2.3 L'aide alimentaire dans la
stratégie de l'impérialisme
La propagande des pays développés use largement
de la thèse de l'aide alimentaire
«désintéressée » des puissances
occidentales aux pays en développement. Mais l'analyse des causes qui
incitent les puissances impérialistes de l'aide alimentaire,
principalement en céréales, à des prix réduits, et
des conséquences que cette aide entraîne montre que cette
thèse n'est d'autre qu'une falsification de la situation réelle
au profit du néo-colonialisme.
La grande question est de savoir si les fournitures
préférentielles de produits alimentaires aident réellement
les pays en développement à résoudre le problème
alimentaire. On ne saurait répondre catégoriquement, car pour
ces pays une aide alimentaire considérable est un
phénomène contradictoire. Certes, des livraisons
extérieurs régulières de produits alimentaires, en grande
quantités et à des prix de faveur, présentent des
avantages passagers en réduisant les dépenses de devises et en
permettant d'économiser une partie des sommes nécessaires
à d'autres branches de l'économie. En certains cas elles
atténuent réellement une pénurie aiguë de
céréales et permettre une assistance d'urgence à la
population affamée quand la récolte a été
détruite par la guerre ou des calamités naturelles. Ce fut le
cas. Par exemple, de l'aide gratuite d'urgence pendant la guerre du Nigeria en
1968, pendant les inondations au Bangladesh en 1974, lors de l'assistance
alimentaire dans le Sahel en 1972-1974, pendant la sécheresse tout aussi
catastrophique en Afrique orientale en 2000.
Mais, et c'est là l'essentiel, les fournitures
étrangères de céréales à bon marché
ont des retombées négatives durable sur le développement
socio-économique des pays africains. Tout en faisant quelque peu tomber
la tension en matière d'alimentation et en modérant le
mécontentement populaire, les livraisons de produits alimentaires
permettent aux milieux gouvernants nationaux, qui défendent les
intérêts de gros propriétaires terriens, d'ajourner des
transformations agraires radicales. L'aide étrangère est donc un
facteur de désorganisation et de retardement du développement des
forces productives dans le secteur agricole des pays à formations
économiques multiples. En outre, l'afflux de grain étranger bon
marché rend désavantageuse l'extension de la production
intérieure de céréales. Il est, enfin, évident que
l'aide alimentaire, quelle en soit l'ampleur, ne peut supprimer la famine et la
sous alimentation chroniques dont souffrent les couches les plus pauvres qui
végètent dans la misère et l'absence des droits.
La politique d'aide alimentaire est fort sélective et
sert avant tout à soutenir les régimes réactionnaires de
certains pays en développement. On trouve parmi les
bénéficiaires d'une aide économique et alimentaire
abondante des régimes réactionnaires agréant à
l'impérialisme comme ceux de Taïwan, du Zaïre, de Corée
du sud et autre, et des Etats comme Israël qui pratiquent une politique
extérieure d'agression et foulent aux pieds les droits de l'homme.
L'Egypte s'est retrouvée aussi parmi les principaux
bénéficiaires de l'«aide » depuis que ses
dirigeants ont opté pour une orientation pro impérialiste et pour
une politique des « portes ouvertes» au capital
privé étranger. Après avoir longtemps aidé l'Iran
sous le régime du Shah les milieux gouvernant des USA ont
opéré une brusque volte-face depuis qu'il a été
renversé. Ils ont décrété en 1980 des sanctions
économiques interdisant même l'importation en Iran de vivres et de
médicaments, escomptant une déstabilisation de la situation
intérieure et la restauration de l'ordre convenant à Washington.
En accordant une « aide » alimentaire,
les milieux impérialistes déclarent uniquement vouloir
résoudre les problèmes urgents de l'humanité. Dans la
réalité, cette « bienfaisance » sert de
camouflage dans es affaires intérieurs des pays en développement
et aux objectifs majeurs d'expansion économique et politique de
l'impérialisme et avant tout de celui des USA. Le
« pouvoir de l'alimentation», la domination des USA sur les
enjeux des Etats indépendants par les « tourteaux de soja et
les sacs de blé », tel est le calcule des idéologues du
néo-colonialisme. Qui misent sur la faim et la misère des peuples
exploités. I. Brown affirme qu'actuellement la question pour les
Etats-Unis n'est pas de savoir si l'alimentation peut être une arme, mais
de décider comment se servir au mieux de cette arme au
bénéfice du pays.
La « mission de bienfaisance » des pays
développés dans les pays d'Afrique est misérable
comparée à l'immense préjudice que les aventures
militaires impérialistes causent aux peuples et en regard du pillage
des richesses et des pays par les méthodes de néo-colonialisme.
La remarque de Lénine stipule que « les maîtres de
l'Etat capitaliste se montrent aussi peux soucieux des innombrables victimes de
la famine et de la crise que la locomotive de ceux qu'elle écrase dans
sa course », reste toujours valable. Le drainage des ressources
alimentaires des jeunes Etats connaissant déjà de
sérieuses difficultés de ravitaillement vient confirmer la
justesse de ces paroles de Lémine. Ce sont précisément les
pays « riches » qui consomment plus de la moitié de
la production mondiale d'aliments et non sans un gaspillage
considérable. Il ne s'agit pas seulement de la consommation de
denrées produites dans les pays capitalistes mêmes
quantités d'aliments importés, notamment des pays en
développement. Ce sont les pays européens et le Japon qui tient
le plus de profit du commerce mondial d'aliments. Ces dernier temps l'Europe
achète sur le marché mondial plus de protéines
végétales que n'en consomme tout le sous continent indien, et le
Japon, environ le tiers de cette quantité. Il n'est pas rare que des
Etats capitalistes développés achètent des produits
même dans les pays victimes de fléaux naturels et de mauvaises
récoltes.
Il apparaît, cependant, que la réduction de la
consommation dans les pays capitaliste développés (il serait plus
exact de dire des couches aisées de la société de ces
pays) que réclament R .Dumont, M. Mesarovc, E. Pestel et certains autres
chercheurs et politiciens. L'Occident, même si elle était
réalisable, ne serait pas bien profitable à la population des
pays en voie de développement, car les couches indigentes de la
société des pays d'Afrique n'ont pas les moyens d'acheter les
produits alimentaires même à bas prix subventionnés, les
distributions de vivres gratuites n'ayant lieu que dans les rares cas de
calamités exceptionnelles. Quelques radicales et humanitaires que
semblent ces propositions, elles ne dépassent pas le cadre de la simple
rhétorique philanthropique dont l'objet est de masquer les
contradictions antagoniste du capitalisme mondiale quand elles ne sont pas
sous-tendues par des recommandations de restructuration
socio-économiques cardinales aux bénéfices des masses
populaires et de réaménagement général des
relations économiques mondiales sur une base équitable.
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