1. Limite de l'étude
Les principales limites de notre étude sont :
· La méthodologie utilisée. Une
étude de population aurait été souhaitable, non seulement
pour apprécier les caractéristiques de la PR en milieu rural mais
et surtout pour déterminer la prévalence réelle de la PR
au Sénégal.
· Le caractère rétrospectif, à
l'origine de données manquantes, pouvant entraîner des biais dans
l'interprétation de certains résultats. Par exemple, le DAS 28
n'était pas renseigné ou calculable chez 109 patients.
· Le caractère mono-centrique de notre
recrutement de patients. Ceci tient essentiellement au nombre limité de
rhumatologue exerçant au Sénégal. Le CHU Aristide Le
Dantec de Dakar est l'une des rares structures sanitaires publiques au
Sénégal à disposer d'une consultation de rhumatologie.
· L'absence de données radiologiques. Son
impact nous paraît limité car dans une étude
précédente, Ndongo et al. ont démontré que seuls
56% des patients avaient les lésions radiographiques au moment du
diagnostic de PR. Dans cette étude, le score de Sharp modifié par
Van Der Heijde était bas, à 21.8 #177; 47.7 [7].
2. Nos résultats
2.1. Fréquence de la PR chez les patients vivant
en milieu rural
La PR est une réalité en milieu rural
sénégalais. Elle concerne 20.6% des patients inclus dans notre
étude.
Ce résultat s'inscrit en faux avec certaines études
de population faite en milieu rural qui affirmaient la rareté voire
l'absence de PR en Afrique.
La PR semble toujours prédominer en milieu urbain
[3,8,9]. La différence entre 2 études sud-africaines urbaine [3]
et rurale [4] réalisées en 1975, utilisant la même
méthodologie, était statistiquement significative (p<0.01)
[12].
Cependant, il est à noter que des prévalences
élevées de PR avaient été retrouvées dans
d'autres populations rurales sud-africaines [10] et du Lesotho [8,9]. A noter
que 80% de la population du Lesotho est rurale [8].
Les raisons de cette disparité des prévalences
de la PR en Afrique restent inconnues. La rareté de l'épitope
partagé HLA-DRB1 jadis suggérée [6] n'a pas
été retrouvée dans une étude menée chez les
africains-américains [44]. Les facteurs génétiques et
environnementaux ont été évoqués par plusieurs
auteurs [3,14,15,45]. Toutefois, les divergences ethniques et
génétiques semblent ne pas avoir de grand impact [3]. Les
facteurs sociaux ou environnementaux (stress, activité physique,
infections, malnutrition, tabagisme...) pourraient
jouer un rôle majeur, renforcé par les
changements de style de vie des populations africaines, en particulier celles
vivant en milieux urbains [3,15,45]. D'autres auteurs ont suggéré
que l'accès limité aux structures sanitaires contribuerait
à expliquer cette disparité milieu rural - milieu urbain [14,45].
Les ressources financières limitées des populations africaines et
le recours aux tradipraticiens pourraient aussi contribuer à
réduire le nombre de patients consultant en milieu
spécialisé de rhumatologie.
D' autre part une forte mortalité a été
retrouvée en milieu rural et attribuée aux difficultés
d'accès aux structures sanitaires [14]. Ainsi, le taux de 20.6% de PR
retrouvé parmi les patients vivant en milieu rural dans notre
étude représenterait la partie visible de l'iceberg. Des
investigations approfondies sont nécessaires pour mieux expliquer cette
différence.
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