2-2 Le néo-colonialismes,
nouvelle méthode d'exploitation impérialiste
La désagrégation du système colonial de
l'impérialisme après la Deuxième Guerre Mondiale
l'affranchissement de peuple comptant des millions d'individus de la domination
étrangère directe et la conquête par ces peuples de
l'indépendance politique furent une immense victoire du mouvement de
libération nationale. Plus de 90 nouveaux Etats nationaux apparurent
ainsi sur la carte politique du monde. Les peuples des anciennes colonies des
pays précédemment semi-coloniaux et dépendants d'Asie,
d'Afrique et d'Amérique latine s'engagèrent activement dans les
relations politiques et économiques internationales et dans le processus
révolutionnaire mondial. Mais l'effondrement du système colonial
ne signifie pas pour les jeunes Etats nationaux une émancipation
complète de l'exploitation impérialiste, leur indépendance
économique. Les résolutions de libération nationale
avaient bien détruit le système politique du colonialisme et les
méthodes d'exploitation non économique qu'il assurait mais
n'avait presque pas entamé les rapports économiques (de
production) de l'économie capitaliste mondiale. Le contrôle des
principales sources de matières premières d'Asie, d'Afrique et
d'Amérique Latine par le capital monopoliste international. Des
positions dominantes dans le commerce mondial, sur les marchés de
capitaux et dans le domaine des moyens modernes de production (brevets,
licences, savoir-faire scientifique et technique, opérations
monétaires, transports maritimes et aériens, assurances)
constituaient une base solide pour le maintien des rapports de domination et
d'assujettissement dans l'économie mondiale.
La désintégration des formes politiques du
colonialisme n'entraîna donc pas en cours de décolonisation la
sortie des anciennes colonies et semi-colonies africaine du système de
l'économie mondiale et ne modifia pas leur situation
« périphérique » de producteurs agraires de
matières premières pour les Etats industriels immensément
plus puissants. Vladimir Lénine le prévoyait quant il
écrivait que « la domination du capitalisme financier ...ne
saurait être éliminée par quelque transformation que ce
soit dans le domaine de la démocratie politique ; or, l'auto
détermination se rapporte entièrement et exclusivement à
ce domaine ». Une différenciation nette entre
l'indépendance politique et l'émancipation économique
permet de comprendre pourquoi l'exploitation économique des pays en
développement ne fut pas supprimée avec l'oppression coloniale
malgré l'affaiblissement des positions politiques de la
colonisation.
Comme le souligne le professeur R .Oulianovsky
en dressant le bilan de la désintégration du système
colonial, « une longue expérience historique témoigne
indubitablement que l'exploitation impérialiste des ancien peuples
coloniaux ne cesse pas avec la proclamation de leur indépendance
politique et avec leurs premiers succès dans la mise sur pied d'une
économie national. L'exploitation marche à plein régime,
s'adapte habilement aux circonstances nouvelles, acquiert de nouvelles formes
et s'intensifie »
L'histoire des trois dernières
décennies montre que la condition majeure d'une exploitation
impérialiste durable des pays émancipés est leur maintien
au sien de l'économie capitaliste mondiale en qualité de
participants inégaux à la production et à l'échange
internationaux. Assurer cette condition est le principal objectif de la
stratégie néocolonialiste: le calcul est de faire en sorte que
les lois économiques assurent dans le cadre de l'économie
capitaliste mondiale l'exploitation profitable
de « partenaires » économiquement
arriérés. Les moyens les plus divers sont mis en oeuvre pour
parvenir à ces fins : moyens économiques,
militaro-politiques et idéologique. Le néo-colonialisme est le
principal obstacle sur la voie permettant de surmonter le retard
économique et de résoudre efficacement les problèmes
socio-économiques les plus graves des pays en développement, y
compris celui de l'autosuffisance alimentaire.
La voie principale d'expansion vers les pays d'Asie,
d'Afrique et d'Amérique latine est toujours la pénétration
directe du capital d'Etat et du capital privé dans l'économie de
ces pays. Exploitant les ressources des pays en développement, les
monopoles étrangers réalisent de gros bénéfices qui
augmentent constamment et dépassent considérablement la somme des
réinvestissements.
Les multinationales et transnationales sont un
instrument fort efficace d'exploitation des ressources des jeunes Etats.
Ainsi, la multinationale « Del teck » américano
ouest-allemande créée en 1969, qui possède des entreprises
au Brésil, en Argentine et en d'autre pays d'Amérique latine, est
devenue dans les années 80, grâce au soutien de nombreuses banques
d'Europe occidentale, un des plus grands monopoles de produits de
l'élevage. Elle possède d'énormes étendues de
terres, contrôle les abattoirs nationaux et de nombreuses autres
entreprises de l'industrie alimentaire dans les pays
latino-américains.
Les sociétés internationales sapent les
fondements même du développement indépendant des jeunes
Etats émancipés. L'énorme fuite de capitaux dont profitent
les multinationales sous forme d'intérêts et de
bénéfices affaiblit les positions économiques des pays en
développement qui traversent de sérieuses difficultés
alimentaires. L'intéressé à maintenir un bas niveau
rémunération du travail, les monopoles imposent aux travailleurs
des pays en développement un salaire minimal qui ne leur permet de
subsister qu'à la limite de la faim. Le marché intérieur,
restreint par le bas niveau de vie, ne permet pas à l'économie
des pays de se développer.
La mainmise des monopoles internationaux sur le secteur
agricole a une incidence particulièrement négative sur la
situation alimentaire des pays en développement. L'activité des
monopoles s'exerce suivant deux axes : l'exploitation directe des
plantations ou des fermes et le contrôle des plantations et des fermes
d'élevage soit directement soit par des contrats qui entraînent
leurs signataires dans le système du business agricole. Des
sociétés américaines, anglaises, françaises et
d'autres sont devenues de gros propriétaires terriens au Venezuela, au
Paraguay, en Bolivie et en d'autres pays d'Amérique latine, de
même que dans des pays d'Asie et surtout en Afrique dans le pays
tels que le Kenya, le Nigeria, en Côte d'Ivoire et Afrique du Sud, au
Zimbabwe. Les sociétés internationales s'approprient
illégalement les meilleures terres dont elles chassent les paysans qui
deviennent les ouvriers agricoles salariés végétant
à la limite de la faim. C'est le cas des monopoles américains
« United Brands », « Standard Fruit »,
« United Fruit Compagny »qui se sont approprié les
terres les plus fertiles et contrôlent l'agriculture à Costa Rica,
au Honduras et en d'autre pays latino-américains de la
« ceinture bananière ».
C'est ainsi que, directement et indirectement, les
monopoles internationaux placent sous leur contrôle le système de
propriété et d'exploitation des terres des pays en
développement. De concert avec une poignée de gros
propriétaires ils font la loi dans la vie économique, politique
et sociale afin que l'orientation du développement agricole serve leurs
intérêts. Les monopoles multiplient les monocultures d'exportation
au détriment des cultures vivrières destinées à la
consommation. Par exemple, 27% de la production agricole des pays
d'Amérique centrale dans les années 70 tombaient sur des produits
destinés à la consommation intérieure
(céréales, oléagineux, légumes, fruits) et 47% sur
des cultures d'exportation (cotonnier, canne à sucre, caféier,
cacaoyer, bananier, tabac). Mais dans certains pays ou la situation alimentaire
est la plus grave (Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica) la
proportion des cultures d'exportation atteint 83%. La mainmise des
sociétés étrangères sur l'agriculture empêche
les pays en développement d'élever la production alimentaire
jusqu'aux niveaux qui permettrait de satisfaire leurs besoins
intérieurs.
L'on ne saurait nier que les investissements venant
d'Europe occidentale, des U.S.A. et Japon stimulent dans une certaine mesure
les activités économiques des pays en développement et
favorisent la croissance des forces productives. Mais l'activité du
capital étranger accentue les disproportions dans la structure de leur
économie car leurs plans de développement national sont
connectés aux programmes d'investissement, les ressources nationales
étant canalisées vers les branches d'importance secondaire.
L'appropriation par le capital étranger et en premier lieu par les
transnationales, d'une partie considérablement du revenu national
aggrave leurs problèmes d'accumulation des pays en développement,
freine l'élargissement de leur marché intérieur et entrave
leur progrès économique et social. En outre, les crises cycliques
et structurelles qui ébranlent le système mondial se
répercutent brutalement sur l'économie des pays en
développement et d'Afrique en particulier.
Le commerce inégal procure aux monopoles des profits
énormes alors que l'économie des pays en développement
subit un préjudice du fait de la fuite des devises. L'augmentation du
déficit du commerce extérieur est un trait caractéristique
du développement dépendant de l'économie de la plupart des
pays d'Afrique.
Une des manifestations de la dépendance des pays en
développement par rapport au marché capitaliste mondial et un
moyen de consolider cette dépendance est l'importation dans ces pays de
produits alimentaires.
Le problème de l'importation de produits alimentaires
est particulièrement grave dans les pays d'Afrique fortement
peuplés et à faible revenu national où les dépenses
d'importation d'aliments ont dépassé de 1990 à 2006 30% de
leur recette totale d'exploitation. Le Nigeria exporte les denrées
alimentaires jusqu'à 45% de son PIB Le groupe des pays les plus
pauvres consomment plus de 50% de l'alimentation du monde en
développement. L'importation d'aliments qui dans certains pays et
à certains moments a atténué la gravité du
problème de l'alimentation profite plus aux pays exportateurs qu'aux
importateurs. Les pays développés profitent au maximum de leur
monopole su le marché mondial des céréales et de la
difficile situation alimentaire des pays d'Afrique pour s'enrichir et
accroitre leur domination.. Outre les bénéfices qu'ils en tirent,
ils profitent de la situation pour exercer une pression politique sur les pays
acheteurs.
L'augmentation des importations de céréales
à une incidence négative sur la balance de paiements et les
positions monétaires et financières des pays en
développement, surtout de ceux qui sont démunis de
« pétrodollars », sur l'état de leur
économie et sa modernisation. Les dépenses de devises pour
l'achat de céréales limitent des possibilités.
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