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L'orientation sectorielle de l'APD francaise en Afrique subsaharienne (1990 = 2005): les cas du Cameroun et du Gabon

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par Patrick Roger Mbida
Université de Yaoundé II - DEA 2007
  

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2) Analyse de l'orientation sectorielle de l'aide française affectée aux pays en développement depuis 1990

Un seul point focal sera au coeur de cette partie. En effet il sera question d'analyser l'évolution de l'APD française affectée à divers secteurs ciblés pour tous les pays en développement. Ces secteurs à titre de rappel sont au nombre de quatre. Il s'agit en effet des secteurs de la santé, eau et assainissement, éducation et agriculture que le CAD regroupe sous le terme générique Infrastructures et services sociaux.

De manière générale, rappelons qu'en matière d'APD, la qualité et le contenu sont tout aussi importants que le volume. Pour contribuer efficacement à la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le monde, l'APD doit se concentrer vers les pays et les populations les plus pauvres et financer les secteurs prioritaires pour le développement humain. Pour répondre à cet enjeu, la France et ses partenaires de la communauté internationale ont pris toute une série d'engagements au cours des trente dernières années, actualisés en partie à travers l'adoption, en 2000, des OMD. La France a même inscrit sur son projet de loi finance 2006 (P 14) que «l'objectif principal de l'APD française est de réduire la pauvreté (...) ».Il est donc question d'analyser tour à tour l'aide française affectée à la santé (a) ; à l'éducation (b) ; à l'eau (c) et l'agriculture (d) aux pays en développement depuis 1990.

a) L'aide française dans le secteur de la santé aux pays en développement : une aide en baisse relative et faible en pourcentage du volume total

Rappelons tout d'abord que l'aide à la santé revêt un caractère générique, car le secteur santé regroupe un ensemble de sous-secteurs parmi lesquels figurent principalement les sous-secteurs santé de base, santé générale, population. Ces sous-secteurs eux-mêmes connaissent des champs plus spécifiques. Le graphique A (cf. annexe 1) nous illustre assez bien une répartition sous sectorielle de l'aide à la santé

S'agissant d'une définition statistique du CAD concernant l'aide à la santé, il est à noter que les membres du CAD attribuent à chaque activité d'aide, un secteur de destination et à l'intérieur de ce secteur un code-objet détaillé lui est attribué, qui identifie « le secteur spécifique de l'économie ou de la structure sociale du pays bénéficiaire, dont l'aide est destinée à favoriser le développement ».

Le tableau A (cf. annexe 2) énumère les codes objets qui définissent «l'aide à la santé».

On note au regard de ce dernier, que la définition de l'aide à la santé exclut l'aide aux autres secteurs qui peuvent avoir une incidence directe ou indirecte sur la situation sanitaire, comme l'aide à la distribution d'eau et assainissement ou à l'éducation (qui constituent par ailleurs des secteurs spécifiques et distincts d'allocation de l'aide). L'aide médicale en cas de catastrophe naturelle et dans d'autres situations d'urgence est également exclue.

Afin d'éviter toute équivoque possible, il est aussi à noter que dans ce présent travail nous allons nous appesantir beaucoup plus sur les sous-secteurs recherche médicale, lutte contre les maladies infectieuses et services médicaux en ce qui concerne ce secteur car ils ressortent à nos yeux comme des secteurs clés pour lesquels les populations constituent au premier degré les cibles par excellence, aussi bien pour le donateur que le récipiendaire de l'aide. Examinons dès à présent l'évolution générale de l'aide française dans le secteur de la santé pour tous les pays en développement.

En ce qui concerne le secteur de la santé, l'aide française suit une évolution très contrastée pour tous les pays en développement.

En effet comme l'indiquent le tableau 2 et le graphique 1 ci-dessous, représentant respectivement le volume de l'aide française allouée à la santé et la courbe évolutive conséquente , on note de manière globale que cette aide connaît une baisse relative en volume. En 1990 par exemple la France a alloué 293,31 millions de dollars, en 2005 cette aide s'estime à 278,87 milliards de dollars ;ce volume qui s'affiche aussi bas comparativement à 2004 où l'aide française a atteint le pic de plus de 300 Millions de dollars, son meilleur score depuis 1990. On peut ressentir ainsi un certain relâchement des efforts d'augmentation de cette aide pourtant bien engagés depuis 2001.Les données de 2005 n`augurent pas des lendemains meilleurs car si cette trajectoire descendante est maintenue, on risque assister dans les années à venir à une chute progressive de l'aide française à la santé aux pays en développement. Mais cette baisse globale ne doit pas oblitérer les disparités de l'évolution de l'aide française allouée à la santé. En observant la courbe du graphique 2 on note que de 1990 à 1993 l'aide a connu une baisse progressive, avant de connaître une hausse directe de 1993 à 1995. Mais de 1995 à 2000 l'aide connaît une fois de plus une baisse conséquente, avant d'engager une hausse progressive qui culmine en 2004 avec près de 300,54 millions de dollars, avant d'amorcer un déclin timide. Cette évolution en dents de scie de l'aide française affectée à la santé aux pays en développement, serait le reflet d'une volonté timorée de la France à vouloir s'investir plus significativement dans ce secteur pourtant vital pour ces derniers, car faisant face pour la plupart à une crise sanitaire réelle. On peut néanmoins noter que depuis l'adoption en 2000 par l'AG/ONU de la déclaration sur les OMD, la France a fait un effort certain d'augmenter le volume de son aide à la santé, ce qui pourrait traduire pour certains une volonté réelle de la France à respecter ses engagements internationaux en vue de réaliser les OMD liés à la santé. Mais aussi de traduire dans les faits son discours sur ses priorités en matière d'aide aux pays en développement, parmi lesquelles figure en bonne lice le secteur de la santé, auxquelles l'aide française doit être plus concentrée.

Tableau 2 : APD Française à la santé affectée aux pays en développement (volume)

ANNEE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

 

293,3

193,5

169,1

145,9

217,1

276,3

222,5

174,5

210,8

167,9

109,9

152,4

191,2

186,4

300,5

278,9

Source : OECD Stats 2007

Graphique 1 : Courbe évolutive de l'aide française dans le domaine de santé aux pays en développement

Toutefois, cette présentation quelque peu euphorique ne doit pas nous faire oublier un détail d'une importance indéniable : c'est la faible représentativité de l'aide française à la santé du volume total accordé aux pays en développement. En effet comme l'indique le tableau 3 ci-dessous c'est avec beaucoup de peine que celle-ci a pu franchir le seuil de 10 % du volume total de l'APD française allouée dans le grand secteur des infrastructures et services sociaux. Elle oscille généralement entre cinq et neuf pour cent ,ponctuée de temps en temps par quelques années au cours desquelles elle a pu quand même franchi le seuil des dix pour cent (notamment en 1995, 2001, 2002, 2004, 2005 avec respectivement 13.24% , 12.21%, 12.04%, 12.32% , 15.5%). Ce n'est qu'en 2005, que l'aide française à la santé a atteint 15 % du volume total de l'aide au secteur global des infrastructures et services sociaux, son meilleur taux depuis 1990. Même si on note quand même une augmentation notoire par rapport à 1990 où elle ne représentait que 8,29%, il n'en demeure pas moins vrai que sur le plan général, l'aide française à la santé reste significativement faible en terme de pourcentage du volume total.

Tableau 3 :APD française à la santé aux pays en développement(%)

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Infrastructure et services sociaux

3534

2089

2087

2075

2549

2806

2892

2417

2176

2136

1333

1247

1588

2009

2438

2230

Santé (volume)

293,3

193,5

169,1

143,9

217,1

276,3

222,5

174,5

210,8

167,9

109,9

152,4

191,2

186,4

300,5

278,9

Santé (pourcentage %)

8,29

9,24

8,1

6,93

8,51

13,24

7,69

7,21

9,68

7,86

8,23

12,21

12,04

9,27

12,32

15,5

Source : OCDE stats 2007

Cette faible représentativité en terme de pourcentage de l'aide française à la santé allouée aux pays en développement vient ainsi bouleverser la vision optimiste que pouvaient avoir certains quand il fallait considérer uniquement le volume de celle-ci. En effet la réalité décrite par les données statistiques du tableau ci-dessus, reflète à notre avis le désintérêt à peine masquée de la France à l'égard de ce secteur, pourtant vital pour les pays en développement, et ceci au mépris de son discours qui insiste cependant sur ce secteur comme une des priorités à laquelle l'aide française doit être plus concentrée. On semble donc assister à un réel paradoxe, découlant de la désarticulation entre le discours français en matière d'affectation sectorielle de son aide au développement et la pratique réelle sur le terrain.

En résumé on peut retenir que l'aide française affectée à la santé relève des disparités notables pour les pays en développement ; néanmoins deux faits peuvent retenir notre attention : premièrement cette aide connaît une baisse relative sur le plan global et deuxièmement cette aide est faible en termes de représentativité de pourcentage du volume total de l'aide française accordée au grand secteur infrastructures et services sociaux.

Après cette analyse de l'aide française affectée au secteur sanitaire à tous les pays en développement, intéressons-nous au secteur suivant.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery