CHAPITRE IV :
L'AIDE FRANÇAISE AU GABON ET SON IMPACT : UNE AIDE
MODIQUE AVEC UN IMPACT INSIGNIFIANT
Deux points focaux constituent l'objet de ce chapitre. En
premier lieu il s'agit d'analyser l'orientation sectorielle de l'aide
française au Gabon depuis 1990 (1) et en second lieu d'essayer à
ressortir l'impact que celle-ci a pu avoir sur l'amélioration la
situation des secteurs d'aide étudiés (2).
1) L'orientation sectorielle de l'aide française au
Gabon depuis 1990 : Une aide marquée par un volume
considérablement maigre.
Cette sous partie s'articule autour de quatre volets. Il
s'agira en effet d'analyser successivement l'aide française dans le
secteur de la santé (a), dans le secteur éducatif (b) dans le
secteur agricole (c) et enfin dans le secteur de l'eau (d).
a)
L'aide française dans le secteur de la santé au Gabon depuis
1990 : Une aide marquée par son extrême modicité en
volume et en pourcentage.
Il est inutile de ressortir encore ici le caractère
névralgique du secteur sanitaire au Gabon. Pourtant l'analyse de
l'évolution de l'aide française à la santé dans ce
pays ne semble pas refléter cette réalité pour ce qui est
de la France.
En effet, au regard du tableau 32 suivant, c'est plutôt
le contraire qui tend à s'imposer.
Tableau 32 : APD française à
la santé au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Total net
|
144,05
|
162,88
|
65,17
|
109,18
|
180,87
|
114,32
|
110,06
|
25,07
|
38,4
|
36,8
|
-20,98
|
-20,44
|
55,68
|
-54,6
|
13,73
|
16,59
|
Total santé
|
0,4
|
0
|
0
|
3,5
|
0
|
0
|
0
|
3,3
|
4,2
|
1
|
2,3
|
2
|
1,8
|
2
|
1,9
|
1,3
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
La lecture de ce tableau laisse entrevoir un fait
marquant : c'est l'extrême modicité des fonds affectés
par la France à ce secteur depuis 1990. L'année 1990
préfigure déjà ce constat désolant. Car elle
débute par l'affectation d'une somme squelettique, par rapport au volume
total de l'APD française allouée à ce pays pendant la
même année. Cette tendance va aller de mal en pire, car les
années suivantes, notamment 1991, 1992 seront fortement marquées
par l'affectation d'aucun fonds à ce secteur.
En 1993, on semble assister à un regain
d'intérêt à l'égard de ce secteur par l'affectation
de quelques fonds, mais la suite nous démontre que cela n'a
été qu'un leurre, car les trois années suivantes, la
France n'affectera une fois de plus aucun fonds au secteur de la santé.
Ce n'est qu'à partir de 1997 qu'on semble assister à une certaine
régularité dans l'affectation de l'aide française à
la santé au Gabon. Mais ces fonds brillent par leur extrême
faiblesse en termes de volume, par rapport au volume total de l'aide
française allouée au Gabon pendant ces années. Cette
modicité de l'aide française à la santé au Gabon
s'illustre plus clairement quand il faut l'évaluer en terme de
pourcentage comme l`indique le tableau 33 ci-après.
Tableau 33 : Aide française
à la santé au Gabon (%)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0,27
|
0
|
0
|
3,2
|
0
|
0
|
0
|
13,16
|
10,93
|
2,71
|
10,96
|
9,78
|
3,23
|
3,66
|
13,83
|
7,83
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet au regard de ce dernier, à première
vue, on pourrait dire que l'aide française à la santé
représente quand même un pourcentage significatif. Mais ce n'est
qu'une illusion, car une observation approfondie de ce tableau en relation avec
le précédent (tableau 32), fait ressortir sans doute que toutes
les années au cours desquelles, on observe un pourcentage significatif
de l'aide française à la santé au Gabon
(précisément 1997, 1998, 2000, 2004), constituent des
périodes où l'APD total française a été la
plus faible au Gabon en terme de volume comparativement aux autres
années. Mais les années où l'aide française totale
est assez significative (1990, 1991, 1994, 1995, 1996), la portion
occupée par la santé en terme de pourcentage est quasi
nulle ! ! ! Ces différentes manoeuvres et
stratagèmes traduisent la volonté à peine voilée de
la France à vouloir à tout prix déformer la
réalité, en faisant croire à certains esprits
incrédules qu'elle accorde un intérêt certain au secteur
sanitaire au Gabon à travers ses affectations sectorielles de son aide
au développement à ce pays. Or ce qui est, à notre avis,
très loin de la réalité véritable, qui traduit au
regard de ces données statistiques l'absence manifeste de la France,
à considérer la santé comme une priorité et donc le
manque de volonté effective de s'y impliquer sérieusement. Cela
est encore plus flagrant, s'il faut entrer dans les allocations sous
sectorielles de l'aide française à ce secteur. Quatre sous
secteurs retiennent notre attention ici : la lutte contre les MST et
VIH/SIDA, la recherche médicale, la lutte contre les maladies
infectieuses et les services médicaux.
S'agissant du premier sous secteur, sans risque de nous
répéter, il concerne toutes les activités liées au
contrôle des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA ;
activités d'information, éducation et communication ;
dépistage ; prévention ; traitements, soins.
Considérée comme la pandémie du siècle, ce sous
secteur pourtant clé dans les efforts gabonais en vue de la contenir,
constitue plutôt un secteur complètement délaissé
dans l'allocation sous sectorielle de l'aide française à la
santé au Gabon depuis 1990. Le tableau 34 ci-après l'illustre
à merveille.
Tableau 34 : Aide française
à la lutte contre les MST/SIDA au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0,4
|
0
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
De l'étude de celui-ci, il est à noter que
l'aide française à ce sous secteur stratégique est
quasiment inexistante, ponctuée par trois années seulement (1992,
1995, 2001) sur seize au cours desquelles, quelques maigres fonds y ont
été affectés, le reste des années c'est le
désert total. Cette raréfaction persistante de l'aide
française à ce sous secteur traduit sans aucun doute, le
désintérêt total que la France accorde à ce dernier
dans sa politique d'affectation sous sectorielle de son aide à la
santé au Gabon depuis 1990. Ce qui est totalement contradictoire avec le
discours tenu qui insiste sur la lutte contre le VIH/SIDA comme, l'une des
priorités des priorités.
Le deuxième sous secteur quant à lui, concerne
toutes activités liées à la recherche médicale,
tout comme le sous secteur précédent, à la petite
différence que le présent connaît quand même une
certaine régularité d'affectation de l'aide française,
comparativement au précédent. C'est ce qui ressort du tableau 35
suivant.
Tableau 35 : Aide française
à la recherche médicale au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,0
|
0
|
0,2
|
0,1
|
0,1
|
0,3
|
0,2
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
Mais la différence s'arrête là. Car tout
comme le précédent secteur, il est à noter que ce sous
secteur brille par, non seulement une affectation chaotique des fonds, mais
aussi par leur extrême modicité en terme de volume, oscillant
entre 0,1 et 1 million de dollars. Mais aussi avec plus d'années
blanches par rapport aux années ayant connu une quelconque affectation
de fonds (neuf années sur seize). Cette réalité
reflète déjà l'idée des fonds évoqués
à savoir, le manque d'intérêt de la France à
l'égard du secteur sanitaire, mais plus précisément
à l'égard de ce sous secteur.
Le troisième sous secteur concerne comme nous l'avons
dit plus haut, la vaccination ; la prévention et la lutte contre le
paludisme, la tuberculose, rougeole, les diarrhées chroniques, les
maladies transmises par un vecteur. Pour un pays situé en zone
équatoriale et par conséquent largement influencé par ces
divers maux ; l'importance de ce sous secteur n'est plus à
démontrer. Or, l'observation du tableau 36 ci-dessous, semble nous
démontrer que ce n'est nullement le cas, pour ce qui est de la France
à travers ses affectations de fonds à ce sous secteur.
Tableau 36 : Aide française
à la lute contre les maladies infectieuses au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0,4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, au regard de ce dernier, un constat désolant
s'impose de lui même : c'est l'absence total d'intérêt
que la France accorde à ce sous secteur, pourtant incontestablement
névralgique pour le Gabon dans la garantie du bien-être de ses
populations. Cette réalité se traduit ici par l'inexistence
significative de fonds affectés à ce sous secteur, excepté
en 1990 qui est la seule année au cours de laquelle quelques subsides y
furent allouées par la France. Le reste des autres années
s'affichent blanches comme neige.
Cet état de chose pourrait germer des interrogations,
comment comprendre qu'un domaine aussi vital comme celui de la lutte contre les
maladies infectieuses soit complètement et paradoxalement
abandonné par la France dans sa politique d'allocation sous sectorielle
de son aide à la santé au Gabon. Cela reflète à
notre avis, un aveu, certain et manifeste, du manque de volonté
affiché par la France vis-à-vis de ce sous secteur, au regard de
la raréfaction indéniable des fonds qui y sont
affectés.
Le quatrième sous secteur quant à lui,
s'intéresse aux activités liées à la fourniture en
laboratoires, centres de santé, et hôpitaux
spécialisés, ambulances, services dentaires L'analyse de
l'aide française à ce sous secteur apparaît plus
effroyable comparativement aux précédents à la
lumière du tableau 37 ci-après.
Tableau 37 : Aide française aux
services médicaux au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
.
De l'observation ce dernier, un constat stupéfiant
s'impose à nos yeux : c'est l'inexistence totale de fonds
affectés à ce sous secteur par la France depuis 1990 !!! Le
symbole ici est frappant, car ce sous secteur traduit à merveille ce que
l'on peut observer dans la politique d'affectation de l'aide française
au Gabon, plus précisément dans le secteur de la santé. Ce
tableau traduit non seulement un désintérêt total, mais
aussi une absence complète de volonté venant de la France
à vouloir aider le Gabon à renforcer ses capacités
sanitaires, en lui fournissant un matériel adéquat, un
équipement en fournitures plus appropriées aux besoins locaux
etc...
En somme, ce qui se dégage ici ne saurait souffrir
d'une grande contestation. Il découle en effet au regard de tout ce qui
a été dit plus haut, que le secteur sanitaire est encore loin
d'être une priorité pour la France dans sa politique d'affectation
sectorielle de son aide bilatérale au Gabon, et cela depuis 1990. C'est
la réalité qui ressort à la lecture des fonds
squelettiques qui sont affectés à ce secteur, pourtant central
pour le Gabon, traduisant par la même occasion l'attitude
désinvolte à peine voilée de la France vis-à-vis de
ce secteur.
Après le secteur sanitaire, intéressons nous
à un tout autre secteur d'affectation de l'aide française au
Gabon.
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