2.11. La politique
monétaire
1. Notions
L'objectif statutaire de la Banque Centrale est aujourd'hui
d'assurer la stabilité monétaire dans une perspective à
moyen terme et non d'exercer une action conjoncturelle. Ce programme a deux
aspects liés : interne et externe.
A l'intérieur d'une espace monétaire, la Banque
Centrale émet la monnaie ultime et régule d'activités de
crédit des Banques.
Elle utilise aujourd'hui l'outil des taux
d'intérêts. A l'extérieur, les autorités
monétaires congolaises ont choisi d'ancrer (immobiliser) le franc
congolais au dollar américain pour importer la stabilité de ce
dernier.
Si la Banque Centrale accroît l'offre de monnaie, le
niveau des prix étant supposé donné, cette hausse de
l'offre monétaire se traduit par un accroissement des encaisses
réelles; en conséquence, la hausse de l'offre de monnaie
accroît le revenu et diminue le taux de change. La politique
monétaire affecte donc le revenu en économie ouverte tout comme
en économie fermée, mais le mécanisme de transmission
monétaire y est différent.
La Banque Centrale doit mettre en place les
éléments de la thérapeutique destinée à
lutter contre l'inflation pour préserver la valeur interne et externe de
la monnaie. Pour ce faire, l'autorité susceptible de développer
les mécanismes de financement des investissements fondés sur
l'accroissement d'un épargne stable.
En économie fermée, la hausse de l'offre de
monnaie réduit le taux d'intérêt, ce qui stimule
l'investissement et donc la dépense totale.
En petite économie ouverte, le taux
d'intérêt est fixé au taux d'intérêt nominal.
Dès que la hausse de l'offre de monnaie pèse à la baisse
sur le taux d'intérêt intérieur, les capitaux quittent
l'économie, les investisseurs cherchant ailleurs un rendement plus
élevé. Cette sortie de capitaux empêche le taux
d'intérêt intérieur de baisser.
De surcroît, comme les sorties de capitaux alimentant
l'offre de monnaie nationale sur le marché des devises
étrangères, le taux de change se déprécie. Ceci
réduit le prix des biens intérieurs par rapport à celui
des biens étrangers ce qui stimule les exportations nettes.
La politique monétaire influence le revenu modifiant
le taux de change plutôt que le taux d'intérêt.
2. Définition
La politique monétaire est un
ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics, et
notamment la Banque Centrale, visant à faire varier la quantité
de monnaie présente dans l'économie afin d'agir indirectement sur
la valeur de la devise nationale, sur la production, l'investissement, la
consommation et l'inflation.
La politique monétaire, qui a pour objectif
de soutenir l'activité économique en fournissant des
liquidités et des crédits indispensables aux agents pour
consommer, investir et produire, ne doit pas se révéler trop
restrictive, car elle risquerait alors de bloquer la croissance
économique, ni trop expansionniste, dans la mesure où une telle
situation favoriserait l'augmentation de l'inflation (la hausse
généralisée des prix) en injectant trop de pouvoir d'achat
dans une économie qui ne dispose pas suffisamment de biens pour
satisfaire la demande.
3. Les instruments de la politique
monétaire
Les Banques Centrales disposent de plusieurs armes
pour mettre en oeuvre la politique monétaire correspondant à
leurs objectifs. Certaines sont devenues ses instruments
privilégiés d'intervention, d'autres sont tombées en
désuétude. L'encadrement du
crédit, qui était au coeur de la politique
monétaire française avant les années 1980, et qui
consistait dans une obligation faite aux banques de ne pas dépasser un
volume précis de prêts auprès des entreprises et des
particuliers, a été abandonné en 1987 : cette
technique était jugée trop directive et ne correspondait plus
à une économie ouverte sur le monde et soumise à la
concurrence financière internationale. Pour les mêmes raisons,
la politique de variation des réserves obligatoires
n'est plus véritablement employée par la Banque
centrale depuis cette époque, mais demeure une arme potentielle,
rarement utilisée.
Elle consiste dans une obligation imposée aux banques
de déposer sur un compte non rémunéré de la Banque
centrale une proportion de leurs dépôts à vue et à
terme, qui constituent les réserves obligatoires, montant de
dépôts qu'elles ne peuvent employer librement et donc utiliser
pour augmenter les crédits dans l'économie. En modifiant le taux
de réserves obligatoires, la Banque centrale encourage le crédit
ou le pénalise.
Aujourd'hui, les instruments les plus couramment
employés sont l'intervention sur le marché
monétaire et l'opération de
réescompte : puisque les banques doivent se
refinancer auprès de la Banque Centrale (acheter de la monnaie dont
elles ne disposent pas en quantités illimitées), elles sont
obligées d'accepter le coût de ce refinancement qui varie en
fonction de la politique définie par les autorités
monétaires. En augmentant ce coût, le taux de réescompte,
celles-ci amènent les banques à augmenter leurs propres taux
d'intérêt auprès de leurs clients, ce qui ralentit
l'activité de crédit (l'effet inverse est observé si l'on
abaisse ce coût).
L'intervention sur le marché monétaire,
marché financier servant aux banques à se refinancer directement,
en évitant la Banque centrale, permet à cette dernière de
contrôler le coût de la monnaie de manière indirecte. En
achetant ou en vendant des titres sur ce marché ouvert (ces
opérations sont dites d'open market), elle modifie les
conditions du crédit.
Les instruments de la politique monétaire se
synthétisent comme suit :
Ø Les interventions sur le marché
monétaire ;
Ø Les réserves obligatoires ;
Ø Le taux d'escompte.
On appelle intervention sur le marché
monétaire (open market) les achats et les ventes
d'obligations d'Etat par la Banque Centrale.
Les réserves obligatoires
désignent les réglementations par les quelles les Banques
Centrales obligent les banques commerciales à respecter un coefficient
de réserves minimal. Toute hausse du coefficient de réserves
obligatoires, réduit le multiplicateur monétaire et donc l'offre
de monnaie.
Le taux d'escompte est le taux
d'intérêt que prélève la Banque Centrale lorsqu'elle
consent des prêts aux banques commerciales. Plus le taux d'escompte est
faible, moins il est coûteux d'emprunter auprès de la Banque
Centrale et plus les banques commerciales ont recours à cette
modalité de financement. En conséquence, toute réduction
du taux d'escompte accroît la base monétaire et donc l'offre de
monnaie.
4. les objectifs de la politique
monétaire
Les objectifs ultimes de la politique
monétaire sont la croissance économique, la maîtrise de
l'inflation et la défense de la valeur de la devise nationale par
rapport à celle des autres devises. Dans la pratique, il est
nécessaire pour atteindre ces buts de fixer des objectifs
intermédiaires, directement contrôlables par l'institut
d'émission. La masse monétaire est l'objectif quantitatif le plus
surveillé. La Banque centrale fixe chaque année un taux de
croissance de l'un de ses agrégats (l'agrégat choisi varie avec
les pays, en France il s'agit par exemple de M2) et utilise les instruments
à sa disposition pour que ce taux ne soit pas dépassé.
Les taux d'intérêt sont également des
éléments essentiels d'une politique monétaire. Leurs
mouvements à la hausse ou à la baisse ont des conséquences
sur l'investissement et sur la consommation, par le biais des crédits.
Grâce à la politique d'open market et
à la politique de réescompte, il est
possible d'influencer leurs mouvements pour les taux à court terme,
même si les marchés financiers restent en dernier ressort les
seuls juges des taux d'intérêt à long terme : ils
apprécient en effet la valeur des obligations et fixent eux-mêmes
leurs taux de rémunération, qui constituent en fait les taux
d'intérêt à long terme.
5. Le débat KEYNÉSIEN ET
MONÉTARISTE
Il existe une controverse entre deux
écoles de pensée pour déterminer si l'objectif le plus
important de la politique monétaire est la croissance du revenu national
ou la maîtrise de l'inflation. Pour les représentants du
monétarisme, la seule cause de l'inflation est la hausse
inconsidérée de la masse monétaire dans l'économie,
dont l'évolution, supérieure à celle du revenu national, a
pour conséquence immédiate la hausse des prix. Cet accroissement
induit de la quantité de monnaie est néfaste pour la croissance
parce qu'il oblige à lutter contre l'inflation en ralentissant
l'activité économique.
Pour les keynésiens, en revanche, la cause de
l'inflation n'est pas nécessairement monétaire et une hausse
importante de la quantité de monnaie ne produit pas automatiquement de
l'inflation. Elle peut contribuer à créer du pouvoir d'achat
supplémentaire dans une économie où les capacités
de production sont en partie inemployées pour cause de chômage et
de faible augmentation des revenus. Dans certains cas, la politique
d'accroissement de la masse monétaire peut provoquer une stimulation de
l'activité économique et être ainsi justifiée a
posteriori, sans pour autant qu'une quelconque hausse des prix ne se manifeste.
Keynes n'était pas un partisan inconditionnel de ce
type de politique, mais il estimait que les variations de la masse
monétaire et des taux d'intérêt n'étaient pas
centrales pour expliquer les comportements des entrepreneurs, qui fondent en
fait leurs choix d'investissement sur des anticipations sur l'activité
économique et non sur le coût de l'investissement.
La plupart des grandes Banques centrales des pays occidentaux,
aujourd'hui indépendantes des pouvoirs politiques (en France, aux
États-Unis, en Allemagne), privilégient une vision
monétariste en s'assignant comme objectif principal la lutte contre
l'inflation.
Fig. n°iii. Politique monétaire
expansionniste
Une politique monétaire expansionniste déplace vers
la droite de courbe LM
Ce qui réduit le taux de change
et accroît le revenu
Revenu, Production
Taux de change
e
y
Source : G.N. MANKIW,
Macroéconomie, p.33.
Une hausse de l'offre de monnaie déplace la courbe LM
vers la droite est ce qui réduit le taux de change et accroît le
revenu.
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