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Evaluation du statut de conservation des primates diurnes a la périphérie nord-est du parc national de Korup, sud-ouest Cameroun

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par Laurent Serge NDENGUE MEKONGO
Université de Dschang - Ingénieur des Eaux, Forêts et Chasses 2011
  

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CHAPITRE 4: RESULTATS ET DISCUSSION

4.1. Estimation de l'abondance relative des primates diurnes

4.1.1. Abondance relative des espèces de primates diurnes

Le tableau 5 présente l'abondance des différentes espèces de primates diurnes recensées dans la zone d'étude (voir annexes 4 à 7 pour les données brutes issues des transects, annexes 8 à 11 pour les données issues des recces et l'annexe 12 pour l'abondance des plantes en fructification dans la zone d'étude).Les groupe de primates détectés par contact visuel et ceux détecté par vocalisation ont tous été utilisés pour le calcul des IKA

Tableau : Abondance des espèces de primates diurnes dans la zone d'étude

 
 

C.mona

C.
nictitans

C.erythritis

C.
pogonias

C. torquatus

Pan
troglodytes

P. preussi

Total

SITE 1

N
DP (Km)
IKA
ET

21
52,146
0,4191
0,2803

22
52,146
0,4305
0,2499

14
52,146
0,2710
0,2684

5
52,146
0,0960
0,0999

3
52,146
0,0657
0,1265

0
52,146
0
0

1
52,146
0,0235
0,0626

66
52,146
1,3017
0,7865

 

N

16

14

6

0

0

 

0

40

 

DP (Km)

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

SITE 2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0,2152

0,1891

0,0887

0

0

0

0

0,5430

 

ET

0,1205

0,1963

0,0896

0

0

0

0

0,4150

 

N

14

13

9

4

0

2

0

42

 

DP (Km)

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

SITE 3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0,1332

0,1215

0,0934

0,0418

0

0,0202

0

0,4100

 

ET

0, 1704

0,1601

0,1461

0,0888

0

0,0781

0

0,5211

 

N

51

49

29

9

3

2

1

147

 

DP (Km)

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

TOTAL

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0,2213

0,2093

0,1308

0,0406

0,0144

0,0094

0,0052

0,6467

 

ET

0,2125

0,2212

0,1778

0,0820

0,0621

0,0534

0,0293

0,6479

Notes : DP= Distance parcourue ; ET=Ecart type ; N=nombre ; IKA= indice kilométrique d'abondance

D'après le tableau 5, le Cercopithecus nictitans (0,431 #177; 0,250) est le primate le plus abondant dans le site 1, suivi de Cercopithecus mana (0,419 #177; 0,280), Cercopithecus erythrotis (0,271 #177; 0,268), Cercopithecus pogonias (0,096#177; 0,010), Cercocebus torquatus (0,066 #177; 0,126) et enfin du Piliocolobus preussi (0,024#177; 0,063) dans cet ordre, Pan troglodytes n'a pas été recensé dans ce site.

Dans le site 2, le Cercopithecus mona (0,215 #177; 0,121) est le primate le plus abondant et il est suivi par Cercopithecus nictitans (0,189 #177; 0,196) puis par Cercopithecus erythrotis (0,089 #177; 0,090). Ces trois primates sont d'ailleurs les seuls à avoir été recensés dans le site 2.

Dans le site 3, Cercopithecus mona (0,133 #177; 0,170) est en tête, suivi de Cercopithecus nictitans (0,122 #177; 0,160), de Cercopithecus erythrotis (0,093 #177; 0,146), de Cercopithecus pongonias (0,042 #177; 0,089) et enfin de Pan troglodytes (0,020 #177; 0,078). Les autres primates n'ont pas été recensés dans ce site.

Dans l'ensemble de la zone d'étude, les espèces de primates par ordre décroissant de leur IKA sont Cercopithecus mona (0,221 #177; 0,212), Cercopithecus nictitans (0,209 #177; 0,221), Cercopithecus erythrotis (0,131 #177; 0,179), Cercopithecus pogonias (0,041 #177; 0,082), Cercocebus torquatus (0,014 #177; 0,062), Pan troglodytes (0,009 #177; 0,053) et Piliocolobus preussi (0,005 #177; 0,029). Des différences significatives sont observées entre les moyennes des IKA des primates dans les trois sites (one way ANOVA: F 2;29 = 6,3214; P = 0,0053). Les moyennes d'IKA des primates sont plus élevées dans la sous zone 1 (1,302 #177; 0,787), et décroissent sans signifiquence statistique dans le site 2 (0,543 #177; 0,415) (Duncan test : P = 0,604697) ils décroissent aussi dans le site 3 (0,410 #177; 0,521) où la tendence est statistiquement significative (Duncan test : P = 0,002098). Les moyennes d'IKA de primates dans le site 3 sont significativement différentes de celles observées le site 2 (Duncan test: P = 0,005826) (voir Figure 3).

Figure : IKA des primates dans les trois sites

Le Drill (Mandrillus leucophaeus) bien que n'étant pas visé par cette étude a été aperçu dans le PNK (0,026 #177; 0,036). Son IKA global est de 0,004 #177; 0,022.

Le tableau 6 compare les résultats obtenus par la méthode transects linéaires au cours de cette étude à ceux obtenus par Edwards (1990) dans la zone Nord-est du PNK et à ceux obtenues par Waltert (2000), en utilisant la même méthode dans la zone de Korup qui englobe notre zone d'étude.

Tableau : Résultats des différents inventaires dans la zone d'étude et ses environs depuis 1990

 

Nombre de groupe
détectés

Taux de rencontre par
kilomètre (l KA)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Différences

Différences d'l KA

Espèces

19901

20002

20103

19901

20002

20103

d'l KA entre

entre 20002 et

 
 
 
 
 
 
 

19901 et 20002

20103

Cercopithecus
mona

47

42

51

0,1

0,45

0,2225

0,35

-0,2275

Cercopithecus
nictitans

75

100

49

0,15

1,06

0,2102

0,91

-0,8498

Cercopithecus
erythrotis

16

18

29

0,03

0,19

0,1317

0,16

-0,0583

Cercopithecus
.pogonias

42

1

9

0,08

0,01

0,0406

-0,07

0,0306

Cercocebus
torquatus

2

4

3

0

0,04

0,0144

0,04

-0,0256

Piliocolobus
preussi

26

2

1

0,05

0,02

0,0052

-0,03

-0,0148

Pan
troglodytes

0

0

2

0

0

0,0094

0

0,0094

Notes : 1 : Edwards (1992); 2 : Waltert (2002) ; 3 : La présente étude

Du tableau 6, il ressort que les IKA de certaines espèces telles que les Cercopithecus mona, Cercopithecus nictitans, Cercopithecus erythrotis et Cercocebus torquatus qui avaient augmenté entre 1990 et 2000, diminuent entre 2000 et 2010 confirmant ainsi les propos de Waltert (2002) qui stipulait que les populations de primates diurnes sont en pleine diminution des effectifs dans la zone de Korup. Le taux de rencontre du Cercopithecus pogonias qui était décroissant entre 1990 et 2000 augmente entre 2000 et 2010. Les IKA de Piliocolobus preussi garde une allure déscendante sur les deux dernières décennies alors que Pan troglodytes, a été recensé pour la première fois et cela symbolise une lueur d'espoir pour sa conservation dans la zone.

La Figure 6 présente les IKA de primates obtenus sur les transect d'une part et sur les recces d'autre part. Il en ressort que le classement des espèces en fonction de la grandeur des

IKA est le méme pour les deux méthodes d'inventaire. L'allure de la grandeur des IKA au sein de la même espèce est également la même avec les IKA de transects plus grands que ceux obtenus par la méthode de recces, exception faites des cas du mone et du hocheur où la tendance est inverse.

La différence des IKA entre les méthodes peut s'expliquer par la différence des surfaces couvertes par chaque méthode. En effet, la méthode de recces a couvert des surfaces plus variées, comprenant des zones telles que les «Nkwende hills» à Bayip-ossing et le village Ekogati dans le PNK qui n'ont pas été couvertes par la méthode de transect et qui servent de refuges à certaines espèces telles que le Piliocolobus preussi, le Pan troglodytes et le Cercocebus torquatus.

Figure : IKA des primates pour les deux méthodes d'inventaire

4.1.2. Abondance relative des groupes de primates diurnes rencontrés

Le tableau 7 présente les IKA des différents groupes de primates rencontrés (vus et entendus) dans la zone d'étude.

Tableau : IKA des groupes de primates diurnes rencontrés dans la zone d'étude

C.
pogonias

/ C.
torquatus/

P. preussi/ C.

nictitans /

C. mona

C.
pogonias

/ C.
nictitans /

C. mona /

C.
erythrotis

Cercopithecus.
pogonias

C.
nictitans /

C.
erythrotis

C. mona /

C.
pogonias

C.
torquatus

Pan
trglodytes

C.
nictitans

C.
nictitans /

C. mona

C.
nictitans /

C. mona /

C.
erythrotis

C. mona

C. mona /

C.
erythrotis

C.

erythrotis Total

 

N

1

1

1

2

1

2

0

4

5

9

3

1

3

33

 

DP (Km)

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

52,15

SITE 1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0,0237

0,0179

0,0183

0,0362

0,0183

0,0652

0

0,0714

0,0960

0,1812

0,0642

0,0179

0,0536

0,6401

 

El

0,0626

0,0472

0;0484

0,0619

0,0485

0,1263

0

0,0668

0,0999

0,2525

0,0810

0,0472

0,0983

0,2503

 

N

0

0

0

0

0

0

0

3

8

4

3

1

2

21

 

DP (Km)

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

SITE 2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0

0

0

0

0

0

0

0,0375

0,0970

0,0637

0,0389

0,0125

0,0216

0,2712

 

El

0

0

0

0

0

0

0

0,0844

0,1296

0,0937

0,0627

0,0395

0,0462

0,1658

 

N

0

4

1

0

0

0

2

3

7

1

1

3

3

22

 

DP (Km)

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

SITE 3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0

0,0419

0,0083

0

0

0

0,0101

0,0267

0,0661

0,0083

0,0083

0,0284

0,0151

0,02133

 

El

0

0,0752

0,0322

0

0

0

0,0390

0,0557

0,0892

0,0323

0,0323

0,0597

0,0586

0,1857

 

N

1

5

2

2

1

2

2

10

20

14

7

5

8

79

 

DP (Km)

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

TOTAL

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0,0052

0,0235

0,0079

0,0079

0,0040

0,0144

0,0047

0,0399

0,0823

0,0634

0,0301

0,0211

0,0256

0,3508

 

El

0,0293

0,0578

0,0311

0,0311

0,0227

0,0227

0,028

0,0681

0,1032

0,1413

0,0583

0,00549

0,0654

0,2551

Notes : N : Nombre ; DP : Distance parcourue ; ET : Ecart type ; IKA : indice kilométrique d'abondance

Dans le site 1, le groupe le plus abondant est celui composé de Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis (0,181 #177; 0,253). Il est suivi du groupe Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona (0,181 #177; 0,252); ensuite viennent les groupes mono spécifique de Cercopithecus.nictitans (0,071 #177; 0,067); Cercocebus torquatus (0,065 #177; 0, 126); Cercopithecus mona (0,064 #177; 0,081), Cercopithecus erythrotis (0,054 #177; 0,098); Cercopithecus nictitans / Cercopithecus erythrotis (0,036 #177; 0,061), Cercopithecus pogonias /Cercocebus torquatus /Piliocolobus preussi / cercopithecus nictitans / cercopithecus Mona (0,024 #177; 0,063). Les groupes les moins représentés avec un IKA de 0,018 #177; 0,047 chacun sont Cercopithecus mona / Cercopithecus pogonias; Cercopithecus pogonias; Cercopithecus pogonias / Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona Cercopithecus erythrotis

Dans le site 2, le groupe Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona (0,097 #177; 0,030) vient en tête suivit du groupe Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis (0,064 #177; 0,094), puis des groupes Cercopithecus mona (0,040#177;0,063). et Cercopithecus nictitans (0,038#177;0,085). Vient enfin le groupe Cercopithecus erythrotis (0,013 #177; 0,046)

Dans le site 3, le groupe mixte Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona (0,066 #177; 0,089) est en tête suivi du groupe composé de Cercopithecus pogonias / Cercopithecus mona / Cercopithecus nictitans / Cercopithecus erythrotis (0,042 #177; 0,075) ; ensuite des groupes de Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis (0,028 #177; 0,060) ; Cercopithecus erythrotis (0,015 #177; 0,057); Pan troglodytes (0,010 #177; 0,039). Viennent enfin les groupes Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis, Cercopithecus mona et Cercopithecus pogonias avec (0,008 #177; 0,032).

De façon globale, les groupes recensés par ordre décroissant de leurs IKA sont les suivants : Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona (0,082 #177; 0,103); Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis (0,063#177; 0,141); Cercopithecus nictitans (0,040 #177; 0,068); Cercopithecus mona (0,030 #177; 0,068); Cercopithecus erythrotis (0,026 #177; 0,065); Cercocebus pogonias / Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis (0,024 #177; 0,058) ; Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis (0,021 #177; 0,005); Cercocebus torquatus (0,014 #177; 0,023); Cercopithecus pogonias et Cercopithecus nictitans / Cercopithecus erythrotis (0,008#177; 0,031); Cercopithecus Pogonias / Cercocebus torquatus / Piliocolobus preussi / Cercopithecus nictitans/ Cercopithecus mona (0,005 #177; 0,029); Pan troglodytes (0,005 #177; 0,028) et enfin Cercopithecus mona / Cercopithecus pogonias; (0,004 #177; 0,023)

Les différences des moyennes d'IKA totaux des divers groupes de primates rencontrés dans les différentes zones sont significativement différentes (one way ANOVA : F2;29 = 11,9432;

P= 0,0002). Elles sont plus grandes dans le site 1 (0,640 #177; 0,250), décroissent de façon significative dans le site 2 (0,271 #177; 0,166) (Duncan test : P = 0,000119) et dans le site 3 (0,213 #177; 0,186) (Duncan test : P = 0,000386). La différence des moyennes d'IKA globaux entre le site 2 et le site 3 n'est pas significative (Duncan test : P = 0,519223) (voir Figure 5). Le PNK en tant que aire protégée conserve un meilleur potentiel en primates par rapport au reste des site d'étude.

Figure : IKA des groupes de primates diurnes rencontrés

4.1.3. Abondance relative des activités anthropiques

Le tableau 8 regroupe les IKA de toutes les activités anthropiques rencontrées.

Tableau : Abondance relative des activités anthropiques rencontrées dans la zone d'étude

 
 

Campements

Carbures

Cartouches

Champs

Layons
forestiers

Piéges

Ramassage
d'Irvingia
gabonensis

Récolte
de
piquets

Sciage de
Diospyros
crassiflora

TOTAL

SITE 1

N
DP (Km)
IKA
ET

1
52,146
0,0179
0,0472

2
52,146
0,0417
0,1021

30

52,146
0,6286
0,9568

0
52,146
0
0

0
52,146
0
0

7
52,146
0,1282
0,3392

1
52,146
0,0179
0,0472

0
52,146
0
0

0
52,146
0
0

41

52,146

0,7229

0,8556

 

N

1

3

57

4

1

46

1

0

0

112

STE 2

DP (Km)

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

75,742

 

IKA

0,0125

0,0250

0,8008

0,0397

0,0125

0,6578

0,0156

0

0

1,5639

 

ET

0,0395

0,0791

0,7642

0,0907

0,0395

0,8172

0,0491

0

0

1,4875

 

N

0

6

59

23

6

79

5

1

4

183

STE 3

DP (Km)

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

 

IKA

0

0,050

0,6459

0,2068

0,0734

1,2126

0,0456

0,0100

0,0401

2,2844

 

ET

0

0,1320

0,7970

0,3729

0,1490

2,2742

0,0881

0,0390

0,0868

2,4108

 

N

2

10

146

27

7

132

7

1

4

336

 

DP (Km)

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

225,232

TOTAL

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IKA

0,0078

0,0403

0,6905

0,1093

0,0383

0,8020

0,0301

0,0047

0,0188

1,6875

 

ET

0,0307

0,1089

0,7207

0,2721

0,1078

1,6561

0,0697

0,0267

0,0617

1,9312

Notes : DP : Distance parcourue ; N : Nombre d'indices ; ET : Ecart type ; IKA : indice kilométrique d'abondance

Du tableau 8, il en ressort que:

Dans le site 1, les indices d'activité anthropique sont majoritairement constitués des indices de chasse dominés par les douilles de cartouches (0,629 #177; 0,957), les pièges (0,128 #177; 0,339), les traces de carbure (0,042 #177; 0,102) et les campements (0,018 #177; 0,047). On y trouve aussi le ramassage d'Irvingia gabonensis (0,018 #177; 0,047). Cela montre une dominance de la chasse sur les autres activités de la zone 1.

Dans le site 2, les activités humaines regroupent les douilles de cartouches (0,801 #177; 0,764), les pièges (0,658 #177; 0,817), les champs (0,040 #177; 0,091), les traces de carbure (0,025 #177; 0,079) le ramassage d'Ivingia gabonensis (0,016 #177; 0,049), et enfin les campements (0,013 #177; 0,040) et les layons forestiers (0,013 #177; 0,040). Bien que les indices de chasse restent dominants, l'agriculture et l'exploitation forestières montre la différence de statut entre la zone 1 qui est protégée et la zone 2 où les populations exercent librement leurs activités.

Dans le site 3, la gamme des activités anthropiques est un peu plus variée. On y trouve des pièges (1,213 #177; 2,274), des cartouches (0,646 #177; 0,797), des champs (0,207 #177; 0,373), des layons d'exploitation forestière (0,0734 #177; 0,149), des restes de carbure (0,050 #177; 0,132), le ramassage d'Irvingia gabonensis (0,046 #177; 0,088), le sciage d'Ebène (Diospyros crassiflora) (0,040 #177; 0,087) et la récolte des piquets pour la vente (0,010 #177; 0,039). Les activités de chasse restent dominantes et la diversification des activités anthropiques traduit des besoins nouveaux pour une population de plus en plus nombreuse, et influencée par le milieu extérieur. En comparaison avec les autres zones, il y a dans la zone 3 un intérét grand pour l'agriculture et l'existence des sources de revenus nouvelles représentées par la récolte des piquets destinés à la vente et par le sciage bien que ce dernier soit le fait des personnes étrangères.

D'une façon globale, les IKA des activités anthropiques augmentent du PNK vers la périphérie. Mais, les différences des moyennes d'IKA entre les sites restent non significatives (one way ANOVA: F 2;30 = 1,8242; P = 0,1788) (voir Figure 6). Ces moyennes sont plus grandes dans le site 3 (2,285 #177; 2,411) puis décroissent progressivement dans le site 2 (1,564 #177; 1,488) et dans le site 1 (0,723 #177; 0,856). Malgré sa situation d'aire protégée, les populations riveraines au PNK ne s'empêchent pas d'y chasser vu de son plus grand potentiel en gibier. L'IKA des activités anthropiques dans l'ensemble de la zone d'étude est de (1,688 #177; 1,931); ce qui est inférieur à la valeur de 2,91 trouvé par Mouté (2010). La difference des valeurs d'IKA entre les deux années s'explique par le fait que l'année 2011 a contrairement à 2010 vu fleurir les Irvingia gabonensis et il ya eu une ruée vers le ramassage d'irvingia au detriment de la chasse qui, généralement produit plus d'indices anthropiques.

Figure : IKA d'activités anthropiques

4.1.4. Estimation des densités de primates diurnes dans la zone d'étude

Les densités des différentes espèces de primates diurnes ont été calculées et consignées dans le tableau 9. Seules les données issues des transects ont été utilisées pour le calcul des densités. Les densités de Pan troglodytes et de Piliocolobus preussi sont nulles car ces éspéces n'ont pas été recensées pendant les inventaires sur les transects.

Tableau : Densité des primates diurnes dans la zone d'étude

 
 

C.mona

C.
nictitans

C.erythritis

C.
pogonias

C. torquatus

Pan
troglodytes

P. preussi

Total

 

N

13

16

10

4

1

0

0

44

SITE 1

DENSITE

2,740

3,365

2,105

0,844

0,214

0

0

9,268

 

ET

2,226

2,311

1,978

0,891

0,478

0

0

7,121

 

N

5

6

2

0

0

0

 

13

SITE 2

DENSITE

0,868

1,042

0,347

0

0

0

0

2,257

 

ET

1,024

1,318

0,538

0

0

0

0

2,670

 

N

11

10

4

0

0

0

0

25

SITE 3

DENSITE

2,338

2,106

0,856

0

0

0

0

5,301

 

ET

0,864

2,069

0,481

0

0

0

0

2,512

 

N

29

32

16

4

1

0

0

82

TOTAL

DENSITE

1,913

2,101

1,055

0,264

0,067

0

0

5,399

 

ET

1,611

2,031

1,335

0,612

0,267

0

0

5,150

Notes : L : Largeur de détection moyenne ; DP : Distance parcourue ; D : Densité ; N : nombre de détection

> Chez Cercopithecus mona, la densité globale est de 1,913 #177; 1,611. Ces moyennes de densités sont plus grandes dans le site 1 (2,740 #177; 2,226) puis décroissent dans le site 3 (2,338 #177; 0,864) et dans le site 2 (0,868 #177; 1,024).

> Chez Cercopithecus nictitans, la densité globale est de 2,101 #177; 2, 031. Les différencesdes densités moyennes sont sont plus grandes dans le site 1 (3,365 #177; 2,311) puis, décroissent dans la zone 3 (2,106 #177; 2,069) et dans le site 2 (1,042 #177; 0,069).

> Chez Cercopithecus erythrotis, la densité globale est de 1,055 #177; 1,335. Les différences des densités moyennes sont plus élévées dans le site 1 (2,105 #177; 1,978). Elles sont faibles dans le site 3 (0,856 #177; 0,481) et encore plus faible dans le site 2 (0,347 #177; 0,538).

> Chez Cercopithecus pogonias, la densité globale est de 0,264 #177; 0,612. Elles sont de 0,844 #177; 0,891 dans le site 1 et s'annullent dans les autres sites.

Les densités moyennes sont plus élevées dans le site 1 (9,268 #177; 7,121), puis décroissent dans le site 2 (5,301 #177; 2,512) et sont plus faible dans le site 3 (2,257 #177; 2,670). Cette tendance n'est cependant pas statistiquement significative (One way ANOVA: F2 ; 13 = 3,3063; P = 0,0691) (voir Figure 7).

Figure : Densité des primates

Les densités obtenues pendant cette étude sont d'une manière générale plus élevées que celles obtenues par Waltert (2000) dans des forêts non exploitées de la zone de korup et encore plus élevées que celles obtenues par Edwards (1990) dans le PNK. La différence entre les résultats de cette étude et ceux des autres études peut s'expliquer par des périodes différentes de collecte de données. En effet, les données d'Edwards ont été collectées entre avril et décembre et ceux de Waltert, pendant deux années entières. Cela implique que les densités obtenues par ces

STE 1 SITE 2 SITE 3 Mean#177;SD

6

deux études incluent les données de saison sèche où les primates sont supposés être moins
abondants à cause de la rareté des aliments (fruits) due à la sécheresse. Notre étude ne comporte

par contre que les données de saison pluvieuse. Le tableau 10 présente les différentes densités obtenues dans la zone.

Tableau : Densités obtenues par Edwards (1990) et Waltert (2000) dans la zone d'étude et ses environs

 
 

Densité (groupe/km2)

 

Espèces

19901

2000f1

2000f2

20103

Cercopithecus mona

0,86

0,70

1,27

1,913

Cercopithecus nictitans

0,50

0,77

1,27

2,101

Cercopithecus erythrotis

0,29

0,87

1,52

1,335

Cercopithecus pogonias

0,56

0,50

0,91

0,264

Cercocebus torquatus

--

0,08

0,08

0,067

Piliocolobus preussi

--

--

--

--

Pan troglodytes

--

--

--

--

Notes : 1 : Edwards (1992); f1 : Waltert (2002) en forêt exploitée de la zone de korup, f2 : Waltert (2002) en forêt non exploitée de la zone de Korup ; 3 : La présente étude

Bien que les densités de Cercopithecus mona, Cercopithecus nictitans, Cercopithecus erythrotis aient augmenté par rapport aux résultats obtenus en 2000, celles de Cercopithecus pogonias et Cercocebus torquatus ont diminué. Celles de Pan troglodytes et de Piliocolobus preussi restent nulles. Ces résultats nous emmènent à conclure qu'il est possible que Pan troglodytes, Piliocolobus preussi et Cecocebus torquatus soient en train de faire face à une menace d'extinction locale.

Le tableau 11 présente les densités moyennes des groupes de primates :

C nictitans / C mona

Total

C mona

C nictitans

C mona / C erythrotis

C. pogonias / C.
torquatus/ P. preussi /
C. nictitans / C mona

Cercopithecus.
pogonias

C. nictitans / C.
erythrotis

C erythrotis

C torquatus

Pan trglodytes

C mona / C pogonias

C nictitans / C mona /
C erythrotis

C. pogonias / C.
nictitans / C. mona / C.
erythrotis

Tableau : Densité des groupes de primates diurnes dans la zone d'étude

SITE 1

N
DP (Km)
DENSITE
ET

0
52,15

0
0

1

52,15
0,208
0,466

1

52,15
0,214
0,478

2

52,15
0,422
0,578

1

52,15
0,214
0,478

1

52,15
0,208
0,466

0
52,15

0
0

4

52,15
0,833
0,466

4

52,15
0,844
0,891

5

52,15
1,058
1,502

1

52,15
0,208
0,466

1

52,15
0,208
0,466

3

52,15
0,625
0,932

24 52,15 5,043 2,451

 

N

0

0

0

0

0

0

0

3

5

2

3

1

1

15

 

DP (Km)

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

36,542

SITE 2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

DENSITE

0

0

0

0

0

0

0

0,625

1,042

0,440

0,648

0,208

0,208

3,171

 

ET

0

0

0

0

0

0

0

0,932

1,473

0,604

0,594

0,466

0,466

1,232

 

N

0

1

1

0

0

0

0

2

4

1

0

1

0

10

 

DP (Km)

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

97,344

SITE 3

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

DENSITE

0

0,174

0,174

0

0

0

0

0,347

0,694

0,174

0

0,174

0

1,736

 

ET

0

0,425

0,425

0

0

0

0

0,538

0,851

0,425

0

0,425

0

1,423

 

N

0

2

2

2

1

1

0

9

13

8

4

3

4

49

 

DP (Km)

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

225,23

TOTAL

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

DENSITE

0

0,130

0,132

0,132

0,067

0,065

0

0,586

0,850

0,533

0,268

0,195

0,260

3,218

 

ET

0

0,356

0,360

0,360

0,267

0,260

0

0,655

1,026

0,951

0,479

0,420

0,601

2,161

Notes : L: largeur de détection moyenne; DP: Distance parcourue; D: Densité

> Le groupe Cercopithecus pogonias / Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis a une densité globale de 0,130 #177; 0,356. Les densités moyennes sont plus élévées dans le site 1 (0,208 #177; 0,466) et dans le site 3 (0,174 #177; 0,425) puis sont nulles dans le site 2.

> Le groupe Cercopithecus nictitans a une densité globale de 0,586 #177; 0,655. Les densités moyennes sont plus importantes dans le site 1 (0,833 #177; 0,466) puis décroissent dans le site 2 (0,625 #177; 0,932) et dans le site 2 (0,347 #177; 0,538).

> Le groupe Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona a une densité globale de 0,850 #177; 1,026. Les chiffres des densités moyennes sont plus importantes dans le site 2 (1,042 #177; 1,473) ils décroissent dans le site 1 (0,844 #177; 0,891) et dans le site 3 (0,694 #177; 0,851).

> Le groupe Cercopithecus nictitans / Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis a une densité globale de 0,533 #177; 0,951. Les chiffres sont néamoins plus élevés dans le site 1 (1,058 #177; 1,502). Ils sont faibles dans le site 2 (0,440 #177; 0,604) et encore plus dans le site 3 (0,174 #177; 0,425.

> Le groupe Cercopithecus nictitans / Cercopithecus erythrotis a une densité globale de 0,132 #177; 0,360. Les densités moyennes sont néamoins plus importantes dans le site 1 (0,422 #177; 0,578) et s'annulles dans le site 2 et dans le site 3.

Le groupe Cercopithecus mona a une densité globale de 0,268 #177; 0,479. Ces densités moyennes sont plus élevées dans le site 2 (0,648 #177; 0,594). Elles décroissent dans le site 1 (0,208 #177; 0, 466

> Le groupe Cercopithecus mona / Cercopithecus pogonias a une densité globale de 0,067 #177; 0,267. Les chiffres de densités moyennes sont plus importante dans le site 1 (0,214 #177; 0,478) et s'annullent dans les autres.

> Le groupe Cercopithecus mona / Cercopithecus erythrotis a une densité globale de 0,195 #177; 0, 420. Les densités moyennes sont plus élevées dans les sites 1 et 2 (0,208 #177; 0,466), elles sont faible à dans le site 3 (0,174 #177; 0,425).

> Le groupe Cercopithecus erythrotis a une densité globale de 0, 260 #177; 0,601. Ces moyennes de densités sont plus importantes dans le site 1 (0,625 #177; 0,932), diminue dans le site 2 (0,208 #177; 0,466), s'annullent dans le site 3.

De manière globale les densités moyennes de primates sont significativement différente entre les sites (one way ANOVA F2;13 = 4,8206; P = 0,0272) (voir Figure 8). Elles sont plus importantes dans le site 1 (6,974 #177; 9,988), décroissent de façon non significative dans le site 2 (6,875 #177; 11,129) (Duncan test : P= 0,011733), mais non significative dans le site 3 (2,729 #177; 6,963) (Duncan test : P= 0,107262). Cette tendance est statistiquement non significative entre les sites 2 et 3 (Duncan test : P= 0,207354).

Figure : Densités des groupes de primates diurnes rencontrés

4.2. Cartogrphie de la distribution spatiale de primates diurnes

La distribution spatiale des espèces de primates diurnes telle que présentée par la Figure 9 révèle que les espèces les plus abondantes telles que Cercopithecus mona, Cercopithecus nictitans Cercopithecus erythrotis et Cercopithecus pogonias sont réparties dans toutes les sites. Pan troglodytes a uniquement été recensé dans le Nkwende hills qui est une surface isolée (faibles activités anthropiques) dans le site 3. Il serait toutefois présent dans le site 1 d'après les déclarations des chasseurs locaux. Piliocolobus preussi n'a été recensé que dans le site 1 mais, serait également présent dans les Nkwende hills (site 1) d'après les chasseurs de Bayib-ossing. Les espèces confinées dans le site 1 et dans le Nkewende hills (site 3) semblent avoir trouvé refuge dans ces zones reculées en réponse aux pressions anthropiques de plus en plus intenses dans les sites à forte concentration humaine. Les espèces à l'instar de Pan troglodytes et de Cercocebus torquatus sont très susceptibles à la chasse. Ces éspéces sont préférentiellement chassées à cause des grandes quantités de viande qu'elles procurent et cela est en plus de leur faible taux de renouvellement l'une des raisons pour lesquelles elles disparaissent rapidement des zones où la chasse est très intense.Ceci épouse d'ailleurs le fait que les primates les plus succeptible à la chasse disparaissent rapidement des zone à forte activité anthropique et se retranchent dans les zone les moins perturbée.

Site 1
Site 2

Site 3

Figure : Distribution spatiale des espèces de primates diurnes

4.3. Identification des facteurs qui influencent la distribution des primates diurnes

Les coefficients de corrélation ont été calculés et testés à un seuil de 5% dans le but de savoir quelle est l'influence des activités anthropiques ou des arbres portant des fruits sur la présence des primates diurnes.

4.3.1. Corrélation entre les IKA des activités anthropiques et les IKA des primates diurnes Le tableau 12 présente les corrélations entre les IKA des activités anthropiques et ceux des primates diurnes.

Tableau : Corrélations entre l'abondance des primates et celle des activités anthropiques

 

C.mona

C.
nictitans

C.erythritis

C. pogonias

C.
torquatus

Pan
troglodytes

P.
preussi

Total

Campements

0,04

0,13

-0,10

-0,13

-0,06

-0,05

-0,05

0,09

Carbures

0,12

0,17

-0,25

-0,04

0,31

-0,07

0,36 ?

0,05

Cartouches

-0,05

-0,24

-0,16

0,09

0,37 ?

0,22

0,46 ?

-0,08

Champs

-0,33

-0,28

-0,26

-0,20

-0,09

-0,07

-0,07

-0,33

Layons forestiers

-0,04

0,03

0,10

0,19

-0,09

-0,07

-0,07

0,02

Piéges

-0,22

-0,30

-0,15

-0,06

-0,08

-0,07

-0,09

-0,25

Ramassage

d'Irvingia
gabonensis

-0,10

-0,02

-0,05

0,24

-0,10

0,74 ?

-0,07

0,02

Récolte de piquets

-0,06

-0,04

0,02

0,24

-0,04

1,00 ?

-0,03

0,07

Sciage de

 
 
 
 
 
 
 
 

Diospyros crassiflora

-0,05

-0,02

0,07

0,17

-0,08

-0,06

-0,06

-0,00

TOTAL

-0,26

-0,40 ?

-0,23

-0,02

0,05

0,05

0,09

-0,29

Notes : Les coefficients de corrélations portant une étoile sont significatifs à un seuil de 5%.

D'après le tableau 12, les corrélations entre les IKA des primates diurnes et ceux des activités anthropiques sont pour la plupart négatives et varient de faible à très faible, exception faite de quelques corrélations positives modérées observées entre:

> L'IKA de Piliocolobus preussi et celui des traces carbure laissées par les chasseurs (r = 0,36);

> les IKA de Cercocebus torquatus, Piliocolobus preussi et celui des douilles de cartouches (r = 0,37et r = 0,46);

> l'IKA Pan troglodytes et celui du ramassage d'Irvingia gabonensis (r = 0,74).

Il y'a une corrélation positive très forte entre l'IKA du Pan troglodytes et celui de la récolte des piquets (r = 1,00).

La corrélation très forte (r =1) entre l'IKA de Pan troglodytes et celui de la récolte des piquets s'explique par le fait que la récolte des piquets a été observée dans un seul site (Bayipossing) qui s'avère être l'un des sites refuge de l'éspéce et par ailleurs, le seul site où ce primate a été observé.

La corrélation forte (r = 0,74) entre l'IKA de ramassage de d'Irvingia gabonensis et celui de Pan troglodytes résulte du fait que sur les sommets du Nkwende-hills, il ya eu des fructifications tardives d'Irvingia gobonensis qui aurait pu attirer à la fois les ramasseurs d'Irvingia gabonensis et le primate.

Les corrélations positives entre les IKA des cartouches et ceux de Piliocolobus preussi (r = 0,46), entre l'IKA Piliocolobus preussi et celui des traces de carbures (r = 0,36) et entre les IKA des cartouches et ceux de Cercocebus torquatus (r = 0,37) s'expliquent par le fait que les chasseurs de la zone d'étude exercent préférentiellement leur activités dans les endroits où abonde le gibier (primates). Ceux de la zone 1, et plus précisément de Bakut, chassent abondamment dans le PNK et dans l'ex village Ekogati qui sert de refuge à Cercocebus torquatus et à Piliocolobus preussi.

La corrélation modérée, négative et significative entre la presence des arbres en général et celle de Cercopithécus nictitans. (r = -0,40) illustre l'effet néfaste de la chasse sur la présence des primates.

De manière générale, la présence des activités anthropiques a une influence faible négative sur l'abondance des primates (r = -0,29).

4.3.2. Corrélation entre les IKA des plantes en fructification et les IKA de primates diurnes Le tableau 13 présente les coefficients de corrélations entre les IKA des plantes en fructification et ceux des primates diurnes.

Tableau : Corrélations entre la présence des primates et celle des arbres portant des fruits

 

C.mona

C.
nictitans

C.erythritis

C.
pogonias

C.
torquatus

Pan
troglodytes

P.
preussi

Total

Cala sp

Dacryodes
edulis

Elaeis
guineensis

Inconnu 1 Inconnu 2 Inconnu 3 Inconnu 4 Inconnu 5 Inconnu 6 Inconnu 7 Inconnu 8 Inconnu 9 Inconnu 10 Inconnu 12 Inconnu 13 Inconnu 14 Inconnu 15 Inconnu 16

Irvingia
gabonensis

Lophira alata
Marantacae

Miryanthus
arborus

Musanga
cecropioides

Pignantus
angolensis

TOTAL

-0,02
0,00
-0,30

0,37 * 0,24 0,16 -0,07 -0,02 0,24 -0,04 -0,08 -0,12 -0,24 -0,16 -0,02 0,43 * -0,09 0,49 *

-0,29 -0,25 -0,09 -0,06 -0,08 -0,30 -0,29

-0,18
0,02
-0,28

0,32

0,31

0,15 -0,05 -0,01 0,44 * -0,01 0,03 -0,23 -0,14 -0,14 -0,01 0,43 * -0,10 0,35 *

-0,29 -0,21 -0,08 -0,05 -0,17 -0,17 -0,25

-0,05
-0,06
-0,21

0,32 0,08 -0,07 -0,03 -0,13 0,46 * 0,11

-0,01 -0,10 -0,12 0,08 -0,13 0,50 * -0,10 0,52 *

-0,23 -0,26 -0,00 0,02 0,02 -0,28 -0,26

0,10 0,01 -0,11

0,47 * 0,24 0,22 0,03 -0,09 0,18 0,31 0,19 -0,12 -0,16 0,17 -0,09 0,62 * 0,07 -0,09

-0,09 -0,14 0,23 0,25 -0,00 -0,23 -0,01

0,26
-0,09
-0,07

0,21

0,30 0,42 * 0,04 -0,04 0,04 0,13 -0,04 -0,06 -0,10 -0,06 -0,04 0,29 -0,06 -0,04

-0,12 0,06 -0,05 -0,04 -0,10 -0,11 0,10

0,10
0,55 *
0,09

-0,05 -0,06 0,08 -0,04 -0,03 -0,06 0,65 * -0,03 -0,04 0,09 -0,05 -0,03 -0,04 -0,05 -0,03

0,40 * -0,08 0,99 * 1,00 * 0,25 -0,08 0,17

0,31

-0,07

-0,06

-0,05 0,10 0,43 * -0,04 -0,03 -0,06 0,18 -0,03 -0,04 -0,08 -0,05 -0,03 -0,04 -0,05 -0,03

-0,09 0,07 -0,04 -0,03 -0,10 -0,08 0,05

-0,03
0,09
-0,28

0,39 * 0,26 0,17 -0,05 -0,07 0,37 * 0,11 -0,01 -0,18 -0,20 -0,07 -0,07 0,52 * -0,10 0,40 *

-0,26 -0,25 0,04 0,07 -0,09 -0,29 -0,25

Notes : Les coefficients de corrélations portant une étoile sont significatifs á un seuil de 5%

La plupart des corrélations entre les IKA des espèces de plantes en fructification et les IKA des primates diurnes varient de faibles á très faibles.

Malgré la corrélation négative mais faible (r = -0,25) entre la totalité des arbres et la totalité des primates diurnes, il existe de nombreuse corélations positives modérées et surtout

significative qui montre l'influence de certaines plantes en fructification sur la distribution des primates diurnes. Ces correlations positives s'éxpliquent par la relation alimentaire qui lie les primates aux fruits.

Les activités anthropiques et la disponibilité des fruits sont ainsi des facteurs qui influencent la distribution spatiale des primates diurnes dans la zone d'étude.

Il est important de savoir quelle est la période de fructification de chacune de ces plantes en raison de leur influence éventuelle sur la distribution des primates. Le tableau 14 présente les périodes de détection des plantes en fructification.

Tableau : Détection dans le temps des plantes en fructifications dans la zone d'étude

Espèces

Première détection

Dernière détection

Inconnu 1

06/07/2010

05/08/2010

Inconnu 2

21/07/2010

07/09/2010

Inconnu 3

06/07/2010

10/09/2010

Inconnu 4

06/07/2010

06/07/2010

Inconnu 5

27/08/2010

27/08/2010

Inconnu 6

06/07/2010

04/08/2010

Inconnu 7

22/06/2010

07/09/2010

Inconnu 8

22/07/2010

22/07/2010

Inconnu 9

31/07/2010

11/08/2010

Inconnu 10

19/05/2010

28/06/2010

Inconnu 13

31/07/2010

01/09/2010

Inconnu 14

11/08/2010

01/09/2010

Inconnu 15

11/08/2010

11/08/2010

Inconnu 16

01/09/2010

01/09/2010

Pygnantus angolensis

12/05/2010

17/07/2010

Dacryodes edulis

21/05/2010

13/07/2010

Miryanthus arborus

13/07/2010

17/07/2010

Lophira alata

13/07/2010

07/09/2010

Cola spp.

16/07/2010

01/09/2010

Musanga cecropioides

01/06/2010

07/09/2010

4.4. Perception villageoise et menaces sur les primates dans la zone d'etude 4.4.1. Caractérisation de la population enquêtée

La population enquêtée était constituée de 38 chasseurs à 100% hommes (car la chasse dans la zone est une affaire d'hommes) appartenant tous à l'ethnie Ngunnchang, l'ethnie autochtone de la localité. Cette ethnie se resserve le monopole de la chasse à l'exclusion de toute autre personne. Le tableau 15 reparti les enquêtés dans les sept villages de la zone d'étude en fonction de l'âge et le tableau 16 les regroupe en fonction du nombre d'années passées dans le village.

Tableau : Répartition des enquêtés par tranche d'âges et par village

 
 
 
 
 

Tranches d'âges

 
 
 
 
 

Village

15-20

20-25

25-30

30-35

35-40 Tes

d

40-45

45-50

50-55

60-65

Ti

Et

Abat

1

--

2

1

2

--

1

1

--

8 (21,05%)

12

Bajoh

--

--

2

1

1

--

--

--

--

4 (10,52%)

8

Bakut

--

--

--

1

1

2

 

--

1

5 (13,15%)

21

Basu

--

--

--

1

--

--

--

--

--

1 (2,631%)

1

Bayip-
ossing

--

3

--

1

1

2

--

--

--

7 (18,42%)

8

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

7

 

Mgbegati

--

--

1

3

2

1

--

--

--

 

11

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

(18,421%)

 

Osselle

--

--

1

3

1

--

1

--

--

6 (15,78%)

8

Total

1

3

6

11

8

5

2

1

1

3 8 (100%)

69

 

(2 ,63%

(7,89%)

(15,78%)

(28 ,94%)

(21,05%)

(13,15%)

(5,26%)

(2,631%

(2,631

 
 

Notes : Ti : total interviewé ; Et : effectif total )

Du tableau 15, il ressort que les tranches d'ages 30-35, 35-40, 20-25 et 40-45 sont les plus représentées parmi les chasseurs.

Tableau : Répartition des enquêtés en fonction du nombre d'années passée dans le village

Nombre d'années passées dans le village

Village

 
 
 
 
 
 
 
 

total

0-10

10- 20

10-20

20-30

30-35

35-40

40-45

40-50

Abat

3

--

--

2

1

1

1

--

8

Bajoh

2

--

2

--

--

--

--

--

4

Bakut

--

--

1

 

2

1

--

1

5

Basu

1

--

--

--

--

--

--

--

1

Bayip-ossing

3

1

--

2

--

--

--

1

7

Mgbegati

2

--

4

1

--

--

--

--

7

Osselle

1

--

3

1

--

--

--

1

6

Total

12

1

10

6

3

2

1

3

38

D'après le tableau 16, le nombre d'enquêtés dans les villages Bajoh et Basu est relativement faible comparé à celui des 5 autres villages. En effet, cette répartition laisse transparaître la taille effective de différents villages. Les villages Bajoh et Basu sont relativement plus petits avec des populations faibles et par conséquent un faible nombre de chasseurs. Il y a par exemple un seul chasseur dans le village Basu. Le grand nombre de personnes ayant passé moins de 20 ans dans le village s'explique par le fait que les jeunes ne s'installent définitivement au village qu'après un exode qui peut durer plusieurs années à la recherche d'une formation ou d'un travail dans les centres urbains.

Le tableau 17 regroupe les personnes enquêtées en fonction de leur niveau d'étude. Il en ressort que le nombre de C.E.P.E (92,10%) domine dans le village suivi du nombre de PROBATOIRE, BEPC et de l'analphabétisme qui ont chacun un pourcentage 2,63%. Cette sous scolarisation résulte du manque d'écoles secondaires dans la zone. Les élèves sont obligés de quitter la zone pour aller poursuivre leurs études secondaires dans les villes et villages avoisinants. Ce qui oblige ceux qui n'ont pas la possibilité de s'instruire hors du village d'abandonner leurs études après le l'obtention du CEPE.

Tableau : Répartition des personnes enquêtées en fonction du niveau d'étude

VILLAGES

Niveau d'éducation Abat Bajoh Bakut Basu Bayip-

ossin

g Mgbegati Osselle Total

ANALPHABET -- -- -- -- 1 -- -- 1

BEPC 1 -- -- -- -- -- -- 1

CEPE

7

4

5

 

6

7

6

35

PROBATOIRE

--

--

--

1

--

--

--

1

TOTAL

8

4

5

1

7

7

6

38

4.4.2. Menaces

La chasse excessive, le commerce de la viande de brousse et l'exploitation forestiére sont les principales menaces auxquelles les poplations fauniques font face dans la zone d'étude.

4.4.2.1. La chasse comme menace dans la zone d'étude

La chasse villageoise constitue une menace véritable pour la faune sauvage et pour les primates diurnes en particulier. Il suffit d'observer des aspects tels que le lieu de chasse, la fréquence des activités de chasse, les espèces prélevées et la destination des produits de chasse pour s'en convaincre.

4.4.2.1. 1 Le lieu de chasse

Les populations des villages Abat, Bayip-ossing, Mgbegati et Osselle chassent majoritairement dans les forêts villageoises (hors du PNK). Certainement à cause de la grande distance qui les sépare du PNK et du caractère territorial de la chasse dans la localité. En effet, chaque individu ne peut chasser que dans les limites de son village et les villages voisins au PNK se réservent des portions de forét à l'intérieur de ce dernier. Les populations des villages Bajoh, Basu et Bakut quant à elles chassent à la fois dans les forêts villageoises et dans le PNK. Ils chassent majoritairement dans le PNK et ne se replient dans la forêt villageoise que lorsque la rivière Munaya est en crue et les empéche d'accéder au PNK ou lorsque les éco-gardes sont en patrouille près des villages. Malheureusement, ces patrouilles se font suivant un programme très bien maitrisé par les villageois qui les contournent sans difficultés majeures. Bien plus, les villageois, comme des sentinelles, alertent toujours les chasseurs de l'arrivée des éco-gardes. Le tableau 18 résume la répartition de la population enquêtée en fonction du lieu de chasse.

Tableau : Lieu de chasse des differents villages dans la zone d'étude

Lieu de
chasse

Abat

Bajoh

Bakut

Basu

Bayip-
ossing

Mgbegati

Osselle

Total

Foret
villageoise

8

--

--

--

7

7

6

28

Foret
villageoise/

--

4

5

1

--

--

--

10

PNK

 
 
 
 
 
 
 
 

Total

8

4

5

1

7

7

6

38

4.4.2.1. 2. Autres caractéristiques de la chasse

Dans la zone d'étude, la fréquence de la chasse varie entre 1 et 15 jours par mois pour une moyenne de 7,36 #177; 3,52 jours. Ainsi la chasse, compte tenu de sa fréquence est l'une des activités les plus importantes après l'agriculture.

Le nombre de cartouches par sortie de chasse varie entre 2 et 10, pour une moyenne générale de 6,10 #177; 2,21. Nous constatons ainsi que ce nombre est supérieur à 5, nombre de cartouches recommandé par le poste forestier territorialement compétent. Le tableau 19 présente le nombre de sorties de chasse par mois et le nombre de cartouches par sortie de chasse.

Tableau : Fréquence moyenne de chasse et nombre moyen de cartouches emporté à

chaque fois

 
 

Village

Fréquence moyenne de

chasse (jours/mois)

Nombre moyen de cartouche par expédition

Abat

4,75 #177; 2,187

5 #177; 1,851

Bayip-ossing

8,571 #177; 2,760

5,857 #177; 1,463

Bajoh

5 #177; 2

6,75 #177; 2,362

Bakut

8,6#177; 3,974

11 #177; 5,291

Basu

8

10

Mgbegeti

6,714 #177; 3,860

4,285 #177; 1,253

Osselle

10,666 #177; 2,760

6,5 #177; 1,643

Total

7,368 #177; 3,529

6,105 #177; 2,215

Pour justifier le nombre de cartouches par sortie de chasse, certaines personnes estiment qu'elles ont toujours besoin d'un surplus de cartouches pour se protéger contre les animaux féroces tels que les potamochères et contre d'éventuels voleurs de gibier qu'ils pourraient rencontrer dans la forêt; d'autres évoquent le nombre d'animaux qu'ils sont susceptibles de rencontrer lors d'une sortie de chasse; tandis que pour certains, le nombre de cartouches dépend de la somme d'argent dont ils disposent pour l'achat des cartouches. Ils achètent ainsi autant de cartouches que possible. D'autres estiment que le nombre de cartouches par sortie de chasse, est fonction du poids des cartouches puisqu'il pourrait s'il est trop important les fatiguer et réduire

leurs performances. Le nombre de cartouches par sortie de chasse est très déterminant et peut influencer la quantité d'animaux tués par un individu en une séance de chasse (voir photo 1).

Photo : Prise d'une nuit de chasse par un chasseur

La chasse villageoise peut aussi être une menace selon qu'elle s'effectue de jour ou de nuit. En effet, la chasse effectuée la nuit est très peu sélective des espèces et des individus au sein d'une espèce. Dans la nuit, le chasseur ne perçoit que le reflet de la lumière dans les yeux de l'animal. Il ne peut donc pas aisément évaluer l'espèce, l'âge, ou le sexe d'un animal qu'il est sur le point d'abattre. C'est pour cette raison que la chasse de nuit est prohibée par la législation faunique. Malheureusement, ce mode de chasse est une pratique très courante dans la zone d'étude comme le présentent les données du tableau 21.

Tableau : Répartition des personnes enquêtées en fonction du moment de chasse

Moment de chasse

 

Jour

Nuit

Nuit Et Jour

Total

Effectifs
Pourcentage

5
13,158%

15
39,474%

18
47,368%

38
100%

Plusieurs raisons ont été évoquées par les chasseurs interrogés pour justifier leur choix du moment de chasse.

Pour la Chasse nocturne:

> Meilleure chance de rencontrer les animaux

> Journée occupée par les travaux champêtre

> Possibilité de ramasser les pangolins et les tortues en plus des animaux abattus Pour la chasse diurne:

> Facilité de rencontrer les animaux

> Facilité de tuer les singes

> Bonne visibilité de l'animal à abattre

> La peur d'aller en forêt seul la nuit

Pour ceux qui chassent le jour et la nuit :

> Le choix du moment dépend du temps qu'il fait par exemple quand il pleut la nuit on chasse le jour

> La chasse commence la nuit et s'achève le matin car les singes abondent en matinée.

4.4.2.1.4 Espèces prélevées

Un prélèvement anarchique des espèces relève d'une mauvaise gestion et peut aboutir á une réduction du nombre d'espèces suite à une extermination de certaines d'entre elles. Les espèces prélevées par la population échantillonnée sont variées et vont des écureuils aux potamochères. Les espèces prélevées incluent aussi bien des espèces protégées que celles ne bénéficiant d'aucune protection dans le cadre de la réglementation forestière. Ainsi, lorsqu'elles ont été interrogées sur les cinq espèces qu'elles prélèvent le plus, 31 personnes (81,57%) ont cité les petits singes arboricoles qui, pour la plupart appartiennent á la classe C; 38 personnes (100%) ont cité le céphalophe bleu qui appartient á la classe C; 25 personnes (65,78%) ont cité le céphalophe d'Ogylbi qui appartient á la classe B; 9 personnes (23,68%) ont cité le potamochères qui appartient á la classe A et 35 personnes (92,10%) ont cité le porc-épic qui est un animal prolifique, assez abondant et qui ne fait donc l'objet d'aucune priorité de conservation. D'autres espèces protégées telles que les éléphants de forêt et les chimpanzés sont aussi chassées dans la zone mais, les chasseurs refusent d'en parler par peur de représailles. Le tableau 21 présente les espèces citées comme étant les plus prélevées.

Tableau : Espèces les plus prélevées d'après le pourcentage de personnes enquêtées

Thryonomys swinderanus

Phataginus tricuspis

Noms communs

 

Noms scientifiques

Nombre de
fois cité

Pourcentage

Primates

Cercopithecus spp.

31

81,578

Céphalophe bleu

Cephalophus monticola

38

100

Céphalophe d'Ogilby

Cephalophus ogilbyi

25

65,789

Porc-épic

Atherurus africanus

35

92,105

Pangolin

Uromanis tetradactyla

17

44,736

 

/Phataginus tricuspis

 
 

Aulacode

 

10

26,315

Potamochère

Potamocerus porcus

9

23,684

Rat de Gambie

Cricetomys gambianus

3

7,894

Ecureuil

Protoxerus stangeri

1

2,631

Mangouste

Atilax paludinosus

3

7,894

Civette

Crossarchus obscurus
Herpestes naso naso

4

10,526

Il ressort du tableau 21 que les espèce les plus prélevées sont en fait les plus abondantes Crossarchus obscurus

Geneta sp

et donc les plus faciles à chasser. C'est ainsi que nous avons le céphalophe bleu en tête suivi duporc-épic, des singes et du céphalophe d'Ogilbyi.

4.4.2.2. Le marché du gibier

Bien que 100% des personnes déclarent que les produits de leur chasse sont destinés à la vente et à la consommation familiale, l'observation directe montre que ces produits sont plus destinés à la vente qu'à la consommation familiale. En effet, d'après la pratique courante, le chasseur et sa famille ne consomment que la tête et les parties internes de l'animal, le reste de viande étant réservé à la vente. La vente de viande de brousse constitue l'une des menaces les plus graves qui pèsent sur la faune sauvage. Les acheteurs ne sont pas des habitants du village mais proviennent des villes environnantes (Mamfe, Kumba). Ils achètent du gibier pour le revendre dans les grandes villes et cette pratique a entrainé une augmentation de la demande et une hausse des prix de la viande de brousse. Par conséquent, les chasseurs sont poussés à tuer plus d'animaux pour satisfaire des demandes toujours croissantes. A ce jour, la plupart des chasseurs perçoivent l'argent de la vente du gibier avant d'aller à la chasse. Il est par ailleurs très difficile pour un villageois ne pratiquant pas la chasse de consommer du gibier à cause de sa raréfaction et surtout à cause de son coût très élevé. Cela risque d'aboutir à une augmentation du nombre de chasseurs puisque les villageois ne peuvent pas s'offrir la viande de brousse à moindre coût et seront obligés de chasser personnellement leur gibier.

Aux dégâts causés par la vente de viande de brousse, s'ajoutent ceux causés par le commerce des animaux vivants, particulièrement les jeunes singes vendus comme animaux de compagnie. En ce qui concerne le sort que les chasseurs réservent aux jeunes singes capturés vivants:

> 10,52% des interviewés, les gardent chez eux comme animaux de compagnie, même s'ils

reconnaissent que ces jeunes singes survivent très rarement;

> 21,05% ne ramènent jamais les jeunes singes au village soit parce qu'ils peuvent

transmettre des maladies aux enfants, soit par ce qu'ils leurs font de la peine;

> 2,63% les conduisent occasionnellement au jardin zoologique de Limbe pour se faire

d'argent;

> 65,78% les vendent à des acheteurs qui eux même, les revendent en ville.

Certains chasseurs reconnaissent avoir intentionnellement abattu les mères singes dans le but de capturer et de vendre les petits. Une telle pratique ne favorise pas le renouvellement des effectifs et peut modifier la structure d'age de la population de primates diurnes. La photo 2 présente des petits singes dont les mères ont été intentionnellement abattues.

Photo : Jeunes singes capturés après abattage de leur mère (à gauche un jeune Cercopithecus mona et à droite un jeune Cercopithecus erythrotis)

4.4.2.3. Menaces dues à l'exploitation forestière

L'exploitation forestière est au rang des facteurs qui contribuent à la destruction ou à la perturbation de l'habitat des primates diurnes et de la faune en général. En effet, la zone d'étude chevauche l'UFA 11-005 exploitée par la TRC pour qui, ladite zone fait partie de l'assiette de coupe devant être exploitée au cours de l'année 2011. Cette exploitation forestière s'accompagnera sans doute d'effets néfastes sur la faune sauvage. Il s'agit notamment du boom démographique qui est susceptible d'entraîner une augmentation de la demande en gibier; de l'ouverture des zones les plus profondes de la forêt aux chasseurs à travers les layons d'exploitation. Un inventaire d'exploitation a d'ailleurs déjà été réalisé et les chasseurs ont tout de suite adopté les layons comme pistes de chasse. Les transects réalisés dans le cadre de nombreuses recherches effectuées dans la zone sont presque tous devenus des pistes de chasse. Au titre des effets néfastes de l'exploitation forestière sur la faune, on peut évoquer la destruction massive de l'habitat, due à l'abattage et au débardage des arbres.

4.4.3. Perception villageoise sur les populations de primates diurnes

Le chimpanzé est le seul animal dont certaines parties du corps sont particulièrement très coûteuses par rapport aux autres. Parmi les 38 personnes interrogées, 6 ont déclaré ne pas connaître des parties particulièrement coûteuses en ce qui concerne le chimpanzé et 32 ont

déclaré que la tête, les pieds et les mains du chimpanzé sont souvent achetés par des nigérians qui proposent des sommes variant entre 15 000 FCFA et 25 000 FCFA pour l'achat de ces parties.

Le nombre de restriction en ce qui concerne la consommation des primates est très restreint dans la zone d'étude et ces restrictions et certaines de ces restrictions résultent des enseignements transmis aux chasseurs par le global viral forecasting initiative et non de la tradition. Le tableau 22 presente les restrictions sur la consommation des primates.

Tableau : Restriction évoquées par les enquêtés sur la consommation des primates

Restrictions

Espèces

Interdit aux
enfants

Interdit aux
femmes
enceintes

Interdit aux enfants et aux femmes enceintes

Aucune
restriction

Total Raisons

Cercopithecus
mona

2 1 0 35 38 La viande transmet la toux aux enfants

même dans le sein maternel

Cercopithecus

nictitans 1 1 0 36 38 La viande transmet la toux aux enfants

même dans le sein maternel

Cercocebus

torquatus 1 1 0 36 38 La viande transmet la toux aux enfants

même dans le sein maternel

Piliocolobus

preussi 2 1 0 35 38 La viande transmet la toux aux enfants

même dans le sein maternel

Cercopithecus

erythrotis 9 12 8 9 38 La viande transmet la toux aux enfants

même dans le sein maternel

Pan troglodytes 3 1 0 35 38 Animal Totem,

ressemblance avec l'homme

Cercopithecus

pogonias 1 1 0 36 38 La viande transmet la toux aux enfants

même dans le sein maternel

Excepté le cas de Cercopithecus erythrotis, le nombre de personnes ayant cité des restrictions sur la consomation des primates est faible. Aucune de ces restrictions n'a d'ailleurs été observée en pratique dans le village.

Comme animal totem, le chimpanzé est cité par 63,15% de personnes; Cercopithecus erythrotis par 10,52% de personnes et Cercopithecus nictitans, Cercopithecus mona, Cercopithecus torquatus par 5,26% de personnes chacun. Seul Piliocolobus preussi n'a pas été cité comme tel. Le fait qu'un animal soit considéré comme totem n'entraîne pas forcement des restrictions au niveau de sa consommation. Ce qui expliquerait l'absence de restrictions strictes

au niveau de la consommation des primates. Cela n'influence pas non plus le niveau de prélèvement car ici, les animaux prélevés sont plus vendus qu'autoconsommés. C'est ainsi que 4 personnes sur 38 ont reconnu qu'ils ne consomment pas la viande de chimpanzé mais qu'ils les tuent pour la vente.

A la question de savoir quel sont les primates ayant un pouvoir médicinale, 15,78 % des interviewés ont cité le chimpanzé et 2,63% ont cité le drill, cercopithèque pogonias, cercocebus torquatus. Les primates sont ainsi des animaux très peu utilisés dans la pharmacopée traditionnelle vue le faible nombre de fois où ils ont été cités comme ayant des valeurs médicinales.

De cette analyse, il ressort que les primates sont des animaux dont certaine partie du corps peuvent être vendu à des prix très élevés, que les quelques restrictions dans leur consommation sont bafouées par la majorité des villageois que ces restrictions soient issus des enseignements externes ou des traditions qui sont en perte de valeurs au vu de leur non-respect par les villageois. Il apparait également que les primates restent très consommés localement et qu'ils sont très peu utilisés dans la pharmacopée traditionnelle vu le faible nombre de fois où ils ont été cités comme ayant des valeurs médicinales. De ce qui précède, il en découle que les populations locales perçoivent les primates diurnes comme des animaux faciles à chasser, qui génèrent des revenus considérables par leurs ventes et qui ne sont nullement protégés par les tabous et la tradition.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King