2) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie du Gabon aux secteurs sus
étudiés.
Un point focal constitue l'objet de cette partie. Il s'agit en
effet d'essayer de mesurer l'impact qu'a pu avoir l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie du Gabon, précisément
au sein des secteurs sus analysés. Nous irons successivement voir
comment se présente la situation sanitaire au Gabon depuis 1990 (a), la
situation éducative (b), la situation du secteur agricole (c) et enfin
la situation gabonaise en matière d'accès à l'eau potable
(d).
a)
L'incidence de l'aide française sur l'amélioration de la
situation sanitaire au Gabon depuis 1990 : un impact notoirement
médiocre.
L'analyse de l'aide française à la santé
faite plus haut, a permis de dégager un constat d'ordre
général qui a été l'extrême modicité
des fonds bilatéraux engagés par la France à ce secteur,
pourtant clé, traduisant ainsi sans fioriture l'absence manifeste pour
la France de considérer le secteur sanitaire comme étant une
priorité dans sa politique d'affectation sectorielle de son aide au
Gabon.
Cette aide, vu son caractère dérisoire,
a-t-elle néanmoins pu avoir un impact quelconque dans
l'amélioration du secteur sanitaire au Gabon ? La lecture de
quelques indicateurs clés de santé dans ce pays nous pousse
à répondre par la négative. En effet, un regard synoptique
sur l'évolution des indicateurs de santé au Gabon depuis 1990,
nous montre qu'ils sont tous au rouge !!!
La situation sanitaire au Gabon depuis 1990 demeure
très préoccupante. Quatre indicateurs ici peuvent le
justifier : le taux de prévalence au VIH/SIDA (a1), le taux de
mortalité infantile (a2), le taux d'enfants vaccinés contre la
rougeole (a3) et l'espérance de vie (a4).
a1) Le taux de prévalence au
VIH/SIDA au Gabon : Un taux qui demeure très
critique !!!
Au Gabon, l'infection du VIH/SIDA a pris en une
décennie une ampleur inquiétante, le taux de prévalence du
VIH/SIDA connaît depuis 1990 une tendance ascendante critique comme
l'indique le tableau 47 ci-après.
Tableau 47 : Taux de prévalence
VIH/SIDA au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1998
|
2006
|
Gabon
|
6,5%
|
5,1%
|
8,2%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS
2006.
A travers ce dernier, il apparaît que ce taux demeure
critique par rapport à la démographie gabonaise. L'année
2006 s'achève avec un taux sérieusement élevé
comparativement à 1990 et 1998. On quitte ainsi de 6,5% en 1990 à
8,2% de personnes infectées en 2006. Même si en 1998 on observe un
certain affaissement de celui-ci comparativement à 1990, la hausse
brutale de ce dernier en 2006, étale au grand jour toute la
gravité de la situation gabonaise en matière d'infection au
VIH/SIDA. C'est dire que, ni les maigres fonds alloués par la France au
sous secteur dont est inclus, la lutte contre cette pandémie, ni les
multiples projets mis sur pieds par le gouvernement gabonais en vue de contrer
ce fléau (notamment, le projet IEC en 1992 ; le projet d'appui
à l'information et à la communication par la prévention du
SIDA en République du Gabon en 1996 ; projet prévention et
surveillance épidémiologique du VIH/SIDA en 2002) n'ont qu'une
incidence mineure dans l'abaissement de ce taux de prévalence au
VIH/SIDA.
L'analyse de ces données dévoile que beaucoup
reste à faire dans la lutte contre le VIH/SIDA, un investissement
considérable s'impose donc en vue d'inverser les tendances actuelles, la
France est donc interpellée ici à plus d'un titre car ce n'est
pas l'affectation continue des sommes insignifiantes à ce sous secteur
qui feront baisser la tendance à moyen et à long terme. Au
contraire, un investissement plus significatif de celle-ci s'impose à
travers une affectation sous sectorielle plus considérable de son
aide.
Après le taux de prévalence au VIH/SIDA, place
à un autre indicateur sanitaire au Gabon.
a2) Le taux de mortalité
infantile au Gabon depuis 1990 : Une situation toujours
préoccupante quoiqu'en légère baisse.
Le taux de mortalité infantile reste encore, et ce pour
longtemps un enjeu majeur de santé nationale au Gabon. En effet, comme
l'indique le tableau 48 ci-dessous, celui-ci reste encore largement au-dessus
de la moyenne.
Tableau 48 : Taux de mortalité
infantile au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
Gabon
|
94%
|
91%
|
85%
|
60%
|
62%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS
2006.
La lecture de ce dernier affiche que, globalement depuis
1990, ce taux reste largement au-dessus de 60% au Gabon pour mille naissances.
Ce qui constitue une réelle menace pour l'avenir du pays.
Même si on peut quand même remarquer que ce taux
est significativement en baisse en 2006 (62%) comparativement aux années
1990, 1994 ou encore 1998 (avec respectivement 94%, 91% et 85%). Même si
on peut également noter sur un plan global que ce taux connaît une
baisse notable depuis 1990 à 2006, il n'en demeure pas moins que ce
dernier reste encore à un seuil critique. La remontée
observée de ce taux en 2006 comparativement à 2002 ne semble pas
augurer des lendemains meilleurs. Les diarrhées aiguës, la
rougeole, le paludisme, les infections respiratoires constituent ici les causes
principales de décès chez les enfants. Cet état de chose
traduit la médiocrité des services médicaux au Gabon,
où beaucoup reste à faire et ce n'est pas les quelques fonds
émiettés alloués par la France à ce sous secteur
particulier qui vont véritablement changer la donne.
Après l'indicateur du taux de mortalité
infantile, intéressons-nous au prochain indicateur sanitaire.
a3) Le taux d'enfants vaccinés
contre la rougeole au Gabon depuis 1990 : Un taux toujours pas
satisfaisant.
Comme il a été dit plus haut, la rougeole
constitue une des causes principales de morbidité au Gabon, toutefois
cette maladie peut être évitée par le biais de la
vaccination. Or, l'observation des chiffres traduisant le taux d'enfants
vaccinés contre la rougeole au Gabon, laisse percevoir un sentiment
d'insatisfaction. C'est ce qui ressort de l'analyse du tableau 49
ci-après.
Tableau 49 : Taux d'enfants
vaccinés contre la rougeole au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
Gabon
|
65%
|
32%
|
30%
|
55%
|
44,11%
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000,1997 ; OMS
2006.
En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que ce
taux reste largement en deçà de la moyenne. Pourtant
l'année 1990 débute sous de bons auspices avec près de 65%
d'enfants vaccinés contre la rougeole. Mais à la suite des
années (notamment 1994 et 1998), il va connaître une
dégringolade inquiétante (avec respectivement 32% et 30%), pour
reprendre une ascendance en 2002 avant de rechuter en 2006. on note ainsi que
le taux moyen d'enfants vaccinés contre la rougeole est près de
40%. Ce qui est encore insatisfaisant. Ce qui appelle à une mobilisation
plus accentuée des uns et des autres afin d'inverser les tendances
actuelles.
Au regard donc de l'insignifiance notoire des fonds
affectés par la France au sous secteur de la lutte contre les maladies
infectieuses au Gabon et dont l'impact ici est négligeable, une
implication plus accrue de celle-ci à travers une affectation sous
sectorielle de sommes plus significatives, notamment à ce sous secteur
précis s'avère donc nécessaire.
Intéressons-nous dès à présent,
après l'indicateur du taux d'enfants vaccinés contre la rougeole
au dernier indicateur choisi.
a4) L'espérance de vie au Gabon
depuis 1990 : Une probabilité qui demeure médiocre
.
L'espérance de vie est un indicateur sanitaire global,
et va même au-delà de la santé, car elle intègre non
seulement des indicateurs sanitaires (accès aux soins,
médicaments, vaccination, lutte contre les pandémies...) mais
aussi la qualité de l'eau consommée, la qualité et la
quantité de l'alimentation, les loisirs... Mais cet indicateur
intègre beaucoup plus des éléments de santé
d'où son choix ici.
L'analyse qui est faite de l'observation de
l'espérance de vie au Gabon, reflète déjà à
notre avis la situation sanitaire globale qui demeure critique. En effet,
l'observation du tableau 50 ci-après nous montre que celle-ci demeure
toujours faible.
Tableau 50 : Espérance de vie
à la naissance au Gabon
ANNEE
|
1990
|
1998
|
2006
|
Gabon
|
54
|
52,4
|
55
|
Source : PNUD 2006, 2004, 2000.
Même si on peut toutefois constater que celle-ci est en
légère hausse en 2006 (55 ans) comparativement à 1990 (54
ans) ou encore 1998 (52,4 ans), il n'en demeure pas moins qu'elle reste pour
autant faible comparativement à d'autres pays dans le monde. La
faiblesse de cette espérance de vie traduit déjà les
conditions sanitaires médiocres dans lesquelles vivent la
majorité des Gabonais, reflétant par la même occasion la
défaillance observée du système sanitaire Gabonais.
En somme, il apparaît qu'au regard de ces quelques
indicateurs choisis, la situation sanitaire globale ne s'est franchement pas
améliorée au cours de ces dernières années. Les
indicateurs sanitaires restent très médiocres. C'est dire par la
même occasion que, l'aide française à la santé vu
déjà son insignifiance en terme de volume, n'a eu aussi qu'un
impact insignifiant dans l'amélioration des conditions sanitaires ici.
Or les besoins restent énormes à ce niveau. La France tout comme
le Gabon sont interpellés ici, chacun en ce qui lui concerne, de
s'investir plus massivement, en vue d'inverser les tendances sanitaires
actuelles qui ne sont pas déjà de toute gaieté.
Après avoir essayé de ressortir l'incidence de
l'aide française à la santé dans l'amélioration de
sa situation au Gabon, il est question pour nous de s'interroger sur cette
incidence de l'aide française dans un tout autre secteur.
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