Blocage du processus de la démocratisation en rdcongo lors de la transition mobutienne (causes et effets)( Télécharger le fichier original )par Pappy Faddy MUAMBA KABUTAKAPUA Université de Lubumbashi - Graduat 1998 |
Section 3: Opposition politique2.3.1 PRÉSENTATION Opposition (politique), ensemble des forces politiques qui expriment des divergences importantes par rapport aux détenteurs du pouvoir. Pour qu'il puisse exister une opposition, il faut que le système politique d'un pays soit organisé et régi par des règles précises. L'opposition est ouverte et collective. Lorsque la lutte contre les détenteurs du pouvoir est clandestin, il ne s'agit pas d'opposition mais de résistance. De même, l'opposition n'est pas normalement la critique individuelle mais le regroupement de personnes partageant des vues critiques sur la manière dont le pays est gouverné. 2.3.2. LES MODÈLES D'OPPOSITION La réflexion sur l'opposition est récente. Parmi les auteurs qui se sont intéressés de près à cette notion, il faut citer R. Dahl, qui a écrit en 1966 un ouvrage intitulé l'Avenir de l'opposition dans les démocraties. Dans ce livre, R. Dahl propose un essai de typologie des différents modèles d'opposition en régime démocratique. Ainsi, il distingue les pays dans lesquels le « consensus » étant très élevé, les minorités d'opposition sont peu nombreuses et les citoyens sont en général d'accord avec l'esprit des lois qui sont édictées ; les pays dans lesquels il y a en permanence une importante minorité qui accepte les formes et les procédures constitutionnelles tout en étant profondément en désaccord avec la politique suivie par le gouvernement. Les personnes faisant partie de cette minorité obéissent aux lois qui ont été adoptées suivant la procédure constitutionnelle et légale reconnue légitime, mais ont le sentiment d'être contraintes d'obéir à ces lois bien qu'elles les trouvent mauvaises. Enfin, R. Dahl définit un troisième type, constitué par les pays dans lesquels une importante minorité refuse à la fois la politique gouvernementale et la Constitution. Il s'agit bien entendu de formes « idéales ». Il semble que la France, après avoir appartenu à la troisième catégorie, appartienne désormais à la deuxième, celle où les textes fondamentaux, la Constitution et l'esprit qui l'inspire sont à peu près acceptés. On peut donc distinguer dans les faits les régimes politiques à « consensus élevé » ou de nombreux citoyens ne sont que très modérément opposés au pouvoir et les régimes à « consensus limité » où beaucoup de citoyens sont fortement opposés au pouvoir. Parmi les premiers, on peut citer la Suède, parmi les seconds, la France ou l'Italie. Un régime de consensus limité offre plus de liberté dans l'action politique qu'un pays de consensus élevé, mais il entraîne des risques importants de violences politiques, d'impasses politiques, d'instabilité constitutionnelle et, à la limite, de destruction de la démocratie elle-même. C'est l'une des causes de la chute de l'IVème République en France en 1958. 2.3.3. LES FONCTIONS DE L'OPPOSITION Alfred Sauvy écrit dans la Tragédie du pouvoir (1978) : « La démocratie ne consiste pas à s'unir mais à savoir se diviser. L'unanimité, le plein accord, est un mauvais signe. » L'opposition assure donc certaines fonctions indispensables en démocratie. Elle permet d'abord une information contradictoire des décisions et des intentions du gouvernement du pays. Il revient à l'opposition de soulever des questions, de critiquer les interrogations ou les orientations de telle ou telle politique. L'opposition doit ensuite constituer pour les électeurs un éventuel gouvernement de rechange. Cela signifie que l'opposition doit avoir un programme réalisable. Le principe de l'alternance fait donc de l'opposition un gouvernement en puissance. Quant au radicalisme de l'opposition au Congo, deux ailes se sont dominées : d'un côté, le chef de fil de l'opposition en la personne de TSHISEKEDI et de l'autre de clan NGOUANDI composé des « experts » en matière politique le chef de cabinet VUNDWAUE : le conseiller spécial en matière de sécurité Honoré NGWANDA : l'épouse de monsieur Mobutu, ses fils, tous les maîtres à penser du Président de la République. Tout le jeu, tout l'avenir politique se jouait en fonction du prothétique personnel, du sentiment que la personne de tel ou tel chef de fil inspirait à tel autre chef de fil. Ainsi donc pour les mobutistes, Monsieur E. TSHISEKEDI est un aventurier, un détraqué mental qui n'avait aucun sens de la « politique » et dont le souci n'était que de se venger des services reçus de la police politique et de sa mise en garage plusieurs années durant. Aucune concession pouvant l'avantager en lui laissant libre cours à ses manoeuvres ne devrait lui être faite. Pour le leader de l'opposition radicale, ou Mobutu était un « monstre » un diable qui a mené le pays et plongé tout son avenir dans le désastre. C'est quelqu'un qui, chaque fois qu'il ouvre sa bouche, tout un chapelet de mensonges sort » pour lui, toute concession qu'on pouvait lui accorder était de nature à le faire partir du pouvoir d'une manière « démocratique ». L'avenir du pays était donc lu à travers la haine viscérale que se portaient les deux leaders et toutes les manoeuvres stratégiques lors des rencontres de négociations étaient activités dans le seul but de faire échec à l'autre et non en fonction du peuple congolais, Zaïrois à l'époque. Ce recours à la légitimité du pouvoir, ou soutient, à la haine ou à l'intérêt du peuple congolais était un alibi pour couvrir un sentiment personnel que devait partager tout fidèle sous peine d'être exclu de la famille ou de perdre sa vie. Dans le cadre d'une opposition de forme (qui rejetait tout ce qui venait de l'autre pour ne pas l'avantager même si c'était utile un peuple congolais) a-t-on assisté aux tentatives d'isolement de tel ou tel leader adversaire tentatives dont la Mouvance Présidentielle était calée en raison de ses possibilités financières. Elle consistait soit à acheter en milliards d'unités monétaires ou en promesses d'une faveur ou d'une nomination à un poste stratégique du pouvoir soit à liquider physiquement un membre sympathisant influent, soit à s'adonner publiquement à la sale besogne des injures et colonies de tout genre, si on ne le soumettait pas en un passage à tabacs réglementaire. Et pour la plupart des fois le jeu réunissaient par manque de foi en sa propre conviction. 2.3.4.1 UNE CIVILISATION IDÉALE
Dans le Critias ou l'Atlantide, inachevé, Platon raconte plus en détail l'histoire de l'Atlantide. Il décrit cette nation comme une communauté à l'organisation politique harmonieuse et exemplaire. Selon le Critias, au moment du partage du monde, Athènes est donnée à Athéna, déesse de la Sagesse, tandis que l'Atlantide est attribuée à Poséidon, dieu de la Mer. Celui-ci s'éprend d'une jeune Atlante, Clito, et s'installe avec elle dans une forteresse érigée sur une montagne située au centre de l'île. La jeune femme lui donne dix enfants, dont l'aîné a pour nom Atlas. Ce dernier, après le partage par son père de l'île en dix royaumes destinés à chacun de ses enfants, règne à son tour sur le coeur du territoire. Il devient le suzerain de ses frères cadets, et marque l'histoire par sa bienveillance et son sens de l'équité. Ces qualités contribuent directement à faire de l'île l'un des lieux les plus prospères de la Terre. Selon le Critias, les rois de l'Atlantide et leurs descendants sont célèbres pour leurs talents de commerçants et de constructeurs, et s'illustrent notamment dans la réalisation de somptueux palais. L'île renferme également de multiples richesses minérales telles des gisements de cuivre, de fer et d'or, qui assurent, avec la fertilité exceptionnelle des sols, l'immense prospérité de ses habitants. Cependant, le désir de conquête guerrière qui s'empare des Atlantes annonce leur perte. Malgré plusieurs succès en Afrique et en Asie, ils se heurtent à l'opposition athénienne face à laquelle ils sont défaits. Le déclin de la civilisation de l'Atlantide s'affirme alors et peu de temps après, l'île est engloutie par les flots. En République Démocratique du Congo, deux idéaux contradictoires ont été structurés : le changement qui devrait briser le cadre du mobutisme d'une part, le changement qui devrait intégrer les acquis structurels du mobutisme de l'autre. Entre ces deux idéaux, aucune troisième voie n'était dès le départ, envisagée. Cependant au fil du temps et sous les regnes de flots monetaires, des promesses de bien être ou parfois sous le prétexte d'un désaccord en famille politique, sur un point quelconque. Certains membres influents quittaient automatiquement le camp qui était le leur non pas pour fonder un autre camp mais pour être dans le camp opposé et commencer à livrer à leur camp de départ une lutte sans merci, contre les mêmes objectifs qu'on s'était juré d'atteindre et ce, en prenant toute la population en témoins. Ainsi notamment, le changement spectaculaire du Président National de l'Union Nationale des Démocrates Fédérales (UFRI) qui, non seulement avait été l'un des fondateurs de USOR, mais avait aussi lutté pour la tenue d'une Conférence Nationale et influence le refus de Monsieur E. TSHISEKEDI à l'endroit de sa première nomination par Mobutu comme première Ministre parce que cela ne découlait pas d'une concertation préalable de tous les membres de la famille politique. Après sa nomination à la primature, il n'a pas fallu plus d'un mois pour qu'il suspende lui-même la CNS qu'il se décide de travailler désormais pour la Mouvance Présidentielle au profit de laquelle il se chargera de mener la campagne électorale de son chef de fil ( Mobutu) et enfin de compte, il se fera l'un des chambres de la « géopolitique » qui organisera la chasse aux Kasaïens de la terre natale du Katanga parce que ces derniers étaient plus nuisibles au Katanga (une province) que Mobutu (originaire de l'Equateur) où était d'idéal politique et social, ce grand projet qui dépasse tout intérêt particulier « individualiste, tribal et même nationale et qui vise le bien commun et le progrès de tous ? » 11(*) dans l'intérêt particulier ou nulle part. 2.3.4.2. RECHERCHE DE L'INTERET PRIVE Une chanson revenait bien souvent dans la bouche des dirigeants : on ne fait pas la politique pour les beaux yeux de quelqu'un. Ce désir d'intérêt privé a rendu la politique comme une carrière dans la conception de plus d'un. En effet, la plupart d'entre les politiciens s'étaient versés dans cette « fonction » depuis l'accession du pays à l'indépendance et ont continué toujours à s y maintenir au grand renfort des vertus et des trahisons qui ont couté la vie à plusieurs autres personnalités. Et cela, en commençant par le même chef de fil Mobutu ancien agent secret de la police Belge, secrétaire particulier de Lumumba et Tshisekedi, membre du collège des commissaires chargé de la justice par Mobutu après la neutralisation de Lumumba et de Kasavubu en septembre 1960. Quand aux nouveaux hommes politiques qui tentaient de se tremper dans la carrière, c'était l'arrivisme, le désir de réussir à tout prix qui les animait. Ainsi, a-t-on vu naître des partis politiques ambitieux qui n'avaient aucune représentation à la base, notamment dans les provinces mains dont l'existence juridique les mettait aux mêmes pieds d'égalité que d'autres plus représentatifs : leurs membres en raison de leur compétence dans le parler ou dans l'écrit étaient soit élus où haut conseil de la République, soit nommé ministres, soit nommé haut fonctionnaire quelque part dans l'appareil de gestion de l'Etat. Car, le temps était au partage du pouvoir. « J y suis, j y reste » se criait-on. Et la monnaie, à la portée de laquelle une chalangeur politique exposait ne faisait que gonfler les comptes en banque dans des pays étrangers au moment où le pays était en dérive, où la population mangeait à peine une fois tous les deux jours et s'entretuait à cause d'une haine tribalo-régionale qu'on ravivait à son avantage privé : distraire la population , la détourner de ses réels problèmes restés insolubles en raison des difficultés structurelles ou conjoncturelles, engendrées entre autres choses par manque de compétence dans la gestion. Une bouée de sauvetage : la démagogie et d'aucuns savaient l'exportèrent à leur profit ; facilités par le manque de culture politique de la population et l'inadéquation des institutions politiques. * 11 Van Parys. J.M., « les africains n'ont-ils plus d'idéaux » in renaître n°19 du 15 octobre 1993, p.2 |
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