5) La problématique et
Hypothèses :
Au Mali, depuis l'avènement de la
IIIème République en 1992 et jusqu'à nos jours,
le taux de participation à une élection n'a jamais atteint 50%,
après une expérience électorale de près de dix-huit
consultations référendaires, présidentielles,
législatives et communales.
Une telle expérience doit permettre aujourd'hui au Mali
de sortir d'une logique d'élection de fondation, voire de consolidation
pour entrer dans une logique d'élection de routinisation avec une
participation plus élevée.
L'échiquier politique malien comprend une centaine de
partis politiques qui sont formés la plupart après les
évènements du 26 Mars 1991. Ces formations politiques sont
confrontées à plusieurs défis dont la mobilisation de
l'électorat pendant les élections qui reste encore faible.
Sur la centaine de partis politiques, seule une dizaine est
représentée au parlement. Quand on sait que l'une des fonctions
principales d'un parti politique est de mobiliser et d'encadrer
l'électorat en vue de la conquête et l'exercice
démocratique du pouvoir. Ainsi les partis politiques maliens ne
jouent-ils pas suffisamment leurs fonctions ?
Ou encore, peut-on dire que la faible participation
électorale des Maliens est-elle une manifestation de leur
désintérêt à l'égard de la chose
électorale ?
En d'autres termes, l'abstentionnisme électoral est-il
la conséquence de l'immobilisme des organisations de la
société civile qui doivent servir de tremplin aux partis
politiques en matière de proposition de projet de société,
ou peut-il expliquer autres choses ?
Tout notre propos tournera au tour de ces interrogations
soulevées par l'abstentionnisme électoral que nous
ramènerons à la question principale suivante : Quels
sont les facteurs explicatifs de l'abstentionnisme électoral ?
Ainsi, pour mieux cerner les causes de l'abstention
électorale en profondeur, nous avons posé un certain nombre
d'hypothèses :
· La première hypothèse consiste à
considérer l'abstention électorale comme liée à
l'analphabétisme galopant au Mali qui touche la majeure partie de la
population d'un coté et à la faible culture démocratique
de l'autre côté. En effet, selon cette hypothèse le niveau
d'instruction serait un facteur considérable à prédire la
participation électorale ou l'abstention électorale.
· La deuxième hypothèse soutient que la
faible participation électorale des Maliens se traduirait par une
certaine indifférence de ceux - ci à l'égard de la
politique. En effet, l'image de la politique se détériore peu
à peu dans notre pays, ce qui peut découler d'une certaine
insatisfaction au plan politique et social. En outre, la pauvreté et le
chômage frappent plus d'un malien et pouvant freiner la participation
politique active.
· Enfin selon, la troisième hypothèse, la
hausse de l'abstention serait due aux effets conjugués des
défaillances dans l'organisation des élections depuis 1992, du
système électoral d'une part et de la conjoncture d'autre part.
Pour une étude plus approfondie des causes qui
sous-tendent à l'abstentionnisme électoral au Mali, nous allons
analyser dans un premier temps, les facteurs liés au processus
organisationnel des élections et à la conjoncture
(Première Partie) et dans un second temps, les facteurs liés
à la perception de la politique dans l'imagerie collective et à
la faible insertion sociale (Deuxième Partie).
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