2) L'incidence de l'aide française dans
l'amélioration des conditions de vie au Cameroun dans les secteurs sus
évoqués depuis 1990 : une incidence significativement
minorée.
L'objet de cette partie s'articule autour d'un point focal
à savoir, d'essayer de mesurer l'impact qu'a eu l'aide
française dans l'amélioration des conditions de vie au sein des
secteurs sus analysés plus haut. Cette aide a-t-elle contribué
significativement à améliorer la qualité de vie des
Camerounais ou son impact ne fut-elle que dérisoire au sein de ces
secteurs ?
Nous analyserons tour à tour la situation sanitaire
(a), la situation éducative (b), la situation en matière
d'accès à l'eau potable (c) et la situation agricole au Cameroun
(d).
a)
l'incidence de l'aide française dans l'amélioration de la
situation sanitaire au Cameroun : une incidence médiocre.
Un peuple qui n'est pas en bonne santé est un peuple
qui est voué à la déchéance et dont le devenir est
sérieusement compromis. C'est dire que le secteur de la santé
constitue un champs névralgique pour lequel une grande importance doit
être accordée, car on ne bâti pas un pays avec de grands
malades qui sont appelés à disparaître précocement.
La communauté internationale n'a pas failli quand, en dressant les OMD
à atteindre d'ici 2015, elle a accordé au seul secteur de la
santé, trois objectifs à atteindre sur les sept
comptabilisés. Ces derniers sont relatifs à la réduction
de la mortalité infantile, l'amélioration de la santé
maternelle et la lutte contre VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies
infectieuses.
Il ressort de ce qui précède que le secteur de
la santé occupe une place majeure au coeur des préoccupations
mondiales. Mais cela ne semble pas être le cas pour ce qui de la France
dans sa politique d'affection de son aide au Cameroun.
En effet, comme il a été souligné plus
haut, au moment d'analyser l'aide française à la santé
au Cameroun depuis 1990, il a été constaté que ce secteur
est loin d'être la priorité de la France au Cameroun, au regard de
l'extrême modicité des fonds que celle-ci a consenti à lui
allouer. Or, les besoins en santé au Cameroun sont énormes et la
situation sanitaire y est toujours jugée préoccupante. Quatre
indicateurs peuvent être mobilisés pour le justifier : le
taux de mortalité infantile (a1), le taux de prévalence au
VIH/SIDA (a2), le taux d'enfants vaccinés contre la rougeole (a3) et
l'espérance de vie (a4).
a1) Le taux de mortalité infantile au
Cameroun : un taux jugé très critique.
La mortalité infantile demeure le ventre mou de la
situation sanitaire au Cameroun depuis 1990.
En effet au regard du tableau 24 ci-dessous, un constat clair
se dégage : c'est le niveau jugé très critique de la
mortalité infantile au Cameroun depuis 1990.
Tableau 24 : Taux de mortalité
infantile au Cameroun (pour 1000 naissances)
Année
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
|
65%
|
62%
|
94%
|
95%
|
85%
|
Source : PNUD 2006, 2004,
2000 ; OMS 2006
L'observation de celui-ci fait ressortir que la
mortalité infantile reste largement au dessus des 50 pour cent, pour
1000 naissances. Cette mortalité infantile a évolué
crescendo de 1900 à 2002, avant d'amorcer une légère
baisse en 2006. Mais cette légère baisse ne doit pas cependant
oblitérer qu'elle reste toujours très élevée ;
85% c'est encore assez fort !!! Comparativement à 1994,
année au cours de laquelle, elle connaît son plus faible taux dans
la tranche d'années sélectionnées. Ce qui traduit à
notre avis un relâchement des efforts nationaux en vue de baisser
significativement ce taux. C'est dire que beaucoup, pour ne pas dire tout,
reste à faire ici. L'enjeu est énorme. L'année 2006 semble
s'achever sur un brin d'optimisme, car on note une baisse de l'ordre de 10% par
rapport à 2002. Il est à souhaiter que cette tendance descendante
qu'a amorcé la mortalité infantile dure le plus longtemps
possible, afin que d'ici quelques années le Cameroun réussisse
à baisser de moitié, voire, des trois quart cette
mortalité infantile.
Après l'indicateur de la mortalité infantile,
place à un autre.
a2) Le taux de prévalence VIH/SIDA au
Cameroun : Un taux quelque peu stabilisé.
Considéré aujourd'hui comme le mal du
siècle, le SIDA constitue un enjeu de sécurité nationale
pour certains pays, (ceux de l'Afrique Australe par exemple) car ses
conséquences sont désastreuses dans tous les secteurs de la
société. Aujourd'hui selon les estimations de l'OMS et de
l'ONUSIDA, pour dix personnes qui meurent dans le monde, six sont
terrassées par le SIDA. On estime de nos jours à près de
40 millions de personnes dans le monde qui sont infectées par le
VIH/SIDA, dont presque la moitié réside en Afrique, avec un taux
de prévalence global estimé à 9% ; ce qui compromet
énormément l'avenir de certaines nations, freinant ainsi par la
même occasion leur élan au bien être.
Pour ce qui est du Cameroun en particulier, l'observation du
taux de prévalence au VIH/SIDA depuis 1990 s'est nettement
stabilisée depuis lors. C'est ce qui ressort du tableau 25
ci-dessous.
Tableau 25 : Taux de prévalence
VIH/SIDA au Cameroun (%)
Année
|
1990
|
1998
|
2006
|
|
7,5
|
5,2
|
5,5
|
Source : PNUD 2004,
2000 ; ONUSIDA 2006
En effet, au regard de ce dernier, il apparaît que ce
taux a connu une baisse significative depuis 1990. Ce taux en 2006, est l'ordre
de 5,5%, comparativement à 7,5% en 1990. Toutefois, on note une
légère hausse en 2006 comparativement à 1998 où il
se chiffrait à 5,2%. Néanmoins, cette légère
disparité n'a qu'une influence moindre sur le fait que le taux de
prévalence au VIH/SIDA connaît une nette amélioration sur
une moyenne mobile de 8 ans au Cameroun. Cette amélioration est
certainement due aux différents efforts qu'ont déployé les
autorités camerounaises en vue de contenir ce mal. Ces efforts ce sont
traduits par une baisse significative des coûts des
anti-rétroviraux, avant de devenir tout simplement gratuits ; une
campagne intense de vulgarisation des méthodes de contraception, des
dépistages systématiques et permanents... L'incidence de l'aide
française dans le sous-secteur de la lutte contre le MST et VIH/SIDA
analysée plus haut, n'est que moindre ici d'autant plus qu'elle est
d'abord récente (à partir de l'année 2000) ; en plus,
les maigres fonds engagés par la France dans ce sous-secteur
reflètent nous l'avons dit plus haut, le désintérêt
total que celle-ci accorde à la lutte contre les MST et VIH/SIDA au
Cameroun. C'est donc dire que l'aide française à ce niveau n'a
qu'une incidence minorée sur la lutte contre le VIH/SIDA dans ce pays,
et cela depuis 1990.
Après l'indicateur de taux de prévalence du
VIH/SIDA, intéressons nous à un tout autre.
a3) Le taux d'enfants vaccinés contre la
rougeole au Cameroun depuis 1990 : Un taux toujours en deçà
de la moyenne.
La rougeole figure parmi les premières causes de
morbidité infantile et infanto juvénile qui peut être
facilement évitée par le biais de la vaccination.
La situation sanitaire au Cameroun en matière de
vaccination contre la rougeole depuis 1990 laisse percevoir un sentiment
inquiétant.
C'est ce qui ressort tout du moins de l'observation du tableau
26 ci-après.
Tableau 26 : Taux enfants vaccinés
contre la rougeole au Cameroun (%)
Année
|
1990
|
1994
|
1998
|
2002
|
2006
|
|
33
|
44
|
41
|
62
|
39
|
Sources :
PNUD ,2006,2004,2000,1998,1995.
L'observation de celui-ci laisse transparaître que des
efforts en vue d'une couverture maximale des enfants au vaccin contre la
rougeole reste à venir. Sur la moyenne d'année choisie, il
ressort que le taux d'enfants vaccinés contre ce fléau reste
largement insuffisant, c'est dire que les besoins sont encore énormes.
C'est presque 60% d'enfants qui ne sont pas encore vaccinés contre la
rougeole depuis 1990, excepté l'année 2002 où l'on a
enregistré un taux record de l'ordre de 62% d'enfants vaccinés
contre la rougeole. Même si on peut observer une légère
hausse de ce taux en 2006 comparativement à 1990 ; mais cette
même année constitue par la même occasion, une
période au cours de laquelle on note une chute vertigineuse de ce taux
comparativement à 2002. C'est donc dire que la situation vaccinale des
enfants contre la rougeole au Cameroun reste préoccupante. Au regard des
sommes modiques affectées par la France dans le secteur de la lutte
contre les maladies infectieuses parmi lesquelles la rougeole, traduisant ainsi
son indifférence totale vis-à-vis de ce sous secteur, il
apparaît que celle-ci n'a eu qu'une incidence minime dans
l'amélioration de cet indicateur car la situation reste
inquiétante.
Observons dès à présent le dernier
indicateur.
a4) L'espérance de vie à la
naissance au Cameroun depuis 1990 : un taux en dégradation
progressive et critique.
On entend par espérance vie à la naissance, la
probabilité moyenne d'atteindre un certain âge avant de
décéder. L'observation de l'espérance de vie au Cameroun
laisse entrevoir un constat inquiétant. En effet au regard du tableau 27
ci-après, on observe une dégradation progressive de
l'espérance de vie au Cameroun depuis 1990.
Tableau 27 : Espérance de vie
à la naissance au Cameroun
Année
|
1990
|
1998
|
2006
|
|
57
|
54,5
|
51,6
|
Source : PNUD, 2006, 2004,
2000
De ce tableau, il ressort que les Camerounais atteignent de
plus en plus difficilement le seuil de cinquante ans ; la situation s'est
empirée progressivement et l'année 2006 se termine sur un
pessimisme certain, car elle constitue la période au cours de laquelle
on assiste à une chute notable de l'espérance de vie
comparativement aux années 1998 et 1990. Comment expliquer cette
dégradation progressive de l'espérance de vie au Cameroun ?
On pourrait évoquer entre autres, les mauvaises conditions
d'hygiène de vie, le manque de soins et services médicaux
efficients, le coût assez élevé des médicaments qui
n'est pas toujours à la portée de toutes les bourses ;
l'insuffisance et la vétusté d'infrastructures de
santé...
Cet indicateur est assez révélateur de la
situation sanitaire au Cameroun jugée toujours critique ; c'est
dire qu'à ce niveau, les besoins restent énormes, beaucoup reste
à faire, afin de relever et de hisser cette situation à un niveau
satisfaisant. Le Cameroun à ce titre à besoin d'une implication
significative de ses partenaires internationaux parmi lesquels figure en
première loge la France, afin de résorber cette crise sanitaire.
Mais au regard de ce que la France consent à octroyer comme
dispositions financières dans ce domaine au Cameroun, elle semble
traduire par là son indifférence totale, et son refus à
peine voilé à vouloir aider le Cameroun à résorber
sa crise sanitaire. Ce qui relève à notre avis d'un paradoxe
total, car au même moment où elle tend à insister davantage
dans son discours sur sa politique d'affectation sectorielle de l'aide, que
celle-ci sera plus concentrée dans les secteurs prioritaires des
récipiendaires dans le but d'améliorer substantiellement leur
conditions de vie. Or, c'est plutôt le contraire qui est observé
au regard de son aide squelettique accordée au secteur sanitaire au
Cameroun. D'où son incidence quasi nulle sur le relèvement de la
situation sanitaire dans ce pays.
Après avoir essayé d'analyser l'incidence de
l'aide française à la santé au Cameroun depuis 1990,
intéressons-nous dès à présent de celle-ci
à un tout autre secteur.
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