractérisé par l'instauration d'une relation de long terme permettant à la banque d'accumuler de l'information privée sur son client. -Le financement à l'acte (transaction-oriented banking), fondé sur une relation plus distanciée et sur un échange d'informations moins intense entre les deux parties. Or, la littérature bancaire a souvent soutenue le financement relationnel, car la durée et la profondeur des relations permettraient à la banque d'obtenir une connaissance plus précise de la situation du débiteur et de limiter le risque et le comportement opportuniste du propriétaire dirigeant. Cependant, selon Sharpe (1990) et Rajeur (1992), 26(*)la banque entretenant des relations privilégiées avec l'entreprise peut exploiter son monopole informationnel au détriment de l'emprunteur. Ce dernier captif peut se voir appliquer des conditions de crédit (taux d'intérêt, garanties) non concurrentielles. L'opportunisme de la banque peut également se traduire par l'expropriation des partenaires commerciaux de l'entreprise. En effet, plusieurs modèles montrent que les banques disposent d'une information de meilleure qualité que les autres prêteurs sur la santé actuelle et future de l'entreprise. La source de cet avantage réside dans la capacité de la banque à recueillir de l'information sur les emprunteurs à un coût inférieur à celui encouru par les autres. Le rôle de signal bancaire semble particulièrement important, lorsqu'une entreprise est de notoriété publique en difficulté financière, les clients et les créanciers commerciaux sont incités à fonder leurs décisions sur celle de la banque. Une confiance aveugle dans les décisions est cependant dangereuse, dans ce sens une banque informée, en accord avec un emprunteur en difficulté peut être incitée à envoyer un signal trempeur sur la situation financière de la firme à seule fin de détourner une partie de la richesse des fournisseurs et des clients27(*) En l'absence même de tout avantage informationnel, la banque peut opérer des transferts de richesse en sa faveur, du fait du pouvoir conféré par le contrat de crédit. Les garanties et le statut prioritaire de sa créance permettent en effet à cette dernière d'obtenir une renégociation favorable des termes contractuels, en cas de difficultés financière et ce la plupart du temps au détriment des emprunteurs. Ce comportement opportuniste correspond étroitement aux résultats empiriques de Franks et Sussman (2002). Ces derniers montrent sur un échantillon de PME britanniques que les banques ont tendance à devenir plus exigeantes lorsqu'une entreprise connaît des difficultés28(*). Les banques peuvent également profiter de la jeunesse de la PME et du manque d'expérience du dirigeant, car les entreprises nouvellement créées ne connaissent pas les coûts auxquels elles devront faire face et ignorent donc leur efficacité relative. Elles ne pourront connaître ceux-ci que sur base des performances postérieures à l'entrée. Plus particulièrement, le dirigeant n'a vraisemblablement qu'une idée imprécise de ses qualités entrepreneuriales et managériales et partant de ses chances de succès. Par contre, le banquier, surtout s'il est expérimenté dans le domaine de crédit d'une PME sera plus à même d'évaluer ses chances de succès au détriment du débiteur29(*). Les différentes contributions que nous venons d'évoquer mettent l'accent sur les abus de pouvoir des banques. Toutefois la santé de ces dernières reste affecté par la persistance d'un risque PME important. * 23 F.Janssen « l'influence de l'interprétation du dirigeant et de son entreprise sur l'endettement des PME et sur leurs relations avec les banques »,1998 ; p 19 * 24 T. Apoteker « les relations banque PME : un éclairage théorique sur les stratégies pour les banques française »,1996 * 25 Groupe de recherche en économie et gestion des PME (G.R.E.P.M.E): « Les PME bilan et perspective »sous la direction de Pierre.André.Julien, Economica, 1994, p212 * 26 L.Vilanova : « banque et gouvernement d'entreprise », 2002, p142 * 27 L.Vilanova : « l'impact de la réputation sur l'incitation non viables », 2002. * 28 L.Vilanova : « banque et gouvernement d'entreprise »,2002 * 29 R.Wterwulgne : « PME une entreprise humaine » |
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