CHAPITRE III RECOMMANDATIONS
Au regard du diagnostic situationnel qui est fait du
fonctionnement de l'AGEFOP en interne et en externe, du rapport qu'elle a avec
les autres acteurs du dispositif de la formation professionnelle, nous faisons
des recommandations suivantes.
III.1. AU NIVEAU DE L'ENVIRONNEMENT INTERNE
Des dispositions particulières doivent être prises
sur le triptyque plan institutionnel, organisationnel et technique afin
d'optimiser le fonctionnement de l'agence.
III.1.1. Sur le plan institutionnel
La mission que l'agence a à mettre en oeuvre la place
inexorablement dans une position telle qu'elle ne peut que jouer un rôle
central dans les différents types de rapports qu'elle a ou devrait avoir
avec les autres acteurs et partenaires du secteur de la formation
professionnelle (voir figure 4, Modélisation du dispositif de la
F.P.).
Ce rôle la met dans une position transversale par
rapport à tous les emplois du secteur Education-Formation de sorte que
ses actions et initiatives ne peuvent qu'être limitées si sur le
plan institutionnel elle n'a aucun rapport avec chacun des ministères
tels :
- Le Ministère de l'Education Nationale (MEN);
- Le Ministère de l'Enseignement Technique et de la
Formation Professionnelle (METFP) ;
- Le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique (MESRS) ; - Le Ministère de la Jeunesse, du Sport
et des Loisirs (MJSL).
A titre d'exemples, (nous en donnerons deux (02)), les grandes
écoles formant aux diplômes de BTS, forment des
diplômés qui sont supposés être opérationnels
pour les entreprises au terme de leur formation. Ces écoles sont sous la
tutelle du MESRS et n'ont ni de fait ni de forme aucune collaboration avec
l'AGEFOP qui est censée instruire sur les contenus des programmes et
modules de formation conformément au souci de l'adéquation
formation-emploi exigée par les entreprises qui définissent le
profil des compétences dont elles ont besoin. Afin de combler ce «
vide », il serait utile de redéfinir le statut de l'agence, statut
qui ferait d'elle un partenaire ou interlocuteur privilégié et du
MESRS et de l'ensemble des grandes écoles pour renforcer la
précision de la réponse à donner à la demande
sociale (la demande des entreprises et des populations à former).
L'exemple suivant serait pour le gouvernement, notamment le MEN,
d'intégrer un volet de la Formation par Apprentissage ou par Alternance
au système éducatif ivoirien de sorte que non seulement les
compétences
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soient décelées tôt chez les apprenants mais
aussi leur permettre d'être opérationnels dès leur sortie
du système éducatif, quelle qu'en soit la forme.
Il s'agira donc, après avoir défini le champ
d'action réel de l'agence, d'identifier tous ceux qui peuvent agir comme
ses partenaires et autres acteurs du secteur de la Formation Professionnelle
afin de trouver un contenu institutionnel à leur collaboration.
III.1.2. Sur le plan organisationnel
Comment s'organiser pour répondre efficacement aussi bien
à la commande politique qu'à la demande sociale ?
Par souci d'efficacité, l'agence devrait
procéder à son propre découpage territorial du pays par
rapport aux potentialités démographiques et économiques
qu'offre chaque région. Son implantation se ferait par
décentralisation et déconcentration avec un transfert réel
des compétences aux représentations régionales. Cette
organisation permettra à l'agence de couvrir de façon rationnelle
tout le territoire ivoirien avec pour but de procéder à une
utilisation optimale des compétences selon les opportunités de
développement offertes par région.
Ainsi, la zone forestière, la zone de savane, la zone
côtière, la zone urbaine et rurale pour ne citer que
celles-là se verront affectées des compétences
susceptibles d'optimiser l'exploitation des opportunités de
développement propres à elles. Ces compétences seront
constituées pour les agents d'exécution, de personnes ayant
reçu des formations qualifiantes et pour les agents d'encadrement, de
personnes ayant reçu des formations diplômantes.
III.1.3. Sur le plan technique
L'AGEFOP devrait pouvoir servir non seulement d'un outil
d'évaluation de la qualité pour tous les acteurs du secteur de la
formation professionnelle en Côte d'Ivoire mais aussi d'un instrument de
coopération technique entre la Côte d'Ivoire et les autres pays du
Sud. Pour ce faire, elle doit être dotée d'un plateau technique de
premier ordre.
D'abord au niveau de la richesse en ressources humaines,
l'ingénierie est présente dans tous les domaines de connaissance,
aussi convient-il d'élargir l'éventail des compétences
disponibles en engageant les spécialistes des emplois dominant le
marché du travail.
Ensuite au niveau matériel, l'Etat doit relever le
niveau technologique des outils de travail en équipant l'agence de
matériels de pointe susceptibles de soutenir ses études et
actions d'anticipation en ce qui concerne les probables évolutions de
certains métiers.
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III.2. AU NIVEAU DE L'ENVIRONNEMENT EXTERNE
Une solide structuration interne bien qu'importante ne suffit
pas à disposer l'AGEFOP à une forte performance. Avec ces moyens
adéquats, la nécessité d'un environnement externe
favorable à la mise en oeuvre de sa mission est plus qu'indispensable.
Il s'agit précisément de la structuration d'un environnement
externe offrant non seulement une claire et nette lisibilité des
rôles de chacun des acteurs du secteur de la formation professionnelle
mais aussi la possibilité pour ces différents acteurs de
fédérer et intégrer leurs compétences
spécifiques pour un réel développement de la formation
professionnelle.
III.2.1. La définition d'un cadre de
collaboration
L'intervention des pouvoirs publics s'impose pour la
définition d'un cadre de collaboration entre le Cabinet
d'Ingénierie de l'Etat de Côte d'Ivoire qu'est l'AGEFOP et les
autres organismes publics oeuvrant pour l'action commune d'une part, ensuite
entre l'AGEFOP et tous les autres acteurs et partenaires du secteur que sont
les cabinets, centres et écoles de formation professionnelle d'autre
part.
III.2.1.1. Au sein du dispositif de la formation
professionnelle
Au regard des conditions de leur création (suite
à la léthargie dans laquelle se trouvait l'ONFP) et des missions
respectives qui sont les leurs, tout semblait prédisposer les
différents services publics que sont l'AGEPE, le FDFP et l'AGEFOP
à une collaboration `naturelle' pour un succès
de l'action commune en faveur du développement de la formation
professionnelle. Et pourtant, c'est le manque de dynamique dans leur relation
qui conduit à la mise en place de la Plate-forme de Service à
laquelle est intégré un quatrième service public qu'est le
Fonds National de Solidarité (le FNS). Mais la question de la
personnalité juridique de cette dernière structure surgit
aussitôt après sa phase expérimentale. Interviendra-t-elle
comme une cinquième structure ? Offre-t-elle simplement le cadre de
collaboration entre ces différents services publics ?
Nous pensons que la mise en place ou la réactivation
(s'il en existait avant) d'un cadre de collaboration précis s'impose,
cadre qui, en dehors de la PFS, favorisera une bonne communication et une bonne
coordination des actions entre les différentes structures du dispositif
de la formation professionnelle. Nous proposons à cet effet :
- Que la Plate-forme de Service (PFS) soit l'organe
d'exécution des actions communes définies dans le cadre de cette
collaboration, action qu'elle exécutera sous la forme de projets ;
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- Que l'AGEPE obtienne un financement additionnel du FDFP pour
les études à réaliser, puis qu'elle mette les
résultats de ces études automatiquement à la disposition
de l'AGEFOP qui s'en inspirera pour faire l'ingénierie des emplois
courants ou à venir.
- Que l'AGEFOP obtienne du FDFP un financement additionnel
pour l'élaboration des produits de formation tels les
référentiels métiers, le répertoire
opérationnel des emplois et métiers (le ROME) etc.
- Qu'elle mette à son tour ses produits
d'ingénierie (une sorte de catalogue de référentiels
formations) à la disposition du FDFP pour le besoin des entreprises
sollicitant le financement de formation intégrant leurs
stratégies de développement.
Cela implique qu'en amont, ces structures sont dotées
des moyens conséquents pour la réalisation de leurs missions
respectives. L'AGEPE ne pouvant, par exemple, reposer exclusivement sur le
financement du FDFP pour ses études, l'Etat doit à son niveau
s'assurer que chaque service public étant avant tout orienté vers
une spécialisation, que les moyens de son autonomie lui soient
octroyés.
III.2.1.2. Avec les cabinets et organisations du secteur
professionnel
- Nous souscrivons entièrement à l'intention
exprimée dans les Actes du séminaire bilan du 23 au 25 Janvier
2007 relative au recensement de tous les cabinets de formation professionnelle
ainsi que des compétences employées sur toute l'étendue du
territoire national afin d'identifier sur le plan national les types de
compétences disponibles ;
- Réactiver et maintenir la coopération avec la
CGECI à travers le Comité de Gestion de l'agence, la FI-PME/PMI
afin de s'assurer de la prise en charge de leurs soucis liés aux
mutations et évolutions probables que peuvent connaître certains
métiers sur le marché du travail ; instaurer une
coopération avec les autres organisations telles les chambres
consulaires.
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- En dehors des financements externes l'AGEFOP devrait
bénéficier de ressources financières directement des
entreprises (écoles et centres de formation privés compris) pour
le financement de ses travaux d'ingénierie car les résultats de
ses travaux sont pour le renforcement des performances de ces entreprises.
III.2.1.3. Avec les acteurs du secteur
académique
- L'institution d'une instance tripartite dans laquelle se
retrouveraient des organisations telles la Confédération
Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI) et les
chambres professionnelles au niveau de leurs volets consulaires, une
représentation des écoles et centres faisant la formation
qualifiante et ou diplômante du public comme du privé et l'AGEFOP
pour la définition des indicateurs pouvant aider à
l'élaboration des programmes et contenus des modules de formation.
- L'AGEFOP devrait étendre l'éventail de ses
compétences à la formation diplômante car oeuvrant pour la
formation professionnelle, il devrait relever de sa compétence de
s'assurer que les apprenants, quel que soit le type de formation dont ils
bénéficient, seront vraiment opérationnels pour l'ensemble
du tissu socioprofessionnel dans lequel ils devront être
insérés.
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