III.2.3 Dans la sphère
sanitaire
L'impact de la situation d'orphelin sur la santé dans
un contexte de VIH/SIDA se calcule à partir de trois indicateurs :
la malnutrition, le retard de croissance et la mortalité infantile. Les
études font état de divergences quant à l'impact
estimé du décès des parents sur ces indicateurs (Audemard
et Vignikin, 2006).
En Tanzanie, des études montrent que le
décès du père, de la mère et de celui d'autres
membres adultes du ménage impliquent des retards de croissance chez les
enfants affectés. Ce résultat s'est également
confirmé au sein de ménages n'étant pas pauvres. La
pauvreté ne constitue donc pas un facteur explicatif du retard de
croissance observé chez les orphelins ; en revanche dans des
ménages pauvres, le statut d'orphelin aggrave davantage ces retards de
croissance (Ainsworth et Semali, 2000).
En Zambie, la consommation moyenne de calories est
passée en 20 ans de 2 273 à 1 934 calories par jour. Selon la
CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le
Développement), cette chute est en grande partie imputable au VIH/SIDA,
qui aurait réduit le taux d'activité, de production et de
consommation (Cessou, 2005).
D'autres auteurs par contre sont arrivés à des
conclusions opposées. Monasch et Boerma (2004) ont observé le
faible impact du fait d'être orphelin sur le statut nutritionnel des
enfants, à travers une étude menée dans 40 pays de
l'Afrique subsaharienne. Namposya Nampanya-Serpell (2001) montre en Zambie que
les impacts nutritionnels de la perte des parents dépendent
principalement de l'âge des enfants (les plus jeunes étant
exposés à davantage de risques que les enfants plus
âgés), mais également de la situation
socio-économique du foyer qui les a pris en charge.
Enfin, dans une étude menée en Tanzanie, les
auteurs observent que le taux de mortalité des orphelins et des enfants
confiés n'est pas plus élevé que chez les autres
enfants (Urassa et al, 1997) ; Foster en arrive à la même
conclusion à travers une étude réalisée au Zimbabwe
(Foster, 2000), tout comme Kamali et al. (1996) sur l'Ouganda. En Ouganda, une
autre étude montre que le décès de la mère
entraîne une hausse de la mortalité infantile, y compris chez les
enfants séronégatifs (Nakiyingi et al, 2003).
III.2.4 Décès
liés au sida
Le sida est la quatrième cause de décès
à l'échelle mondiale (ONUSIDA, 2006). Selon la même source,
en 2005, 3,1 millions d'adultes et d'enfants sont morts du sida, dont 2,4
millions en Afrique subsaharienne. Par contre le nombre de décès
associés au sida a diminué de manière spectaculaire dans
certains pays, en raison de l'efficacité des nouveaux traitements
antirétroviraux. Les décès liés au sida provoquent
une modification de la pyramide des âges dans les pays
sévèrement touchés par l'épidémie.
L'épidémie a provoqué une stagnation,
voire une régression, des progrès accomplis en matière de
survie infantile et d'espérance de vie, deux indicateurs clés du
développement (Lamptey, 2006). L'impact du sida sur l'espérance
de vie en Afrique subsaharienne est en partie dû à la
mortalité infantile directement ou indirectement liée au sida.
Les progrès constants accomplis avant l'arrivée de
l'épidémie quant à l'espérance de vie ont
été érodés. Au Botswana, la mortalité des
enfants de moins de 5 ans, qui était tombée entre 1990 et 1995
à 62 décès pour 1 000 naissances vivantes est aujourd'hui
de 106 décès pour 1 000 naissance vivantes environ. Le plus fort
accroissement de la mortalité s'observe néanmoins chez les
adultes de 20 à 49 ans et renverse la distribution des
décès en fonction de l'âge ; alors que ce groupe
d'âge ne constituait que 20% de tous les décès entre 1985
et 1990, il représente aujourd'hui 60% (ONUSIDA, 2006).
En Afrique australe, entre 1985 et 1990, la plupart des
décès dus au sida ont été enregistrés parmi
les enfants de moins de 5 ans et des adultes de plus de 60 ans, alors qu'un
cinquième seulement des décès est survenu au sein de la
population adulte de 20 à 49 ans. Entre 2000 et 2005, en raison de la
forte mortalité due au sida chez les jeunes et les adultes, les
personnes âgées de 20 à 49 ans ont constitué
près de 60% de tous les décès (Adetunji, 2000 ;
Boerma et Whitworth, 1998 ).
Après avoir fait le tour de la question à
travers une revue de la littérature, la section suivante sera
consacrée à la description des acteurs de la prise en charge des
OEV à l'AJPO de Ouagadougou.
IV. Description des
acteurs de la prise en charge des OEV à l'AJPO
Après la section consacrée à la revue de
la littérature, nous allons nous appesantir au niveau de la
présente section à décrire les différents acteurs
de la prise en charge des OEV à l'AJPO.
De manière générale, les acteurs sont
caractérisés par leurs projets, leurs conceptions du monde et
leurs convictions, les ressources qu'ils ont ou qu'ils contrôlent et
leurs dispositions à agir. Ils interagissent, dans un jeu permanent de
coopération et de concurrence, pour accroître leur contrôle
sur les ressources critiques du système d'action (argent, pouvoir,
influence, engagements envers des normes sociales). Les pratiques (ou les
conduites) des acteurs sont simultanément constitutives de
l'intervention et influencées par la structure de cette manière.
Elles sont interdépendantes (Contandriopoulos et al, 2000).
Identifier les acteurs, leurs rôles et leurs
intérêts respectifs constituent dès lors un enjeu majeur
pour toute évaluation d'une intervention. La description des principaux
acteurs qui interviennent dans la prise en charge globale des OEV à
l'AJPO est résumée dans le tableau 3. Les stratégies et
les ressources diffèrent selon les acteurs. Au nombre des acteurs de la
prise en charge des OEV, figurent le Ministère de l'Action Sociale et de
la Solidarité Nationale, le personnel de l'AJPO, le SP/CNLS, l'IPC,
l'OSI, le personnel de santé, les OEV et les chefs de ménage dans
lesquels résident les OEV. Le Ministère de l'Action Sociale et de
la Solidarité Nationale, le SP/CNLS, l'IPC et l'OSI appuient
financièrement et/ou techniquement l'AJPO. Les OEV et les chefs de
ménage aspirent à une amélioration de la prise en charge
médicale et psychosociale. Les agents de l'AJPO planifient et
exécutent les activités du programme.
Le tableau 3 à la page suivante décrit les
principaux acteurs intervenant dans la prise en charge des OEV à l'AJPO
ainsi que leurs stratégies et les ressources dont ils
disposent.Tableau 3 : Description des acteurs impliqués
dans la prise en charge globale des OEV à l'AJPO
Acteurs
|
Description
|
Stratégies
|
Ressources
|
Ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité
Nationale
|
Ministère de tutelle de l'AJPO
|
Mandat de veiller sur la mise en oeuvre et le suivi de la
politique en matière sociale
|
Appui institutionnel
|
SP/CNLS
|
Organe de tutelle et de coordination de la lutte contre le VIH
|
Coordination de la mise en oeuvre des 5 principaux axes
stratégiques de la prise en charge des OEV/VIH
|
Appui institutionnel
Mobilisation des ressources pour Associations de prise en charge
des OEV à base communautaire
|
Initiative Privée et Communautaire de lutte contre le
VIH/SIDA
|
Principal bailleur de fonds de l'AJPO
|
- Soutien technique et financier
- Visibilité des actions
|
Techniques et financières
|
AJPO
|
Association de prise en charge des OEV
|
- Mise en oeuvre de la prise en charge des OEV
- Visibilité des actions sur le terrain, reconnaissance et
notoriété
|
Ressources humaines et financières limitées
|
Association Orphelin Sida International (France)
|
Partenaire de l'AJPO dans la pise en charge des OEV/VIH
|
Parrainage
|
Financières
|
Structures Sanitaires
|
Structures publiques ou privées assurant la prise en
charge des OEV sur le plan sanitaire
|
Offre des soins de qualité aux OEV
|
Ressources humaines, financières et matérielles
limitées
|
OEV
|
Cibles du programme de prise en charge globale
|
Accès à la prise en charge médicale et
psychosociale
|
Participation aux activités de l'AJPO
|
Ménages
|
Cibles secondaires de la prise en charge
|
Mobilisation des ressources pour assurer la prise en charge
globale des OEV
|
Participation aux activités de l'AJPO
|
Source : Djoudalbaye
Benjamin, 2007
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