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La croissance de la population et le problème alimentaire en Afrique

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par Traore METAHAN
 - DESS Démographie 2010
  

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2-2 Le néo-colonialismes, nouvelle méthode d'exploitation impérialiste

La désagrégation du système colonial de l'impérialisme après la Deuxième Guerre Mondiale l'affranchissement de peuple comptant des millions d'individus de la domination étrangère directe et la conquête par ces peuples de l'indépendance politique furent une immense victoire du mouvement de libération nationale. Plus de 90 nouveaux Etats nationaux apparurent ainsi sur la carte politique du monde. Les peuples des anciennes colonies des pays précédemment semi-coloniaux et dépendants d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine s'engagèrent activement dans les relations politiques et économiques internationales et dans le processus révolutionnaire mondial. Mais l'effondrement du système colonial ne signifie pas pour les jeunes Etats nationaux une émancipation complète de l'exploitation impérialiste, leur indépendance économique. Les résolutions de libération nationale avaient bien détruit le système politique du colonialisme et les méthodes d'exploitation non économique qu'il assurait mais n'avait presque pas entamé les rapports économiques (de production) de l'économie capitaliste mondiale. Le contrôle des principales sources de matières premières d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine par le capital monopoliste international. Des positions dominantes dans le commerce mondial, sur les marchés de capitaux et dans le domaine des moyens modernes de production (brevets, licences, savoir-faire scientifique et technique, opérations monétaires, transports maritimes et aériens, assurances) constituaient une base solide pour le maintien des rapports de domination et d'assujettissement dans l'économie mondiale.

La désintégration des formes politiques du colonialisme n'entraîna donc pas en cours de décolonisation la sortie des anciennes colonies et semi-colonies africaine du système de l'économie mondiale et ne modifia pas leur situation « périphérique » de producteurs agraires de matières premières pour les Etats industriels immensément plus puissants. Vladimir Lénine le prévoyait quant il écrivait que « la domination du capitalisme financier ...ne saurait être éliminée par quelque transformation que ce soit dans le domaine de la démocratie politique ; or, l'auto détermination se rapporte entièrement et exclusivement à ce domaine ». Une différenciation nette entre l'indépendance politique et l'émancipation économique permet de comprendre pourquoi l'exploitation économique des pays en développement ne fut pas supprimée avec l'oppression coloniale malgré l'affaiblissement des positions politiques de la colonisation.

Comme le souligne le professeur R .Oulianovsky en dressant le bilan de la désintégration du système colonial, « une longue expérience historique témoigne indubitablement que l'exploitation impérialiste des ancien peuples coloniaux ne cesse pas avec la proclamation de leur indépendance politique et avec leurs premiers succès dans la mise sur pied d'une économie national. L'exploitation marche à plein régime, s'adapte habilement aux circonstances nouvelles, acquiert de nouvelles formes et s'intensifie »

L'histoire des trois dernières décennies montre que la condition majeure d'une exploitation impérialiste durable des pays émancipés est leur maintien au sien de l'économie capitaliste mondiale en qualité de participants inégaux à la production et à l'échange internationaux. Assurer cette condition est le principal objectif de la stratégie néocolonialiste: le calcul est de faire en sorte que les lois économiques assurent dans le cadre de l'économie capitaliste mondiale l'exploitation profitable de « partenaires » économiquement arriérés. Les moyens les plus divers sont mis en oeuvre pour parvenir à ces fins : moyens économiques, militaro-politiques et idéologique. Le néo-colonialisme est le principal obstacle sur la voie permettant de surmonter le retard économique et de résoudre efficacement les problèmes socio-économiques les plus graves des pays en développement, y compris celui de l'autosuffisance alimentaire.

La voie principale d'expansion vers les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine est toujours la pénétration directe du capital d'Etat et du capital privé dans l'économie de ces pays. Exploitant les ressources des pays en développement, les monopoles étrangers réalisent de gros bénéfices qui augmentent constamment et dépassent considérablement la somme des réinvestissements.

Les multinationales et transnationales sont un instrument fort efficace d'exploitation des ressources des jeunes Etats. Ainsi, la multinationale « Del teck » américano ouest-allemande créée en 1969, qui possède des entreprises au Brésil, en Argentine et en d'autre pays d'Amérique latine, est devenue dans les années 80, grâce au soutien de nombreuses banques d'Europe occidentale, un des plus grands monopoles de produits de l'élevage. Elle possède d'énormes étendues de terres, contrôle les abattoirs nationaux et de nombreuses autres entreprises de l'industrie alimentaire dans les pays latino-américains.

Les sociétés internationales sapent les fondements même du développement indépendant des jeunes Etats émancipés. L'énorme fuite de capitaux dont profitent les multinationales sous forme d'intérêts et de bénéfices affaiblit les positions économiques des pays en développement qui traversent de sérieuses difficultés alimentaires. L'intéressé à maintenir un bas niveau rémunération du travail, les monopoles imposent aux travailleurs des pays en développement un salaire minimal qui ne leur permet de subsister qu'à la limite de la faim. Le marché intérieur, restreint par le bas niveau de vie, ne permet pas à l'économie des pays de se développer.

La mainmise des monopoles internationaux sur le secteur agricole a une incidence particulièrement négative sur la situation alimentaire des pays en développement. L'activité des monopoles s'exerce suivant deux axes : l'exploitation directe des plantations ou des fermes et le contrôle des plantations et des fermes d'élevage soit directement soit par des contrats qui entraînent leurs signataires dans le système du business agricole. Des sociétés américaines, anglaises, françaises et d'autres sont devenues de gros propriétaires terriens au Venezuela, au Paraguay, en Bolivie et en d'autres pays d'Amérique latine, de même que dans des pays d'Asie et surtout en Afrique dans le pays tels que le Kenya, le Nigeria, en Côte d'Ivoire et Afrique du Sud, au Zimbabwe. Les sociétés internationales s'approprient illégalement les meilleures terres dont elles chassent les paysans qui deviennent les ouvriers agricoles salariés végétant à la limite de la faim. C'est le cas des monopoles américains « United Brands », « Standard Fruit », « United Fruit Compagny »qui se sont approprié les terres les plus fertiles et contrôlent l'agriculture à Costa Rica, au Honduras et en d'autre pays latino-américains de la « ceinture bananière ».

C'est ainsi que, directement et indirectement, les monopoles internationaux placent sous leur contrôle le système de propriété et d'exploitation des terres des pays en développement. De concert avec une poignée de gros propriétaires ils font la loi dans la vie économique, politique et sociale afin que l'orientation du développement agricole serve leurs intérêts. Les monopoles multiplient les monocultures d'exportation au détriment des cultures vivrières destinées à la consommation. Par exemple, 27% de la production agricole des pays d'Amérique centrale dans les années 70 tombaient sur des produits destinés à la consommation intérieure (céréales, oléagineux, légumes, fruits) et 47% sur des cultures d'exportation (cotonnier, canne à sucre, caféier, cacaoyer, bananier, tabac). Mais dans certains pays ou la situation alimentaire est la plus grave (Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica) la proportion des cultures d'exportation atteint 83%. La mainmise des sociétés étrangères sur l'agriculture empêche les pays en développement d'élever la production alimentaire jusqu'aux niveaux qui permettrait de satisfaire leurs besoins intérieurs.

L'on ne saurait nier que les investissements venant d'Europe occidentale, des U.S.A. et Japon stimulent dans une certaine mesure les activités économiques des pays en développement et favorisent la croissance des forces productives. Mais l'activité du capital étranger accentue les disproportions dans la structure de leur économie car leurs plans de développement national sont connectés aux programmes d'investissement, les ressources nationales étant canalisées vers les branches d'importance secondaire. L'appropriation par le capital étranger et en premier lieu par les transnationales, d'une partie considérablement du revenu national aggrave leurs problèmes d'accumulation des pays en développement, freine l'élargissement de leur marché intérieur et entrave leur progrès économique et social. En outre, les crises cycliques et structurelles qui ébranlent le système mondial se répercutent brutalement sur l'économie des pays en développement et d'Afrique en particulier.

Le commerce inégal procure aux monopoles des profits énormes alors que l'économie des pays en développement subit un préjudice du fait de la fuite des devises. L'augmentation du déficit du commerce extérieur est un trait caractéristique du développement dépendant de l'économie de la plupart des pays d'Afrique.

Une des manifestations de la dépendance des pays en développement par rapport au marché capitaliste mondial et un moyen de consolider cette dépendance est l'importation dans ces pays de produits alimentaires.

Le problème de l'importation de produits alimentaires est particulièrement grave dans les pays d'Afrique fortement peuplés et à faible revenu national où les dépenses d'importation d'aliments ont dépassé de 1990 à 2006 30% de leur recette totale d'exploitation. Le Nigeria exporte les denrées alimentaires jusqu'à 45% de son PIB Le groupe des pays les plus pauvres consomment plus de 50% de l'alimentation du monde en développement. L'importation d'aliments qui dans certains pays et à certains moments a atténué la gravité du problème de l'alimentation profite plus aux pays exportateurs qu'aux importateurs. Les pays développés profitent au maximum de leur monopole su le marché mondial des céréales et de la difficile situation alimentaire des pays d'Afrique pour s'enrichir et accroitre leur domination.. Outre les bénéfices qu'ils en tirent, ils profitent de la situation pour exercer une pression politique sur les pays acheteurs.

L'augmentation des importations de céréales à une incidence négative sur la balance de paiements et les positions monétaires et financières des pays en développement, surtout de ceux qui sont démunis de « pétrodollars », sur l'état de leur économie et sa modernisation. Les dépenses de devises pour l'achat de céréales limitent des possibilités.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway