b) Les justifications du processus
inflationniste par les monétaristes
Le raisonnement de Milton Friedman
sur le déclenchement du processus inflationniste s'appuie sur plusieurs
arguments, mais, au final, c'est surtout la politique des pouvoirs publics qui
est condamnée.
Premier argument : la hausse de l'inflation
résulte tout d'abord d'une croissance des dépenses publiques
alors que le gouvernement n'est pas en mesure d'augmenter les impôts.
Friedman ajoute, dans Inflation et systèmes monétaires :
« Sa politique a consisté à financer ce surcroît
de dépenses en imprimant de plus en plus de billets ».
Le financement monétaire, donc la complicité de
la Banque Centrale, est ici dénoncée. Cette hausse des
dépenses peut être justifiée par l'objectif de plein
emploi. Le second argument incrimine directement les Banques Centrales. Leurs
dirigeants sont accusés de « prendre leurs décisions en
fonction de théories erronées ; ils ont pensé qu'ils
devaient s'occuper des taux d'intérêt alors que leur tâche
consiste en fait à contrôler la quantité de
monnaie ». Ici encore, c'est bien la quantité de monnaie et
son adéquation au volume de la demande qui est la variable
stratégique.
Milton Friedman illustre ses propos par la situation
prévalant aux Etats-Unis durant les années 1960. A cette
époque, les prix étaient stables. A la suite des politiques mises
en oeuvre par John F. Kennedy, puis par Lyndon Johnson, dans « New
Economica », la hausse des prix avait progressé, atteignant 3
à 3,5% par an. La réserve fédérale s'était
inquiétée de la situation en 1966, conduisant alors une politique
monétaire restrictive couronnée de succès puisque la
hausse des prix était revenue à 2,5%.
Le ralentissement économique qui en est
résulté s'est accompagné d'une montée du
chômage, politiquement mal vécue. L'inflation avait ensuite repris
sa hausse en raison des dépenses gouvernementales et du laxisme
monétaire de la FED. L'inflation a atteint 7% en 1969 et a
constitué, selon Friedman, l'une des causes de l'affaiblissement du
dollar, conduisant à sa dévaluation et à la suspension par
le président Nixon de la convertibilité -or de la monnaie
américaine le 15 août 1971.
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