b)
L'aide française à l'éducation au Gabon depuis 1990 :
Une aide en légère hausse qui demeure toujours faible.
Le secteur éducatif est d'une importance
indéniable à ne plus démontrer pour tout pays
désireux d'assurer un meilleur devenir en formant des hommes et des
femmes plus aptes, car il n'est de richesse que d'Homme. Pourtant, l'analyse de
l'aide française à cet effet au secteur éducatif laisse
transparaître deux réalités opposables à savoir, le
constat d'une légère hausse de l'aide française à
ce secteur en terme de volume, mais aussi le fait qu'elle demeure
remarquablement faible.
La première réalité peut être
dégagée au regard de l'analyse du tableau 38 ci-après.
Tableau 38 : Aide française
à l'éducation au Gabon (Millions de dollars USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
5,3
|
0
|
0
|
0
|
2,1
|
0,8
|
15,1
|
14,5
|
21,1
|
22,5
|
21,6
|
22,2
|
22,2
|
23,3
|
20
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, à la lecture de ce dernier, on peut
segmenter l'évolution de l'aide française dans ce secteur en deux
mouvements. Premier mouvement qui va de 1990 à 1996. Cette tranche
d'année est fondamentalement caractérisée par une
affectation presque nulle de l'aide française au secteur
éducatif. Ces années sont pour l'essentiel marquées par
une raréfaction notoire de l'aide française ici, avec
pratiquement quatre années blanches sur les sept comptabilisées
au cours desquelles aucun fonds n'a été affecté par la
France à ce secteur (1990, 1992, 1993, 1994). Cette période au
regard de ces données, traduit le peu d'intérêt que la
France accordait à ce secteur pendant ces sept années.
Mais à partir de 1997, on assiste, (et c'est le second
mouvement) à une reprise significative de l'aide française
à ce secteur qui va connaître dès lors une hausse notable,
avant de devenir constante. On quitte ainsi de 15,1 millions de dollars en
1997, ce qui semble déjà être un exploit au regard de la
somme insignifiante qui a été affectée juste
l'année précédente (0,8 millions de dollars en 1996), pour
culminer à partir des années 2000 à plus de 20 millions de
dollars. Comment expliquer dès lors ce regain subit
d'intérêt que la France accorde à l'éducation au
Gabon. Sans doute, a-t-elle pris conscience de la mesure des enjeux qui sont
assez énormes en ce qui concerne ce secteur clé ? Nous
voudrions y croire. Mais un regard approfondi dans l'allocation sous
sectorielle de cette aide, semble venir tempérer cette euphorie
précoce d'où la seconde réalité observée
ici.
En effet, l'allocation sous sectorielle de l'aide
française à l'éducation au Gabon fait ressortir une toute
autre réalité opposable à la première : c'est
la faiblesse notoire du volume de celle-ci. Trois sous secteurs clés
peuvent nous le démontrer : l'éducation de base,
l'éducation secondaire et l'enseignement supérieur.
L'importance du premier sous secteur n'est plus à
démontrer, car ici où sont posés les jalons qui devront
soutenir le long processus de formation des jeunes Gabonais. C'est dire toute
son utilité et sa raison d'être aux yeux du gabon. Mais c'est la
réalité contraire qui paraît s'imposer ici, pour ce qui est
de la France vis-à-vis de celui-ci. C'est ce qui ressort en tout cas de
l'observation du tableau 39 ci-après.
Tableau 39 : Aide française
à l'éducation de base au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4,3
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2,0
|
0,4
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
La lecture de ce dernier nous indique que c'est à
partir de 1999 que la France s'est engagée à verser quelques
fonds à ce sous secteur. Cela signifie en outre que ce dernier est
resté pendant neuf ans sans recevoir aucun fonds que ce soit venant de
la France. D'ailleurs, la réalité des fonds qui commence à
y être affectés à partir de 1999 brille par leur
modicité significative. Cela traduit sans aucun doute, l'absence de
volonté certaine de la France à vouloir aider le Gabon à
relever et affermir son système éducatif de base. Ce qui est
à notre avis une terrible gageure car comment comprendre qu'un sous
secteur aussi clé que celui de l'éducation de base reçoive
aussi peu de fonds venant de la France.
Le deuxième sous secteur concerne l'éducation
secondaire, phase d'affermissement et de consolidation de la formation. Ici
aussi c'est le constat similaire déploré plus haut qui s'impose
à nous et qui découle de l'observation du tableau 40
ci-dessous.
Tableau 40 : Aide française
à l'éducation secondaire au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5,5
|
2,3
|
2,2
|
1,9
|
1,9
|
2,0
|
0
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
Au regard de ce dernier, il apparaît que l'aide
française à ce sous secteur réunit les mêmes
caractéristiques que dans le sous secteur précédent,
à savoir qu'elle a été pratiquement inexistante pendant
neuf ans ! ! ! (1990 à 1998) et que les fonds à
lui alloués pendant ces quelques années (de 1999 à 2004)
brillent par leur insignifiance en terme de volume avant de disparaître
de nouveau (2005). Cette évolution quelque peu chaotique de l'aide
française à ce sous secteur traduit à souhait, le peu de
crédit que ce pays lui accorde et son manque manifeste de volonté
à s'y investir sérieusement.
Le troisième sous secteur quant à lui,
constitue la phase terminale dans le processus de formation, les produits qui y
sont issus sont presque finis et c'est ici que se recrute pour l'essentiel la
future classe dirigeante du pays. C'est dire aussi la place capitale qu'elle
occupe ou qu'elle devrait occuper au coeur d'un pays. Pourtant ce sous secteur
ne paraît cependant pas occuper cette place de choix dans la politique
d'allocation sous sectorielle de l'aide française à
l'éducation au Gabon. C'est ce qui tend à se dégager du
tableau 41 suivant.
Tableau 41 : Aide française
à l'enseignement supérieur au Gabon (Millions de dollars
USD)
ANNEE
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Gabon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,0
|
0
|
0,2
|
0,1
|
0,1
|
0,3
|
0,2
|
Source : OCDE. Stats. 2007.
En effet, à la lecture de celui-ci, on constate que
l'aide française à ce sous secteur est fortement
émiettée et dérisoire, avec par la même occasion une
pléthore d'années blanches au cours desquelles pas un kopeck fut
déboursé par la France à l'endroit de ce dernier
(notamment de 1990 à 1998 et l'année 2000). Le reste des
années, ce sont quelques francs symboliques qui y ont été
affectés de manière éparse.
En somme, il ressort après analyse de l'aide
française au secteur éducatif affectée au Gabon, que
depuis 1990 celle-ci, après avoir brillé par une
raréfaction significative pendant quelques années, a connu une
augmentation substantielle de son volume. Cela pourrait traduire pour certain
un regain d'intérêt venant de la France à l'égard de
ce secteur au Gabon, reflétant ainsi sa volonté affichée
à soutenir le Gabon dans le relèvement de son secteur
éducatif. Mais un regard approfondi sur l'orientation sous sectorielle
de cette aide pourrait nous démontrer que cela n'est qu'un leurre. Car,
en réalité, au regard des fonds émiettés qui y sont
affectés des sous secteurs clés tels que l'éducation de
base, l'éducation secondaire ou encore l'enseignement supérieur,
il apparaît que le secteur éducatif au Gabon est loin de
constituer une priorité pour la France, reste en marge de sa politique
d'affectation sectorielle de son aide bilatérale à ce dernier.
Après le secteur éducation, il est question
dès à présent de s'interroger sur un tout autre domaine
d'affectation de l'aide française au Gabon.
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