3)
Le néolibéralisme
Pour le paradigme néolibéraliste, chaque Etat
maximise son bien-être économique absolu, non pas sa puissance
relative ; personne ne cherche à dominer : l'A.P.D est perçue
dans ce cadre théorique comme un investissement en vue d'un gain
d'utilité ; elle trouve sa justification théorique, notamment
dans la correction des imperfections des marchés mondiaux, mais surtout
avec la formalisation et la diffusion de la théorie des biens publics
mondiaux. C'est dans ce cadre théorique qu'on peut regrouper les travaux
de Jaquet et Severino (2002) ; Reisen et Al (2004) ; Jaquet et Marniesse
(2005).
Les premiers à travers une analyse stimulante, montrent
comment l'A.P.D s'impose comme une politique publique au coeur du
développement durable et de la gouvernance de la mondialisation. En
effet, ils montrent qu'à travers une affectation de l'A.P.D dans les
secteurs sociaux, sensibles, au sein des économies fragiles, elle
participe à une meilleure insertion de ces dites économies dans
la gouvernance de la mondialisation. Les seconds quant à eux, montrent
comment l'A.P.D participe au financement des Biens Publics Mondiaux (BPM) et
des biens publics régionaux. A travers leurs études, il
apparaît que 15% de l'aide finance les biens publics mondiaux, et 15
autres sont utilisés pour produire de biens publics régionaux.
C'est autour de cette problématique de financement des B.P.M, que
s'articulent aussi les travaux des derniers. En effet, face à la
préoccupation sur l'éventuel détournement de l'A.P.D au
profit des B.P.M, bénéficiant davantage aux pays
développés qu'aux pays pauvres, certaines voix au sein de Nations
Unies militent pour la création d'une nouvelle ligne budgétaire
mondiale, distincte de l'A.P.D, spécifiquement consacrée à
la gestion de ces biens. Pourtant, développement et B.P.M semblent
être deux problématiques inséparables. Elles sont
liées d'abord par leurs relations communes aux imperfections de
marché, ensuite par la réalité technique de leur mise en
oeuvre. A cet effet, le renforcement de la contribution des Pays En
Développement (PED) à la production des B.P.M passe, le plus
souvent, par des actions locales d'aide. B.P.M et enjeux locaux de
développement se superposent constamment (gestion de la
biodiversité, lutte contre les pandémies..), pour la plupart des
B.P.M, une production accrue passe par un surcroît de
développement, et donc soutiennent-ils une intervention légitime
de l'A.P.D.
4)
Le libéralisme
Pour le paradigme libéral, l'A.P.D est
déterminée par un processus politique au cours duquel, des
groupes entrent en concurrence pour imposer leur intérêt
privé : l'aide apparaît alors comme la résultante de
l'action de certains lobbies privés (agriculteurs industriels,
constructeurs), en quête de marchés ou de rentes. C'est dans ce
cadre théorique qu'on peut regrouper les travaux de Jepma (1991) et de
Raffer et Singer (1994).
Le premier, à travers une analyse
économétrique, montre comment l'aide perd au moins 20% de sa
valeur si elle liée ; mais aussi l'interférence des grandes
firmes nationales des pays donateurs qui, en quête de marché,
influencent considérablement les modalités d'allocation d'aide
des donateurs aux bénéficiaires. C'est ainsi que, l'octroi de
l'aide sera conditionné par l'achat des biens et services produits par
ces grands groupes industriels privés. Toujours dans la même
perspective, les seconds montrent tout l'affairisme qui entoure l'aide
internationale. En effet, ils montrent comment les grands lobbies privés
internationaux (industriels, agricoles), les sous-traitants privés, les
différentes agences d'aide se trouvent en confrontation dans la
politique mondiale de l'aide, afin de tirer ou de maximiser leur profit. Ils
montrent par exemple l'influence qu'ont les grands groupes privés
d'agriculteurs américains dans la politique d'aide des Etats- Unis aux
récipiendaires africains dans le secteur agricole.
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