Section 2 CADRE
Le processus de
démocratisation devrait s'opérer tout au long de la
période de la transition dont nous venons de donner les grandes lignes.
Il comporte maintenant de saisir les motifs qui sont freiné la marche de
la démocratisation dans le pays ces raisons, ces motifs, nous les
chercheront dans les domaines politique, social, économique et culturel
qui cadre où s'inscrivent les rôles et les fonctions qui animent
la vie du pays.
2.2.1. DOMAINE POLITIQUE
Deux niveaux seront
distingués : celui des dirigeants politiques d'une part et celui
des institutions politiques de l'autre part.
2.2.1.1 LES DIRIGEANTS POLITIQUES
Deux courants se sont
disputés l'hégémonie dans la classe des dirigeants
politiques de la transition Mobutiène. Un premier, considérant
que tout était à refaire dans ce grand pays dont le régime
monopartisme, d'une centralisation à outrance et la corruption
généralisée a entrainé le progrès social
dans une marche à rebours. L'autre camp soutenait que le changement
à apporter devait respecter les acquis d'une révolution dont les
conséquences n'étaient pas que négatives et dont les
responsabilités étaient à partager. Il faut rejeter mais
ne pas tout rejeter, le deuxième camp des « Forces Politiques
de Conclave » (FPC) avec comme chef de fil, le citoyen Mobutu,
Président du M.P.R tandis que le premier, le camp d'une opposition
radicale regroupée dans l'Union Sacrée de l'Opposition Radicale (
U.S.O.R.) qui, au fil du temps engendra l'Union Sacrée Radicale et
alliés de la Société Civile et autres sous plates formes
d'une opposition libérale qui se définiront et par une opposition
déclarée au stat quo mobutiste et par une position pour ou contre
Etienne TSHISEKEDI, il apparait dès lors que la première des
causes du blocage et la conception même de l'opposition politique.
2.2.1.2. LE RADICALISME DE L'OPPOSITION
2.2.1.2.2 Radicalisme
Radicalisme, dans les pays anglo-saxons (États-Unis,
Grande-Bretagne), doctrine prônant des réformes extrêmes
dans le domaine politique et social ; en Suisse, mouvement hostile au
cléricalisme catholique et favorable à la centralisation de la
Confédération ; en France, programme du parti radical et
radical-socialiste, issu d'un courant politique né au
XIXe siècle.
2.2.1.2.3 LE RADICALISME EXTRÉMISTE DES
PAYS ANGLO-SAXONS
2.2.1.2.3.1. En Grande-Bretagne
Le mot radicalisme a été utilisé pour
la première fois en Grande-Bretagne par Charles Fox, homme politique
britannique de la fin du XVIIIe siècle. Il demande que
par une « réforme radicale » le suffrage universel
soit instauré. Inspiré par le philosophe utilitariste John Stuart
Mill, le juriste Jeremy Bentham et l'économiste David Ricardo, le
mouvement radical anglais, qui se développe surtout après 1815,
est fondé sur le principe du « plus grand bonheur pour le plus
grand nombre », menant à un idéal collectif de justice
et de fraternité compatible avec des intérêts personnels.
Lorsqu'en 1832, une loi électorale privilégiant la classe
moyenne, le Reform Bill, est adoptée sous l'action des
radicaux, d'autres radicaux plaident au Parlement pour l'extension du droit de
vote aux ouvriers. En 1867, le suffrage universel entre en application et le
radicalisme anglais acquiert une véritable audience populaire. Ainsi,
les membres des syndicats (Trade-Unions) entrés à la Chambre des
communes à la fin du XIXe siècle se
proclament-ils radicaux. Les radicaux réorganisent le parti whig en
parti libéral à la fin du XIXe siècle.
L'apparition du Parti travailliste et l'achèvement des réformes
politiques entraînent la disparition du radicalisme au début du
XXe siècle.
2.2.1.2.3.2 Aux États-Unis
Aux États-Unis, le terme radical désigne au
XIXe siècle d'abord les industriels du Nord-est,
favorables à l'émancipation des Noirs et qui jugent le
président Abraham Lincoln trop lent dans sa politique abolitionniste,
puis, par la suite, tous ceux qui dénoncent l'emprise du capitalisme sur
la société (membres des mouvements agrariens, partisans du
socialisme)
. 2.2.1.2.3.3. LE RADICALISME EN SUISSE
Né vers 1830, le radicalisme suisse s'engage dans la
lutte contre le cléricalisme catholique. Mais les mesures
anticléricales, que prennent les radicaux dans les cantons où ils
gouvernent, provoquent l'hostilité des cantons à majorité
catholique. L'aggravation des tensions débouche sur la guerre du
Sonderbund en 1847, qui voit la défaite des catholiques, l'expulsion des
jésuites de Suisse et l'adoption d'une nouvelle Constitution, à
l'instigation des radicaux partisans d'un renforcement des pouvoirs
fédéraux sur les cantons. Au pouvoir de 1848 à 1919, les
radicaux, qui se constituent en parti en 1894, sont à l'origine
également de la réforme constitutionnelle de 1874 qui
prévoit notamment la procédure du référendum par
initiative populaire, et continuent à jouer un rôle important au
sein du Conseil fédéral, se situant aujourd'hui au centre
droit.
2.2.1.2.3.4. LE RADICALISME À LA
FRANÇAISE
2.2.1.2.3.4.1 Les fondateurs
Le mot radical naît en France dans les années
1840. Ce terme inspiré de la politique anglaise désigne les
républicains hostiles à la monarchie de Juillet. Derrière
leur chef de file, Ledru-Rollin, les radicaux militent pour la réforme
électorale et l'instauration du suffrage universel. Héritiers de
la Révolution française de 1789, ils veulent instaurer par une
politique de réformes la liberté, l'égalité et la
laïcité.
Sous le second Empire, une nouvelle génération de
radicaux fait son apparition. Dynamiques et frondeurs, ils réorganisent
l'opposition républicaine au régime de Napoléon III.
Guidés par des hommes qui s'illustrent sous
l'IIIe République, tels Léon Bourgeois, Léon Gambetta
ou Georges Clemenceau, les radicaux revendiquent l'instauration d'une pratique
authentique du suffrage universel alors détourné au profit de
Napoléon III. Sur le plan social, ils restent cependant
méfiants vis-à-vis des théories socialistes et
défendent la propriété, garante, à leurs yeux, de
la liberté et de la dignité de l'Homme. Aux élections
législatives de juin 1869, Gambetta présente le programme de
Belleville, véritable charte du radicalisme : il y proclame son
attachement irréductible au suffrage universel, le droit aux
libertés publiques sans restriction, à l'instruction primaire,
obligatoire, laïque et gratuite, et réclame la séparation de
l'Église et de l'État ainsi que la suppression des armées
permanentes. Au début de la IIIe République,
après le ralliement de Gambetta aux thèses des
républicains opportunistes (résolus à fonder la
République dans les faits mais d'une manière progressive),
Clemenceau prend la tête du mouvement et, s'appuyant sur le programme de
Belleville, conduit les radicaux aux élections législatives de
1881. Les radicaux, qui obtiennent alors une quarantaine de sièges
à la Chambre des députés, se situent à
l'extrême gauche et sont soutenus par la petite bourgeoisie citadine. Les
radicaux restent éloignés du pouvoir jusqu'à l'affaire
Dreyfus, mais ils apportent leur soutien aux ministères de coalition
républicaine et aux grandes lois républicaines des années
1880, qui concrétisent une partie de leurs revendications politiques.
Le radicalisme, proche du positivisme (foi dans la raison, la science
et le progrès, croyance en une morale laïque), progresse dans
l'opinion grâce à l'influence de la franc-maçonnerie et
à la Ligue de l'enseignement. Ayant perdu de son influence à
Paris en raison du ralliement des radicaux de la capitale au boulangisme, il
conquiert les couches nouvelles de la société
républicaine, petits notables des villes de province, notamment les
médecins, les avocats, les professeurs et les commerçants.
L'affaire Dreyfus joue un rôle essentiel dans l'ascension des radicaux
vers le pouvoir. En effet, les chefs radicaux, tel Clemenceau, s'engagent
ardemment dans le combat dreyfusard et, dès 1895, des
personnalités radicales, républicaines et laïques
décident de s'associer pour former un grand comité d'action
républicaine, afin de lutter contre l'influence du cléricalisme.
En 1898, les radicaux quadruplent leurs suffrages et voient leur assise
renforcée, en particulier dans le sud-ouest du pays.
2.2.1.2.3.5 Le Parti radical et radical
2.2.1.2.3.5.1 socialistes
Le succès électoral de 1898 permet la
création du Parti radical et radical-socialiste en 1901. La structure du
parti, le premier en France, qui s'organise autour de comités locaux
composés de notables, est toutefois assez lâche. Radical par son
opposition à l'Église et au cléricalisme, le parti reste
socialiste par sa volonté de défendre les personnes modestes et
par sa lutte contre les monopoles capitalistes. Le parti propose ainsi le
rachat des chemins de fer, la nationalisation des sources d'énergie,
l'instauration de l'impôt sur le revenu et une série de lois
protégeant les ouvriers. Cependant, le radicalisme, farouchement
attaché à la propriété individuelle, affirme son
hostilité au collectivisme et marque sa différence par rapport
aux divers courants socialistes alors en plein essor. Remportant les
élections de 1902 (230 députés), les radicaux
conduits par Émile Combes réalisent enfin leur grand projet en
matière de laïcité, la séparation de l'Église
et de l'État (1905). De 1902 à 1914, très présents
à la Chambre, les radicaux, habituellement à la tête des
ministères de l'Intérieur et de l'Instruction publique, occupent
une place centrale dans toutes les combinaisons ministérielles. Le
radicalisme, confronté à l'exercice du pouvoir, hésite
cependant encore entre la droite et la gauche qu'incarnent respectivement
Clemenceau et Joseph Caillaux.
Dans l'entre-deux-guerres, le parti radical, bien qu'ayant
réalisé l'essentiel de son programme politique, reste puissant
par le charisme de ses chefs politiques (Édouard Herriot, Édouard
Daladier), par l'audience de sa presse, notamment la Dépêche
de Toulouse, et par son implantation régionale. Le Parti radical,
occupant une position charnière, figure dans de très nombreuses
coalitions gouvernementales. Représentant les
« Français moyens » (l'expression est d'Herriot),
les radicaux restent attachés aux grands principes de la
République, à la paix, à la Société des
Nations (SDN) et mettent l'accent sur la nécessaire
démocratisation de l'enseignement secondaire. Ils perdent cependant une
partie de leur électorat traditionnel, notamment les fonctionnaires,
désormais attirés par le socialisme. Ainsi, en dépit de
leur sensibilité de gauche, sont-ils rejetés vers le centre
droit. Ce paradoxe explique en fait leur comportement politique notamment en
1924 et en 1936. Vainqueurs aux élections de 1924, ils forment, sous la
conduite d'Herriot, le Cartel des gauches, puis se rallient deux ans plus tard
à la droite modérée dirigée par Raymond
Poincaré. En 1936, ils soutiennent et participent au gouvernement
socialiste du Front populaire mais, effrayés par l'audace de ses
réformes, provoquent la chute de Léon Blum en 1937. Trois
tendances dominent alors le Parti radical, un courant modéré
animé par Herriot, un courant plus ancré à gauche
représenté par Daladier et un courant moderniste, surnommé
« les jeunes-turcs », incarné par Pierre
Mendès France ou Jean Zay, prônant l'interventionnisme de
l'État dans la vie économique et l'alliance avec les socialistes.
Au lendemain de la défaite de 1940, seuls 13 députés
radicaux sur 111 votent contre l'octroi des pleins pouvoirs au maréchal
Pétain, position qui n'empêche pas les principaux dirigeants
radicaux de s'opposer par la suite au régime de Vichy.
En 1945, le discrédit frappant les institutions de
l'IIème République rejaillit naturellement sur le Parti
radical, qui connaît une grave défaite électorale. En
s'opposant au tripartisme (alliance du parti socialiste, du parti communiste et
des démocrates chrétiens) et en tirant profit de la guerre
froide, le Parti radical revient au pouvoir à la tête d'une
nouvelle coalition de socialistes, de modérés et de
démocrates chrétiens, qu'on appelle la Troisième Force, au
prix de l'abandon de certaines valeurs de gauche comme la laïcité.
Désormais, incapable de surmonter l'ambiguïté de sa position
entre la droite et la gauche, entre l'immobilisme d'un Henri Queuille, grande
figure du radicalisme parlementaire, et le jacobinisme modernisateur d'un
Mendès France, le Parti radical, en proie à de nombreuses
dissensions et exclusions, devenu proche de la droite modérée et
du Mouvement républicain populaire (MRP) est voué à jouer
les forces d'appoint.
2.2.1.2.3.5.2 Des divisions à
l'éclatement
La Ve République, en provoquant une
bipolarisation des forces politiques, marginalise davantage le Parti radical et
fait éclater ses divisions au grand jour. Ainsi, une partie des radicaux
soutient la candidature à l'élection présidentielle de
François Mitterrand en 1965, l'autre celle de Jean Lecanuet.
Après l'échec de la gauche
aux élections de 1968, Jean-Jacques Servan-Schreiber accède en
1969 au poste de secrétaire général et entraîne le
Parti radical, en perte d'identité, d'abord vers le centre en 1971, puis
à partir de 1978, au sein de l'Union pour la démocratie
française (UDF) giscardienne.
En 1972, une fraction des radicaux fait sécession, fonde
le Mouvement des radicaux de gauche (MRG), sous la direction de Robert Fabre,
et se rallie au Programme commun de gouvernement, réunissant le Parti
communiste et le Parti socialiste. Soutenant les deux candidatures de
François Mitterrand (1974 et 1981), le MRG tire profit de son alliance
avec les socialistes et obtient plusieurs ministères de 1981 à
1993. Malgré un succès sans lendemain aux élections
européennes de 1994, dû à la présence à la
tête de la liste de l'ancien ministre Bernard Tapie, l'audience
électorale des radicaux de gauche, devenu Radical en 1994, puis Parti
radical socialiste (PRS) en 1996, et enfin Parti radical de gauche (PRG),
demeure modeste. Cependant, force d'appoint des socialistes, le Parti radical
de gauche est membre de la coalition de la gauche plurielle qui remporte les
élections législatives anticipées de juin 1997, ce qui lui
vaut de participer au gouvernement de Lionel Jospin. Sa candidate, Christiane
Taubira, recueille 2,32 p. 100 des voix lors de l'élection
présidentielle de 2002.
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