IX.3 Situation
psychosociale
La perte précoce d'un ou des deux parents à
cause du sida favorise la détérioration de la situation
psychosociale de l'enfant (Appaix et Dekens, 2005). Ceux-ci sont
confrontés à des menaces graves qui mettent en péril leur
bien-être. Dans ce travail, 33,3% des chefs de ménage avaient le
niveau primaire et 23,3% étaient sans niveau. Cette situation
réduit l'accessibilité des OEV aux services sociaux de base
(santé, éducation, logement, alimentation).
En effet, lorsque les familles et les enfants doivent se
préoccuper des besoins quotidiens afin d'atténuer leurs
souffrances du moment, ils deviennent incapables d'agir sur les facteurs qui
contribuent à la santé et au bien être à long terme
(FHI, 2001). Avec la maladie des parents, les ressources de la famille
diminuent (FHI, 2001). Dans ce travail, nous avons cherché à
comprendre les changements intervenus dans la vie des OEV depuis le
décès des parents, 20% avaient répondu que leurs notes
avaient baissé en classe, 16,7% avaient moins d'argent et 10% moins de
nourriture.
En 2007, deux OEV ont été suivis de façon
soutenue par le psychologue de l'AJPO. Cette situation s'explique par le fait
que lors du processus d'accueil des OEV, on ne procède pas à un
entretien approfondi pour identifier une éventuelle souffrance
psychologique. Pour le psychologue, les responsabilités (charge de
travail) qu'il a au sein de l'AJPO transcendent le volet psychologique et
empiètent sur celui-ci. Interrogé à ce propos, un acteur
de l'AJPO répond : « si l'AJPO veut une prise en
charge psychologique conséquente, qu'on adjoint un autre psychologue
à l'actuel qui se consacrerait qu'à ce
travail ».
La réponse aux besoins psychologiques des enfants
demeure un des domaines les plus négligés en matière de
soutien des orphelins et enfants rendus vulnérables pour cause du sida.
Pourtant ces difficultés sont à l'origine des problèmes
visibles comme l'absentéisme scolaire ou les comportements antisociaux
(Lee, 2000 ; Webb, 2001). La stigmatisation et la discrimination sociale
dont sont victimes les OEV du fait du SIDA favorisent les troubles affectifs
(Lee, 2000). Nous avons pu le constater sur le terrain pendant les VAD.
Selon les conseillers psychosociaux et certains chefs de
ménage « la plupart des gens pensent que tous les enfants qui
viennent à l'AJPO sont infectés par le VIH/SIDA ».
Les deux chefs de ménage infectés par le VIH/SIDA
interrogés affirment avoir partagé leur statut sérologique
avec leurs enfants. Quant aux OEV de notre étude, 60% ignorent la cause
de décès de leurs parents. Si les enfants associent l'infection
à VIH à un comportement immoral, la découverte du fait que
leurs parents sont séropositifs peut leur causer une grande
détresse (Webb, 2001). Martins (1998) a émis l'hypothèse
selon laquelle certains enfants qui ont vécu les souffrances et morts
multiples par sida parmi les membres de la famille risquent de
développer un syndrome post-traumatique assimilable à ce qui se
manifeste parfois chez les survivants de la guerre ou des catastrophes
naturelles.
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