d)
L'aide française à l'agriculture au Cameroun depuis 1990 :
Une aide insignifiante et désarticulée.
Le secteur agricole constitue pour le Cameroun, un domaine
névralgique, pour un pays de longue tradition agricole comme lui. C'est
un secteur aussi vital à plus d'un titre. Il est en effet garant de son
autonomie et de sa sécurité agro alimentaire. Pour un pays
situé en zone équatoriale, et donc propice à l'essor de
l'agriculture, celle-ci permet ainsi de nourrir la population et soutenir aussi
une économie agricole assez forte en développant une politique
d'exportation des produits agricoles assez efficiente. Favorisant par la
même occasion une entrée massive de devises devant permettre
à réaliser un certains nombre de chantiers d'intérêt
public et renflouer aussi les caisses de l'Etat camerounais. C'est donc dire
que le secteur agricole revêt une importance indéniable aux yeux
des autorités camerounaises. Est-ce aussi le cas de la France à
travers sa politique d'affectation sectorielle de son aide au
développement au Cameroun ?
A l'évidence, la négative constitue la
réponse à cette interrogation, car au regard de l'observation de
l'affectation sectorielle de l'aide française dans ce domaine, c'est
plutôt le contraire qui tend à s'établir. C'est ce qui
ressort l'observation attentive des trois sous secteurs agricoles
suivants : la recherche agricole, la production agricole des
céréales, le développement agricole.
Le premier sous-secteur concerne, toute recherche relative en
vue d'améliorer la qualité des semences, la fourniture en
équipements et infrastructures adéquates, la
sélectivité des espèces plus productives. C'est dire
l'utilité pratique dont revêt ce sous-secteur. Mais au regard du
tableau 21 suivant, un triste constat tend à s'établir.
Tableau 21 : Aide française
à la Recherche agricole au Cameroun (millions dollars USD)
Année
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1990
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1991
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1992
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1993
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1994
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1995
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1996
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1997
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1998
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1999
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2000
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2001
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2002
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2003
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2004
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2005
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0
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0
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0
|
0
|
0
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2,1
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0
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0
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0
|
0
|
0
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0,7
|
0,6
|
0,8
|
3,6
|
0,8
|
Source : OCDE stats
2007
De l'observation ce dernier, représentant l'aide
française accordée à ce sous-secteur depuis les
années 1990, on note l'insignifiance des fonds à y affecter par
la France. On note ainsi de 1990 à 1994 l'inexistence d'aucun fond,
ponctuée par 1995 au cours de laquelle quelques subsides y sont
affectées, avant de plonger encore une fois à partir de 1996
jusqu'en 2000 dans le néant total. Ce n'est qu'en 2001 qu'on peut
observer une reprise molle de l'aide française affectée à
ce sous-secteur qui marque presque le pas sur place, excepté en 2004. On
pourrait ainsi dire sans fioriture que l'aide française affectée
au sous secteur de la recherche agricole est sous l'emprise depuis 2001 du
syndrome de la « danse Bafia », traduisant aussi une
évolution désarticulée de cette aide. Mais la
modicité des fonds affectés à ce dernier traduit aussi
cette absence d'intérêt de la France vis-à-vis de la
recherche agricole au Cameroun.
Le deuxième sous secteur quand a lui, concerne
l'amélioration efficiente de la production agricole notamment des
céréales, première composante alimentaire au Cameroun
à travers particulièrement par une meilleure sélection des
implants, une vulgarisation de l'emploi des engrais, des techniques productives
assez performantes ...
C'est dire aussi l'importance certaine que revêt ce
sous-secteur aux yeux du Cameroun. Mais c'est plutôt le contraire pour ce
qui est de la France, au regard de l'affectation des fonds à ce
sous-secteur. L'observation du tableau 22 ci-après peut laisser
pantois.
Tableau 22 : Aide française
à la production agricole (céréales) au Cameroun (volume)
Année
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1990
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1991
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1992
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1993
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1994
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1995
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1996
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1997
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1998
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1999
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2000
|
2001
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2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
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29,2
|
0
|
0
|
0
|
0
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0
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0
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0
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0
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0
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0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
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Source : OCDE stats
2007
En effet au regard de ce dernier, nul n'est point
d'être expert pour constater que l'aide française affectée
à ce sous-secteur est quasi inexistante depuis 1990, qui constitue
d'ailleurs la seule année au cours de laquelle la France a consenti
à verser une quelconque somme à ce sous-secteur. Après,
c'est un désert, et celui-ci n'est pas prêt à notre avis
de s'achever. A moins qu'on puisse assister à un revirement notoire de
la politique d'allocation sectorielle de l'aide française au Cameroun,
cette tendance serait plutôt vouée à perdurer encore pour
longtemps. Nul besoin de voiler la réalité, aussi cruelle
fut-elle : le sous-secteur de la production agricole des
céréales est très loin de constituer une priorité
dans la politique d'aide française en matière agricole. Cet
état de choses traduirait ainsi cette indifférence manifeste et
cette volonté persistante de la France qui, a à travers sa
politique d'affectation sectorielle de l'aide en matière agricole,
notamment dans ce sous-secteur précis, voudrait maintenir le Cameroun
dans un état d'insécurité alimentaire permanent. Car plus
dépendante de ses importations en céréales que par sa
production locale.
Le troisième sous-secteur quant à lui, concerne
le développement agricole dans sa globalité (fourniture en
équipement agricoles performants, développement agraire,
mécanisation croissante du secteur agricole industrialisation
progressive des cultures maraîchères...)
Sous-secteur tout aussi vital comme les
précédents, le développement agricole s'impose
également comme garant de l'autonomie et de la sécurité
agro alimentaire au Cameroun. Du côté français, cette
vision ne semble pas être partagée, car c'est toute une autre
réalité qu'on peut relever dans l'analyse de l'aide
française affectée à ce sous-secteur depuis 1990. La
lecture du tableau 23 ci-après représentant l'aide
française affectée dans le sous-secteur du développement
agricole au Cameroun depuis 1990, dévoile cette vision opposée de
la France à l'égard de celui-ci.
Tableau 23 : Aide française au
développement agricole au Cameroun (volume)
Année
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1990
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1991
|
1992
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1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
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2005
|
|
0
|
0
|
5,6
|
0
|
6,4
|
0
|
0
|
0
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0
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9,6
|
0
|
13,1
|
0
|
0
|
0
|
0
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Source : OCDE stats
2007
On note ainsi, de l'étude de celui-ci, une
évolution de l'aide française à ce sous-secteur
ponctuée par des hoquets, qui constituent ici les quelques années
au cours desquelles quelques fonds ont été affectés
(notamment 1992, 1994, 1999 et 2001). Le reste des années c'est le
désert total qui, depuis 2002, semble perdurer. Et l'heure ne parait
donc pas à une reprise significative de l'aide française
affectée à ce sous-secteur. Cette évolution
ponctuée de hoquets traduit ainsi le désintérêt
certain qu'éprouve la France vis-à-vis de ce domaine pourtant
clé pour le Cameroun. Cette absence d'intérêt expliquerait
ainsi la maigreur significative des fonds alloués à ce champ par
la France. Dévoilant cette volonté persistante à
demi-cachée de la France à vouloir maintenir le secteur agricole
au Cameroun dans un état embryonnaire. Une industrialisation progressive
des cultures maraîchères camerounaises pourrait par exemple
menacer sérieusement les parts de marché des industriels
agricoles français qui exercent dans ce domaine. Car s'il s'avère
qu'elles sont non seulement bon marché, mais aussi de haute
qualité, elles pourraient ainsi arracher ces parts de marché sur
le plan international ou les diminuer considérablement, provoquant par
la même occasion une chute des bénéfices de ces paysans et
grands industriels français exerçant dans ce domaine. La France
n'aurait donc pas intérêt à vouloir booster le
développement agricole au Cameroun, car il y va de son équilibre
interne dans ce secteur.
Au regard de ce qui précède, force est de
constater qu'on observe au Cameroun les répercussions de ce qui à
déjà été constaté plus haut, en ce qui
concerne l'aide totale française affectée à l'agriculture
aux pays en développement depuis 1990. C'est une aide qui est en
baisse considérable et qui est relativement récente.
L'agriculture s'impose ici comme l'enfant pauvre de la politique sectorielle
française en matière d'aide au développement. Cette
réalité traduit ainsi un désintérêt manifeste
que la France éprouve vis-à-vis de ce secteur, pourtant vital
pour le Cameroun.
Pour fermer cette partie, rappelons qu'il était
question pour nous ici d'analyser l'aide française affectée dans
quatre secteurs clé au Cameroun : santé, éducation,
eau et agriculture. Parvenu au terme de notre analyse, il ressort qu'aucun de
ces quatre secteurs ne semble être au coeur de la politique
d'affectation sectorielle de l'APD française au Cameroun. Et ce, depuis
1990. Cette réalité s'explique ainsi par la modicité
notoire des fonds accordés par celle-ci à ces domaines. Cette
modicité est aussi bien en terme de volume qu'en terme de pourcentage.
En plus il a été constaté que l'aide française
affectée à ces secteurs suit une évolution
contrastée, voire contingente ; ce qui traduirait par la même
occasion, le manque de sérieux que la France puisse accorder à
ces secteurs.
Il est donc question dès à présent de
s'interroger sur l'incidence quelconque qu'à pu avoir cette aide dans
l'amélioration des conditions de vie au Cameroun au sein des domaines
d'affectation sectorielle sus évoqués.
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