IX. Discussion
IX. 1
Caractéristiques de la population étudiée
La moyenne d'âge des OEV dans notre étude est de
14,8 ans avec un minimum de 11 ans et un maximum de 17 ans. L'AJPO s'occupe des
OEV jusqu'au-delà de 18 ans. Tenant compte de la réalité
vécue par les enfants, la définition adoptée par les
organismes internationaux évolue depuis peu. Dans la dernière
publication conjointe de l'ONUSIDA, l'UNICEF et l'USAID (2004), où
paraissent les dernières estimations sur le nombre d'orphelins,
l'âge maximal des orphelins a été repoussé à
17 ans (c'est-à-dire jusqu'au 18ème anniversaire).
Dans de nombreux pays, notamment les plus touchés par le VIH/SIDA,
l'âge officiel maximum des enfants orphelins est de 18 ans. C'est le cas
en Ouganda (Wakhweya et al, 2002) et en Éthiopie (Smart, 2003). Dans une
étude menée à Brazzaville (Congo), portant sur des enfants
ayant perdu au moins un parent pour cause de sida, un tiers de ceux-ci avaient
de 15 à 17 ans. On voit ici l'impact démographique de l'inclusion
de cette tranche d'âge dans la définition des OEV et des actions
qui y sont menées pour faire face.
La prédominance féminine est marquée
aussi bien au niveau des OEV (53,3%) que des chefs de ménage (83,3%)
dans notre étude. Avec des solidarités familiales de plus en plus
difficiles à mobiliser, les familles ont tendance à se
renucléariser autour du parent survivant. Ce recentrage s'opère
autour de la mère ou de sa famille, alors que traditionnellement, les
orphelins de père comme de mère restaient dans la famille
paternelle (JDS, 2006). Enfin, selon les résultats provisoires du
Recensement Général de la Population et de l'Habitat du Burkina
Faso 2006 publiés par l'Institut National de la Statistique et du
Développement (INSD, 2006), la population féminine
représente 52%. Un acteur interrogé sur la prédominance
féminine répond que les filles sont les plus nombreuses à
fréquenter le centre. Certains bailleurs de fonds souhaitent
également qu'il y ait autant d'inscrits filles que garçons sinon
plus de filles que de garçons.
IX.2 Situation
médicale
La prise en charge médicale des OEV infectés par
le VIH/SIDA à l'AJPO se limite aux consultations de routine et surtout
au traitement de quelques infections opportunistes. L'AJPO se contente
d'assurer le volet psychosocial de la prise en charge notamment par
l'organisation des groupes de parole et des clubs d'observance à
l'endroit des OEV. A propos de cette convention de partenariat avec
l'Hôpital Pédiatrique Charles De Gaulle, beaucoup de limites sont
soulevées par certains acteurs. Du côté de l'AJPO, une
conseillère psychosociale nous fait comprendre que rien n'est clair,
« nous passons quelques fois toute la journée en
pédiatrie sans toutefois savoir quoi faire ».
A l'hôpital pédiatrique un médecin
souligne plutôt les difficultés qu'ils ont avec les enfants qui ne
sont pas sous traitement ARV. La prise en charge est payante à demi
tarif. Ainsi pour une mère qui a deux enfants infectés, l'un sous
ARV l'autre non, ne comprend pas pourquoi tout se fait gratuitement pour l'un
et pas pour l'autre.
Dans notre étude, les OEV et les chefs de ménage
interrogés évoquent les difficultés financières
comme principal obstacle à l'accès aux soins. Les raisons
suivants sont données à l'AJPO comme justification :
« La prise en charge sanitaire n'était pas acceptée
par le passé par les bailleurs surtout la prise en charge des
ordonnances des spécialités qui sont toujours prescrites. Cette
année, l'IPC a accepté de prendre en charge les ordonnances des
spécialités ». Un autre responsable ajoute :
« de plus en plus nous faisons ressortir la prise en charge
sanitaire dans nos plans d'actions pour que lorsqu'on défendra nos
projets devant nos partenaires une enveloppe conséquente soit
allouée à ce volet ».
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