Section 1. CONTEXTE DE LA TRANSITION
2.1.1 LE GOUVERNEMENT MOBUTU
Après l'échec d'un gouvernement de coalition,
Mobutu prend le pouvoir fin 1965 et, ayant déposé Kasavubu, se
proclame président. En 1966, il instaure un régime autoritaire de
type présidentiel, s'appuyant sur un parti unique, le Mouvement
populaire de la révolution (MPR), entériné par une
nouvelle Constitution l'année suivante. Les mines exploitées par
des sociétés étrangères sont nationalisées.
En 1970, MOBUTU, élu pour un mandat présidentiel de sept ans,
lance un vaste programme d'africanisation et de « retour à
l'authenticité », à l'origine d'un conflit avec
l'Église catholique, opposée à la
déchristianisation des prénoms pour une reprise des
prénoms traditionnels. En 1971, MOBUTU décide de changer le nom
du pays, qui devient le Zaïre, le nom du fleuve Congo, également
Zaïre, celui des villes et du lac Albert qui est rebaptisé MOBUTU
(la partie ougandaise du lac conservant le nom du mari de la reine
Victoria).
Les revenus du pays, toujours très dépendants
de l'exportation du cuivre, diminuent considérablement à partir
de 1974, la chute des cours provoquant une aggravation de la dette
extérieure, au moment où la crise économique
internationale consécutive au premier choc pétrolier touche le
pays. En 1976, Mobutu est contraint de réintroduire les entreprises
étrangères dans le pays.
Le président, malgré l'orientation autoritaire du
régime, maintient toujours des relations étroites avec la
Belgique et la France, qui, aux côtés du Maroc, interviennent en
1977, puis en 1978, pour contenir de nouvelles tentatives
sécessionnistes du Katanga (alors appelé Shaba), les rebelles
étant soutenus par l'Angola.
Après que le pays a abandonné, en 1986,
le programme d'austérité conditionnant les prêts du Fonds
monétaire international (FMI), le Zaïre sombre dans une crise
économique qui alimente l'opposition au régime. En 1990 se
multiplient grèves et manifestations de protestation contre la
corruption gouvernementale, le pillage des ressources du pays par le
président et son entourage, la violation permanente des droits de
l'homme et l'absence d'expression démocratique. MOBUTU, pressé
par les pays occidentaux de démocratiser le régime, accepte la
réunion d'une conférence nationale et légalise, en 1991,
les partis de l'opposition. Mais la démocratisation demeure chaotique,
le président s'opposant à la Conférence nationale
instaurée pour élaborer une nouvelle Constitution. Jusqu'en 1994,
aux coups de force du président -- révocation autoritaire du
Premier ministre Étienne TSHISEKEDI wa MULUMBA, opposant
déclaré, suspension arbitraire de la Conférence
nationale -- répondent émeutes et manifestations violemment
réprimées par la garde présidentielle de Mobutu. À
partir de juin 1994, cependant, la situation s'améliore
progressivement, avec l'accord conclu pour le partage du pouvoir entre le chef
de l'État et le Haut Conseil de la république -- parlement
transitoire. Les élections programmées pour juillet 1995 sont
cependant reportées.
La situation politique et sociale demeure, en effet, incertaine, et
l'afflux, à partir de la fin de l'année 1994, de 1,5 million
de réfugiés rwandais hutu (fuyant la reprise du pouvoir par les
Tutsi du Front patriotique rwandais à Kigali en juillet 1994)
à la frontière orientale du Zaïre contribue à
aggraver les désordres internes. La situation se dégrade durant
l'été 1996, quand l'armée zaïroise et les miliciens
hutu, les Interahamwes, qui contrôlaient les camps de
réfugiés s'allient contre les Tutsi Banyamulenges. Ces pasteurs
guerriers, installés depuis les années 1930 au Kivu, ont
combattu au Rwanda dans les rangs du FPR et veulent s'opposer à
l'extension des cultures d'exportations sur leurs pâturages ; ils
repassent la frontière avec l'armée rwandaise et infligent de
sévères défaites à l'armée zaïroise.
Les chefs militaires rwandais, notamment le général Paul
Kagamé, veut régler la question des camps de
réfugiés contrôlés par les responsables du
génocide des Tutsi. À la mi-octobre 1996, les camps proches de la
région de Bukavu subissent les attaques des rebelles tutsis zaïrois
(les Banyamulenges) dirigés par un vétéran de la
rébellion muleliste : Laurent-Désiré KABILA,
reconverti dans le commerce de l'or et de l'ivoire dans les
années 1980. Durant l'automne 1996, les réfugiés
hutus refluent en masse vers le Rwanda. Face à ces déplacements
de population se déroulant dans des conditions dramatiques, et
après de multiples tergiversations, la communauté internationale
n'intervient pas. Partant de la frontière orientale, la rébellion
zaïroise, équipée et soutenue logistiquement par le Rwanda,
l'Ouganda et l'Angola, progresse rapidement vers l'ouest, prenant les
régions de Goma, Bukavu et Kisangani, ainsi qu'en direction du sud vers
les régions minières du Katanga et du Kasaï où les
compagnies minières négocient leur soutien à Kabila. Le
mouvement, structuré autour de Kabila et de l'Alliance des forces
démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) progresse
très vite, occupant des régions abandonnées par les
autorités. L'armée zaïroise, qui, à l'exception de
quelques unités d'élites, ne reçoit plus de solde depuis
des mois, se retire en pillant les villes sur son passage. Privé des
régions utiles du Zaïre, le maréchal MOBUTU ne peut
réagir.
Après la chute de Kisangani et la destitution de
KENGO Wa DONGO, le président MOBUTU annonce la constitution d'un
« comité de négociations ». Face à ce
conflit qui prend peu à peu l'allure d'une guerre civile, dix-sept pays
membres du « Mécanisme pour la prévention et la
résolution des conflits » de l'Organisation de l'unité
africaine (OUA) organisent un sommet à Lomé en mars 1997
disons un mot sur l'organisation de l'unité africaine
[OUA], organisation interafricaine fondée en 1963 pour
promouvoir l'unité et la solidarité des États africains,
harmoniser les lignes de conduite politiques, économiques, culturelles,
médicales, scientifiques et militaires, défendre
l'indépendance et l'intégrité territoriale des
États membres et éliminer le colonialisme d'Afrique.
En 2002, l'OUA est
dissoute pour être remplacée par une nouvelle structure, l'Union
africaine (UA). Union africaine
[UA], organisation réunissant l'ensemble des
pays d'Afrique et ayant succédé à l'Organisation de
l'unité africaine (OUA) en 2002. Un plan de paix reposant sur la
cessation des hostilités et sur l'ouverture d'un dialogue politique est
élaboré, mais il n'est pas appliqué. Sur le terrain, les
forces de l'AFDL continuent leur progression en direction de Kinshasa.
Parallèlement, les pressions internationales se multiplient, et devant
l'aggravation de la situation humanitaire, les médiateurs des Nations
unies, des États-Unis et de l'Afrique du Sud parviennent à
organiser une rencontre entre MOBUTU et KABILA. Elle se déroule le
4 mai 1997 à bord d'un navire sud-africain, mais les deux hommes
campent sur leur position.
2.1.2 LA PRESIDENCE DE LAURENT DESIRE KABILA ET
L'ENLISEMENT DE LA GUERRE CIVILE
En mai 1997, les troupes de l'AFDL entrent dans Kinshasa,
et KABILA s'autoproclame président de la nouvelle République
démocratique du Congo (RDC). MOBUTU quitte le pays pour se
réfugier au Maroc, où il meurt à Rabat la même
année. Concentrant tous les pouvoirs, Laurent-Désiré
KABILA se heurte à une forte contestation de la part des anciens
opposants à MOBUTU, écartés du pouvoir et dont il fait
arrêter certains (TSHISEKEDI est mis en résidence
surveillée), ainsi que des anciens mobutistes eux-mêmes. Le
régime s'appuie sur les populations de l'est du pays, en particulier le
Katanga, région natale de KABILA. Il refuse, par ailleurs, toute
enquête de la part de l'ONU sur la disparition d'au moins
200 000 Hutu dans les forêts de l'est du pays,
vraisemblablement massacrés par ses alliés rwandais d'alors. Un
rapport de l'ONU, publié en 1998, accuse pourtant la RDC et le Rwanda de
« crimes contre l'humanité ».
Le comportement hégémonique des Rwandais qui ont
aidé KABILA ne tarde pas à faire resurgir les sentiments
nationalistes et anti-tutsis au sein de la population. En juillet 1998,
KABILA renvoie plusieurs ministres, dont ceux d'origine rwandaise, et demande
aux troupes étrangères ougandaises et rwandaises de quitter le
territoire. Peu après, les Tutsi Banyamulenge, qui l'ont aidé
à prendre le pouvoir, se soulèvent et menacent de s'emparer de la
capitale et du port de Matadi, tandis que le chef de guerre rwandais James
KABARE chasse les troupes gouvernementales du Kivu et poursuit ses
opérations contre les réfugiés hutus. Kabila demande
l'aide du Zimbabwe, du Tchad, de la Namibie, du Soudan, et surtout de l'Angola
qui, en sauvant Kinshasa, prend à revers ses propres rebelles de
l'UNITA.
En février 1999, la situation se stabilise de part
et d'autre de la rive droite de la Lualaba et du Congo jusqu'à la
province de l'Équateur. Malgré une tentative de conciliation au
Zimbabwe, les belligérants restent sur leurs positions. En revanche,
Arthur Z'AHIDI NGOMA, « coordinateur de la
rébellion » depuis 1998, puis Ernest WAMBA dia WAMBA, les
principaux leaders congolais du Rassemblement congolais pour la
démocratie (RCD), le mouvement rebelle, font défection, et
l'Ouganda annonce qu'il commence à retirer ses troupes.
En juillet 1999, un cessez-le-feu est conclu à
Lusaka (Zambie) par les six États (Angola, Namibie, Zimbabwe, RDC,
Rwanda, Ouganda) impliqués dans le conflit, mais l'accord de paix n'est
réellement signé que le mois suivant par les mouvements rebelles.
Cet accord prévoit notamment le déploiement de la Mission des
Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), forte
de 5 500 Casques bleus, chargée de vérifier le
cessez-le-feu de cette guerre dans laquelle sont engagés plus de
40 000 soldats étrangers. La raison essentielle du conflit
étant le contrôle des matières premières (diamants
notamment) par groupes rebelles interposés, les belligérants
campent sur leurs positions et, bien qu'alliés, en viennent parfois
à s'affronter (combats renouvelés à Kisangani entre
Ougandais et Rwandais). Le pillage des régions occupées et le
climat de terreur que font régner les troupes d'occupation dans l'est du
pays poussent, bien souvent malgré eux, les Congolais à se
regrouper derrière le pouvoir de Kinshasa, tandis que l'ONU,
dépourvue de moyens coercitifs, hésite à s'engager.
Expliquons en, la
transition Zaïroise, tremplin de la deuxième et troisième
République a été annoncé par le Président
Mobutu dans sa communication à la population du 24 avril 1990 cependant,
son début coïncide avec la nomination du premier gouvernement de
transition dont la formation et la responsabilité ont été
confiées à monsieur LUNDA BULULU. Tandis que la fin de cette
tradition a coïncidé avec la fin du régime Mobutu le 17 mai
1997 au moment où sous le climat de la guerre menée par l'AFDL,
le General LIKULIA prônait la tête d'un gouvernement, après
la troisième éviction de Monsieur ETIENNE TSHISEKEDI wa MULUMBA.
Sur le plan politique, les trais suivants ont caractérisé cette
première transition au Congo Démocratique : les
multiplicités de formation gouvernementale, la tenue de la
Conférence Nationale Souveraine (CNS) seulement populaires, le poste du
prestige de l'Etat, l'isolement du pays dans l'échiquier international,
tandis que le marasme économique finissait par achever tout ce que le
peuple pouvait garder de crédit de confiance à l'endroit de
l'appareil gouvernemental au point que c'est avec appréhension qu'il
suivait, la progression des soldats à majorité Tusti de
l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo
(AFDL) et avec pompe qu'il avait accueilli leur entrée dans la Ville de
Kinshasa, sous la pluie des balles.
En effet, Treize
nominations des premiers Ministres ont été signées par le
Président de la République. Etienne TSHISEKEDI a
été quatre fois nommé trois fois révoqué et
une foi seulement lui-même a opposé un refus à la
nomination, tandis que Monsieur KENGO wa DONDO, membre de la famille politique
autre que celle du Président de la République ( comme tous les
autres Premiers Ministres d'ailleurs, exception faite de deux premiers
« experts » les professeurs LUNDA BULULU et MULUMBA LUKOJI
) qui a connu deux nominations successives et battu le recors de
congetivité à la Primature, la Conférence Nationale
Souveraine ( CNS ) a ouvert ses portes sous la seconde Primature de Monsieur
MULUMBA LUKOJI pour les fermer sous le deuxième Gouvernement de
Transition formé par Monsieur Etienne TSISEKEDI au moment où se
préparait déjà un conclave regroupant les membres de la
famille politique dite « Mouvance Présidentielle »
qui avait claqué la porte de la CNS et c'était sous le
Gouvernement BIRINDWA, l'un des fondateurs de l'UDPS.
L'opposition quant à
elle, jouera son jeu aussi il y a d'une part la population qui la soutenait,
décidée de faire partir à tout prix MOBUTU du pouvoir et
qui s'est versée dans les actes de violence comme le pillage, la casse,
la chasse à l'homme. Dans le cadre politique, il y a d'autre part
certains des anciens collaborateurs de MOBUTU, des jeunes gens qui n'avaient
jamais goûté au pouvoir et ceux enfin qui ont été
soit oubliés, soit laissés par Mobutu et sa gestion, tous se sont
constitués en une opposition non violente pour réclamer la tenue
de la CNS, le partage et l'exercice du pouvoir d'une manière
légale, dans le secret espoir de faire partir démocratiquement
Mobutu du pouvoir pour instaurer la démocratie.
Du côté de
pouvoir en place, la Mouvance Présidentielle regroupera les anciens
dignitaires du régime, certains tenants de l'ordre ancien. Vieux ou
jeunes, certains assoiffés du pouvoir qui luttera contre l'opposition
pour le maintien du pouvoir et de ses avantages que la force de maintien de
l'ordre sauvegardait. C'est dans ce contexte que s'est déroulé la
Transition Mobutiène sept ans durant. Devant la progression
spectaculaire des troupes de l'AFDL et la dernière coupe de force en
date du Premier Ministre récemment nommé (dissolution du
parlement de Transition d'où il tirait la légitimité de
son pouvoir) et l'insécurité dans les territoires encore sous son
contrôle, le Président Mobutu désignera le
général LIKULIA comme chef d'un gouvernement sous lequel,
entamé physiquement par la maladie, moralement par la
« défection » de ses troupes, et la trahison de
certains de ses hommes de confiances, il prendra fuite pour un exil la veille
de la tombée de la Ville de Kinshasa, la Capitale de la RDC entre les
mains des rebelles à majorité « Tutsi » que
la population Kinoise finira par ovationner malgré les premières
réticences lors du déclenchement des hostilités sept mois
au paravent dans les hautes montagnes du KIVU ; réticences qui par
un surcroit de Nationalisme ont pour la dernière fois donner à
Monsieur Mobutu les dernières sympathies du peuple Zaïrois uni
contre de l'agression dont le pays était victime par les régimes
tutsi de Kigali, Bujumbura et Kampala.
L'opinion de l'opposition
pacifique, de la lutte non-violente a échoué devant la lutte
armée menée par l'AFDL. Toutes ces institutions sous la
transition, n'ont mené le pays nulle part et ont été
toutes mises au frigo par les nouvelles autorités politiques du pays.
Les dirigeants politiques, les leaders, ont eu à choisir entre l'une ou
l'autre solution : soit rester au pays et se soumettre aux nouvelles
caprices et exigences des nouveaux dirigeants ( il y en a qui ont connu la
prison, d'autres qui se sont vus dépossédés de leurs biens
et conduits au suicide) : soit prendre le chemin de l'exil à
l'instar de monsieur Mobutu le processus de démocratisation a
été bloqué et ce n'est ni la première voie( le
statu quo) ni la deuxième (opposition radicale non-violente) ni la
troisième voie( opposition libérale, négociation avec le
pouvoir) qui à triomphé. C'est par contre la quatrième
voie qui n'était pas envisagée dans le cadre des concertations
politiques. Quelles en sont les causes ?
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